Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

les luttes des classes en France de 1852 à 2024

Pendant que les uns feignent de chercher la pierre philosophale, les autres battent la monnaie celle des profiteurs de guerre…

qui a cru au rôle révolutionnaire de la CFDT, de l’élection de françois Mitterrand peut bien croire à la résurrection du Front populaire

Ce titre est une parodie de la manière dont Karl Marx décrit la colère populaire de 1848 trahie, réprimée dans les luttes des classes en France… Si l’on peut avoir quelques doutes sur la résurrection du Front Populaire des congés payés et des usines occupées, en revanche le bourgeois repu est devenu capricieux de surcroit… Il faut s’arrêter sur ces passages de l’analyse de Marx qui décrivent les atteintes aux libertés publiques par le futur Napoléon III avant le coup d’Etat : on s’y croirait… mais la comédie est, si faire ce peut, encore plus grotesque aujourd’hui. Il suffit d’imaginer Marx confronté ce vaudeville de la dissolution, cet appel à lutter contre les “extrêmes” au nom de la prospérité commerciale et industrielle d’un Etat en quasi faillite. Un gouvernement divisé face à l’Elysée du prince président qui ne renonce pas à ruisseler sur les marchands d’armes au nom de la chère petite Ukraine cette vasque de corruption sans fond. Le tout alors qu’il bénéficie d’un parlement godillot qui n’a manifesté que de timides velleités mais une adhésion totale à cet esprit belliciste et aventurier. C’est-à-dire qu’il convient comme l’aurait fait Marx avec son ironie mordante de confronter ce discours unanime des médias et la déchéance morale de nos “élites” médiatico-politique, aux ‘appels claironnés contre un fascisme dont on a accepté tous les premisses et que l’on feint de découvrir quand les sièges de députés sont menacés… et qui feint de couiner quand l’on recompose le monde des valets de l’édition comme de la culture. Et pour que l’affaire soit complète il y a en filigrane les jeux olympiques, une flamme dont le passage a coûté un bras aux communes qui l’accueillent et dont tout le monde se fout presqu’autant que la date du bain d’Anne Hidalgo dans la Seine. Un peuple totalement ignorant de ce qui se passe dans le vaste monde, abruti d’ignorance et de haine qui n’en peut plus et cherche seulement à les faire tous dégager. Et quand quelqu’un en parle ce n’est pas plus rassurant en matière d’esprit de responsabilité, ainsi aujourd’hui Gérald Darmanin a affirmé ne sera plus ministre de l’Intérieur en cas de défaite de la majorité aux élections législatives le 7 juillet, et ce même avant l’ouverture des Jeux olympiques , a-t-il déclaré vendredi à l’AFP. “Si jamais le RN ou LFI venaient à l’emporter, je ne serais en aucun cas ministre de l’Intérieur, même pour quelques semaines supplémentaires”, a dit Gérald Darmanin. Bref là encore tout le monde s’en fout…

Me frappe particulièrement aujourd’hui l’espèce d’ambiance de “révolte” qui s’est étendue de l’Assemblée nationale aux gens de médias et au “monde de la culture”. que peut-on penser quand on voit Bardella accuser David Pujadas de fake news sinon que chez Pujadas, LCI en général et sur les plateformes, la propagande et les affirmations sans preuve ne sont pas de l’ordre du dérapage mais une voocation et que Bardella en a largement bénficié et est donc très ingrat.. Dans l’édition de la veille de 24H Pujadas , le journaliste et ancien présentateur du 20H de France 2 avait affirmé que Jordan Bardella aurait déclaré que la moitié du programme qu’il défendait en 2022 avec Marine Le Pen « serait amputée d’au moins la moitié des dispositions et pas n’importe lesquels, peut-être les plus saillantes ». le président du Rassemblement national l’a très mal pris et sans tenir compte des services rendusa souligné dans un post sur X (Twitter) la fake news caractérisée de David Pujadas. « David Pujadas, sur LCI, me prête une citation que je n’ai absolument jamais prononcée et qui ne correspond à aucune réalité », a-t-il confirmé. Il a par la suite fait un appel aux médias quelques lignes plus tard. « J’appelle les médias au respect de la déontologie : ces mensonges sont un danger pour notre démocratie », a-t-il conclu ses déclarations sur les réseaux sociaux. On croit rêver quand le vice et le crime font les offres de service à la défense de l’information…

Franchement que peut-on penser de ces règlements de compte , de cette dénonciation de cette presse de “l’ordre moral” , ces présentateurs et chroniqueurs, ce monde de la culture dont les lamentations témoignait que l’on récompensait bien mal tous les services rendus quand il s’agissait de réprimer le peuple. Bardella choque à ce titre mais qui peut s’indigner quand un fasciste dénonce le présentateur de LCI et sa propension au mensonge… Quel figure fera le politicien de gauche qui a porté cocarde de l’Ukraine et dont encore aujourd’hui le programme affirme la nécessité de la guerre derrière Zelensky ? est-il donc plus grave de faire des commentaires désobligeants sur un programme que de contribuer massivement depuis tant de temps à la désinformation sur le crime d’incitation à la guerre ?

