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Pourquoi Netanyahu refuse tout cessez-le-feu

Le Lede

Le premier ministre a cherché à justifier son élargissement de la guerre – de Gaza à Beyrouth – par une référence biblique aux Nations Unies, mais l’auteur de l’article spécialiste du “sionisme” retourne la citation en montrant comment Netanyahou conduit le peuple d’Israël et avec lui les juifs vers l’apocalypse. Dans la citation en fait le culte des idoles est dénoncé, dans l’Israël contemporain, l’idole, ironiquement, est la terre promise elle-même. La stratégie de Netanyahou, si c’est le mot pour cela, est l’annexion de facto sous l’égide de la dissuasion. Mais, en l’absence d’accords diplomatiques et d’alliances régionales, la dissuasion semble vouée à devenir une malédiction permanente. Puis, comme Moïse l’a averti : « L’Éternel te fera vaincre devant tes ennemis. Tu viendras à eux d’une seule direction, mais tu les fuiras en sept, et tu deviendras un objet d’horreur pour tous les royaumes de la terre ». ♦ (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Par Bernard Avishai 8 octobre 2024

Une personne debout devant un paysage rempli de décombres.

Un homme examine les décombres d’un bâtiment détruit par une frappe aérienne israélienne dimanche dans un village près de la ville côtière de Sidon, au Liban. Photographie de Diego Ibarra Sánchez / NYT / Redux

Benjamin Netanyahu est venu à l’Assemblée générale des Nations Unies le 27 septembre pour dire aux délégués – ou, du moins, à ceux qui étaient restés– que sa cause était juste. Comme il l’avait fait il y a un an, il a évoqué le livre du Deutéronome, tiré de la Torah, en disant : « Nous sommes confrontés au même choix intemporel que Moïse a présenté au peuple d’Israël il y a des milliers d’années, alors que nous étions sur le point d’entrer dans la Terre promise. » Ce choix était de « léguer aux générations futures une bénédiction ou une malédiction ». Puis il a sorti deux cartes illustrées, l’une intitulée « La bénédiction », représentant Israël en paix avec ses voisins arabes, y compris l’Arabie saoudite, et l’autre « La malédiction », représentant l’Iran formant ce qu’il a appelé un « arc de terreur » avec la Syrie et l’Irak. Notre « civilisation commune » est confrontée à un choix, a déclaré Netanyahou, et, comme le discours de Moïse, une grande partie de sa démonstration a été consacrée à mettre en garde contre ceux qui ont choisi le camp de la malédiction, dont il a promis de vaincre les forces.

En effet, alors que Netanyahu était à New York, il a donné son feu vert à l’assassinat d’un mandataire clé de l’Iran, le chef du HezbollahHassan Nasrallah, qui (avec d’autres dirigeants clés du Hezbollah) est mort dans le bunker de son quartier général, dans le quartier de Dahiya à Beyrouth. L’Iran a riposté le 1er octobre, avec un barrage de cent quatre-vingts missiles balistiques, dont la plupart – avec l’aide des États-Unis et de l’Europe – ont été interceptés, mais pour lesquels, a déclaré Netanyahou, l’Iran « paiera ». La nuit précédente, les troupes terrestres de Tsahal étaient entrées au Liban.

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L’histoire de Netanyahu à l’ONU a constitué une défense préventive pour expliquer pourquoi, un an après les atrocités du 7 octobre, il se tournait vers le front nord, contre le Hezbollah, et a entre-temps refusé de conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza qui ramènerait les otages restants à la maison. Il est clair qu’il ne s’adressait pas à l’Assemblée générale, mais à l’électorat israélien et à la vice-présidente Kamala Harris face à son électorat, qu’il semble déterminé à forcer à faire un choix si apparemment apocalyptique qu’ils n’osent pas paraître affirmatifs quant au droit d’Israël de continuer à faire la guerre. (On peut supposer que Donald Trump n’a pas besoin d’un tel encouragement.) La menace de l’Iran est « incessante », a déclaré Netanyahu. Ses mandataires sont des organisations terroristes « sauvages » et, comme le gouvernement iranien, cherchent l’anéantissement d’Israël. En plaçant des lanceurs, des roquettes et des magasins militaires dans des zones civiles et en ciblant des bâtiments résidentiels israéliens, ils commettent des crimes de guerre. Israël, sur le point d’en finir avec le Hamas, a affirmé le Premier ministre, doit se tourner vers le Hezbollah, qui a tiré huit mille roquettes et missiles antichars sur les villes et les colonies israéliennes le long de la frontière libanaise, déplaçant quelque soixante mille citoyens. « Les soldats israéliens ont riposté avec un courage incroyable et avec des sacrifices héroïques », a déclaré Netanyahu. Si le Hamas reste au pouvoir, « il se regroupera, se réarmera et attaquera Israël encore et encore et encore, comme il a promis de le faire. Le Hamas doit donc partir. Quant au Hezbollah, « trop c’est trop ».

