Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le rôle du ‘Russiagate’ pour transformer les libéraux en néocons dignes de Bush.

Illustration : Vice, la comédie dramatique politique Vice d’Adam McKay avec Christian Bale dans le rôle de Dick Cheney, Amy Adams dans le rôle de Lynne Cheney, Steve Carell dans le rôle de Donald Rumfeld, Sam Rockwell dans le rôle de George W. Bush et Tyler Perry dans le rôle de Colin Powell. 

On est en droit de se demander l’utilité pour nous de cette dissertation sur les passerelles entre le parti républicain et les démocrates, passerelles empruntées tout récemment par le néoconservateur endurci Dick Cheney. L’histoire, récente et moins récente, nous a amplement fourni en preuves que ces deux partis n’en forment en réalité qu’un seul, se livrant à un jeu médiatico-électoral qui ne captive plus qu’une petite partie de notre gôche. Nous savons en particulier que, lorsque l’on en vient à la défense par le glaive de la position mondiale de l’impérialisme, l’un et l’autre se valent. Coups tordus, changement de régime, guerres démocratiques et à la clé la souffrance des peuples, toujours.

Mais il est tout de même utile de connaître son ennemi. Et le ralliement à la candidate démocrate d’un des architectes (avec Kagan, Wolfowitz, Rumsfeld et l’ineffable et ineffaçable Bolton) du ‘think tank’ : Project For a New American Century nous aide à affiner notre compréhension des mécanismes à l’œuvre dans le ventre de la bête.

Comme beaucoup l’ont fait à l’époque, j’avoue avoir parcouru leur principale production, le tant vanté ‘Rebuilding America’s Defenses’ (paru en 2020) dans la foulée des attentats du 11 septembre. Nous y cherchions candidement une clé pour comprendre cet événement monumental. Comme chacun le sait maintenant, ce groupe n’a pas fait que produire un rapport. La plupart de ses membres, sous l’appellation de néoconservateurs, ont fini par aller au charbon dans l’administration Bush, pour y diriger l’accélération des méfaits de l’empire dans le premier quart du 21ème siècle. Pour ceux qui ont suivi les manœuvres impérialistes en Ukraine, rappelons ici Victoria Nuland, épouse de Robert Kagan.

Toutefois, l’article du Dissident pêche par un gôchisme tenace. En effet, assigner la migration des néocons à la candidature de Trump en 2016, et la conversion subséquente du parti démocrate à leurs théories sur l’hégémonie états-unienne, c’est faire fi des deux administrations Obama. Car c’est bien sous sa direction que s’est fait le plus gros de l’extension de l’OTAN en Europe, avec à la clé le coup d’état de 2014 en Ukraine, pays identifié comme central pour la stratégie des néocons. Et assigner la désertion des néocons du parti républicain vers les démocrates à la personnalité de Trump, c’est faire l’impasse totale sur ce que représente le Trumpisme. Le mouvement massif du vote populaire y compris prolétaire vers le rouquin populiste, voilà ce qui effrayait les néoconservateurs, tous éduqués à Harvard ou à Princeton. Car leur volonté de continuer à imposer l’hégémonie des Etats-Unis sur le monde ne trouve pas sa raison d’être dans l’amélioration du sort des couches travailleuses états-uniennes, mais bien dans l’avidité d’une classe capitaliste débridée après la fin de l’Union Soviétique.

En prime, bien sûr, cette migration des néocons vers un parti respectable, éduqué – et dans la réalité des faits, tout aussi enclin que son ‘adversaire’ républicain à mettre la puissance militaire de l’empire au service du capital – devrait nous rappeler l’absence totale de boussole politique de ces ‘partis’. Et ce, depuis leur inception, à une époque lointaine où le parti démocrate était le parti des esclavagistes, et le républicain celui de Lincoln. Ces ‘partis’ n’en sont pas. Ils ne représentent pas des intérêts de classe différents. Leur rôle est seulement de permettre la résolution des contradictions entre diverses fractions de la bourgeoisie. Hier les agrariens contre les industriels. Et aujourd’hui, les industriels contre la nouvelle économie ?

