Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Débat autour du texte de Franck Marsal, par Denis Weill

Nous recevons beaucoup de commentaires d’approbation sur le débat de fond et respectueux inauguré par ce texte et dont on peut lire les échos quotidiens dans le site du “réseau” pcf débat et ici, où il a été diffusé et a dépassé les 2000 visions, au plan intérieur mais aussi international. En particulier grâce à Marianne qui a traduit en russe et publié sur VK (le Facebook russe) le texte et qui a été déjà lu plus d’une centaine de fois y compris par Novikov, Afonine et Ziouganov, sans parler de nos correspondants habituels, qui sont en train d’organiser le relais et peut-être de prévoir une présence vidéo pour les journées de Vénissieux. Oui mais malgré cela, le texte n’a toujours pas été publié officiellement par le PCF dans le cadre des débats de la conférence. Si nous décrivons ces FAITS c’est pour que chacun mesure bien le combat de censure d’arrière-garde mené par certains liquidateurs. Alors que tout est fait dans un cadre statutaire, avec le soutien de membres de l’exécutif, de nombreuses fédérations, sections, cellules, la censure imbécile habituelle tente d’endiguer le besoin de réflexion de fond sur ce qui bloque le vote communiste, alors même que les censeurs sont en train de se lancer dans un choix désespéré et contredit par toutes les ambitions comme en témoigne l’élection de Grenoble. Ce qui en résulte : la montée du fascisme. Ceux qui se sont approprié le parti ne sont plus en capacité d’opposer des arguments et ils ont décidé de bloquer tout débat et vider de celui-ci la future conférence, alors même qu’il est déjà à l’ordre du jour de nombreuses cellules, sections qui se réjouissent d’avoir enfin des contenus pour avancer. C’est avec le secteur international tel qu’il est que se cristallise ce rapport de force mais les blocages se heurtent à la volonté des communistes de voir réellement se mettre en œuvre leur 38e, 39e congrès. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Bonjour et merci pour ce travail,

La présentation des racines de la crise internationale et nationale est brillante, claire et fort utile pour comprendre la situation actuelle.

Quelques remarques sur la deuxième partie du texte et la stratégie nationale à adopter pour le PCF, particulièrement concernant la lutte contre l’extrême droite.
Il me semble que c’est sur cette question qu’en général les analyses des communistes vont le moins loin dans un sens progressiste, innovant et émancipateur.
Je perçois une contradiction lorsque vous écrivez : « La recherche de l’unité anti-fasciste ne dispense pas d’une analyse de classe correcte, faute de quoi nous tendons le bâton pour nous faire battre. » et plus loin, parlant du NFP : « l’unité anti RN était nécessaire et légitime ».
Il me semble que la réalisation de la première proposition aurait invalidé la seconde.

On peut être contre le RN pour des raisons très diverses, certaines tout à fait légitimes et d’autres qu’il serait suicidaire pour le PCF de partager : en particulier celles qui relèvent du mépris de classe pour ces « sales prolos » qui n’auraient pas compris les bienfaits de la société ouverte et tolérante qu’aménage pour eux le grand capital. Or c’est cet « antifascisme » là qui a voix au chapitre partout dans les médias, le secteur culturel et tous les espaces d’expressions idéologiques de la grande bourgeoisie et de la petite bourgeoisie réactionnaire. C’est donc à cela que les catégories populaires voient s’allier systématiquement le PCF : un front anti populaire contre elles et leur « mauvais » vote.
Pendant ce temps, le fascisme se porte très bien, merci pour lui : destruction du droit du travail, répression policière, soutien et armement des fanatiques d’extrême-droite en Israël et en Ukraine…
De même, lorsque vous appelez de vos vœux « une politique et un travail constant en direction des femmes et des travailleurs d’origine immigrée » : oui, mais à condition que cette politique se différencie nettement de tous le sociétalisme dont dégouline l’idéologie bourgeoise actuelle et que ce travail soit effectué dans le souci constant de l’intérêt de la classe ouvrière.

