Je sais que tout reste à faire mais ce que dit Ziouganov m’a arraché des larmes de bonheur tant Marianne et moi partageons ce sentiment du devoir accompli de ce vieux lutteur qui a tout sacrifié en particulier pour surmonter les ressentiments de la défaite, pour retisser un parti communiste dans de nouveaux liens avec la Chine, une mémoire. Cet interview fondamental de Ziouganov m’a rappelé cette rencontre en 1994 à Chandighar. Ziouganov est venu discuter avec Risquet, alors représentant de Cuba à la rencontre organisée par le parti communiste marxiste léniniste de l’Inde, son dirigeant qui était Surget, est d’ailleurs venu l’été suivant seul (il avait 82ans) à Cuba pour poursuivre la réflexion. J’étais en tant que représentante du PCF alors au gouvernement et qui jouissait encore d’un certain prestige invitée à cette table. Ziouganov nous a expliqué effectivement ce qu’il dit aujourd’hui et que l’URSS ce n’était pas terminé… Ce fut un moment passionnant qui en inaugura d’autres et qui m’ont enseigné que les perspectives d’un révolutionnaire devaient se construire avec ténacité sur cinquante ans en créant les conditions d’un prolongement après sa propre existence… Aussi aujourd’hui quand avec les BRICS, ce partenariat ouvert d’abord vers le sud, capable de surmonter des conflits dans lesquels l’impérialisme espère les voir s’affronter, il faudrait que chacun lise avec gravité cet interview dont Marianne nous offre la traduction, et que de cette lecture soient tirées les leçons qui s’imposent : la manière dont sur toute la planète, sur tous les continents, un petit nombre d’individus a tenu bon, dans les pires difficultés, comment ils ont su défendre l’histoire, la vraie celle du refus de se mettre à genoux devant les oppresseurs et d’accepter de se résigner. Il y a eu Marianne et moi aussi ce voyage au Tatarstan, la rencontre à Kazan avec ce jeune dirigeant communiste (Artem Prokoviev) lui-même indomptable et Ziouganov a raison ce lieu où se rencontrent et s’unissent le monde musulman et orthodoxe est aussi celui de la résistance à l’impérialisme, en pensant à Gagarine. Nous avons essayé Marianne et moi de vous faire partager tout ça… La joie éprouvée devant cette avancée mais aussi la conscience de ce qu’exige le chemin tel qu’il s’ouvre, c’est une simple halte dans laquelle les larmes montent aux yeux quand on regarde en arrière mais aussi quand on découvre que des jeunes gens et des jeunes femmes vont prendre le relais dans des conditions nouvelles, celles des possibles que nous n’avions pas et que des camarades comme Ziouganov, d’autres assassinés comme le camarade Khorzhan de Transnistrie qui se battait contre l’UE et l’OTAN et l’a payé de sa vie l’an dernier… comme tant de jeunes êtres massacrés aujourd’hui, tant de souffrances… Merci camarade Ziouganov (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
https://kprf.ru/party-live/cknews/229645.html
Interview de Ziouganov par Alexandre Gamov, pour Komsomolskaia Pravda
– Guennadi Andreievitch, le sommet des BRICS a travaillé pendant deux jours entiers. Vous et moi avions prédit une salle comble la veille. Que pensez-vous des premiers résultats ?
– Nous pouvons nous féliciter mutuellement, féliciter le président Poutine et tous les participants. Le 16e sommet des BRICS est un événement historique exceptionnel.
– Quelle est la raison principale de cet événement ?
– Le fait qu’un nouveau monde est en train de se construire, une nouvelle image du monde, une nouvelle géométrie des relations internationales. Un monde dans lequel un contrepoids très puissant s’oppose aux forces mondialistes agressives qui sont prêtes à envelopper la planète entière de barbelés, de néocolonialisme… qui sont prêtes à déclencher une grande guerre. Ces forces font preuve d’un cynisme total, d’un mépris pour la vie humaine. Nous voyons ce qu’elles font dans notre chère Ukraine ou au Moyen-Orient.
Après la destruction traîtresse de l’URSS, j’ai été choqué que nous n’ayons pas sauvé la civilisation soviétique, qui avait ouvert un nouveau monde pour l’humanité.
