Quelqu’un qui laissera le représentant du RN dire….

Comme cela était prévisible et je vous l’avais annoncé hier, le tout sauf le Front National, s’est transformé en plutôt Hitler que le Front populaire… Et nous avons eu droit sur LCI, BMTV à d’étranges numéros négationnistes avec le représentant du RN venu dire que lui ne sollicitait aucun poste, simplement le respect de son électorat et il a osé, sans rencontrer de véritables oppositions affirmer que la satisfaction était de voir battre un communiste en ajoutant l’invraisemblable à savoir qu’il avait reçu des coups de téléphone de juifs terrorisés à l’idée de voir un communiste prendre le pouvoir à l’assemblée nationale… Est-ce que le descendant de la collaboration du pétainisme peut dire des choses pareilles ? Quel oubli a-t-on laissé s’installer en France pour oser dire de telles choses, pour qu’un Robert Ménard lui se réjouisse de la même manière en parlant des centaines de milliers de morts…

Il n’en demeure pas moins que l’affaire a été torchée avec un écart de 13 voix, écart faible mais qui dit aussi ce que va être la réalité de ce gouvernement et de cette assemblée toujours plus à droite, vers l’extrême-droite… Une assemblée qui durcira nécessairement son fonctionnement et face à laquelle l’unité comme elle a existé derrière la candidature d’André Chassaigne sera une réponse, une unité construite par de perpétuelles et nécessaires transactions, mais il faut aussi considérer que la logique de ce qui s’est passé va renforcer le Rassemblement national qui n’est que l’un des symptômes de la fascisation du pays, celle de l’Europe…

Le fait est que c’est la première fois qu’il faut trois tours pour élire avec un si faible écart la présidence de l’Assemblée la plus explosive que l’on puisse imaginer… et ce fait correspond au choix du gouvernement par Macron lui-même en rupture avec trois votes des Français, une clarification qu’il prétend avoir lui-même provoquée et qu’il nie… Comme s’il avait choisi sciemment de voir lui succéder l’extrême-droite.

C’est là qu’il est clair que la lutte contre ce “destin” qui semble tout tracé au niveau des institutions ne peut se limiter à ce niveau, il est essentiel de créer dans le pays un autre rapport des forces. Ce rapport des forces ne peut pas être un appel au peuple à simplement manifester, il faut conquérir un monde du travail organisé, des militants formés, il faut mesurer la nature de la résistance qui ne peut plus se jouer sur des mots d’ordre mais exige une construction de collectifs conscients et déterminés.

Oui tout ne se jouera pas à l’Assemblée nationale, celle-ci aura son mode de fonctionnement celui d’un blocage institutionnel qui conduit comme l’Europe qui a élu madame Ursula von der Leyen à la présidence de la commission européenne dans des conditions assez proches c’est-à dire en niant totalement l’explosion qui menace la plupart des pays européens.

Et là encore, le rassemblement National s’est posé en défenseur du patriotisme national, garant des lois et de la République : une vidéo circule dans laquelle on voit Manon Aubry rire et prendre Ursula von der Leyen dans ses bras pour la congratuler. « Sans commentaire… », a réagi la députée RN Marine Le Pen. « Vous comprenez pourquoi Emmanuel Macron aime autant la France si soumise ? », a renchéri le président du parti Jordan Bardella. D’autres membres du parti d’extrême droite l’ont taclée, notamment le député Jean-Philippe Tanguy qui a écrit sur X : « Manon Aubry est-elle Insoumise ? Pas à Ursula Von Der Leyen en tout cas. »

On ne peut pas confondre ce qui se met en place au niveau de l’UE, au niveau français et les forces de l’impérialisme qui agravent la pression avec la legereté de cette gauche…

Au moment même où s’opère de fait la jonction entre ce qui fut le pétainisme, le gaullisme dans un salmigondis historique, dans lequel un député communiste peut être accusé d’antisémitisme parce qu’on a décidé de jouer avec le communautarisme clientéliste d’une partie de la gauche, accusé de trahisons de la souveraineté nationale et de lutte contre cette Europe là s’identifiant toujours plus au marchés financiers et à l’OTAN, se joue la mise à mort du parti communiste en tant qu’il a toujours représenté cette véritable citoyenneté celle qui en finit avec “l’esclavage émancipateur” du capitalisme…

Il faudra donc en priorité mener le débat sur ce qu’est cette fascisation et comment y résister, comment créer une alternative ? A ce titre, je ne change pas un mot de ce que pouvait inspirer cette candidature d’André Chassaigne… C’est de cela qu’il faut que les communistes osent parler, osent confronter leurs analyses, de quelle organisation ils ont besoin… Et quel est l’adversaire réel qu’il doivent affronter.

Paradoxalement si l’on daigne ne pas considérer chaque “événement” autrement que comme une déflagration mais bien y voir un processus qui prend tout son sens par rapport à la crise de l’hégémonie occidentale, le fait que Macron et les siens n’ont pas d’issue et sont incapables d’imaginer une autre voie et se contentent de reproduire ce qui les déstabilise tous les jours plus en approfondissant les contradictions sociales internes et externes, ce vote n’est qu’une loupiote de plus qui clignote… Cela dit l’urgence mais la stagnation nous laisse aussi du temps pour ne pas suivre la même ornière et bien mesurer les obstacles mais aussi les atouts.

Danielle Bleitrach