Comme beaucoup de discours de Netanyahou, il s’agissait (comme ses cartes) d’une démonstration sournoise, avec certaines affirmations qui étaient vraies, ou assez vraies, mais trompeuses pour les faits et en ce qui concerne les nuances omises. L’Iran et ses mandataires restent une menace pernicieuse. La normalisation avec l’Arabie saoudite semble plausible. Et le gouvernement israélien doit s’assurer que ses citoyens peuvent rentrer chez eux en toute sécurité. Pourtant, la bénédiction que Netanyahou esquisse ne peut être obtenue uniquement par un « sacrifice héroïque ». Cela nécessite une voie diplomatique dirigée par les États-Unis, à commencer par un accord de cessez-le-feu pour les otages que Netanyahu a refusé de conclure depuis janvier dernier. Selon les mots de l’ancien chef du Mossad, Tamir Pardo (écrivant dans Haaretz avec l’ancien diplomate Nimrod Novik), Netanyahu « a délibérément choisi de s’éloigner de l’intégration dans le bloc de la bénédiction et de nous condamner à un conflit constant avec les malédictions. En effet, malgré « les succès étonnants des forces militaires et de renseignement d’Israël », il n’a pas réussi à poursuivre « une doctrine stratégique qui permettrait de les traduire en changements positifs radicaux à la fois près de chez lui et plus loin ».

Netanyahu et ses alliés de la coalition à la Knesset affirment qu’ils ont résisté à un cessez-le-feu parce qu’ils ne peuvent pas garantir à Gaza des conditions qui empêcheraient le Hamas de se regrouper. En conséquence, ils doivent exercer une « pression militaire » continue pour amener le Hamas à libérer les otages et à accepter, de fait, une présence permanente de l’armée israélienne à Gaza. Ils prétendent que le chef du Hamas, Yahya Sinwar, espère inciter à une guerre régionale dans laquelle l’Iran serait mobilisé, et donc finalement reprendre le pouvoir à Gaza –dont il est le négociateur récalcitrant. Mais l’accord de cessez-le-feu pour les otages, bien qu’il ait été conclu avec le Hamas, ne considère pas le Hamas comme la véritable interlocuteur. Au contraire, il s’agit de jeter les bases de l’issue diplomatique même que Netanyahu dépeint dans sa carte de la bénédiction ; une coalition d’Israël et d’États arabes soutenus par les États-Unis dont le but est à la fois d’affronter la puissance régionale iranienne et d’évincer le Hamas.

L’accord, cependant, est conditionné à un processus diplomatique qui produirait une « voie vers un État palestinien ». Aucun pays arabe, ni les États-Unis, n’accepterait d’être un contractant israélien pour l’occupation permanente des territoires palestiniens. Un accord commencerait par la réhabilitation de Gaza sous la supervision d’une nouvelle administration palestinienne « organiquement liée à l’Autorité palestinienne », comme l’ont écrit l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert et l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne Nasser al-Qudwa (qui est un neveu de Yasser Arafat) dans le Washington Post ; cette administration arriverait peut-être avec le consentement à contrecœur du Hamas, mais deviendrait finalement son rival et son alternative à Gaza. (Le 3 octobre, le journal télévisé de la Douzième chaîne israélienne a rapporté que déjà à Gaza « il y a un accord émergent » entre le Hamas et l’Autorité palestinienne selon lequel cette dernière « prendra les rênes dans toutes les questions ayant trait à l’administration civile ».) Les opinions des Palestiniens de Gaza n’ont pas non plus été statiques. Selon un nouveau sondage réalisé par le Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages de Khalil Shikaki, environ 57 % pensent maintenant que la décision du Hamas de lancer l’attaque du 7 octobre était « incorrecte », tandis que 39 % disent qu’elle était « correcte ». Ces chiffres ont été essentiellement inversés lorsque la guerre a commencé.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu brandissant deux pancartes, l’une dit LA MALÉDICTION et l’autre dit LA BÉNÉDICTION.