– Et dans votre célèbre livre « La Mondialisation et le destin de l’humanité », vous avez prédit exactement les événements qui se déroulent aujourd’hui à Kazan lors du sommet des BRICS….
– Sasha, cela fait dix ans que je travaille sur cet ouvrage. Et tu as tout à fait raison, j’ai décrit les scénarios pour le développement de la politique mondiale au 21e siècle.
– Le livre a été publié en 2002.
– Oui, et il y a deux chapitres remarquables… Le premier s’intitule « Le destin de la Russie est le destin du monde », et le second : « La Russie et les centres de pouvoir mondiaux ».
J’y affirme qu’il y aura un grand centre de pouvoir – la Russie, l’Inde et la Chine. Et – voici mon raisonnement à l’époque : si nous parvenons à additionner les potentiels, nous aurons une bonne occasion de protéger la planète du diktat des globalistes américains, de ces prédateurs, de cette civilisation occidentale, qui est entièrement construite sur la violence.
– Vous avez vu clair !
– Et puis, ce dont on rêvait est arrivé. Nous nous sommes rassemblés !
– Au fait, pourquoi à Kazan ? Vous ne le savez pas ?
– Je suis très heureux que la capitale du Tatarstan ait été choisie pour ce sommet. À mon avis, il y a là une logique.
– Laquelle ?
– Si nous prenons en compte les traditions séculaires de la Russie, nous nous distinguons par notre culture musulmane et orthodoxe, qui repose sur le collectivisme, la justice et l’amitié. Je suis très heureux que tout cela se passe à Kazan et je vais te dire pourquoi….
– C’est intéressant !
– Parce que le Tatarstan est un exemple en tout. Pas une seule rue n’a été débaptisée, pas un seul monument n’a été démoli, pas une seule usine n’a été vendue à des étrangers. Et maintenant, la capitale du Tatarstan accueille les principaux dirigeants, les premières personnes des pays qui, unis, sont capables d’enrayer le nazisme, le fascisme et le banderisme.
– Avez-vous pris connaissance des documents relatifs au sommet ?
– Oui, bien sûr ! J’ai écouté tous les discours. Vous voyez, les dirigeants parlent de la destinée commune de l’humanité, d’un nouveau cap, de l’importance de la science, d’une véritable souveraineté et de l’autosuffisance, sans pointer du doigt qui que ce soit.
Les BRICS sont un conseil d’égaux au service de l’avenir. C’est un exemple pour tous les pays et tous les États à cet égard.
Et même l’atmosphère du sommet est encourageante et inspirante.
Et dans ce contexte les journaux télévisés montrent le cirque qui règne dans les élections américaines. Les candidats à la présidence se pourchassent les uns les autres et s’observent dans la lunette de leur fusil.
Je regarde aussi leurs satellites européens impuissants, qui ont oublié leurs intérêts nationaux : l’Allemagne, la France, même l’Angleterre… Et je me rends compte qu’en Russie, au sommet des BRICS, une force amicale, puissante et unie est en train de se développer, capable de freiner ces cercles très agressifs qui ont pris racine sur notre planète.
Eh bien, je suis heureux que mon rapport au plénum du Comité central de la KPRF ait été publié aujourd’hui.
– J’en ai pris connaissance.
– Le sommet des BRICS montre que notre programme de la Victoire, la relance du pays, le programme d’éducation pour tous visant à soutenir les enfants, les écoliers, les travailleurs… Ces programmes s’inscrivent pleinement dans les grandes idées discutées et énoncées dans la déclaration de Kazan.
Aujourd’hui, nous pouvons donc regarder l’avenir avec plus de confiance.
– Affirmatif, camarade secrétaire général. Mercredi, nous vous attendons au « Mercredi du Parti » sur la radio « Komsomolskaya Pravda » et nous y parlerons de tous ces sujets en détail…..
– Tu devrais au moins me remercier pour cette interview. Tu es la première personne à qui j’ai commenté les résultats du sommet.
– Le commentaire est brillant. Merci beaucoup, camarade secrétaire général.
– Allez, à la prochaine !
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