Amicalement,

Jean-Luc

Xxxxxxxxxxx

Pourquoi Dick Cheney soutient la candidature de Kamala Harris.

Traduction d’un article du Dissident sur son Substack

Le républicain Dick Cheney, ex Vice-Président de Georges Bush 2nd, tête de file des néo-conservateurs (néocons), et architecte de la guerre criminelle contre l’Irak vient d’annoncer qu’il soutiendra Kamala Harris dans sa course à la présidence. A l’en croire, il s’agirait de « défendre la démocratie » une explication reprise par Bernie Sanders lui-même pour qui Cheney croit que « Les Etats-Unis doivent préserver leurs fondations démocratiques ».

Mais en réalité, si Dick Cheney rejoint Kamala Harris c’est que les démocrates et leur candidate sont alignés sur les buts des néocons et continueront à mettent en place toutes les guerres qu’ils appellent de leurs vœux. En vérité, depuis 2016, beaucoup de néocons ont déjà intégré le parti démocrate. C’est à partir de là qu’ils ont pu diriger maintes opérations d’intoxication pour le tirer vers leur programme néoconservateur.

Non pas que ces néocons pensent que Trump va à l’encontre de leur programme quand il s’agit de défendre les intérêts de l’impérialisme états-unien. C’est plutôt qu’il en donne une mauvaise image, alors que le parti démocrate peut l’enrober de guimauve et d’attendus néo-libéraux plus séduisants.

Nous verrons dans cet article pourquoi Dick Cheney et bien d’autres néocons ont rejoint le Parti Démocratique.

note et traduction de Jean-Luc Picker pour histoireetsociete

Le rôle du ‘Russiagate’[i] pour transformer les libéraux en néocons dignes de Bush.

La migration des néocons n’a pas commencé avec Dick Cheney et les présentes élections. Elle remonte à au moins 2016. A cette époque, la rhétorique trumpienne était à l’opposé des néoconservateurs républicains. Il ridiculisait les guerres en Irak et en Libye, s’opposait à une intervention en Syrie, et cherchait de meilleures relations avec la Russie. Bien sûr, son administration a fait exactement le contraire de ce qu’il prétendait, mais à l’époque, les néocons ne le savaient pas.

De leur point de vue, Hillary Clinton était bien plus présentable. Elle était en faveur de la guerre en Iraq, d’imposer un changement de régime en Libye, et soutenait la guerre de l’ombre en Syrie. Elle allait même jusqu’à se faire l’avocate d’une intervention terrestre en Syrie, et escaladait la nouvelle guerre froide contre la Russie.

C’est à partir de là que de nombreux néocons ont commencé à gonfler les rangs du Parti Démocratique. En 2016, un jeune journaliste du nom de Rania Khaleck publiait un reportage sur une conférence intitulée « Les professionnels de la politique étrangère soutiennent Hillary ». Au rang des participants se trouvaient de nombreux néocons de premier plan, dont Robert Kagan[ii], cheville ouvrière du « projet pour un nouveau siècle américain ». Ce dernier s’était rangé derrière la candidature de Clinton précisément à cause de ses vues bellicistes en matière de politique étrangère envers la Russie et au Moyen Orient.

Après 2016, avec une présence bien établie au sein du Parti Démocratique, les néocons se sont employés à se débarrasser de la haine à leur égard qui y subsistait depuis l’ère Bush. Le Russiagate, le 6 janvier[iii] et la peur diffuse de Trump ont été instrumentalisés à cette fin. Et pris ensemble, ils ont abouti à ce que la base du Parti Démocrate en vienne à soutenir des politiques néoconservatrices qu’elles rejetaient auparavant.

