Le Président russe est arrivé dimanche à Bakou en Azerbaïdjan pour une visite d’État de deux jours lors de laquelle il s’entretiendra avec son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev. Cette visite introduit encore un peu plus de complexité dans la stratégie russe mais aussi celle de l’Azerbadjian. Le président russe que l’on présente dans les médias occidentaux comme accablé, isolé dans un bunker, face à son peuple au bord de la révolte devant l’invasion du sol russe, non seulement continue la pression dans le Donbass, mais va faire une visite d’Etat dans un pays du Caucase qui a été parmi les premiers pays à avoir promis de l’aide à l’Ukraine en février 2022. Le dernier déplacement de Vladimir Poutine en Azerbaïdjan remontait à septembre 2018. C’est une visite tout à fait officielle : des discussions en formats réduit et élargi sont également au programme, tout comme la signature de documents conjoints et une déclaration à la presse des deux dirigeants, selon Ria Novosti. que faut-il penser de ce calendrier diplomatique dans ce qui pourrait paraître face à “l’invasion ukrainienne” comme une situation d’urgence ?
On sait les liens de l’Azerbadjan avec la Turquie d’Erdogan mais le pays a aussi ses propres choix et on se souvient que recemment la France a dénoncé l’intervention de l’Azerbadjian en Nouvelle Calédonie en soutien des émeutes indépendantistes. Pour comprendre cela il faut connaitre le rôle joué par la France dans le Caucase dans des pays comme la Georgie où a sévi le marchand d’arme de l’époque Gluksman ((oui c’est le vertueux membre du PS qui a soutenu un coorompu tortionnaire et était l’époux du chef de la police qui maitenant c’est reconverti dans les fake news de la CIA contre la Chine et contre la Russie) et où a été installée une présidente à double nationalité (française géorgienne) qui s’est montrée l’agent fidèle des USA. Même rôle en Arménie où la France a tout fait pour organiser la rupture de ce pays avec le protecteur russe grace à un président particulièrement exécré qui poursuit de plus belle son adhésion aux vues des USA grace au go between français. Souvenez-vous, en septembre 2023,l’Azerbaïdjan a repris le haut Karrabar par la force cette région montagneuse azerbaïdjanaise contrôlée et habitée pendant trois décennies par des séparatistes arméniens. Erevan qui n’avait cessé de renforcer ses liens avec les Occidentaux, dont les États-Unis, par l’entremise de la France n’a pas joui de la protection russe habituelle et a pu voir ce que valait celle de l’occident.
Si laGéorgie semble avoir résisté au coup de force, l’Arménie est en train de perdre sur tous les tableaux à la fois et il faut être un peu sorti de chez soi, pour mesurer à quel point la rencontre de Bakou s’adresse aussi aux pays du Caucase et au-delà de l’Asie centrale sur ce qu’ils peuvent attendre de l’alliance occidentale et de la France en particulier.
Nous sommes donc ici dans des jeux complexes d’influence avec des alliances à géométrie variable dans lesquelsx la visite du président Poutine marque au moins la neutralité de la partie turque (notons que la Turquie vient d’interdire les écoles françaises en réponse à la laïcité française en fait parce que la France est le maillon faible sur lequel on peut taper comme on veut, avec de fait l’assentiment des USA et surtout de la Grande bretagne), nous sommes ici donc face à un des effets de la politique française de vassalité aux USA qui accélère son déclin comme en Afrique, au Moyen orient, dans le Pacifique, partout c’est l’influence française la première victime des “opérations ” US et Grande Bretagne.
Des pays producteurs d’énergie
Mais il y a dans cette visite d’abord la dimension energétique. L’Azerbadjan est un important fournisseur d’énergie des pays occidentaux. L’Azerbaïdjan va être l’hôte de la conférence climatique COP29 en novembre prochain, produit du pétrole mais est aujourd’hui un gros producteur de gaz naturel, vers lequel l’Union européenne s’est tournée pour combler la nette réduction des livraisons russes depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022. Poutine sait toujours prendre sa casquette de pays producteur proposant à d’autres pays producteurs des ententes de défense de leurs intérêts, il a été avec Chavez un des initiateurs d’une politique d’indépendance à l’égard des “majors” américaines et avec les BRICS qu’il préside cette année il a encore développé cette politique.
