Les Français l’ont fait, nous le pouvons aussi

12 JUILLET 2024

Nous avons vu récemment que les communistes russes nous attribuaient dans nos résultats électoraux une volonté de paix (peut-être est-ce exact). Par ailleurs, si l’on en croit l’enthousiasme de ce citoyen des Etats-Unis pris dans le potage de ses élections présidentielles, nous sommes l’exemple à suivre, ce pays qui aux autres peuples donne le vertige. Pourtant tout être un peu sensé ne peut que s’interroger sur la volonté de revendiquer à gouverner de cette “union de la gauche” et les doutes qu’elle peut inspirer… mais d’un autre côté il faut aussi considérer que les échecs des révoltes françaises sont le terreau sur lequel se bâtit sa conscience et même celle d’autres peuples… Encore faut-il une réflexion collective y compris dans l’intervention de ce peuple français à la fois néocolonialiste, toujours dans les compromis bourgeois mais jamais totalement résigné au pire. Au titre des aspects positifs d’une situation au demeurant qui en réserve peu, il faut noter que dans cette nef des fous que semble devenu le “char de l’Etat qui plus que jamais navigue sur un volcan” les communistes français ont acquis une sorte de respectabilité dans la déconsidération générale… Qu’est-ce que nous devons à Roussel (dont on se demande toujours ce qu’il va sortir entre bon sens et refus manifeste de s’intéresser à un au-delà de nos frontières), ou à la loyauté des reports et à l’art de faire campagne pour ceux qui leur font la peau, ou à un vague souvenir du fait que c’était mieux quand ils formaient un quart de l’électorat ? (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsocieté).

PAR DAN LA BOTZSur FacebookGazouillerRedditMessagerie électronique

Source de la photographie : Acediscovery – CC BY 4.0

Les Français l’ont fait, nous le pouvons aussi

Menacée par la possibilité qu’un parti politique d’extrême droite, le Rassemblement national, puisse arriver au pouvoir sur son programme anti-immigrés, la gauche française s’est unie et a créé une coalition appelée le Nouveau Front populaire. Après le premier tour de l’élection, les experts ont prédit que le Rassemblement national quasi-fasciste gagnerait les élections. Mais la peur de la droite et de son racisme, de son autoritarisme et de son odeur de nazisme, et l’assemblée rapide d’une coalition de partis de gauche, pro-travailleurs, pro-immigrés et écologistes ont inspiré le peuple français qui a voté pour défendre sa République et ses valeurs historiques héritées de la Révolution française résumées dans le slogan « Liberté, Égalité, Fraternité ». Et sur la place de la République, ils ont célébré en chantant l’hymne socialiste l’Internationale, la chanson qui rappelle la tentative française de révolution socialiste en 1848, la Commune de Paris de 1871, les puissants partis socialistes et communistes du passé du pays, et le Maqui, la résistance française aux occupants nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi le Nouveau Front populaire a-t-il gagné ? Premièrement, ils ont proposé une nouvelle option politique, une coalition de gauche créée pour faire face au moment. Deuxièmement, ils se sont engagés dans une campagne animée basée sur un programme progressiste visant à prendre la richesse des riches et à fournir des ressources à la classe ouvrière et aux pauvres. Troisièmement, ils ont conclu une alliance honnête avec la coalition Ensemble du président Emmanuel Macron, montrant une volonté dans les circonscriptions contestées de se retirer pour le candidat centriste, tout comme les candidats centristes se sont retirés pour le candidat de gauche. Témoin de cette nouvelle alternative politique idéaliste, le peuple français a saisi l’occasion d’être le meilleur de lui-même, une population rejetant le fascisme et approuvant la démocratie.

Faisons ce qu’ils ont fait 

Premièrement, comme les Français, nous avons besoin d’une nouvelle alternative inspirante. Cela signifie que Biden doit se retirer et permettre aux démocrates de choisir un nouveau candidat dans le cadre d’un processus démocratique, par le biais de débats publics et d’une convention ouverte du parti. Qu’il s’agisse de la vice-présidente Kamala Harris ou d’un autre, ce qui est important, c’est de remplacer Biden en qui le pays n’a plus confiance. Cela fait, les démocrates doivent mettre ce candidat sur la route dans une tournée nationale offrant un programme progressiste et dénonçant la plate-forme d’extrême droite, antidémocratique, misogyne, raciste, xénophobe et antisyndicale de Trump. Un nouveau candidat se présentant sur un programme progressiste et s’en prenant à Trump pourrait inspirer le peuple américain et nous permettre de devenir nous aussi les meilleurs, les plus démocratiques, les plus égalitaires et les plus socialement responsables.

La décision de la Cour suprême sur l’immunité présidentielle a rendu absolument nécessaire la défaite de Trump qui, s’il est élu, aura, comme l’a dit la juge Sotomayor, le pouvoir d’un roi. Battre Trump n’est pas impossible, mais cela exige que les politiciens du Parti démocrate fassent preuve de courage et de créativité et que s’ils s’en avèrent capables, nous votions pour le candidat présidentiel du Parti démocrate, quel qu’il soit.

Soyons aussi capables de célébrer sur nos places et places à travers le pays, en chantant nos hymnes de justice sociale, « Solidarité pour toujours », « Nous ne serons pas déplacés », « De Colores », « Pain et roses », « Je survivrai » et « N’abandonnerai pas ». Nous chanterons en nous souvenant des grands mouvements ouvriers de notre passé, de la lutte pour les droits civiques des Noirs américains et des Latinos, du mouvement de libération des femmes, des mouvements Stonewall et LFBTQ, et du mouvement environnemental. Nous voterons pour les démocrates non pas parce que nous attendons de ce parti qu’il nous livre, mais parce qu’il empêchera Trump d’accéder au pouvoir et nous donnera plus de temps pour organiser le grand mouvement dont nous avons besoin et une nouvelle alternative politique.

Les Français l’ont fait. Nous pouvons et nous devons le faire aussi.