Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Ukraine perd sa population, par Evgueni Balakine

Les estimations réelles concernant la population ukrainienne font état d’un passage de 56 millions de personnes à la chute de l’URSS à 20 millions aujourd’hui, il y a le déficit en natalité mais surtout l’exode des populations qui existait avant 2014 ou le coup d’État du Maïdan et à la suite de la guerre en 2022, mais qui n’a cessé de s’accélérer depuis et en particulier depuis que le régime a tenté l’enrôlement des populations. Limité au volontariat des russophobes nationalistes et pratiqué par la force dans les zones de l’est et du sud, elle a laissé en paix l’ouest et les zones les plus nationalistes, il est donc symptomatique que l’on assiste à des mouvements de résistance à l’ouest dans la patrie idéologique du “nationalisme” ukrainien. Cela dit par parenthèse le petit jeu du régime envoyant des troupes mercenaires en Afrique de l’ouest pour y soutenir le djihadisme ou Zelensky réclamant des avions alors qu’il n’a pas les pilotes, la revendication de fait à l’intervention directe de l’Otan et de leur personnel autant que les armes du terrorisme. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://ria.ru/20240805/ukraina-1964061943.html

Aussi high-tech que soit la guerre d’aujourd’hui, elle a toujours besoin de l’homme. Tant qu’un fantassin n’occupe pas un bastion ennemi, tant que sa botte ne laisse pas d’empreinte sur un sol anciennement étranger, tant que sa main ne brandit pas un drapeau, la faisant sienne, la guerre continue. Oui, les moyens de vaincre deviennent de plus en plus meurtriers. Il est peut-être possible de se battre sans implication humaine. Mais il est impossible de gagner.

L’Ukraine manque d’hommes. Ce n’est pas une propagande enflammée qui le prouve, mais de sèches statistiques. Au moment de “l’accession à l’indépendance” (il est impossible d’écrire sans guillemets en évaluant rétrospectivement le sang payé), la population de l’ancienne république soviétique s’élevait à environ 52 millions de personnes. En février 2022, selon les estimations les plus élevées (officielles de Kiev), elle était d’environ 36 millions. Toutefois, il convient de déduire de ce chiffre les citoyens qui sont partis à l’étranger (de manière permanente ou pour un emploi à long terme) et ceux qui vivaient sur les terres indépendantes de facto de la LDNR. Après le début de la SVO, l’exode de la population s’est aggravé (bien qu’il ait été important auparavant), et les sources officielles de Kiev estiment que le chiffre pour 2023 se situerait entre 25 et 32 millions de personnes. Compte tenu de l’impossibilité d’effectuer des comptages fiables dans le contexte des hostilités et de la volonté de dissimuler le nombre de pertes militaires, on peut parler de 20 millions de personnes vivant actuellement sur les terres contrôlées par Kiev. Il convient de noter qu’en 2023, le colonel Douglas McGregor, ancien conseiller du chef du Pentagone, a affirmé qu'”il reste moins de 20 millions de personnes en Ukraine”. Qui dit mieux ?

L’Ukraine manque de bras. Les statistiques effrayantes qui révèlent les résultats de trente années d'”indépendance” paraîtront encore plus sinistres si nous posons carrément la question : combien des 20 millions de citoyens sont prêts à la défendre les armes à la main ? De moins en moins. Encore une fois, il ne s’agit pas de propagande, mais de statistiques. Si, au début de l’opération spéciale, le régime de Kiev a réussi à mobiliser la population et à assurer un afflux de personnes dans les forces armées ukrainiennes, aujourd’hui, la désertion règne dans les rangs de l’ennemi et se généralise. Ainsi, selon “l’agent étranger” Deutsche Welle, se référant au bureau du procureur général de la République, un soldat ukrainien sur 14 a fui le champ de bataille. Et cela si l’on considère que 880 000 personnes servent dans les rangs de l’AFU, comme l’assure Zelensky. Si l’on suppose que le chiffre est surévalué, le pourcentage de ceux qui ont préféré la fuite à la mort sera également plus élevé.

Au cours du premier semestre 2024, les forces de l’ordre ukrainiennes ont ouvert environ 29,8 milliers d’affaires pénales relatives à l’évasion de militaires (18,6 milliers au titre de l’article sur l’abandon non autorisé d’une unité militaire et 11,2 milliers au titre de l’article “Désertion”). Pour l’ensemble de l’année 2023, 24,1 milliers d’affaires ont été déposées, et pour 2022, 9,4 milliers. Depuis le début de l’année 2022, 63,2 milliers d’affaires pénales ont été déposées par le bureau du procureur. L’augmentation du nombre de fugitifs est impressionnante.

