Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La guerre et les violences faites aux femmes

La situation telle qu’elle est décrite ici en Ukraine est d’autant plus terrible que le socialisme et l’Union soviétique ont accompli des progrès reconnus de tous dans la condition féminine… Il s’agit donc d’une véritable régression qui participe de la folie de peuples frères que l’on a jetés les uns contre les autres en les divisant eux-mêmes comme cela s’est passé en Ukraine, en Moldavie, dans une Europe que l’on balkanise et appauvrit jusqu’à ce que chacun se venge sur un autre lui-même… L’Ukraine est un pays qui est passé de 67 millions d’habitants à la fin de l’URSS à une vingtaine de millions aujourd’hui, l’immigration qui a pris des proportions considérables avec la guerre et s’accélère aujourd’hui avec le refus d’être enrôlé avait débuté dès la fin de l’URSS parce que la vie était devenue de plus en plus difficile, c’était le pays devenu le plus pauvre et dont une des ressources était l’industrie des mères porteuses, Kiev est une vitrine mais l’ensemble du pays a du mal à survivre comme d’autres pays voisins, la Moldavie, la Roumanie etc… et la condition féminine partout s’est dégradée comme le note le PNUD. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Des militantes à un rassemblement pour les droits des femmes à l'occasion de la Journée internationale de la femme dans le centre de Kiev, le 8 mars 2024.

Des militantes à un rassemblement pour les droits des femmes à l’occasion de la Journée internationale de la femme dans le centre de Kiev, le 8 mars 2024.© GENYA SAVILOV / AFP

Les femmes ukrainiennes qui ne combattent pas au front sont elles aussi exposées à la violence. En 2023, les services de police ont enregistré plus de 291.000 cas de violences domestiques, soit «20% de plus qu’en 2022», détaille un rapport du ministère de l’Intérieur ukrainien. Parmi ces violences, celles relevant «d’infractions pénales ont augmenté de 80% (de 1498 à 2701), et 36% d’infractions administratives» supplémentaires ont été détectées.

En 2024, cette recrudescence de la violence risque d’augmenter encore, selon les prévisions du centre d’analyse du ministère de l’Intérieur : les sévices liés à des infractions administratives d’environ 21% et ceux liés à des infractions pénales de 30%. En effet, en seulement deux mois en 2024, les infractions pénales liées à la violence domestique enregistrées se sont déjà accrues de 56%. 

Violences essentiellement faites aux femmes

Or, l’immense majorité des victimes de ces violences sont des femmes, comme le rapporte le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Selon ce programme onusien qui s’est exprimé le 25 novembre 2022 sur une chaîne Telegram à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes«environ 2 millions de personnes souffrent de violences domestiques physiques en Ukraine. Les statistiques montrent que plus de 80 % des cas sont des violences masculines envers les femmes». Le PNUD ajoute que «chaque année, 600 femmes ukrainiennes meurent des suites de violences domestiques»

Des chiffres qui ne cessent de croître et qui inquiètent les autorités, alors que l’Ukraine a adopté le 20 juin 2022 une loi sur la prévention de la violence à l’égard des femmes, de la violence domestique et la lutte contre ces phénomènes. Le pays, membre du Conseil de l’Europe, avait en effet pris un certain nombre d’engagements pour mettre sa réglementation en conformité avec les dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme, et s’engage depuis à mener des enquêtes appropriées sur les faits de violence et sur la traduction des auteurs en justice.

En mai 2024, la France avait livré 13 véhicules destinés aux équipes policières mobiles chargées de lutter contre la violence domestique, avec le soutien du Fonds des Nations unies pour la population en Ukraine (UNFPA). Le chef de la police nationale ukrainienne Ivan Vyhivskyi avait alors indiqué qu’environ 600 policiers étaient impliqués dans des groupes mobiles chargés de lutter contre la violence et de la prévenir.

« La partie émergée de l’iceberg »

Massimo Diana, représentant en Ukraine de l’UNFPA, lutte contre les violences à caractère sexiste et rapporte que les cas signalés ne sont que «la partie émergée de l’iceberg»«Parfois, les chiffres ne disent pas tout»explique-t-il au quotidien britannique The Guardian«Ils ne sont qu’une indication du nombre de plaintes déposées. Nous devons replacer les chiffres dans un contexte plus large pour comprendre le problème».

Selon ce dernier, la violence fondée sur le genre et la violence domestique étaient, même bien avant l’offensive russe en février 2022, des «secrets bien connus» dans le pays. Les facteurs de stress liés à la période de guerre, tels que la perturbation de l’unité familiale, la perte du domicile et les déplacements, la pauvreté et le stress psychologique causé par les bombardements et les attaques de missiles, n’ont fait qu’augmenter les risques pour les femmes de subir ces violences. 

Des femmes qui se plaignent moins

Ivanna Kovalchuk, qui travaille notamment sur les «violences de genre» pour l’ONG à but non lucratif International Medical Corps rapporte au Guardian «que les femmes sont moins enclines à se plaindre lorsque (la violence domestique) concerne des vétérans de guerre». Elle ajoute que «certaines s’excusent même lorsqu’elles le font, en pensant que le moment n’est peut-être pas opportun ou que leur situation personnelle n’est pas comparable à la guerre qui sévit dans le pays».

Massimo Diana appuie les propos de la travailleuse humanitaire et constate que «dans un environnement intrinsèquement patriarcal depuis le début, même avant la guerre», lorsque les hommes qui ont été sur la ligne de front, «qui sont des héros», sont aussi «devenus violents», il y a un problème de dénonciation. «Les femmes ont tendance à se demander comment elles peuvent se plaindre alors que leur mari, leur père, leur fils, leur frère ou leur ami est en train de mourir», explique-t-il. «C’est une préoccupation que nous avons souvent entendue»

Se référant à l’augmentation des cas de stress post-traumatique (PTSD) chez les anciens combattants, Massimo Diana déclare que les auteurs de la violence sont eux-mêmes «victimes de la brutalité de la guerre», chose qu’il a observée dans d’autres sociétés touchées par des conflits. «Il y a trente ans, c’est ce qui s’est passé en Croatie, en Serbie, en Bosnie (et) nous devons encore faire face aux conséquences de notre retard dans la reconnaissance de l’impact (sur les femmes)». Il incite vivement à travailler avec les ménages où des combattants reviennent du front pour les aider à se préparer à faire face aux conséquences de la guerre, puisqu’ «il s’agit d’une situation cocotte-minute».

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