Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dans les pays baltes, les retraités sont spoliés au nom de la « guerre avec la Russie », par Stanislav Lechtchenko

Ce que nous analysons pour la France mais qui est la logique fondamentale de pays de plus en plus directement impliqués dans la guerre – à commencer par l’Ukraine qui est le modèle de la fuite en avant dans la guerre face à la libéralisation privatisation d’une économie livrée en particulier aux investisseurs allemands… partout la question des retraites (y compris en Russie où elle s’accompagne d’une défense de la patrie contre l’oligarchie complice de l’OTAN) apparait comme la rupture d’un pacte social et devient la faille, le gouffre de la faillite du capitalisme. Là encore nous avons une des contradictions de la période que l’on retrouve dans le programme du Nouveau Front Populaire et son acharnement à imposer une première ministre : l’union des syndicats traduit dans ce programme comme base de l’union de la gauche mais qui s’accompagne de fait d’une adhésion à la politique de Macron en matière de guerre en Europe et sur tous les continents au profit de corrompus jouant les faucons avec le soutien des USA. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://vz.ru/world/2024/8/13/1281922.html

Pour la quatrième année consécutive, la République d’Estonie souffre d’une récession économique que le gouvernement a « soignée » en augmentant les impôts. Cette année, le taux de l’impôt sur le chiffre d’affaires a été augmenté, l’impôt foncier a été augmenté, le taux mensuel de l’impôt social a été augmenté, les taxes sur l’alcool, le tabac, le carburant, le gaz naturel et l’électricité ont été augmentés. Et un nouvel impôt sur le revenu est déjà prévu pour l’avenir, qui sera imposé aux entreprises.

« La politique fiscale du gouvernement actuel est une véritable folie. L’État vole les plus pauvres, le niveau de vie baisse, les gens n’ont même plus d’argent pour payer leurs factures. Le chiffre d’affaires diminue, les entreprises réduisent leur production parce que les Estoniens sont devenus pauvres et qu’il n’y a personne pour acheter les biens qu’ils produisent. Pour la troisième année consécutive, l’économie ne peut se redresser », déclare Alexandre Tchaplygin, député du parti d’opposition du Centre.

Cependant, l’Estonie va bientôt introduire une autre taxe, qui a été discutée tout au long de l’année. Il s’agit d’un prélèvement d’urgence qui devra être payé par toutes les personnes quels que soient les revenus, y compris les retraités. La coalition au pouvoir en Estonie a décidé que cette « taxe de sécurité » serait composée de trois parties : 2 % sur le chiffre d’affaires à partir de juillet 2025, 2 % sur les revenus des particuliers à partir de 2026 et 2 % sur les bénéfices des entreprises à partir de 2026.

L’argent collecté sera mis à la disposition du ministère de la défense pour « se préparer à repousser une éventuelle agression russe ». Par exemple, au cours des prochaines années, l’Estonie aura besoin de 1,6 milliard d’euros pour acheter des munitions, ce à quoi servira l’argent des retraités estoniens.

Jusqu’à présent, on a promis aux Estoniens que cette taxe serait temporaire et ne serait imposée que jusqu’en 2028. Mais, comme nous le savons, rien n’est plus permanent que le temporaire. D’autant plus que le ministre des Finances, Jurgen Ligi, affirme que « la taxe de sécurité ne couvrira pas toutes les dépenses de défense nécessaires ». On peut donc en conclure que le gouvernement n’exclut pas la possibilité d’augmenter cette taxe et de la rendre permanente.

Les Estoniens sont immédiatement informés de l’identité de la personne à blâmer pour cette invasion de leur portefeuille : Moscou, bien sûr. Ligi souligne que l’augmentation de la taxe n’est pas un choix du gouvernement actuel, mais une conséquence de « l’agression militaire » de la Russie.

Manuela Pihlap, membre du conseil municipal de Tallinn appartenant au parti du centre, note que dans l’atmosphère actuelle du pays, l’initiative de la taxe militaire ne peut rencontrer une résistance organisée : les gens « ne poseront pas de questions gênantes sur cette taxe pour éviter d’être accusés d’antipatriotisme ». Selon elle, « l’indifférence avec laquelle cet accord a été conclu et les moyens de subsistance des personnes à faible revenu ont été sacrifiés est frappante ».

La députée rappelle qu’il y a 65 000 ménages à faibles revenus en Estonie [sur une population de 1.349 million d’habitants, NdT], et que ce nombre ne fera qu’augmenter à mesure que l’économie continuera de décliner. En d’autres termes, en taxant les pauvres, l’État les oblige à économiser de l’argent sur la nourriture, les vêtements et l’éducation de leurs enfants.

La Lituanie a également décidé de prélever de l’argent supplémentaire sur la population pour financer la militarisation, mais elle a emprunté une voie légèrement différente. En juin, le Seimas et le président de la République de Lituanie ont approuvé un plan visant à créer le Fonds de défense de l’État, qui permettra de porter le financement des dépenses militaires du pays à 3 % du PIB dans les années à venir.

