Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le monde a changé et ce n’est qu’un début : voilà pourquoi je décide de voter en toute lucidité pour la liste “gauche unie”, par Danielle Bleitrach

Par rapport à la liste “gauche unie” pour laquelle j’ai choisi de voter en toute lucidité il y des points de convergence qui sont essentiels en l’occurrence la volonté de reprendre pied dans les couches populaires, la classe ouvrière et de les arracher à l’abstention et à l’extrême droite en leur redonnant les moyens d’intervenir en tant que force citoyenne. Il y a la conscience donc de ce qui crée les conditions d’un néo fascisme et une réponse l’existence d’un parti communiste colonne vertébrale d’une gauche et de républicains rassemblés face à ce fascisme. Mais il y a aussi des points de désaccord sur l’origine de cette situation et donc l’adversaire, ce qui a sa source dans une méconnaissance de la nature de la crise dans laquelle l’impérialisme entraine depuis des décennies l’humanité. Cette crise du capitalisme, impérialisme néo-colonial financiarisé et militarisé, conditionne l’émergence du fascisme contre lequel certains de ses idéologues prétendent se battre. Est-ce que le PCF qui a accompli le pas du 38e congrès, le choix d’une autonomie stratégique va s’ouvrir au débat et s’enrichir de celui-ci ou choisira-t-il une fois de plus la censure, l’exclusion de fait pour mieux se soumettre à cette idéologie mortifère (1) ? Telle est la question…

Cette campagne électorale quels qu’en soient les résultats se sera située à mi-chemin de ce que l’on peut souhaiter. Elle reflète bien à ce titre ce qu’a été le 39e congrès. Face à cette situation, soit on se conduit d’une manière gauchiste, irresponsable, en rupture avec les potentialités, et l’on perpétue des années de division, y compris de soutien de fait à la social démocratie sous toutes ses formes. On renonce à la seule perspective qui corresponde au mouvement du monde et aux conditions de la bataille telle qu’elle se développe dans la réalité et qui ne ressemble pas à la guerre froide, pas plus qu’aux années dits du “néo-libéralisme”… fini le temps de la main invisible du marché, tout le monde est à la recherche de ce qui va dompter la bête déchaînée avec en filigrane ‘au profit de qui? “. Créera-t-elle les conditions de la paix, de la lutte contre le sous développement ou la guerre et déjà la remise en cause du droit de grève, des protections sociales? Ce moment se caractérise par la coexistence de stratégies différentes mais qui se rassemblent aussi dans la lutte commune contre un système autodestructeur.

Il n’y a pas de moment inutile même si cette campagne électorale parait atteindre ce stade et provoque un désaveu collectif… Soit, on mène chaque lutte, chaque choix avec un perspective, soit on est sur de perdre globalement. C’est pourquoi face à ces élections je vous invite à réflechir sur le but recherché et le moyen de l’atteindre. En ce qui me concerne je ne vois pas d’autre issue que tenter d’avancer en commençant par voter pour cette liste, en faisant progresser la reflexion dans les actes sur ce qui bloque ses avancées, la minorise, un enjeu qui dépasse le cirque de ces élections qui “flottent” hors sol de toute réalité.

Et pour cela la seule question qui mérite d’être posée est bien celle de l’adversaire auquel nous sommes réellement confrontés, c’est celle qui dépasse les individus, les logiques de groupe.

L’impérialisme a un stade que l’on qualifie de “néolibéral”, après plus de trente ans de mise en œuvre, a entrainé toute l’humanité dans une crise sans précédent. A ce stade, la machine en marche ne peut qu’approfondir son caractère prédateur et mortifère. Le développement des forces productives au lieu d’aider à résoudre les problèmes parait l’occasion de laisser la bride aux folies d’une science fiction qui détruirait une humanité inutile au profit d’une poignée d’ultra-riches. Ceux-ci ne forment même plus une classe sociale mais sont une bande infantile dont le personnel politique devient de plus en plus caricatural dans sa sénilité et sa mégalomanie. Pétrifiés et de plus en plus soumis aux effets dévastateurs de ce système, l’immense majorité des habitants de la planète est frappé de pessimisme, se replie ou se divise en perdant de vue toute possibilité d’un combat pour un monde plus juste et plus humain. Fort heureusement des mouvements objectifs l’ébranlent, créent les conditions d’une prise de conscience.

