Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Il est encore temps de signer la lettre d’Ignacio Ramonet à Jo Biden pour qu’il retire Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme.

Ci-joint la traduction:

Bonjour, notre ami le grand écrivain Abel Prieto, ancien ministre de la Culture de Cuba, actuel directeur de la Casa de las Americas à La Havane, et toute son équipe font circuler cette lettre :

« Lettre ouverte au président Joe Biden », que j’ai écrite « pour exiger du président des États Unis qu’il retire Cuba de la liste infâme des pays soutenant le terrorisme » avant la fin de son mandat. Merci de la lire. Si tu es d’accord, ajoute ta signature. Et demande aux personnalités que tu connais de la signer également.

Ensemble, nous pouvons y arriver. Cuba et son peuple héroïque ont besoin de notre soutien et le méritent. Envoie ton nom, prénom, profession ou activité à l’adresse électronique suivante: casadelasamericas2024@gmail.com Je vous remercie Ignacio Ramonet

LETTRE OUVERTE D’IGNACIO RAMONET AU PRÉSIDENT JOE BIDEN

« Retirez Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme ! »

Ignacio Ramonet Professeur. Écrivain. Journaliste Paris (France)

à M. Joseph R. Biden Président des des États-Unis d’Amérique

Washington DC (États-Unis)

Monsieur le Président Joe Biden,

Votre mandat présidentiel s’achève dans quelques mois. Je me permets de vous écrire, avec tout mon respect, au nom d’un grand nombre de personnes, de mouvements sociaux, de syndicats, d’associations humanitaires et d’organisations non gouvernementales à travers le monde qui signent cette lettre avec moi et qui attendent un geste de votre part en vue de réparer une profonde injustice commise le 12 janvier 2021 par votre prédécesseur, Donald Trump, lorsque, quelques semaines avant de quitter la Maison Blanche, il a décidé – sans véritables bases juridiques – de réinscrire Cuba sur la liste infâme des États soutenant le terrorisme (liste SSOT pour son sigle en anglais).

Monsieur le Président, comme vous le savez, cette liste SSOT est un mécanisme de politique étrangère, conçu par le Secrétariat d’État (ministère des Affaires étrangères) des États-Unis visant à sanctionner les pays qui « soutiennent de manière répétée des actes de terrorisme international ».

Monsieur le Président, dans un acte de justice et de lucidité politique, l’administration du président Barack Obama, dont vous étiez membre, avait retiré Cuba de cette liste déshonorante en 2015, ce qui a représenté un pas très positif pour forger, enfin, une relation plus constructive avec La Havane. Durant le gouvernement de Barack Obama, alors que vous étiez vice-président des États-Unis, il a en effet été possible d’avancer vers une normalisation des relations diplomatiques entre deux voisins aux systèmes politiques différents, mais désireux de se comprendre sur la base du respect mutuel.

Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que Cuba a toujours dénoncé et combattu le terrorisme. Elle ne l’a jamais encouragé ou parrainé. Elle ne l’a jamais pratiqué. Depuis 65 ans, malgré les tensions qui ont pu exister entre les États-Unis et Cuba, on ne peut pas citer un seul cas d’action violente survenue sur le territoire étasunien qui aurait été parrainé, directement ou indirectement, par La Havane. Pas un seul cas ! En revanche, Cuba a été l’un des pays les plus attaqués par des organisations terroristes. Plus de 3 500 citoyens cubains sont morts lors d’attentats commis par des groupes terroristes financés, armés et entraînés par des organisations violentes basées, pour la plupart, aux États-Unis. En d’autres termes, c’est le monde à l’envers. Et vous le savez.

Monsieur le Président, vous n’ignorez pas non plus qu’en ayant inclus Cuba – injustement – sur cette liste SSOT, de nombreuses et douloureuses mesures coercitives unilatérales sont appliquées à ce pays et à sa population innocente. Les conséquences les plus atroces proviennent du risque associé à tout type d’aide humanitaire, affaires, investissements et commerce qui impliquerait Cuba et, par extension, ses citoyens. Par exemple, les Cubains ayant une nationalité étrangère qui remplissent les conditions requises pour bénéficier d’une dérogation au Système électronique d’autorisation de voyage (ESTA) pour se rendre aux États-Unis se sont vu refuser cette dérogation. Les Cubains résidant dans l’Union européenne ont vu leurs comptes bancaires fermés, car du fait que leur pays figure sur la liste SSOT, ils deviennent automatiquement des « clients à haut risque ». Les fonds de nombreux groupes religieux ont été gelés et les envois d’aide humanitaire vers l’île bloqués. Les personnes qui tentent de transférer de l’argent via PayPal ou Wise à des membres de leur famille à Cuba peuvent voir leurs fonds gelés et leurs comptes bloqués. La plupart des banques refusent de traiter les paiements cubains et ont même gelé les sommes d’argent destinées à des activités humanitaires. La présence de Cuba sur cette liste SSOT limite, pour les particuliers, l’ouverture de comptes bancaires à l’étranger, l’utilisation d’instruments de recouvrement et de paiement internationaux, l’accès à la banque numérique, la contractualisation de serveurs et de services en ligne et mille autres entraves.