David FrumMax Boot et  Bill Kristol en particulier, tous néocons convaincus, ont joué un rôle central dans l’orchestration du canular du Russiagate, conditionnant ainsi les libéraux à rejoindre des positions néoconservatrices. Ces libéraux qui avaient autrefois applaudi les révélations de Wikileaks sur les crimes de guerre de l’administration Bush, considéraient maintenant Assange, accusé de liens avec Trump et la Russie, comme un ennemi. Et quand Trump a officiellement accusé Assange de crime d’espionnage pour avoir dénoncé les crimes de guerre de Bush en Irak, ces libéraux, autrefois révoltés par la vidéo des ‘meurtres collatéraux’[iv] sont restés silencieux.

Avec le Russiagate, les libéraux qui étaient autrefois opposés aux guerres en Irak et en Afghanistan ont rejoint le camp des bellicistes. Assad était lié à la Russie ? les libéraux qui désapprouvaient la guerre en Irak faisait maintenant sonner les tambours de guerre contre la Syrie. Et lorsque Trump a lancé sa première salve de missiles en 2017, les libéraux ont applaudi en buvant les paroles de Brian Williams, présentateur vedette de MSNBC : « Nous sommes inspirés par la beauté de nos armes » tout en admirant sur les écrans de télé la retransmission en direct des tirs de missiles qui ont fait 9 morts parmi les civils.

Et lorsque Trump à frappé la Syrie une deuxième fois en 2018, tous les éditoriaux des grands journaux ont apporté leur soutien, y compris ceux des journaux supposés ‘libéraux’ tels que le Washington Post et le New York Times.

Sous l’influence du Russiagate, ce n’est pas seulement pour la Syrie que les libéraux sont devenus bellicistes. Présentatrice de MSNBC, la libérale Rachel Maddow déclare dans une de ses émissions que, si Trump n’intervient pas militairement pour déposer Maduro au Venezuela, c’est parce qu’il est aux mains de la Russie . Et de déplorer qu’il préfère « écouter Poutine » plutôt qu’écouter le criminel de guerre psychopathe John Bolton pour déterminer sa politique à l’égard du Venezuela. Ces démocrates qui autrefois dénonçaient la guerre par procuration que Ronald Reagan avait mené contre les sandinistes du Nicaragua applaudissaient maintenant des deux mains la guerre de Trump contre la Révolution Bolivarienne au Venezuela. Tout ça, grâce au Russiagate.

Et lorsque Trump a parlé de paix avec la Corée du Nord, Rachel Maddow a diffusé une autre théorie conspirationniste tout aussi délirante selon laquelle le motif du rapprochement était lié à la petite frontière que la Russie partage avec le Corée du Nord et s’en est prise à Trump pour sa tentative de retirer les soldats états-uniens de Corée du Sud. Un autre exemple de les libéraux œuvrant à  pousser Trump pour qu’il mette la pression sur une autre puissance nucléaire et à abandonner l’idée de rapatrier les troupes. En somme, on l’obligeait à se montrer ultra-belliciste pour prouver qu’il n’était pas un agent de la Russie.

C’est une manœuvre similaire qui a été développée en Afghanistan. La CIA a prétendu que les Russes avaient mis à prix les têtes des soldats états-uniens sur le terrain. Ce canular a été repris par les libéraux afin de montrer que, si Trump se retirait d’Afghanistan, cela démontrerait qu’il était une marionnette aux mains du Kremlin. Prenant comme argument ce canular, les démocrates ont travaillé main dans la main avec Liz Cheney pour faire couler l’idée d’un retrait d’Afghanistan. C’est ainsi que le Russiagate a conduit les libéraux à défendre la continuation d’une occupation de deux décennies, occupation qu’ils avaient combattu du temps de Georges W. Bush.

