Une campagne électorale va désormais de coups de “com” en coups de com et comme toute la publicité cela exige la mobilisation de fonds considérables qui après la campagne exigent un retour sur investissement. La publicité mobilise les affects et l’image les fixe, les démultiplie comme le slogan… Il faut faire accroire que les cartes sont “rebattues” et le suspens qui exagère l’impact de sa propre campagne fait partie de la vente du produit… Mais quand on en arrive, alors que le pays est proche de l’explosion à gouverner selon la logique d’une perpétuelle campagne électorale de plus en plus déconnectée des réalités, c’est toute la “représentativité” républicaine qui est en cause, sans que pour autant il se présente réellement une solution susceptible de constituer une alternative… Le parallèle entre les Etats-Unis et la France, avec la dernière interview du président Macron s’impose…
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Voilà le type de campagne que certains pourront financer et la porte ouverte aux affects de la “com”, notez que ce type de campagne ne peut fonctionner que sur un peuple profondément dépolitisé et c’est cette entreprise de “dépolitisation” qui s’exerce sur le peuple français…
Sur le fond, les élections, le recours au peuple citoyen en régime représentatif sont théoriquement faites pour vider les crises mais désormais c’est le contraire : elles sont conçues pour que n’apparaissent pas le sens du vote, en l’occurrence la politique de guerre et celle qui va avec, de vente des biens publics, de détournement des droits sociaux, une politique férocement et sans entrave au profit du capital financier. C’est ce qu’a mené comme ces prédécesseurs le président de la République, avec une férocité d’autant plus grande qu’il n’avait pas de parti, seulement des obligés : résultat la crise politique est devenue toujours plus une crise de régime… A un point tel que l’on ne peut pas y répondre d’une manière politicienne. C’est le sens de l’alternance droite gauche, puis ni droite ni gauche, et aujourd’hui un pseudo arc républicain pur fantasme présidentiel.
La campagne électorale des Etats-Unis est bien sûr le modèle d’un tel combat d’autant plus âpre qu’il ne laisse aucun espace à une remise en cause de la classe dominante et cette élection est un spectacle sans enjeu politique, elle joue sur des “images”, dans lesquelles l’antagonisme sous-jacent est nié au profit du spectacle, match de boxe… Jusqu’il y a peu personne n’était tout à fait convaincu des mérites politiques de Kamala Harris, mais il a fallu d’urgence trouver un remplaçant à la “momie”, c’était ainsi que le candidat démocrate était en train d’être poussé dans les cordes par l’irrésistible vigueur de son adversaire. Mais quand Trump est devenu la semaine dernière, à la suite d’un attentat dont à tort ou à raison on pouvait remonter les “ratés” du service de sécurité jusqu’au dit Biden, le miraculé de la providence divine, il a fallu agir. La manière dont les démocrates se sont rabattus dans l’urgence sur la vice-présidente n’a d’égal en rapidité stupéfiante que la constitution en France du Nouveau Front Populaire…
Mais pour en revenir au ralliement qui s’est accompagné de l’annonce des sommes recueillies auprès des donateurs, dans l’instant il a fallu trouver une image pour une présidente qui jusque-là n’était pas particulièrement un leader politique reconnu, Biden et son équipe lui ayant laissé peu de place. Et l’image devient celle de”la procureur” faisant passer en jugement le criminel et le prédateur…
Tout cela donnant lieu au même moment à des surenchères bellicistes pour montrer ses muscles, du côté démocrate on en rajoute en matière de sanctions contre la Chine et les banques chinoises avec le risque d’accroître la fragilité du dollar en tant que monnaie universelle. On étend l’aire de l’OTAN tentant d’en faire une alliance offensive mondiale au moment même où s’accroissent les facteurs de division y compris en Europe. Du côté Républicain on en rajoute sur le danger de l’immigration et on va à la rencontre de Netanyahou, quitte à rendre encore plus impossible toute solution négociée…
Voilà les effets d’une campagne électorale, de la “démocratie” à la mode occidentale… Et quand les dites démocraties sont de manière permanente en campagne électorale et que sitôt un président élu on prépare son challenger, la com devient le mode de fonctionnement politique jusqu’à ce que la crise de la représentativité soit totale et engendre une société ingouvernable… Et là la France comme beaucoup de gouvernements de l’alliance atlantique en Europe, comme dans d’autres continents est pas mal dans le genre..
La question est de savoir qui agit dans ce foutoir et en quel sens ?
On peut craindre que la désignation à la dernière minute par la gauche de Lucie Castets, une haute fonctionnaire jusqu’alors inconnue et dont le nom a surgi moins d’une heure avant l’entretien présidentiel ne relève pas du même coup de com dont le seul but était de pourrir la tentative de Macron de reprendre la main en défendant sous prétexte de trêve olympique son grand projet : construire autour de lui et de son soutien aux menées de l’OTAN, aux marchés financiers, aux marchands d’armes un parti unique, qui irait de la LFI aux Républicains comme lors des élections législatives.