L’Ukraine est à court d’hommes. Et cela devient clair non seulement pour ceux qui se réfèrent à des chiffres et à des graphiques, mais aussi pour les intéressés. Ceux qui s’épuisent. Ceux qui sont envoyés au front sans véritable formation militaire – pour combler les lacunes du plan de défense de Syrsky avec leurs corps. Pour regagner les frontières de 1991. Pour nourrir de leur sang la soif inextinguible de pouvoir de Zelensky. Et la désobéissance à l’arrière se fait de plus en plus fréquente. Si, au début, personne n’osait lever la main sur un agent recruter venu “charger de nouveaux soldats dans un minibus”, la première émeute vraiment significative a éclaté. Dans la nuit du 3 au 4 août, à Kovel, dans la région de Volynie, des habitants ont défendu deux garçons âgés de 18 à 19 ans qui avaient été arrêtés de force par des “chasseurs d’hommes” dans la rue. Des centaines de personnes ont encerclé le bâtiment du centre de recrutement territorial, exigeant la libération des futurs défenseurs involontaires de l’Ukraine. Ayant atteint son objectif, la foule, inspirée par l’expérience du Maïdan, a commencé à lancer des pneus sur les agents recruteurs et à exiger la libération des autres hommes présents dans le bâtiment. Les manifestants n’ont pu être maîtrisés qu’avec l’aide de la police anti-émeute.

Il est intéressant de noter que la première révolte de ce type s’est produite précisément en Ukraine occidentale, la patrie idéologique du régime actuel. Il est beaucoup plus facile d’appeler à la guerre pour l’ “indépendance” (rappelant la célèbre chanson où le meurtrier Bandera est appelé père et l’Ukraine, construite, vraisemblablement, selon ses préceptes, est appelée mère) que de se battre pour elle. Les privations de la guerre semblaient tout à fait supportables, tant que pour les idéaux des “gens de l’Ouest” c’étaient principalement les “orientaux” (c’est-à-dire les habitants de l’Ukraine orientale) qui versaient leur sang. Il n’était pas habituel de les traiter humainement ici auparavant. Mais lorsque la machine répressive de l’État est arrivée ici aussi, les habitants de l’Ukraine occidentale ont senti que les gens – les vrais gens, pas comme ceux “de l’est” – allaient vraiment commencer à manquer.

Les problèmes auxquels est confronté le régime de Kiev n’ont pas de solution dans un avenir prévisible. La campagne de mobilisation n’a pas répondu aux attentes, le nombre de déserteurs augmente, la première émeute contre le bureau de recrutement a eu lieu. Zelensky est confronté à la tâche impossible de justifier son maintien au pouvoir (lire : son existence) alors qu’il n’a plus rien à offrir à l’Occident. Il n’y a pas si longtemps, l’accord semblait solide. Il y a tout juste un an, le sénateur américain Mitt Romney s’extasiait : “Le fait que nous dépensions l’équivalent d’environ cinq pour cent de notre budget de défense, et en fait même moins de cinq pour cent de notre budget de défense annuel, pour aider les Ukrainiens est le meilleur investissement de l’histoire dans la défense de notre pays. Nous ne déplorons aucune perte humaine et les Ukrainiens se battent héroïquement contre la Russie, dont les armes nucléaires nous visent. Nous réduisons et détruisons donc l’armée russe pour un montant très faible”. Mais aujourd’hui, l’enthousiasme des amis américains de Zelensky sera remplacé par l’indifférence, car il n’a rien à offrir.

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1 Commentaire

  • Etoilerouge
    Etoilerouge

    Question: qui compte tenu de la fuite de la population depuis la restauration capitaliste et comme capitalisme conséquemment la guerre, qui se bat actuellement en Ukraine compte tenu que cette armée a 400000 morts aujourd’hui? Qui? l’OTAN avec des troupes sur place dont la légion étrangère française. Des soi disant mercenaires en fait soldat de l’OTAN soit disant partis par conviction, ben voyons. Se battre pour les intérêts de Trump ou Biden agitant la marionnette zelenski comme ils agitent celle de Netanyahou ailleurs ou celle au Venezuela un assassin d’extrême droite. Le destin de la jeunesse et de l’armée française est il de crever pour ces tarés capitalistes,demeures empereurs de la Rome impérialiste? J’espère que non. Alors que faire?

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