Mais ce qui est peut-être plus important, c’est que le Russiagate a conduit les libéraux à s’aligner sur la position des néocons en ce qui concerne les relations avec la Russie. Depuis la fin de l’Union soviétique, les néocons ont cherché sans relâche à relancer la Guerre Froide. L’économiste Jeffrey Sachs a révélé dans un article récent comment les néocons s’opposaient dès 1991 à l’annulation de la dette qui aurait permis de stabiliser l’économie russe. Leur objectif était de garder la Russie dans état de faiblesse. Depuis 1991, les Etats-Unis ont financé à hauteur de 5 milliards de dollars un vaste campagne de propagande visant à convertir l’Ukraine dans une direction anti-russe et plus pro-étatsunienne. Sachs nous parle des politiques néoconservatrices qui ont été mises en place y compris comment Georges Bush s’est retiré de traités nucléaires capitaux avec la Russie et a absorbé dans l’OTAN les pays Baltes, la Roumanie et la Bulgarie en violation de la promesse faite par les Etats-Unis en échange de la réunification de l’Allemagne.

Cette approche néoconservatrice s’est accélérée en 2014 quand les Etats-Unis ont soutenu le coup d’état contre Yanukovych en Ukraine pour installer un gouvernement aux ordres qui a résulté dans une guerre de 8 ans en Ukraine orientale. Un coup d’état orchestré par Victoria Nuland[v],[vi], éminente néocon, assistante de Dick Cheney dans la première administration Bush avant de devenir ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU dans la seconde.

Avant le Russiagate, les libéraux ridiculisaient l’obsession des néocons par rapport à la Russie. Lors du débat présidentiel de 2012, Obama s’était même moqué de Mitt Romney en ces termes : « Appel téléphonique des années 80 : elles veulent le retour de leur politique étrangère ! ». Et il est surprenant de se souvenir que même Rachel Maddow critiquait la rhétorique sur le retour de la Guerre Froide avec la Russie avant de devenir l’une des principales voix du Russiagate. Dans son documentaire « Un programme bien chargé » qui traite de la politique des néocons vis-à-vis de la Russie, le cinéaste Robbie Martin montre un clip de Maddow où elle déclare : « les généraux d’arrière salle Bill Kristol et John McCain, les faucons de Washington, ne sont parvenus à rien. Il (Kristol) n’est toujours qu’un commentateur de l’actualité… à la recherche d’une opportunité politique, en particulier à propos de la Russie et de son désir d’agresser l’Ukraine… Pourtant, le voici qui se hisse à la pointe de l’actualité pour suggérer que c’est vraiment le moment de déclencher une nouvelle guerre ! » ( ici à 1:55:20).

Après le Russiagate, l’attitude des libéraux a changé du tout au tout. Les Démocrates sont passés d’une attitude d’opposition totale à la nouvelle guerre froide voulue par les néocons à l’adulation de personnages comme Adam Schiff qui se félicitait que l’administration Trump envoie des armes létales à l’Ukraine pour servir sa guerre contre le Donbass et sape l’application des accords de Minsk 2, ce plan de paix qui aurait permis la fin de la guerre. Afin, disait-il que « nous puissions battre la Russie là-bas plutôt que d’avoir à la combattre ici ».

Si bien qu’au moment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il était devenu presqu’impossible de dénicher un libéral ou un démocrate en faveur d’un cessez-le-feu ou d’un accord de paix. Pratiquement tous étaient en faveur de la continuation de la guerre par procuration afin « d’affaiblir la Russie » qui était maintenant perçue comme l’ennemi. Et c’était vrai y compris de la plupart des partisans de Bernie Sanders, à l’exception de quelques rares exceptions notables (Aaron Mate, Branko Marcetic, Noam Chomsky, etc…).

En mai 2022 tous les démocrates, y compris les soi-disant progressistes tels que Bernie Sanders ou Alexandria Ocaso Cortez, votaient pour les envois d’armes à l’Ukraine, nonobstant le fait (aujourd’hui prouvé) que les Etats-Unis et le Royaume-Uni venaient de bloquer l’accord de paix qui aurait mis fin à la guerre. L’affaire en est même arrivée au point où les députés progressistes qui avaient enfin osé envoyer une lettre à Joe Biden pour lui enjoindre de rechercher une solution négociée ont fait machine arrière après avoir été tancés par les néocons.