Monsieur le Président, l’inclusion de Cuba sur cette liste SSOT implique, de plus, que les voyageurs étrangers des pays inclus dans l’ESTA qui souhaitent se rendre à Cuba sont tenus de demander un visa spécial auprès du consulat général de l’ambassade des États-Unis dans leur pays d’origine. Cette politique, mise en œuvre par votre administration, a un impact négatif sur l’industrie touristique de Cuba, un secteur d’une importance décisive pour l’économie fragile de l’île.

Monsieur le Président, comme vous le savez, tout cela s’ajoute aux terribles conséquences du cruel et illégal blocus économique, commercial et financier contre Cuba que le gouvernement de votre pays maintient depuis plus de 60 ans – ignorant la position claire de la communauté internationale et les résolutions successives de l’Assemblée générale des Nations unies –, dans le but de provoquer une situation de pénurie et de mécontentement au sein du peuple cubain qui conduirait à des manifestations contre les autorités cubaines.

Monsieur le Président, un tel dessein agressif, responsable de tant de douleur et tant d’épreuves à la population civile innocente de Cuba, a atteint, au cours de cette dernière décennie, – comme votre propre épouse Jill Biden a pu le constater lors de sa visite sur l’île en octobre 2016 – des dimensions punitives inhumaines. Le peuple cubain est privé d’accès à de nombreux biens et ressources de base : médicaments, nourriture, matériaux de construction, engrais, énergie, machines industrielles, pièces de rechange qui ne peuvent pas être importés du fait que Cuba figure sur cette liste. La vague migratoire actuelle d’expatriés cubains vers les États-Unis, d’une ampleur sans précédent, est peut-être l’exemple le plus illustratif de l’impact dévastateur et de la souffrance causée par les mesures extrêmes et brutales contre l’économie cubaine résultant à la fois du blocus criminel et de l’inclusion injuste de Cuba sur l’infâme liste SSOT.

Monsieur le Président, vous n’ignorez pas non plus qu’en mai 2024, le Département d’État a pris la décision de retirer Cuba de la liste des « États qui ne coopèrent pas à la lutte contre le terrorisme ». Une décision sage et juste. Malgré cela, et de manière contradictoire, incongrue, confuse et injustifiable, votre administration s’obstine à maintenir Cuba sur la liste SSOT, celle des États soutenant le terrorisme. Comment est-il possible d’affirmer, en même temps, qu’en effet Cuba coopère à la lutte globale contre le terrorisme, et d’accuser en même temps La Havane de soutenir ouvertement le terrorisme ? La meilleure façon de clarifier cette contradiction est de retirer immédiatement Cuba de la liste SSOT.

Monsieur le Président, Cuba n’est pas un commanditaire du terrorisme. Au contraire, Cuba est un commanditaire de la paix. Et vous le savez. Car vous vous souvenez sans doute qu’alors que vous étiez vice-président des États-Unis, en 2016, les accords de paix ont été signés à La Havane entre l’État colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), considérées à l’époque comme une « organisation terroriste », lesquels ont mis fin à plus d’un demi-siècle de guerre et de tueries, et ont même valu au président colombien Juan Manuel Santos le prix Nobel de la paix. Cela n’aurait pas été possible sans la participation diplomatique active du gouvernement cubain.

Monsieur le Président, cette pacification a eu un tel impact qu’à partir de 2018, le gouvernement colombien du président Juan Manuel Santos a demandé à Cuba d’être le siège d’un processus de pourparlers avec des dirigeants d’une autre organisation armée, l’Armée de libération nationale (ELN), à la suite à la décision de l’Équateur de renoncer à en être le siège. Comme vous vous en souvenez, ces pourparlers avec l’ELN furent interrompus à la suite d’un odieux attentat à la voiture piégée, perpétré à Bogota en 2019, lequel détruisit une école de police et fit de nombreuses victimes. Un attentat dont la responsabilité fut revendiquée par l’ELN.

Monsieur le Président, à la suite de cette tragédie, le gouvernement d’Ivan Duque a demandé l’extradition vers la Colombie des dirigeants de l’ELN qui, protégés par un statut diplomatique spécial, se trouvaient à Cuba pour les négociations de paix. La Havane n’a pas pu accéder à cette sollicitude. En effet, les accords diplomatiques internationaux ne le permettent pas, car l’extradition violerait les protocoles établis en tant que garant des pourparlers de paix entre l’ELN et le gouvernement colombien. La Norvège, un autre pays garant clé des pourparlers de paix, a exprimé son accord avec la position de La Havane, tout comme la grande majorité des gouvernements. Cependant, ce rejet légitime de La Havane a été le prétexte utilisé par votre prédécesseur Donald Trump, en janvier 2021, pour réinscrire Cuba sur l’abominable liste SSOT.