Ce que l’on décrit comme le néolibéralisme a été un terrible renforcement des inégalités, la destruction systématique des lieux de production délocalisés, un pillage destructeur de l’environnement, le libre renard dans le libre poulailler. Ces inégalités se sont territorialisées à l’échelle de la planète. Partout alors que des pays émergent dans des conditions de surexploitation impérialiste, d’autres sont détruits et leur population émigre massivement… Ces déracinements mais aussi ces délocalisations destructeurs des anciennes formes collectives alimentent une idéologie individualiste, de la “consommation” qui crée les conditions de l’égoïsme individuel, une sorte de miroir de cette classe capitaliste dont la seule vision, la pierre philosophale dirait Marx est la propriété privée.

Si nous considérons ce que porte la liste “gauche unie”, et elle est la seule à réellement le faire, c’est le refus de cette idéologie et du mouvement qui l’a engendré. A ce titre, elle s’inscrit concrètement (par son choix de l’industrialisation, celui de l’énergie nucléaire, la souveraineté nationale) a contrario de ces trente années qui ont détricoté les trente glorieuses. A ce titre, oui! elle amorce une réponse au néofascisme qui n’est pas celui d’Hitler et de Mussolini. Ce néo-fascisme considère que lui seul est réaliste et ses adeptes ne cessent de répéter qu’il a triomphé du communisme dont il fait l’équivalent du nazisme. Sous couvert de cette “évidence” qui est celle d’un suprématisme “naturel”, il se représente le modèle le plus achevé de la civilisation alors qu’il nous entraine vers la barbarie et la guerre y compris nucléaire.

C’est une intolérance radicale qui joue à se parer d’une caricature de tolérance décadente qui ne peut que se retourner contre ceux qu’elle feint de prôner : les femmes, les homosexuels. mais rien de plus de révélateur dans l’utilisation des “stigmatisés” que ce qui favorise aujourd’hui l’antisémitisme, à savoircomment ce système a transformé les Juifs sur le modèle d’un Netanyahou. Celui qui indigne les consciences et prétend jouir de l’impunité en utilisant le martyre de ceux qui en ont été victimes depuis 2000 ans et l’ont été dans l’extermination nazie. Nous avons là la caricature de la prétendue “civilisation” utilisant ses propres crimes pour feindre l’indignation: comment la cour internationale peut-elle oser comparer la boucherie de Gaza par un “état démocratique” aux actes terroristes du Hamas, disent cette bande de tartuffe… alors que l’on peut s’interroger non seulement sur le bilan mais sur l’origine des faits. Mais on voit bien alors ce qu’ils entendent par liberté et démocratie, défense y compris des minorités stigmatisées, leur seule justification réside dans le droit de ceux que l’on baptise démocrates et la diabolisation de leurs adversaires, quelle que soit la nature du problème et de ses conséquences pour les peuples y compris le peuple juif, l’effet boomerang. La liste “gauche unie” et le PCf eest la seule à revendiquer la justice sans la moindre haine, sans diviser mais en cherchant des solutions.

Parce que toutes les forces politiques de fait s’entendent sur l’exploitation, la guerre ce qui mène au fascisme. Quand j’ai écrit ces lignes , je n’avais pas suivi le débat de hier et la manière dont Léon Delaffontaine fait la démonstration que tous ces gens s’entendent, votent les mêmes lois et Bardella complètement imbécile qui n’a qu’une chose à lui objecter : vous êtes communiste! en 2024, lui l’héritier du nazisme… Qu’est ce qui a permis une telle inversion du rôle historique des uns et des autres.? Quelle autoflagellation, quel refus de ce glorieux héritage ? La pugnacité de Léon Delaffontaine, la manière dont il traite ce canada dry du patriotisme et vrai héritier de la collaboration de OSS 117 me conforte dans ma décision. Il part de l’essentiel, de ce quipréoccupe les travailleurs, tous quel que soit leur origine, leur couleur de peau, leur religion… Mais quand Barddella ose ajouter qu’un communiste ne peut pas donner une leçon d’économie il lui manque une autre réalité, celle du monde tel qu’il est avec la fanttastique trajectoire de la Chine, capable sans exploiter aucune colonies, sans piller par son seul travail de devenir le nouveau leader en revendiquant la paix.

