Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Zelensky n’aurait pas dû sécher ses cours d’histoire, par Vassili Stoyakine

https://vz.ru/opinions/2024/6/11/1272390.html

En attendant le retour de Danielle sur le blog dans l’après-midi, voici un article coup de gueule d’un Russe indigné à juste titre par ce que Zelenski et autres héritiers des collaborateurs ont fait du souvenir de la Seconde guerre mondiale (note et traduction de Marianne Dunlop)

« Il est très important que, dans cette unité, les États-Unis et l’ensemble du peuple américain restent aux côtés de l’Ukraine, comme pendant la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis ont contribué à sauver des vies, à sauver l’Europe. Nous comptons sur votre soutien continu pour nous épauler », a déclaré M. Zelensky lors de la célébration du 80e anniversaire du débarquement allié en Normandie.

D’une manière générale, les événements festifs auxquels Zelensky a été invité et où les représentants russes n’ont pas été conviés semblent avoir été chorégraphiés selon une pièce de théâtre absurde de Ionesco ou un roman de Kafka.

Il suffit de rappeler l’épisode monstrueux où un vétéran du débarquement en Normandie tente de baiser la main de Zelensky et l’appelle le sauveur du peuple. Bien sûr, le pépé est vieux et ne comprend guère mieux la situation que Biden, qui a exécuté des entrechats étonnants lors d’événements officiels.

Mais tout de même, je me demande ce que dirait ce vétéran s’il apprenait qu’en Ukraine, les monuments aux soldats libérateurs, qui étaient en principe ses alliés, sont démolis en masse. Et s’il apparaissait dans les rues de Kiev avec des décorations militaires, il pourrait bien recevoir des insultes de la part des « patriotes » de l’arrière. Mais l’ancien combattant, et c’est compréhensible, n’est pas au courant – les médias occidentaux ne l’ont pas troublé avec de telles informations.

Cependant les organisateurs de l’événement auraient dû le savoir ? Ils auraient dû le savoir, bien sûr. Mais ce n’est pas le moment de se rappeler qu’il y a 80 ans, les États-Unis, la Grande-Bretagne et même la France étaient des alliés de l’URSS. De même, ce n’est pas le moment de se rappeler que l’État ukrainien actuel ne se considère pas comme le successeur de la RSS d’Ukraine qui, en tant que partie de l’URSS, a combattu sur le premier front de cette guerre. Au contraire, il se considère comme le successeur des forces politiques alliées à l’Allemagne.

La faction Bandera de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (organisation criminalisée et interdite en Russie) a proclamé le 30 juin 1941 à Lviv la restauration (ou la création) de l’État ukrainien en ces termes : « L’État ukrainien restauré travaillera en étroite collaboration avec la Grande Allemagne nationale-socialiste qui, sous la direction de son chef Adolf Hitler, crée un nouvel ordre en Europe et dans le monde et aide le peuple ukrainien à se libérer de l’occupation moscovite ».

Comme aujourd’hui, l’Ukraine lutte contre l’occupation moscovite, mais à l’Allemagne s’ajoutent les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, etc., et Hitler est remplacé par Biden, Sunak, Macron, Scholz, etc. Personne n’avait élu Yaroslav Stetsko, qui a dirigé l’État ukrainien nouvellement créé, de même que l’actuel Zelensky – c’est la continuité !

À propos, les nationalistes ukrainiens ont célébré le « rétablissement de l’État » par un pogrom juif et polonais à grande échelle à Lviv. Plus tard, la police auxiliaire ukrainienne a participé à l’extermination des Juifs dans tout le pays. Mais il vaut mieux ne pas s’en souvenir, car « il ne peut y avoir de nazisme en Ukraine, car le président y est juif ».

En avril 1943, la faction Melnikov de l’OUN* participe activement à la formation de la 14e division d’infanterie volontaire SS. Aujourd’hui, elle est généralement appelée « Division “Galitchina” », et la combinaison de SS avec une candeur touchante est déchiffrée comme « Secheviye Sagittarii ». Quelqu’un a plaisanté en disant que c’était cette unité militaire que Zelensky représentait en France, étant donné qu’il n’y avait pas d’unités ukrainiennes dans les forces alliées (contrairement aux Polonais qui se sont battus héroïquement en Italie).

Les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale ne se sont pas limités à la célébration en France. On a demandé à Zelensky s’il espérait un débarquement en Ukraine. Il s’est volontiers rallié à cette idée et a été honoré par Macron d’une tape affectueuse sur la nuque.

D’une manière générale, tous deux devraient se rappeler que la dernière fois que les Français ont débarqué sur ce que les Ukrainiens considéraient comme leur territoire, c’était en novembre 1918. Les interventionnistes britanniques, français et grecs ont commencé par expulser d’Odessa l’administration et les troupes du Directoire, le gouvernement ukrainien en exercice à l’époque. En mai 1919, les interventionnistes eux-mêmes ont été chassés par la troisième armée soviétique ukrainienne, qui leur était bien inférieure en nombre et en armement.

D’ailleurs, au cours des batailles, plusieurs chars ont été capturés, dont l’un, après avoir été réparé et reconstruit, est devenu le premier-né de la construction de chars soviétiques sous le nom de « camarade Lénine, combattant de la liberté ». L’histoire se répète – il y a maintenant un char à roues français AMH-10 sur la colline de Poklonnaya… C’est une image compréhensible à l’intention de Macron – puisqu’il ne sait pas lire un livre d’histoire.

D’une manière générale, l’Occident tente aujourd’hui de peindre une version féerique de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont contribué à libérer l’Ukraine de l’occupation nazie et russe. Mais pour une raison ou une autre, ils ne l’ont pas libérée. Cependant la version de l’histoire spécialement inventée pour prouver les racines profondes du soutien actuel des États-Unis et de l’OTAN au régime de Kiev aboutit au même résultat : l’évacuation des alliés, puis du régime lui-même. Il convient de rappeler que Petliura a été tué à Paris et que Stetsko est mort à Munich. Zelensky a-t-il déjà trouvé sa place ?

Et soit dit en passant, si nous parlons de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, nous devrions nous souvenir de la phrase d’un autre allié – le 33e président des États-Unis Harry Truman : « Si nous voyons que l’Allemagne gagne la guerre, nous devrions aider la Russie, si la Russie gagne la guerre, nous devrions aider l’Allemagne, et les laisser s’entretuer autant que possible ».

Si Zelensky n’avait pas séché les cours d’histoire, il ne se plaindrait pas aujourd’hui que ses partenaires ont « peur de perdre face à la Fédération de Russie » et « laissent la porte entrouverte avec la Russie ». Ils agissent simplement selon les préceptes de Truman, considérant l’Ukraine comme un adversaire au même titre que la Russie. Mais Zelensky n’a pas d’autres « alliés ».

D’ailleurs, Truman a une autre phrase, prononcée comme si elle s’adressait spécifiquement à Zelensky : « Quand j’étais enfant, je voulais être pianiste dans un bordel ou politicien. La différence, à vrai dire, est minime ».

* Organisation(s) liquidée(s) ou aux activités interdites dans la Fédération de Russie

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