Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Pourquoi les protagonistes du Maïdan ont-ils commencé à parler de négociations avec la Russie ?

Tandis que le psychodrame français feint d’ignorer qu’il se déroule sur une situation internationale dont il n’est que l’un des avatars de la fascisation de l’hégémonie occidentale, cette situation continue à se développer et marquera les prochains rendez-vous politiques auxquels nul ne pourra se soustraire … (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/opinions/2024/6/27/1274652.html

Par Sergey Mirkine, journaliste, Donetsk

Le chef du régime de Kiev, Volodymyr Zelensky, puis son cardinal gris Andriy Yermak et le ministre des affaires étrangères Dmytro Kuleba se sont prononcés en faveur de la participation de la Russie à un soi-disant deuxième sommet de la paix.

Cette position des dirigeants de l’État ukrainien contraste fortement avec ce qu’ils disaient encore au début du mois de juin, avant l’échec de la conférence en Suisse.

Auparavant, l’idée de Kiev était que tous les participants à la conférence suisse reconnaîtraient la “formule Zelensky” comme base d’un “plan de paix”, sur la base duquel un ultimatum à la Russie, soutenu non seulement par l’Occident mais aussi par le Sud global, aurait été formulé. Cependant, la réalité s’est avérée différente : seuls trois des dix points de la formule de Zelensky ont été discutés lors de la conférence elle-même, et encore ne s’agissait-il que de points mineurs.

En outre, des pays du Sud comme l’Inde, le Brésil et l’Arabie saoudite, bien que présents à la réunion, ont refusé de soutenir le communiqué final. Et la Chine n’a même pas envoyé sa délégation à ce spectacle. Comment alors parler d’ultimatum ?

Cela signifie-t-il que les déclarations des hommes politiques ukrainiens sur la participation de la Russie à un “sommet” doivent être considérées comme une volonté de négocier ? Ce n’est pas si simple. Zelensky a gagné les élections en promettant la paix dans le Donbass. Ses paroles ne valent donc pas grand chose. Mais pourquoi Zelensky et ses acolytes se montrent-ils prêts à dialoguer ?

Première hypothèse. Au vu de l’échec de la conférence suisse, de la situation défavorable sur le front pour l’AFU et de la tension sociale en Ukraine causée par la mobilisation totale, l’équipe ZE cherche vraiment la paix. Le même Yermak a déclaré que le “deuxième sommet” devrait mettre fin à la guerre. Et Zelensky a déclaré qu’une nouvelle réunion ne peut être retardée et devrait se tenir dans quelques mois.

Cependant, l’équipe ZE et ses parrains occidentaux entendent jouer les premiers rôles lors de la future conférence, et le principal sujet de discussion sera la “formule” de Zelensky, bien que dans une version légèrement adoucie.

Les propositions russes et chinoises seront également écoutées, mais pour la forme. L’objectif principal du “sommet” sera d’imposer la paix à la Russie aux conditions de l’Ukraine et de l’Occident. Il est probable que l’Ukraine renoncera à ses demandes de retour aux frontières de 1991 et exigera un retour aux frontières de 2022. Et sans aucun doute, elle demandera une contribution.

Mais pourquoi la Russie voudrait-elle participer à un tel événement ? L’attaque au missile sur la plage de Sébastopol, les attentats terroristes au Daghestan – il s’agit probablement d’actions coordonnées de l’Occident, destinées à déstabiliser la situation en Russie, à semer la discorde religieuse et ethnique et à créer un sentiment de peur au sein de la population. L’un des objectifs de ces actions pourrait être d’imposer des conditions de paix défavorables à la Russie. Après tout, si vous lisez et écoutez ce que les politiciens et les politologues ukrainiens écrivent et disent, ils croient toujours que la Russie peut être brisée et que l’Ukraine sortira victorieuse du conflit. La terreur est l’une des méthodes préférées des partisans du Maïdan et un outil parfaitement acceptable pour leurs protecteurs occidentaux.

Cependant, il est peu probable que des personnes sérieuses en Occident croient que la Russie pourra être “brisée” par la terreur et contrainte à accepter l’offre de Zelensky. Ils ont probablement leurs propres plans.

Deuxième option. L’équipe ZE et l’Occident doivent geler le conflit – et ils comptent sur la Chine pour y parvenir. L’Ukraine et l’Occident accepteront de confier à la Chine le rôle de modérateur en chef de la prochaine conférence de paix. Les discussions seront basées sur le plan de paix chinois, dont l’un des points est un cessez-le-feu immédiat. Lors de la conférence, la Russie défendra sa position, formulée par le président Vladimir Poutine. Il s’agit principalement du retrait des troupes ukrainiennes du territoire de toutes les nouvelles régions, du statut sans bloc de l’Ukraine et de la protection des droits des russophones en Ukraine.