https://www.ozap.com/actu/-ok-oss-117-echange-mouvemente-entre-jordan-bardella-et-leon-deffontaines-pcf-lors-du-debat-sur-lci/644032

Quelle Meilleure démonstration du caractère nécessaire d’aller plus avant dans l’analyse de la crise ?

Ce résumé de la crise, de sa nature, des responsabilités, dit sur quoi doit porter avant tout le débat : quelle est l’origine des maux auxquels nous devons nous attaquer ? S’agit-il comme ne cessent de le faire le secteur international et même Fabien Roussel de prétendre lutter contre les effets de la crise, pour la paix en se trompant d’adversaire et en adoptant ceux que désigne l’impérialisme ? … Le secrétaire national du PCF, qui sur d’autres questions est le bon sens incarné, parait la proie d’une étrange incapacité à penser cette question au plan international, ce qui provoque des divisions, de la colère, au lieu du débat alors qu’il sait plutôt en général entendre ce qu’on lui dit. On s’interroge sur l’origine de cette cécité, s’agit-il de se faire aimer des médias en choisissant des ennemis qui sont ceux de ce consensus ? ou du refus d’acquérir une culture théorique et géopolitique ?

Que les communistes ne se reconnaissent pas dans le pouvoir des mollahs, ni dans celui de Poutine, et d’autres, parait normal, mais qu’ils ne voient pas que se ranger pour autant dans le camp des marionnettes de l’impérialisme est une erreur, est un problème. Que cette erreur les pousse jusqu’à l’incapacité à nouer des relations avec bien des partis communistes, qui ne peuvent pas prendre au sérieux un tel discours, s’accompagne de fautes politiques gravissimes comme le vote de la résolution 390. Et au-delà à ne pas percevoir l’avenir qui est déjà là. Quelle perspective est offerte au PCF, à la gauche, au monde du travail, à la jeunesse, à la nation si est cultivée l’incapacité à penser ce qui est déjà en train de naître sous nos yeux à savoir ce monde multipolaire dont le leader est la Chine communiste.

Il est clair que Fabien Roussel, qui a par ailleurs porté les aspects positifs que je viens de décrire, est mal entouré et que partout ceux qui ont la charge du secteur international sont des liquidateurs par conviction ou par intérêt : à ce stade on ne peut pas exclure l’infiltration d’agents de la CIA. Parce que c’est là encore un des aspects de cet impérialisme qui n’arrive plus à gagner sur les champs de bataille, qui rencontre partout des refus de plier à la militarisation du dollar, il pratique le terrorisme et l’assassinat de dirigeants et l’infiltration. La politique devient de plus en plus celle des services secrets tenus par des camerillas occultes autour des chefs d’Etat en rupture avec la représentation élue, c’est vrai sous la Ve république et plus encore dans l’UE. On ne peut pas écarter ce qui s’avère partout le mode d’intervention d’une hégémonie en crise mais il faut aussi mesurer que la seule réponse est dans le renforcement des partis et des militants qui leur laissent peu d’espace. En revanche les jeux de division, les groupuscules sont des nids sur lesquels ils prolifèrent.

Parce que l’expérience est là, aucun parti communiste n’a pu se constituer ex nihilo, en France les groupuscules avec leur pseudo radicalité sont simplement satellisés autour du PCF et ne tirent force et programme que de sa critique, quand ils ne servent pas simplement de masse de manœuvre à différents types de social démocrates qui n’ont que la destruction du PCF pour perspective et contribuent de fait à la marginalisation de la gauche. Il faut également constater que dans une situation où la parole se noie dans l’incapacité à DIRE et à FAIRE, le PCF arrivé pourtant à un stade de désorganisation qui ne doit rien au hasard est le seul à parfois arriver à mettre en oeuvre. C’est très fragile, et peut-être que le PCF ira jusqu’au bout de ses tendances négatives et alors quelque chose renaitra mais nous n’en sommes pas là.