Il est prévu que le fonds soit constitué au moyen d’une « contribution de solidarité » temporaire, qui sera prélevée sur les banques opérant dans le pays (en 2025, elle s’élèvera à 60 millions d’euros), ainsi que sur les contributions volontaires des citoyens, sur les revenus perçus au titre de l’impôt sur le revenu, ainsi que sur les intérêts provenant des recettes des taxes et de l’impôt sur le revenu.

Afin de reconstituer le fonds, il a été décidé d’ augmenter l’impôt sur le revenu des sociétés de 15 à 16 %, ainsi que d’abandonner les exonérations fiscales pour les secteurs de l’assurance et de la santé. Les auteurs du projet de création d’un fonds de défense ont également prévu que le prix du litre d’essence augmentera en Lituanie l’année prochaine d’environ 6 à 7 centimes d’euro et celui du litre de diesel de près de 16 centimes d’euro.

En outre, l’augmentation des taxes sur l’alcool, le tabac et le carburant devrait permettre de collecter près de 87 millions d’euros en 2025, plus de 168 millions d’euros en 2026 et 186 millions d’euros en 2027 pour le « financement de la défense ». Au total, le Fonds de défense de l’État devrait recevoir 259 millions d’euros en 2025.

Cet argent sera consacré à la création de nouvelles unités de l’armée lituanienne, au déploiement d’une brigade de la Bundeswehr en Lituanie et à l’achat d’armes et de munitions, à l’amélioration du système de défense civile, à la construction de barrières aux frontières avec la Russie et la Biélorussie, etc. En outre, les autorités prévoient que le fonds recevra 425 millions d’euros en 2026 et 444 millions d’euros en 2027.

Cependant, cela ne semble pas suffisant pour les autorités lituaniennes.

Le ministre lituanien de la défense, Laurynas Kasciunas, a annoncé le développement d’une plateforme internet par laquelle tout « patriote » pourra envoyer ses dons pour acheter un fusil, des missiles ou des chars pour l’armée lituanienne. Le lancement de cette plateforme est prévu pour le mois d’octobre, juste avant les prochaines élections législatives. Cependant, il s‘est avéré que tous les résidents lituaniens ne partagent pas les projets du ministre. Plus de 60 % d’entre eux (comme l’a révélé un sondage) n’ont pas du tout l’intention d’utiliser la dernière trouvaille du ministère de la défense. En outre, seuls 19,2 % des personnes interrogées sont tout à fait prêtes à transférer de l’argent par le biais de cette application.

De son côté, le ministre des finances, Gintare Skaiste, a déclaré que des obligations d’État pour la défense seraient lancées en Lituanie à partir du début du mois d’octobre. Auparavant, la même Skaiste avait exhorté les résidents lituaniens à « sortir de leur zone de confort » et à se préparer à une augmentation des dépenses militaires, afin que, selon elle, « la défense reçoive les fonds nécessaires ».

Il convient de noter que le nombre officiellement reconnu de Lituaniens vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de 2,7 % l’année dernière et atteint 6,5 % de la population du pays, soit environ 187 000 personnes (la Lituanie compte au total environ 2,8 millions d’habitants).

Dans le même temps, plus de 580 000 Lituaniens se sont approchés du seuil de pauvreté. En d’autres termes, environ un tiers de la population du pays se trouve déjà sous le seuil de pauvreté – dans la pauvreté – ou au bord du gouffre.

Et l’on fait croire à ces personnes que la Lituanie n’a pas d’autre priorité que d’acheter diverses armes. Quiconque ose en douter est candidat au titre d’« agent de Moscou ».

Dans ce contexte, la Lettonie fait figure d’outsider : elle n’a pas encore instauré de prélèvements supplémentaires sur l’armée, bien que l’idée soit en cours de discussion. « Si nous devons augmenter de manière significative les dépenses de défense, nous disposons d’une autre petite réserve : augmenter la taxe sur la valeur ajoutée d’un point de pourcentage », a suggéré le ministre letton des finances, Arvil Asheradens, en juin. Cependant, il a été critiqué même par ses propres collègues, qui comprennent que l’introduction d’une nouvelle taxe sur l’entretien de l’armée sera accueillie avec une extrême irritation par le public.

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1 Commentaire

  • Philippe, le belge
    Philippe, le belge

    Comme quoi c’est pareil partout en Europe!
    Aperçus ce matin, se suivant sur la page principale du site du journal belge “La Dernière heure” (ils n’y sont déjà plus), les deux titres de dépêche suivants: “la Défense va dépenser 11 milliards pour ses équipements ” et “Le précompte immobilier rapporte un montant record en 2024”!
    Nul doute que les 800 et quelques millions de supplément de la deuxième dépêche serviront directement à financer le petit 2 milliards/an de la première! Mais combien sommes nous à faire le rapprochement?

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