Mais son fiasco est tel qu’il a dû néanmoins comme Biden concéder sa défaite tout en la noyant dans une responsabilité générale ou plutôt irresponsabilité générale qui revendiquait le statu quo et le maintien du “gouvernement en place”.
« Il est faux de dire que le Nouveau Front populaire aurait une majorité, quelle qu’elle soit », a-t-il par ailleurs fait observer, en rejetant de facto la proposition de la gauche de nommer à Matignon sa candidate, Lucie Castets, une haute fonctionnaire jusqu’alors inconnue et dont le nom a surgi moins d’une heure avant l’entretien présidentiel. « La question n’est pas un nom. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget et faire avancer le pays », a-t-il ajouté. Et, si « personne ne peut appliquer son programme », « ni le nouveau Front populaire, ni la majorité sortante, ni la droite républicaine », « la responsabilité de ces partis » est « de sortir en quelque sorte de leur évidence », a estimé Emmanuel Macron. « J’attends aujourd’hui des forces politiques qu’elles soient à la hauteur de ce qu’elles ont fait dans l’entre-deux-tours » des élections législatives en s’unissant contre le Rassemblement national et qu’elles fassent « des compromis », a poursuivi le président de la République. « Toutes les démocraties européennes (le) font », a-t-il ajouté, en notant que si ça « n’est pas dans notre tradition, (c’est), je le crois, ce que nos compatriotes attendent parce que c’est être à la hauteur du moment et des responsabilités que les Françaises et Français ont données à ces partis », a-t-il encore martelé.
Son seul argument, notons-le, a été l’échec d’André Chassaigne à l’emporter dans la présidence de l’Assemblée Nationale.
C’est peut-être le seul point sur lequel sa démonstration a paru crédible, l’échec de la candidature de Chassaigne a été une épreuve de vérité qui s’est accompagnée de la difficile mobilisation des masses devant les préfectures… Et de ce strict point de vue la candidature de Lucie Castets si elle a le mérite de représenter quelqu’un qui a joué un rôle dans le dévoilement de l’évasion fiscale et de l’influence de cabinets d’affaires américains sur les politiques antisociales du gouvernement Macron, et est à ce titre symbolique plus que madame Toubiana des combats du parti communiste et d’une gauche qui ne se “hollandiserait” pas sans résistance de ses propres militants, elle n’est pas en situation de s’imposer à une assemblée mais aussi à un pays où la droite et l’extrême-droite sont majoritaires. C’est ce pays qui doit être reconquis…
On peut aller comme ça de coup de com en coup de com pour attiser la combattivité d’une poignée… C’est ce que fait la France Insoumise depuis pas mal de temps… Notez par parenthèse que le coup de com s’accompagne fréquemment de l’appel à des figures féminines esthétiquement irréprochables alors que l’on n’exige des hommes que de la force voire de l’art de faire peur…
C’est peut-être de bonne guerre que ce concevoir la politique comme des jeux de com d’une campagne électorale perpétuelle, mais cela ne correspond pas à la temporalité politique qui structure le mouvement réel du monde, pas plus d’ailleurs semble-t-il au mouvement des “masses”.
Faut-il en déduire que c’est dérisoire et ne correspond à aucune réalité du combat politique ?
Comme nous avons tenté de le dire ici : Non ! les moeurs politiques françaises et ce qui se passe aujourd’hui à l’assemblée nationale pas plus que le cirque aux Etats-Unis n’est pas totalement dérisoire et parfaitement caricaturalement inutile… Dans les deux cas la com masque mal la réalité de la défaite d’une politique… Macron est le seul dont la défaite soit totale, radicale en particulier dans son soutien à l’Ukraine et partout du Moyen orient à l’Afrique en passant par le Pacifique, il est désavoué, la chambre ingouvernable que sa tactique de dissolution a créée présente la caractéristique d’avoir quasiment les 2/3 de ses membres en opposition avec son bellicisme autant qu’officiellement ce qui va avec sa politique antisociale… C’est d’ailleurs cette manière de gouverner en forçant le Rassemblement National à avouer sa fausse opposition tout en préparant l’affrontement Mélenchon Le Pen que poursuit la FI. Tout ces gens se moquant totalement du désarroi de l’électeur…
Face à un pouvoir défait, dans l’impossibilité de gouverner et qui multiplie les demandes de trêves pour ne rien changer, pour mettre toujours plus le couvercle sans soupape de sécurité sur le bouillonnement du peuple français, avec des gens en éternel marchandage, qui ne s’entendent plus que sur la nécessité d’exploiter le peuple au nom d’une bourgeoisie locale usuraire… c’est déjà le drôle de fascisme… Il ne faut pas se tromper d’adversaire mais il faut aussi mesurer ce qui peut réellement vaincre ce processus rampant…
La démonstration qu’il n’y a rien à attendre non seulement de l’individu Macron mais du système qui lui permet un tel déni du droit citoyen, n’est jamais inutile surtout en France dont le bon côté est que son peuple ne se résigne jamais à l’injustice et apprend d’échec en échec… Le mauvais côté est le revers de son souci d’action (la ruée vers les urnes en est l’exemple), mais sa difficulté à mesurer les conséquences de ses initiatives et l’apparent découragement qui en résulte. Le rôle du parti est non seulement de créer l’unité du combat mais de le faire en élargissant la conscience des combattants…
Un autre monde est en train de surgir et tout ce qui va a contrario de cette forte tendance ne peut que se retourner en boomerang contre les petites manœuvres politiciennes de ce monde qui meurt. Cela peut même être extrêmement dangereux ; prétendre lutter contre le fascisme avec pareille troupe c’est à coup sûr totalement irresponsable et dignes d’enfants gâtés d’un monde qui ignore les expériences d’autres continents, on pense en particulier à l’Amérique latine…
Les communistes avec le haut-le-corps d’André Chassaigne repoussant l’idée même de sa candidature au poste de premier ministre et de Fabien Roussel dans l’article de Liberté publié ici, ils ont manifesté ce que l’on peut attendre d’eux : un esprit de responsabilité et de dignité… C’était nécessaire mais ce n’est pas suffisant… Il faut construire.