Là encore la visite intervient sur le fond de l’expédition ukrainienne sur le sol russe, offensive qui semble s’attaquer en priorité au centre de distribution du gaz russe de Souja, ce qu’il faut tout de même nuancer par le fait que le dit gaz traverse l’Ukraine qui en retire des bénéfices substantiels. Mais aussi dans le cadre des révélations sur le sabotage du Nord stream avec l’aval de Zelensky. En fait, c’est le rôle de l’Ukraine comme centre d’activité de destabilisation terroriste international que nous analysons par ailleurs qui commence à provoquer des résistances, de la part de pays qui se sentent menacés de telles destabilisation.
La télévision russe a diffusé des images de l’avion du président Poutine à son arrivée dans la soirée à Bakou. Vladimir Poutine doit s’entretenir lundi sur les bords de la mer Caspienne avec Ilham Aliev sur « les questions relatives au développement des relations de partenariat stratégique et d’alliance entre la Russie et l’Azerbaïdjan, ainsi que des problèmes internationaux et régionaux d’actualité », a précisé le Kremlin.
Quelle stratégie de la Russie ?
Cette visite est-elle une confirmation de ce qui pourrait être la stratégie russe face au coup de poker ukrainien joué en fait par ceux qui en Occident tablent sur l’escalade et l’élargissement du front de l’hégémonie occidentale sur une forme “terroriste”.
Il est difficile de prétendre maitriser toutes les variables d’une telle situation. Mais il semble y avoir des FAITS. L’incursion à koursk n’a pas réellement changé la donne et détourné les Russes de leur objectif principal . Au même moment, dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine, le front continue à s’affaiblir et les Russes grignotent du terrain, le terrain “grignoté” a infiniment plus de valeur militaire que celui de l’invasion ukrainienne dont il était peut-être espéré qu’elle dégarnirait cette pression dans le Donbass. Sur le plan militaire, plutôt que d’envoyer des troupes pour défendre cette ligne et combattre, tenter de ralentir les Russes, les Ukrainiens ont préféré s’enfoncer dans un « ventre mou » à Koursk pour créer un effet de surprise et forcer la Russie à dégarnir d’autres lignes de front. Est-ce que cela fonctionne ? En tous les cas pas assez rapidement. Et puis, plus l’armée ukrainienne avancera loin en territoire ennemi, plus sa logistique, c’est-à-dire la nécessité de déplacer de l’artillerie, va être compliquée et plus l’épuisement va gagner les troupes.Dans le Donbass, la Russie a effectivement revendiqué ces derniers jours la prise de plusieurs villages proches de Pokrovsk. Cette ville est un enjeu de taille, car elle est considérée comme un corridor logistique. Un corridor logistique permet de se positionner, de se ravitailler et d’avoir suffisamment d’options pour poursuivre l’incursion plus loin et plus en profondeur. Pokrovsk en est un. Mais surtout, cette ville représente les limites des fortifications qui ont été établies depuis 2014. Les voir tomber les unes après les autres, cela signifie que derrière, il n’y a plus rien. Une fois que Pokrovsk sera tombée, il sera facile pour l’armée russe de gagner du territoire vite, et d’aller en profondeur. Cela va créer pour les Ukrainiens la nécessité de jeter toutes leurs forces dans la bataille pour tenter de s’y opposer, ce qui est extrêmement compliqué, car on connaît leur difficulté à réunir des forces en grand nombre pour résister à ce type d’assaut.
Donc cela peut vouloir dire que la tactique russe habituelle, être une éponge à invasion et laisser l’ennemi de Napoléon à Hitler qui étaient d’une tout autre envergure s’enfoncer et se perdre dans la terre russe est jouée une fois de plus tandis que la Russie ne se détourne nulle part de sa stratégie qu’il s’agisse de celle des BRICS ou de celle de la reconquête des zones russes du Donbass.
Mais la mémoire russe celle des ruines provoquées dans cette même terre russe par des terroristes et ceux qui tentent de créer la guerre civile partout existe aussi. Il y a ce dont un pouvoir aux abois qui ne veut pas que ses bailleurs de fond occidentaux l’abandonnent comme ils ont abandonné le Vietnam, l’Afghanistan en laissant partout ces terrorismes qu’ils feignent même de combattre, et ce n’est pas un hasard si l’inquiétude va jusqu’à craindre l’attaque de centrales nucléaires.
danielle Bleitrach
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