En découvrant la prestation de Clementine Fauconnier à l’université d’été du PCF, j’ai mesuré pour la première fois dans toute l’ampleur d’une mauvaise action ce que l’on faisait des communistes, tous ces braves gens rassemblés là, plein de bonne volonté et plus encore ce que l’on faisait de la France. Pour qui avait vécu la richesse des débats à l’institut de recherche marxiste autour de ce qui avait été défini comme une anthropologie de la libération, celle où l’influence du marxisme permettait d’analyser des aires de civilisation. Je pense à l’Afrique telle que la faisait vivre Suret-Canale, celui qui combattait et étudiait et La méditerranée de Charles Parain. Pourtant il y a effectivement un champ d’étude qui a été ouvert sur ce qui s’est passé dans l’espace post soviétique. Face au séisme qu’a représenté ce que cette jeune femme limitait à un processus de “démocratisation” et qu’elle s’obstinait à interpréter d’un point de vue ethnocentriste qui relevait plus de la propagande que d’une méthodologie de recherche. Il reste tant à analyser de ce processus de détricotage du socialisme, et fort heureusement ce travail est en chantier, en particulier les Chinois, les Russes qui ont été précédés par l’Ecole de Cambridge (d’où émane cet article) ce que semblait totalement ignorer cette “politiste”. Imaginez la nature d’un tel bouleversement, tous les rapports de production, la centralité et les échanges et l’invention des espaces nationaux, le tout dans une violence qui s’est traduite dans la démographie comme l’aurait fait une guerre… Quelles formes de résistance sont apparues ? Il y a le refus de la fin de l’URSS, il est massif et ne se limite pas aux manifestations politiques, il y a d’autres refus y compris dans ce que l’on définit comme les “arts de subsistance”, celle d’une “débrouille” à la base pour assurer la survie autour de quels groupes ? Le nationalisme chauvin dans le cadre d’une véritable accumulation primitive par des voyous, des formes délinquantes définies par une oligarchie… l’invention nationale essentiellement antisoviétique, anticommuniste… Ces tendances à l’œuvre dans la balkanisation des pays du pacte de Varsovie et ceux de la Russie de l’est connait du côté de l’Asie une résistance qui prétend elle aussi s’inspirer d’un passé pré-soviétique mais qui lui au contraire est dirigé contre ceux qui veulent s’emparer des terres, des mines… J’ai toujours rêvé d’étudier ce que l’influence actuelle du parti communiste russe doit non seulement à ce qui fut le lieu d’une industrialisation la plus novatrice liée à l’armée mais aussi à un monde d’éleveurs par exemple dans l’AltaÏ avec ses mines… là où se jouent des catégories marchandes et non marchandes avec l’importance du troc, de la monnaie et les formes religieuses qui vont avec… Comment comprendre ce qui se passe en Ukraine en n’ayant aucune idée des traumatismes et des résistances ? Comment comprendre la déchéance intellectuelle française sans mesurer ce qu’à été la victoire atlantiste et le négationnisme… Ce qui se dévoilait avec une telle crudité dans cette intervention de clôture… (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
Des corps malades,
montagnes en colère,
Esprits guérisseurs
Buyankhishig a sillonné la colline
avant de faire des offrandes de vodka et
de lait. Puis, battant son tambour et
chantant, elle invita ses
esprits ancestraux à entrer dans son corps.
Buyankhishig, une guérisseuse chamanique en Mongolie, se rend généralement dans sa pays natale plusieurs fois par an pour rajeunir sa pratique. Ces voyages lui permettent de faire une pause dans son travail difficile mais gratifiant à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, où des voisins se rendent chez elle pour partager leurs problèmes – maladie, violence domestique, soucis financiers – et recevoir ses conseils.
Elle est l’une des nombreuses guérisseuses qui ont partagé leurs réflexions avec l’anthropologue sociale de l’Université de Cambridge, le Dr Elizabeth Turk.
Au cours des huit dernières années, Turk a exploré la popularité croissante des remèdes naturels et de la médecine « alternative » à une époque de changements sociaux, politiques et économiques. Elle décrit ici quelques-unes de ses expériences de recherche.
Écoutez Buyankhishig alors qu’elle appelait ses ancêtres des esprits pendant que son assistant attendait pour « attraper » son atterrissage avec un tapis de feutre. Le chamanisme dans son pays natal à Övörkhangai représente un moyen important pour Buyankhishig de prendre soin et de rester en contact avec les constituants spirituels qui informent sa pratique.
Dans la campagne non loin d’Oulan-Bator, un initié chamane a reçu le nom de l’esprit de son ancêtre de l’esprit de son maître. Le matin avait été témoin d’aspersions de lait et de vodka « comme l’océan » vers le ciel (Tenger). Après avoir reçu le nom de son esprit ancestral, l’initié l’appela pour la première fois. Avec l’aide de membres de sa famille et de chamans vétérans, l’initié a tenté d’incarner l’esprit en battant son tambour, en chantant et en tourbillonnant.
« Le chamanisme a gagné en popularité au cours des 30 dernières années », explique Turk. « Largement considéré comme une « tradition » présoviétique, il joue un rôle important dans l’imaginaire culturel national.
« Exploitation minière, la pollution et la migration en masse vers la capitale ont coïncidé avec les perceptions locales d’une volatilité croissante de « maîtres spirituels » du paysage. Les causes de certaines maladies sont attribuées à la rétribution de ces entités.
Certains chamans protestent, Lutte contre les entreprises étrangères d’exploitation minière pour défendre la nature. D’autres comme Buyankhishig, sont plus ambivalent. Elle s’inquiète de la destruction du paysage, mais son neveu travaille dans la mine locale – un emploi qui apporte un revenu régulier à sa famille.
« L’importance de maintenir une relation avec le monde naturel, surtout que cette relation change, est largement pratiqué par les chamanistes et les non-chamanistes », dit Turk, de l’Université de Cambridge, Unité d’études sur la Mongolie et l’Asie intérieure. « Mais ce qu’il faut comprendre n’est pas nécessairement cela. L’exploitation minière doit cesser, mais cela doit être fait de la bonne manière, en restaurant l’environnement naturel.
« Ma recherche pose la question suivante : quelles sont les implications d’un besoin mondial en minéraux pour les personnes qui vivent dans les endroits qui en sont riches ? Le suivi de ces tensions et de ces ambivalences au niveau local offre un aperçu unique des systèmes mondiaux qui nous affectent tous ».
Image : Une femme remue le thé au lait salé du matin (süütei tsai) dans sa cabane en rondins près du lac Khövsgöl, dans le nord de la Mongolie.
Vues : 262
Catherine Winch
d’autres images dans l’article original:
https://www.cam.ac.uk/stories/healing-spirits