Et voici l’obstacle pour Netanyahu et ses partenaires à la Knesset : la « voie » préempterait sa notion de « Grand Israël », qui implique l’annexion de la Cisjordanie par Israël et le redoublement des colonies juives là-bas. (Certains de ses alliés parlent également de réinstaller Gaza, bien qu’elle ne fasse pas partie de l’Israël biblique.) Le discours de Netanyahu à l’ONU, en fait, a révélé son jeu. « Alimentés par l’Iran », a-t-il dit, « les terroristes palestiniens en Judée et Samarie ont perpétré des dizaines d’attaques là-bas et dans tout Israël ». Et dans tout Israël. La cartographie de Netanyahu, comme l’a noté Thomas L. Friedman dans le Times, ne montre pas de frontière entre le fleuve et la mer. La terre entière, du point de vue de Netanyahou, est Israël. Il ne parle jamais de la Cisjordanie, bien qu’il rejette Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne – qui a reconnu Israël et coopère avec ses forces de sécurité – comme hostile.

L’échec à convenir d’un cessez-le-feu et d’une voie diplomatique est probablement la raison pour laquelle la délégation saoudienne à l’ONU faisait partie de ceux qui ne sont pas restés dans la salle pour le discours de Netanyahu. C’est aussi la raison pour laquelle, début septembre, après que des cadres du Hamas ont brutalement assassiné six otages dans des tunnels à Rafah, des centaines de milliers d’Israéliens à Tel Aviv, Jérusalem et dans d’autres villes ont éclaté pour protester non seulement contre le Hamas mais aussi contre le gouvernement de Netanyahu. Les manifestants savaient que les forces messianistes au sein du gouvernement ont entravé toute diplomatie qui pourrait perturber leurs objectifs annexionnistes. En Cisjordanie, pendant ce temps, les colons juifs ont attaqué les Palestiniens, soutenus par les mêmes extrémistes de droite. « Quelque 700 Palestiniens et 14 Israéliens ont été tués depuis le 7 octobre 2023 – le nombre le plus élevé des deux côtés depuis plus de deux décennies », a déclaré le secrétaire général de l’ONU dans un récent communiqué. « La construction de nouvelles colonies, l’accaparement des terres, les démolitions et la violence des colons se poursuivent. »

Netanyahou, inutile de le dire, a éludé d’autres faits terribles dans son discours devant l’Assemblée générale. Le fait que le Hamas s’appuie sur des boucliers humains constitue un crime de guerre, mais l’armée israélienne a tué plus de 41 000 Palestiniens, dont beaucoup de non-combattants, dont (selon les chiffres actuels d’Oxfam) plus de onze mille enfants et six mille femmes. Dix mille autres civils pourraient être ensevelis sous les décombres. En janvier de cette année, les bombardements de l’armée de l’air avaient détruit environ 70% du parc de logements de la population civile. Il y a, pour les survivants, la dislocation, la faim et la maladie. De plus, il est maintenant clair que, surtout dans les premiers mois de la guerre, l’armée de l’air a recherché des agents du Hamas avec des systèmes de ciblage pilotés par l’IA qui ont conduit, inévitablement, à des attaques excessives contre des résidences civiles. Les Israéliens tiennent pour acquis que l’armée israélienne les maintient en vie, mais, dans ce contexte, il est difficile de voir comment les forces israéliennes n’ont pas elles-mêmes commis des crimes de guerre.

Les troupes israéliennes se battent maintenant pour débarrasser les cadres et les infrastructures du Hezbollah de la zone située entre la frontière libanaise et le fleuve Litani, à environ dix-huit miles au nord ; Mardi, Netanyahu a semblé confirmer dans une vidéo qu’un bombardement à Beyrouth avait tué l’héritier apparent de Hassan Nasrallah, Hashem Safieddine. L’armée israélienne prétend non seulement avoir décimé la direction du Hezbollah, mais aussi avoir tué des centaines de combattants du Hezbollah. Mais, comme à Gaza, les attaques aériennes massives contre les bastions du Hezbollah à Beyrouth et contre un camp de réfugiés palestiniens ont produit la misère des civils. Plus de deux mille personnes sont mortes et environ dix mille ont été blessées, dont beaucoup de non-combattants. Plus de 1,2 million de civils ont été déplacés.

Le Hezbollah est responsable de beaucoup plus d’effusions de sang en Syrie, où il a soutenu Bachar al-Assad, qu’en Israël, et de nombreux Arabes se joindraient aux Israéliens pour le voir désarmé. Pourtant, Nasrallah, avant sa mort, avait ouvertement affirmé que le Hezbollah cesserait de tirer sur Israël si un cessez-le-feu était conclu à Gaza, ce qui semblait susceptible d’ouvrir la porte à un règlement diplomatique. Ehud Olmert, qui était Premier ministre pendant la guerre de 2006 avec le Liban, m’a dit, en février, qu’il croyait qu’une révision de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU – qui mettrait fin à cette guerre et prévoirait une force de maintien de la paix, la FINUL, pour patrouiller les zones au sud du Litani, que le Hezbollah aurait évacuées – aurait pu servir d’arrangement stable. (La révision verrait Israël céder au Liban un petit territoire, les fermes de Chebaa, capturé à la Syrie mais revendiqué par le Liban ; Le Hezbollah pourrait présenter cela comme une victoire diplomatique.) Si le Hezbollah acceptait de se retirer à nouveau du Litani, avec une inspection accrue de l’ONU, Olmert m’a dit plus récemment, alors « la résolution 1701 envisage un compromis raisonnable » qui permettrait également aux Israéliens de rentrer chez eux et d’arrêter les combats.