Vous écrivez également : « L’attitude vis-à-vis du parti présidentiel ne peut être le blanc-seing, qui l’autorise désormais à se saisir des voies portées sur ses candidats “pour faire barrage au RN” pour préparer l’accession au pouvoir de ce même RN ». D’accord, mais alors quelle doit être cette attitude ?
Tant que le PCF marchera dans la combine de l’antifascisme bourgeois pour faire élire les représentants du grand capital il lui sera très difficile de redevenir crédible auprès des classes populaires à qui on « ne la fait plus ».
Il est en effet compliqué de faire gober à ces dernières après 10 ans de macronisme que la perspective de deux ans avec Bardella dans une période de cohabitation, avec les contrepouvoirs qui existent en France, nécessitent toutes les alliances contre nature et sont autre chose que des trahisons au service d’une classe dominante qui ne veut pas perdre la main. Surtout quant cette alliance finit par amener au pouvoir, certes par Barnier interposé… le RN !
D’ailleurs, cette accession au pouvoir soudaine du parti de Marine Le Pen dans ces conditions aurait-elle eu pour autre conséquence que de le décrédibiliser définitivement auprès des catégories populaires, l’obligeant à se démasquer comme le parti pro-UE et pro libéral qu’il est, le mettant du même coup hors course pour 2027 ? Mais ça, la bourgeoisie n’en veut à aucun prix, elle qui a justement trop besoin de son épouvantail préféré pour se maintenir encore et toujours.
La seule façon de casser cette mécanique n’est-elle pas qu’un parti progressiste au service du prolétariat ose assumer qu’il n’y a pas de bon choix pour la classe ouvrière dans cette farce électorale (celle du 2nd tour Macron/Marine) et qu’il faut s’abstenir face à un non-choix ?
Sur la théorie du « moins pire », il faudrait être franchement malhonnête pour considérer que la PME familiale des Le Pen est un danger plus grand pour la classe ouvrière que les affidés du grand capital, les fondés de pouvoir des banques, des trusts, de l’impérialisme et du lobby militaro-industriel. Ne serait-ce que pour une question de moyens…
Quant à la nature fasciste cachée du RN qui n’attendrait que l’élection pour se démasquer, je me permets de renvoyer ici à la contribution au débat de deux camarades, Viktor Sarkis et Etienne Burle qui proposent des pistes de réflexions très intéressantes dans ce texte : https://grosrougequitache.fr/le-temps-de-la-clarification-chroniques-dune-anarchie-annoncee/

Il me semble que cette question vaut la peine d’être débattue tant elle est un verrou de la situation politique française depuis au moins 20 ans. Elle doit l’être sans passion, mais avec objectivité et sur une base de classe.
Je vous remercie encore pour cette contribution qui je l’espère, sera une base de discussion pour tout ceux qui souhaitent contribuer à la construction d’un horizon communiste crédible en France.

Bien à vous,

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1 Commentaire

  • Xuan

    D’accord. Je reprends mon commentaire sur l’article d’Algérie patriotique « La mise en place d’une société néocoloniale en France vue par les communistes algériens », qui vont l’un et l’autre dans le même sens.

    Appliquons le matérialisme-dialectique. C’est-à-dire que nos critères sont les intérêts antagoniques des classes et non les labels de « républicanisme» décernés par les représentants du CAC 40.
    Le fascisme est « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier » disait Dimitrov et c’est toujours vrai.
    Ce qui signifie que le camp « républicain » défini par Macron est lui-même le ventre de la bête immonde, et certainement pas une barrière de sécurité.
    Peut-on croire que ses larmes de crocodile sur le Liban par exemple représentent autre chose que les intérêts impérialistes français ?
    L’actualité vient de confirmer la collusion entre la clique macroniste, les radis roses et toute la réaction : le « front républicain » à la sauce antitotalitaire a fait du RN l’arbitre du foutoir parlementaire.

    Seulement cette montée du fascisme institutionnel, y compris sous les habits neufs du wokisme, fait face à l’essor irréversible du sud global. Il n’a stratégiquement pas d’avenir.
    C’est une situation nouvelle différente du fascisme des années 30 et 40, où le capital pouvait encore trouver une issue de secours et les ressources matérielles des colonies. Aujourd’hui le grand capital hésite entre se replier autour du navire amiral qui coule ou mettre ses dividendes à l’abri chez les BRICS.

    Notre boussole ce sont des intérêts matériels du prolétariat. Cela ne signifie pas brosser dans le sens du poil le racisme ou l’antisémitisme dans les rangs ouvriers, mais partir des besoins matériels et spirituels des masses populaires et brandir le drapeau du socialisme.

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