Les néocons ont même réussi à embarquer les libéraux et les Démocrates derrière la guerre intérieure contre le terrorisme à laquelle ils étaient pourtant opposés. Le ‘6 janvier’[vii] et la peur du « terrorisme d’extrême droite » ont été leurs principaux instruments. Un article de BuzzFeed News met ainsi en lumière le rôle joué dans la tentative d’enlèvement de la gouverneur Gretchen Whitmer par des agents du FBI, en utilisant des techniques similaires à celles employées pour pousser des musulmans à perpétrer des attaques terroristes pendant la ‘Guerre contre la Terreur’. Et c’est que ainsi que Nicole Wallace -celle qui défendait la torture à Guantanamo Bay sur les plateaux télévisés du temps de la ‘Guerre contre la Terreur’- vend maintenant sur MSNBC les mérites de la Guerre intérieure contre la terreur, en agitant le spectre du 6 janvier et de « l’extrémisme d’extrême-droite ».

Toutes ces manœuvres des néocons et ces tromperies de la ‘communauté du renseignement’ ont conduit les libéraux à approuver cet état sécuritaire contre lequel ils se battaient du temps de Bush. Un sondage récent indique qu’une majorité des Démocrates ont maintenant un sentiment favorable au FBI (65%), à la CIA (54%) ou au DHS[viii] (56%)

Harris habille en rose la laideur de l’empire

Aujourd’hui, le programme politique des Démocrates est entièrement aligné avec les souhaits des néocons. Le manifeste du Parti Démocrate est parfaitement clair quant à leur soutien à la guerre par procuration menée en Ukraine, leur support inconditionnel pour l’aggravation des sanctions cruelles contre le Venezuela et le Nicaragua, et leur soutien tout aussi inconditionnel au génocide barbare dont Israël se rend coupable à Gaza.

Kamala ne s’arrête pas là : elle s’engage à reprendre et à mener à bien les plans des néocons pour la guerre au Moyen Orient. Selon les révélations du général Wesley Clark, à la suite des attentats du 11 septembre, les néocons avaient prévu d’entrer en guerre contre l’Irak, la Syrie, la Lybie, le Liban, la Somalie, le Soudan et pour finir, l’Iran. Ces plans ont été initiés pour l’Irak (envahie), la Libye (changement de régime imposé par l’OTAN) et la Syrie (opération Timber of Sycamore de la CIA). Mais c’est maintenant Kamala et le Parti Démocrate qui s’engagent à achever le travail avec l’Iran et le Liban en ligne de mire [ix]. Le programme de politique étrangère du Parti Démocrate prévoit d’intensifier la confrontation avec l’Iran et de partir en guerre contre le Hezbollah au Liban. Dans son tout dernier débat, Kamala promet de défendre Israël « dans son face à face avec l’Iran et contre les menaces de l’Iran et de ses auxiliaires (c’est-à-dire le Hezbollah) ».

Tout cela, bien sûr, ne veut pas dire que Trump serait une forme d’antidote au programme de politique étrangère des néocons, contrairement à ce que certains voudraient croire. En tant que président, il a accédé à pratiquement toutes leurs exigences, que ce soient la fourniture d’armes létales à l’Ukraine, un coup d’état au Vénézuela, la mise à mort de l’accord nucléaire avec l’Iran, l’intensification de la guerre des drones ou la continuation de la guerre au Yemen.