La lutte pour le monde de justice et d’égalité, la démocratie pour et par le peuple à laquelle nous aspirons, la survie de la planète et de l’humanité est incontournable, objective et elle engendre la conscience de la nécessité d’autres politiques de rupture, ce que cette liste est la seule à entrevoir. Pourtant ce que refuse d’admettre cette liste c’est que cette aspiration passe d’abord par la défaite de l’impérialisme dit néo-libéral et qui aujourd’hui exhibe son visage fasciste sur un mode nouveau et redoutable. C’est sur ce dernier point qu’il reste à construire mais c’est le principal. je ne sais comment exprimer à ce propos ce que je ressens au plus profond de moi même, le sentiment d’un incroyable gâchis de compétences et de forces qu’ont représenté ces décennies de contrerévolution, comment en particulier des intellectuels de qualité qui ont refusé de céder ont été sous-employés n’ont pas pu contribuer à la formation de militants… Il serait temps non pas pour moi et d’autres qui ont passé leur vie à attendre “Godot”, de construire l’essentiel à savoir une force politique capable de les entendre, de ne pas les marginaliser dans une haine stupide (2)… Il serait temps quels que soient nos choix politiques y compris à ces élections de changer d’attitude… même si je suis totalement désintéressée et de moins en moins concernée par rapport à cette rectification, on le reconnait une certaine lucidité, je ne souhaite qu’elle soit entendue ou du moins qu’elle aide d’autres que moi. parce que j’ai confiance en la jeunesse ou du moins une partie d’entre elle pour changer le monde…

Danielle Bleitrach

(1) Dans l’attente d’une issue, je ne choisis pas la position du pire au contraire, mais je me garderai bien en tant qu’individu blanchie sous le harnais, et arrivée à un stade de distance réelle à l’égard de l’organisation de mes engagements d’une vie, une sorte d’indifférence, de me confronter aux débats autour des Européennes et une fois de plus d’y trouver nourriture pour le mépris. Je pousserai la prudence, la sauvegarde individuelle jusqu’à éviter les meetings, les rencontres dans lesquelles il se trouvera toujours un imbécile pour me faire la leçon au nom de toute la liquidation qu’il a accepté durant toutes ces années et qu’il croit être de la fidélité. Les injures y compris concernant la bac +5 comme hier encore de quelqu’un qui n’a pas vu le monde changer et qui m’accusera d’en être restée “au stalinisme”, tout cela parce qu’il refuse de lire, de faire le moindre effort au-delà du bavardage, alors qu’il est la plus belle incarnation du suivisme et de l’art de mordre en bande organisée sous l’injonction d’un chef… Et il n’y a pas que dans le PCF que cela fonctionne comme ça, c’est même un des lieux relativement respectueux, même si quelqu’un comme moi est leur tête de turc et l’individu qu’ils prennent plaisir à censurer je jouis d’un traitement relativement exceptionnel, c’est pourquoi je crois que c’est caractéristique de l’impérialisme à son stade de pourrissement suprême, un cadavre qui peut continuer à pourrir longtemps comme le commentait Lénine et dont nous devons nous débarrasser.

(2) A ce propos je ne résiste pas au désir de vous proposer l’écoute d’Annie Lacroix Riz, un symbole de tout ce dont le mouvement communiste français s’est privé comme il a découragé tant de militants ouvriers.. des gens dont je me sens plus proches que de toutes les directions du PCF et qui ont montré plus de courage qu’aucun militant “prolétarien” français mais dont je ne partage pas les choix politiques. Un jour peut-être on fera le compte de tout ce massacre… Outre ceux qu’il a fini par inciter à ne plus lire, ne plus travailler et donc à être soumis à la pire des aliénations … C’est d’ailleurs ce qui me fait lâcher pied, je n’ai plus ni la force, ni le courage de me confronter à cette nécessaire recréation d’une réflexion collective. Tout ce que je peux faire c’est inviter ceux qui en ont encore la force à continuer…

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