Olmert suppose que, finalement, il devra y avoir un accord diplomatique ; des attaques aériennes choquantes peuvent produire, dans un premier temps, une aura de « dissuasion », mais aussi une haine plus durable. Et les nouveaux dirigeants du Hezbollah, qui détiennent des milliers de roquettes et de missiles en réserve, ne peuvent pas être tenus à l’écart de l’équation ; plus de cent trente d’entre eux ont pénétré dans l’espace aérien israélien lundi, certains atterrissant à Haïfa, blessant dix personnes. « En 1992, quand Israël a assassiné Sayyed Abbas Musawi, le chef du Hezbollah de l’époque, les gros titres des journaux américains et israéliens ont affirmé que son assassinat marquait le début de la fin pour le Hezbollah », m’a dit Seyed Hossein Mousavian, ancien ambassadeur iranien en Allemagne – qui, en 2004, était le porte-parole de l’équipe de négociation iranienne sur l’enrichissement nucléaire. Cependant, quatorze ans plus tard, lors de la guerre de 2006, Israël était, en effet, dans une impasse, et le monde a été choqué par la nouvelle puissance du Hezbollah. L’assassinat de Hassan Nasrallah, [du chef politique du Hamas Ismail] Haniyeh et d’autres commandants du Hezbollah et du Hamas va déclencher la montée d’une nouvelle génération de résistance, encore plus puissante et déterminée qu’aujourd’hui. De nombreuses forces djihadistes du Hezbollah, a déclaré Mousavian, ont perdu des membres de leur famille lors de conflits précédents.

Mousavian est actuellement chercheur invité à Princeton et n’est pas un ami du régime iranien actuel. (En 2005, il était entré en conflit avec les extrémistes dirigés par Mahmoud Ahmadinejad, et ne peut pas revenir sans risquer la prison.) Pourtant, il voit ici aussi une opportunité diplomatique pour l’Iran. « Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, est venu à l’ONU trois jours avant Netanyahu et a parlé d’une « nouvelle ère », a déclaré Mousavian, « avec l’Iran jouant « un rôle efficace et constructif dans l’ordre mondial en évolution ». « La voix de Pezeshkian n’est pas la seule ; Le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran est en train d’accumuler du pouvoir politique et économique. Néanmoins, « les relations avec Israël passent par Washington », a déclaré Mousavian, et l’offre de Pezeshkian devrait être testée. « Les États-Unis devraient ouvrir un large dialogue, dans lequel les questions bilatérales et régionales sont toutes sur la table – y compris un accord nucléaire renouvelé, un golfe Persique dénucléarisé, un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, un accord régional sur les armes conventionnelles et la sécurité du golfe Persique. » Il a ajouté : « Je crois que l’Iran respecterait une décision palestinienne, et si les Palestiniens sont sur la voie » – vers une solution à deux États – « alors l’Iran ne l’entraverait pas ou ne la perturberait pas. »

Peut-être que l’élision la plus troublante de Netanyahu dans son discours à l’ONU, en cette saison d’expiation, est que l’exhortation de Moïse à choisir les bénédictions plutôt que les malédictions visait spécifiquement les enfants d’Israël. Le péché suprême, selon Moïse, était l’idolâtrie, de « courir après d’autres dieux pour les adorer ». Dans l’Israël contemporain, l’idole, ironiquement, est la terre promise elle-même. La stratégie de Netanyahou, si c’est le mot pour cela, est l’annexion de facto sous l’égide de la dissuasion. Mais, en l’absence d’accords diplomatiques et d’alliances régionales, la dissuasion semble vouée à devenir une malédiction permanente. Puis, comme Moïse l’a averti : « L’Éternel te fera vaincre devant tes ennemis. Tu viendras à eux d’une seule direction, mais tu les fuiras en sept, et tu deviendras un objet d’horreur pour tous les royaumes de la terre ». ♦

Bernard Avishai enseigne l’économie politique à Dartmouth et est l’auteur de « La tragédie du sionisme », « La République hébraïque » et « Promiscuité », entre autres livres. Il a été sélectionné comme boursier Guggenheim en 1987.

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