L’avantage, si l’on peut dire, de tabler sur une idéologie des “services secrets” c’est que cela permet en toute impunité de fabriquer ou de sélectionner des preuves pour assurer la conformité à une vision spécifique que l’on souhaite imposer au monde et à son propre peuple parce qu’elle correspond aux intérêts d’une poignée de plus en plus caricaturaux, de plus en plus capricieux, engendrant la haine faute d’adhésion. C’est une tentation du pouvoir hégémonique que de résumer la réalité à leur propres services de renseignement ce qui aujourd’hui nous confronte à l’impossibilité de trouver une issue “démocratique”. De fictions en fictions, ce narratif devient l’opium sous laquelle le monde impérialiste conduit à des guerres qu’ils ne cesseront de perdre. C’est vrai pour à peu près tout, cela va comme le dit l’article du Vietnam, à à peu près toutes les expéditions, de l’idée que le dit impérialisme défend le monde libre jusqu’à la ridicule comédie de l’impossible gouvernement français … Nul n’est à l’abri de ce qui est devenu l’idéologie dominante du mode de fonctionnement ordinaire du “politique”, qui non seulement ne voit la défaite que quand le gouffre est béant oblige à un rétropédalage en catastrophe mais qui est incapable de trouver des solutions jusque dans une pseudo “opposition” incapable de produire une alternative autre que des peurs régressives, puisque ce mode de fonctionnement continue à entretenir la rupture avec la réalité…
Voici le début d’un article dans lequel un journaliste correspondant d’à peu près toute la presse occidentale dont le Monde se plaint de la manière dont partout les Etats-Unis n’ont cessé d’ignorer ce qu’on leur disait sur le terrain pour mieux suivre des services de renseignement et les médias à leur tour se sont alignés sur les diktats du gouvernement puisque le système de propagande (selon le mot de Chomsky) à travers la propriété des titres (en France dominés par les marchands d’armes et ceux qui tablent sur le marché de la reconstruction) diffusent désormais une propagande de guerre… Bien sûr l’article se poursuit en donnant comme exemple des “illusions” bien pires dans “les régimes non démocratiques” et il cite la manière dont Staline aurait été surpris par l’invasion allemande malgré la signature du pacte de non agression et celle dont Poutine se serait leurré dans son “invasion” de l’Ukraine… Le problème de sa démonstration est que les faits sont têtus : c’est l’URSS et nul ne nie le rôle personnel de Staline dans la formidable résistance et offensive dans la destruction bien réelle du nazisme (comme l’on perçoit de mieux en mieux le rôle de maintien de celui-ci et de ses homologues sur tous les continents joué par la volonté de guerre froide). Enfin la situation en Ukraine aujourd’hui comme dans tous les autres lieux de “guerre” médiatisés ou non témoigne de l’auto-intoxication d’une vision imposée par les services secrets pour conforter par des “preuves” fabriquées une orientation non pas seulement gouvernementale mais celle d’une classe sociale qui n’arrive plus à endiguer les effets réels de sa politique et qui ne trouve son salut que dans les illusions grotesques d’un théâtre avec des protagonistes tout puissants et méprisant le vain peuple qui serait condamné à suivre les fines manœuvres politiciennes entre initiés sans mesurer la colère de ceux qui n’ont pas le droit à la parole.
C’est ce qu’avait expliqué Poutine dans sa longue interview : je suis un homme du KGB, je sais comment fonctionnent les services de renseignement, il en faut, mais quand la politique et l’information dans un pays s’aligne sur les dits services cela ne peut mener qu’à la catastrophe, illusions et provocations tiennent lieu de stratégies…
Nous sommes dans une période de bouleversement historique tel que l’a décrit Marx, celle où l’ébranlement parti des forces productives et de l’incapacité de la classe dominante d’en assurer le développement et de justifier sa domination voit tous les appareils de régulation, idéologique, politiques, juridiques perdre de leur emprise sur les individus… Nous ne pouvons pas accepter une vision de complot qui toujours est destinée à assurer le maintien d’une classe dominante et de ses “intellectuels” organiques au pouvoir par des manœuvres et stratagèmes de plus en plus coupés de la réalité. Même s’ils tentent des rétropédalages de dernière minute comme quand l’on considère les plateaux de télévision, la disparition peut-être temporaire de l’espion du KGB, des blondes hyènes épouses de commandant Azov tout ceux qui depuis deux ans ne cessent de nous garantir que Poutine est à l’article de la mort et que Zelensky notre vertueux champion représente les intérêts de son peuple et de ceux de l’Europe… Ils sont en train de nous vendre l’incroyable élection présidentielle ds Etats-Unis comme le symbole de l’avenir de la démocratie …
- Il est regrettable que toutes les forces de gauche françaises à travers le petit groupe qui se prétend leur leader sans même consulter une base militante qu’ils ont divisée, désorganisée, réduite depuis des années à suivre les foucades du sommet, aient choisi malgré la colère du peuple français de poursuivre dans ce mode de fonctionnement autodestructeur et qui ne peut conduire qu’à la défaite, celle du fascisme…
- Danielle Bleitrach
Le 22 octobre 1963, le président américain John F. Kennedy a invité l’éditeur du New York Times à déjeuner. Au cours du repas, il a suggéré que le Times transfère son correspondant au Sud-Vietnam, David Halberstam, à un autre poste.
Les reportages de Halberstam indiquaient que le régime de Saïgon était en train de perdre la guerre contre son adversaire communiste Vietcong. Cela contredisait les rapports que Kennedy recevait de sources officielles américaines, qui affirmaient toutes que le régime de Saïgon avait le dessus.
Halberstam n’a pas été démis de ses fonctions et Kennedy aurait bien fait d’accorder plus d’attention à ses reportages. Mais le président ne l’a pas fait, préférant s’en remettre aux canaux officiels qui lui fournissaient, il faut le supposer, les nouvelles qu’il souhaitait entendre, à savoir que Saïgon, l’allié de Washington, était en train de gagner la guerre.
Il était évident que Halberstam, en tant que journaliste et civil, n’avait pas le volume de connaissances de première main dont disposait le gouvernement. Cependant, il avait de nombreuses sources au sein de la communauté anti-insurrectionnelle américaine, opérant au niveau local, qui partageaient avec lui, bien que confidentiellement, leurs doutes sur la façon dont la guerre progressait.
Ces appréhensions étaient à la disposition du gouvernement, mais elles ont été systématiquement ignorées à la fois par l’armée américaine et par l’ambassade américaine à Saïgon. En d’autres termes, le système de collecte de renseignements au niveau local a fonctionné.
Ce qui n’a pas fonctionné, c’est le traitement de l’information au niveau de Saïgon, que ce soit par l’armée américaine ou par les diplomates. Ainsi, la communication ultérieure à Washington des conclusions à tirer de ces informations générées localement était erronée.
Les informations erronées ont été reçues sans critique par le système à Washington et ont ensuite été transmises à l’establishment politique, qui n’était que trop heureux de recevoir des informations conformes à sa vision des événements au Vietnam.
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