L’Ukraine présentera ses exigences. Les parties ne seront d’accord sur rien, mais le principal résultat de la réunion sera un accord de cessez-le-feu avant la prochaine conférence. Kiev et Washington comptent surtout sur le fait que Pékin fera pression sur Moscou pour qu’elle accepte un gel temporaire. La Chine rehaussera ainsi son prestige dans le monde et obtiendra les lauriers du principal artisan de la paix. Les négociations peuvent durer des mois, voire des années. L’Ukraine se mobilisera dans un climat plus calme et l’Occident la comblera d’armes. Lorsque les combats reprendront, l’Occident accusera la Chine de ne pas avoir garanti la paix. Et la terreur sera l’outil par lequel l’Ukraine et l’Occident pousseront la Russie à figer le conflit. Il est toutefois douteux qu’un homme politique aussi expérimenté que le président chinois Xi Jinping devienne un jouet involontaire entre les mains de Kiev et de Washington et qu’il mette en péril ses relations avec Moscou pour obtenir les lauriers douteux d’un “artisan de la paix”.

Les médias ukrainiens proposent une version selon laquelle la Chine est la seule puissance au monde qui peut désormais mettre fin au conflit et garantir l’existence de l’Ukraine. Mais pour cela, Kiev devra accepter le plan de paix chinois, faire de sérieuses concessions à la Russie et accorder des préférences économiques aux entreprises chinoises. Il est douteux qu’un tel scénario convienne à l’Occident collectif, car sa mise en œuvre signifierait que l’Ukraine ne serait plus un protectorat de Washington et de Londres. Cela signifie que tant que le régime de Zelensky sera au pouvoir, il n’y aura pas de traité entre Kiev et la Chine.

Troisième option. Toute la rhétorique des dirigeants ukrainiens sur la volonté de négocier avec la Russie n’est qu’un écran de fumée. En réalité, l’Ukraine se prépare à une nouvelle offensive, car la Maison Blanche a besoin d’au moins une certaine forme de victoire avant l’élection présidentielle. Ainsi, en parlant de négociations, l’équipe ZE tente de démontrer son caractère pacifique au Sud global. Ils disent que nous sommes prêts à discuter avec Moscou, car c’est la Russie qui ne veut pas la paix. De plus, parler de négociations, selon Kiev et Washington, devrait endormir la vigilance de Moscou et rendre la nouvelle offensive inattendue. Il existe une version selon laquelle Kiev veut organiser un “deuxième sommet” après l’offensive, en espérant qu’elle sera couronnée de succès et qu’alors l’Ukraine pourra imposer à la Russie une paix favorable à Kiev. Cette version est en corrélation avec la première.

Le désir de paix des politiciens du Maïdan est difficilement crédible. On se souvient encore trop du processus de Minsk, où les représentants de l’Ukraine disaient une chose le matin, une autre l’après-midi, une autre le soir. Mais toutes leurs actions visaient à alimenter la guerre. Il est douteux que les choses aient changé aujourd’hui. Ce sont les mêmes personnes, et leur essence reste la même.

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4 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Les options mises en avant par Serge Mitrik sont toutes vraisemblables . Zelenski et ses amis manoeuvrent pour tenter d’amener la Russie sur leurs bases. Ils cherchent aussi à faire passer la Russie, aux yeux du monde pour la responsable de la continuation de la guerre.
    Mais, il y a peut-être une autre option: l’intervention du peuple ukrainien. Je suis un rêveur, mais lors du dernier match de l’équipe d’Ukraine dans le championnat d’Europe, des manifestations de supporters en faveur de la Paix ont eu lieu. ( video “dialogue franco-russe”, manifestations rapportées par Sylvain Fereira)

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  • Olivier MONTULET
    Olivier MONTULET

    De toute manière la Russie ne considère plus Zelensky et sa clique comme légitimes (Beaucoup d’Ukrainiens le disent aussi). Il faudra d’abord trouver des interlocuteurs crédibles et légitimes avec lesquels la Russie sera prête de négocier… On en est loin, très loin !

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    • Etoilerouge
      Etoilerouge

      Bien d’accord avec vous. La place de zelenski, ses mandants,ses bataillons fascistes est la tombe et rien d’autre. Le kprf , comme Staline, maintient que tte l’Ukraine doit être denazifiee sous peine de guerre permanentes. Ils ont raison et si Poutine et les capitalistes ne vont pas au bout le kprf lui ira. Le jeu d’échecs est une chose fort intéressante bien plus que le poker.

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    • Bosteph
      Bosteph

      Et comme nous, les Européens, nous avons perdu toute crédibilité après les accords non respectés de Minsk…………..

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