C’est pour cela que ce décrit Karl Marx dans les luttes des classes en France prend un tel relief(1):

Il faut relire ces textes saisissants sur ces chroniqueurs alors que la restriction des libertés publiques tombe sur la presse après avoir mis en cause le suffrage universel : “un dangereux incubateur en période révolutionnaire, ce qui est son seul avantage qu’il faut écarter par la révolution ou par une réaction” dit Marx. Faire de la sidération française d’aujourd’hui face à la dissolution “un incubateur” est tout à fait exact comme de noter que l’on en sort que par une révolution ou une réaction, voir le fascisme. Un quasi coup d’Etat …

Bonaparte le “petit”, le futur Napoléon III décide donc d’en finir avec le suffrage universel… Il n’en est pas question aujourd’hui me direz vous… Peut-être mais ce qui s’est passé avec le viol du vote des Français face à la Constitution européenne, un gouvernement avec des “réformes” totalement impopulaires imposées à coup de 49,3, la guerre décidée sans la moindre consultation devant une assemblée qui là encore ressemble beaucoup à celle que décrit Marx née de la “révolution de 1848” et qui manifeste une jactance impuissante: face à la remise en cause du suffrage universel :

L’Assemblée Nationale qui avait pourtant “avec tant de solennelle profondeur” proclamé qu’aucun député ne pouvait désavouer le peuple siégèrent impassibles avec le calme majestueux des petits bourgeois lorsque la loi mettant en cause le suffrage universel passa brillamment. Au nom de la prospérité commerciale et industrielle l’essentiel n’était il pas de décourager toute velléité révolutionnaire. Une armée de 50.000 hommes à Paris, les longs atermoiements avant la décision, les ‘jactances repues d’indignation morale” des représentants du peuple et les apaisements de la presse tel fut le contexte de la dépossession du peuple.

Ce viol de la démocratie qui passa comme une lettre à la poste dut être complété par une loi sur la presse avec une proposition du gouvernement considérablement aggravée par des amendements du parti de l’ordre (on alla même jusqu’au détail de mettre une taxe supplémentaire sur les feuilletons romanesques en réponse à l’élection d’Eugène Sue l’auteur des mystères de Paris). La déchéance morale de la gauche (la Montagne) était telle qu’elle ‘dut se borner à applaudir les tirades brillantes d’une ancienne notabilité louis -philiparde, Monsieur Victor Hugo” précise encore Marx (p336)

Il est vrai que l’on chercherait en vain une “ancienne notabilité” d’un quelconque gouvernement capable d’emettre les “tirades” d’un Victor Hugo… Nous n’avons à notre disposition que les ragots d’un Bruno Lemaire qui dénonce les “cloportes” des conseillers présidentiels… et tout à l’avenant jusqu’aux timides reflexions d’une presse adoptant pourtant la parole officielle mais qui ne sait plus à quel saint se vouer.. Là encore la référence devant la montée du bonapartisme est saisissante…

En vain la bonne presse se lamenta-t-elle de l’ingratitude dont on récompensait ses services; La loi passa, et c’est l’obligation de donner des noms qui les frappa avant tout … Le front des protestataires se désagrégea en chroniqueurs qui avaient défendu en individus parfaitement corrompus toutes les causes imaginables : le peuple considéra tout cela comme une revanche pour l’abolition du suffrage universel. Ariane Mouchkine a dit très bien à quel point de telles “élites” avaient perdu tout droit à prétendre être un exemple susceptible d’influencer le peuple. La comédie de la dissolution et les “cloportes” qui se révèlent sous cette pierre soulevée coïncide avec le mercato des animateurs pour la grille de la rentrée et la manière dont on écarte ceux qui ne sont pas prets à aller toujours plus loin, ce qui coïncide avec la nomination de madame Dati à la culture pour faire avaler aux “structures” des amputations de leur budget qui mettent en cause les programmations, l’appel au peuple menacé de fascisme serait plus crédible si ces gens s’étaient réveillés avant… Tiens si les journalistes n’avaient pas laissé Assange croupir dans un cul de basse fosse…

Mais ce qui offre une ressemblance saisissante avec l’actualité c’est cette description des forces de la politicaillerie et des réflexes de sauve qui peut électoral:

Cette comédie des Républicains malgré eux; l’aversion pour le statu quo et son renforcement continu; les frictions incessantes entre Bonaparte et l’Assemblée Nationale; la menace sans cesse renouvelée du parti de l’ordre de se scinder en ses diverses composantes, l’association sans cesse répétée de ses fractions; la tentative de chaque fraction de transformer chaque victoire contre l’ennemi commun en défaite des alliés du moment; la jalousie mesquine, la rancune, l’éreintement mutuel; le geste de brandir inlassablement les épées se terminant toujours à nouveau par un baiser Lamourette _ toute cette vilaine comédie des erreurs ne se déroula jamais de façon plus classique que pendant ces six derniers mois. (p.337)

Les Français vont aller voter mais tout me confirme que ce peuple “politique”, le pays de la lutte des classes va le faire sans illusions il mesure bien que dans “l’incubateur” de l’élection tout peut surgir dans une si totale confusion que comme le dit Marx les plus officiellement “capables” en sont arrivés à perdre toute intelligence de l’histoire; et même la compréhension de leur propre manière d’agir dans le passé.(p.347) ici il s’agit de Guizot l’historien, nous n’avons personne qui atteigne ce niveau de compétence… Au lieu que la révélation de la nudité du pouvoir les amènent à discerner les conditions historiques entièrement différentes, la position des classes totalement différentes, ces “capacités” ont dilué toute la dissemblancee quelques phrases moralisatrices pour affirmer que la politique conserve ses aspects de la révolution française, de la “république” comme un changement nécessaire alors qu’en matière de “conservation” il s’agit simplement de recommencer le cauchemar, encore et toujours jusqu’où ? Nul ne parait en avoir la moindre idée…

danielle Bleitrach

(1) extraits des oeuvres politiques de Karl Marx dans la pleiade.

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