Il ne s’agit pas de s’opposer à tout ce qui demeure de combativité réelle dans cette exigence de reconnaissance des élections, à travers la proposition d’une candidature, il faut au contraire le faire grandir en l’organisant, en créant les conditions de l’unité à la base et pas seulement autour d’ambitions d’individus voire de factions.
C’est de cela dont certains d’entre nous ont eu conscience depuis longtemps et qui peut au-delà des opérations de “com”, des jeux politiciens se mettre en place … La construction d’un parti communiste dans lequel tout ceux qui veulent réellement construire au-delà de l’événementiel une autre societe puissent se sentir pleinement et efficacement les protagonistes d’un tel changement. Ce n’est d’ailleurs pas seulement un choix, c’est une urgence parce que sans cette construction nous resterons dans l’aventurisme de plus en plus dangereux …
Danielle Bleitrach
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Xuan
La crise institutionnelle a des causes matérielles.
L’Europe dont notre pays est le maillon faible de l’impérialisme parce que c’est un nœud de contradictions.
La France est un vieux pays colonial et impérialiste, dont la forme capitaliste arrive au bout du rouleau de ses capacités.
Outre la contradiction fondamentale du prolétariat et de la bourgeoisie, notre pays est traversé de multiples conflits insolubles dans la forme actuelle du mode social de production. Ils concernent l’ensemble des activités économiques. La délocalisation de nombreuses productions lui a aliéné la source de ses richesses, dont une poignée de fesse-mathieux touchent les dividendes. Les paysans sont étranglés par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, les pêcheurs aussi. Les villages se vident de leurs commerces, de leurs médecins, de leurs services publics, les activités touristiques sont désertées… La liste de ces dérèglements est longue comme un jour sans pain.
L’empire français se délite inexorablement. En Europe les désordres de notre pays remettent en cause son leadership, comme celui de l’Allemagne. La domination de ces deux pays est rejetée et cela se traduit par l’émergence de nationalismes et d’idéologies d’extrême droite hostiles au libéralisme et au wokisme.
La France est aussi un des premiers lèche-cul de l’hégémonisme US, ce qui se traduit par une facture particulièrement salée dans les aventures militaires de l’OTAN.
L’ensemble de ces contradictions ébranle le château de cartes de nos institutions, rapetassé durant des siècles, et nous arrivons au moment où il devient quasiment impuissant.
Nous nous sommes vantés d’une démocratie où le pluripartisme bourgeois s’entrave lui-même et s’interdit tout projet à long terme au service du peuple, mais qui ne profite qu’au CAC 40, parce que la quasi-totalité de ces partis lui est entièrement dévouée.
Dans notre étude sur « erreur ou trahison », nous avons relevé qu’un des quatre principes fondamentaux, maintenus par Deng Xiaoping et détruits pas Gorbatchev, était la direction du parti communiste. C’est une des conditions du socialisme.
La direction du parti communiste ne signifie pas que tous les autres partis seront encabanés, mais que, pour ceux qui accepteront la transition socialiste au communisme, leur contribution à l’édification du socialisme se fait sous la direction du parti communiste.
Cela veut dire aussi que ceux qui s’opposeront par al violence au socialisme auront d’abord été balayés par le mouvement révolutionnaire des masses, que leur financement par le grand capital aura été asséché, et leurs immenses sources de propagande taries.
Ceci va à contre sens de toute notre culture « républicaine » et « démocratique », mais une république et une démocratie de façade, ou tout est prévu pour barrer la route à une représentation démocratique des communistes, y compris si c’est nécessaire la violence de la République bourgeoise.
L’expérience de plusieurs siècles montre qu’il est impossible d’ébranler cette dictature démocratique mise en place par la classe dirigeante, par des « conquis sociaux », par un grignotage des municipalités, par des alliances dissonantes de partis de gauche.
Il est nécessaire de remettre en cause notre conception de la démocratie, c’est-à-dire de la représentation du peuple, pour imaginer de nouvelles institutions, une république populaire, une démocratie populaire.