Mais le problème c’est que Trump déchire le masque dont aime à se couvrir la politique étrangère états-unienne. Au lieu d’utiliser Assad, la Russie, l’Iran ou l’Etat Islamique comme excuses pour justifier l’occupation d’un tiers des terres de la Syrie, il annonce bêtement que les Etats-unis sont là pour voler leur pétrole. Au lieu de prétendre qu’il veut apporter la démocratie au peuple vénézuélien, il admet publiquement qu’il veut prendre leur pétrole. Trump ne cache même pas ses intentions génocidaires à Gaza et sa haine des Palestiniens. Il appelle Israël à « finir le boulot » et utilise le mot « Palestinien » comme une insulte.

Kamala, elle, va faire les mêmes choses, mais en trouvant des justifications plus plaisantes. Elle continuera le génocide à Gaza tout en prétendant travailler dur à obtenir un cessez le feu. Elle éternisera les sanctions contre le Venezuela en se couvrant du sceau de la démocratie. Elle continuera l’occupation de la Syrie et le vol du pétrole, mais assurera que c’est pour contrer la Russie et combattre l’Etat Islamique.

Alors, pourquoi Dick Cheney soutient-il la candidature de Kamala Harris ?

La vraie raison du soutien de Dick Cheney à Kamala Harris, c’est qu’elle partage ses vues sur le maintien de l’empire. Depuis 2016, les néocons ont réussi à convaincre la plupart des démocrates du parti et de sa base de la justesse de leurs vues. Kamala fera tout ce que les néocons veulent, de la guerre par procuration en Ukraine jusqu’aux guerres contre l’Iran et le Liban, en passant par les tentatives pour éliminer leurs ennemis de longue date au Vénézuela et au Nicaragua. Tout comme Trump, en réalité, sauf que lui le fera d’une façon si vulgaire qu’il soulèvera une plus grande opposition. Kamala, elle, recouvrira tout ça d’un vernis progressiste. C’est ce qui en fait un bien meilleur choix pour diriger l’impérialisme américain au yeux des néocons.


[i] NdT : Le ‘Russiagate’ désigne l’affaire aux relents conspirationnistes qui a monopolisé la sphère politico-médiatique après l’élection de Donald Trump en 2016. Des accusations d’interférence des services russes en faveur du candidat républicain ont été reprises par pratiquement tous les journaux grand public. Une enquête dirigée par le procureur spécial Robert Mueller a finalement conclu que ces accusations étaient infondées.

[ii] NdT : Pour mémoire, Robert Kagan est l’époux de Victoria Nuland que nous retrouverons plus loin.

[iii] NdT : Le 6 janvier 2020, les partisans de Trump, candidat malheureux à sa réélection, attaquaient le Capitole (siège du parlement états-unien)

[iv] NdT : Cette vidéo célèbre, diffusée par Wikileaks, montrait l’assassinat par des hélicoptères de l’armée états-unienne d’une famille élargie de civils irakiens à Bagdad.

[v] NdT : l’épouse de Robert Kagan, voir note ii

[vi] NdT : Plus près de nous, la même Victoria Nuland a confirmé dans un récent interview que les pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine en mars/avril 2022 ont été coulés par l’intervention des Etats-Unis et du Royaume Uni

[vii] NdT : voir note iii

[viii] NdT : équivalent des Renseignements Généraux

[ix] Voir ici

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2 Commentaires

  • Bosteph
    Bosteph

    ………..leurs ennemi de longue date au Venezuela et au Nicaragua”.

    Et ne pas oublier Cuba, le véritable symbole de la révolte, puis de la résistance, des peuples à l’ empire.

    Répondre
    • Bosteph
      Bosteph

      Mon commentaire à peut-être été maladroit . Je voulais dire que Cuba était le premier symbole de la révolte, puis la résistance, des peuples à l’ empire . Le tout premier où tout à commencé, et qui se poursuit . Bien entendu, je ne sous-estime pas les résistances du Venezuela et du Nicaragua, voire même les Boliviens qui semble “avoir compris” . Nous savons cependant que l’ empire veut absolument prendre (ou reprendre) les richesses de ces pays.

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