Monsieur le Président, Cuba n’a pas cessé de promouvoir la paix. La preuve en est qu’en 2022, Gustavo Petro, le nouveau président de la Colombie, a annoncé que la sollicitude d’extradition des dirigeants de l’ELN serait retirée dans le cadre de son initiative de « paix totale ». La Havane, pour sa part, a accepté d’être de nouveau l’hôte et le garant des pourparlers de paix entre Bogota et l’ELN. Comme vous le savez, grâce à la médiation de Cuba, le 9 juin 2023, à La Havane, le président Gustavo Petro et Antonio Garcia, commandant de la guérilla de l’ELN, se sont serré la main lors d’une réunion au cours de laquelle ils ont convenu, pour la première fois, d’un point sur la feuille de route prévue et d’un cessez-le-feu bilatéral qui constitue un pas historique vers le silence des armes et la paix définitive en Colombie. Ce cessez-le-feu a d’ailleurs été renouvelé à La Havane six mois plus tard, à la suite de démarches déterminantes du gouvernement cubain. Quelques mois plus tard, Cuba a accepté une nouvelle proposition du gouvernement colombien d’être le garant et le lieu alternatif d’un autre processus de paix, cette fois avec le groupe rebelle armé Segunda Marquetalia.

Monsieur le Président, Cuba n’est pas seulement un promoteur de la paix, mais aussi, comme aucun autre pays au monde, elle promeut la santé. Au cours des vingt dernières années, La Havane a envoyé plus de 600 000 professionnels et techniciens de la santé dans quelque 165 pays, ce qui a permis de soulager les souffrances de nombreux malades et de sauver la vie de millions de personnes dans le monde.Monsieur le Président, Cuba n’est pas seulement un promoteur de la paix et de la santé, mais, comme aucun autre pays, elle promeut également l’éducation, comme l’a largement reconnu l’UNESCO elle-même. Des milliers d’enseignants et de professeurs cubains sont intervenus dans des dizaines de pays pour combattre l’analphabétisme et encourager la scolarisation de millions de filles et de garçons. C’est tout le contraire de la « promotion du terrorisme »…

Monsieur le Président, en 2021, peu après votre arrivée à la Maison-Blanche, plusieurs hauts fonctionnaires de votre administration ont promis de réexaminer l’inscription de Cuba sur la liste SSOT. En octobre 2022, votre propre Secrétaire d’État, Anthony Blinken, a réitéré cette promesse. En 2023, quarante-six membres du Congrès, dont de nombreux démocrates, vous ont adressé une lettre vous demandant de tenir cette promesse. En juin 2024, lors de la 56e période de sessions du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, dans une déclaration commune, pas moins de 123 pays ont exigé la même chose de votre gouvernement. Or, malgré les promesses et ces sollicitations aussi importantes, vous continuez à ne rien faire pour mettre fin à cette injustice scandaleuse.

Monsieur le Président, cette situation doit cesser. Vous le savez bien. Il n’y a pas un seul argument valable et raisonnable pour accuser Cuba et maintenir sa population sous un châtiment collectif illégal et inhumain. Vous avez l’autorité pour, avant de quitter la Maison Blanche, corriger cette cruelle absurdité et retirer Cuba de la liste SSOT. Faites-le immédiatement !

Dans l’espoir que vous saurez, Monsieur le Président, vous montrer à la hauteur de ce moment historique et tenir compte de cette demande, je prends congé de vous très respectueusement,Ignacio Ramonet

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4 Commentaires

  • Myriam Barbera Boyer
    Myriam Barbera Boyer

    Comment signer la lettre à Biden?

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    • Bosteph
      Bosteph

      Oui, aurai-je loupé le lien ?

      Répondre
      • Philippe, le belge
        Philippe, le belge

        “Envoie ton nom, prénom, profession ou activité à l’adresse électronique suivante: casadelasamericas2024@gmail.com
        C’est tout!

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  • Falakia
    Falakia

    Un honneur et un devoir de signer la lettre à jeo Biden , d’Igniaco Ramonet .
    Igniacio Ramonet Un homme , un grand penseur engagé , un journaliste d’investigation et d’information contre la pensée unique celle de la banque de France , la Banque Européenne , le fond monétaire etc…..qui véhicule l’information dans l’économique et point de politique avec leurs théoriciens libéraux entre autre Alain Mincle le cercle de la raison .

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