“L’attractivité” de la France dont on nous rabat les oreilles depuis des années est-elle vraiment la panacée ? Pour 15 milliards d’euros, vous avez le choix entre Choose France et Lose France… La violence ou plutôt l’indignation du propos n’est pas haine de la France, mais la manière dont Macron et la cohorte de présidents et ministres indignes traite depuis des décennies ce pays aimé vendu à l’encan dépouillée de ses atouts réels isolée, vassalisée, prostituée et les mécanismes économiques sont hélas totalement réels. Ils montrent les illusions d’une “moralisation” du capital proxénète, mafieux qui en plus se voudrait juge et pape proclamant la sainte parole derrière l’inquisition. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
PATRICIA CERINSEK ET PASCAL CLÉROTTE 13 MAI 2024 Partager
Ainsi donc, l’efficacité de la politique économique menée par Emmanuel Macron et ses gouvernements depuis 2017 se mesurerait à l’aulne des investissements étrangers. On pourrait arguer que des soldes permanentes accompagnées de coupons offerts sous la forme d’aides publiques rabattent forcément le chaland.
En quoi le fait d’attirer les investissements étranger est-il un signe de bonne santé économique ? En rien. C’est justement l’apanage des pays de ce qu’on appelait le Tiers-monde et ce qui fut le moteur de la colonisation. C’est ce que Lénine, aux côtés d’une flopée d’économistes loin d’être tous marxistes a démontré : l’impérialisme consiste à trouver par tous les moyens – usage de la menace, de la coercition et de la force si besoin est – des débouchés pour son surplus de production, primaire comme secondaire, et à partir de la Première Guerre mondiale, de ses surplus de capitaux.
La nécessité des investissements étrangers est un mythe néolibéral qui vise à faire place nette au capital financier, qui n’est pas le capital productif. Pas besoin d’être marxiste pour apprécier la contribution de Marx, Engels et compagnie à la critique du système capitaliste, car ils en montrent les failles. L’exportation des surplus de production permet d’éviter l’effondrement des prix intérieurs, l’exportation des surplus de capitaux résultant de la création de monnaie par le crédit accordé par les banques permet d’éviter l’inflation et surtout des taux d’intérêts élevés tout en continuant à faire tourner la planche à billets.
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L’un des avatars de cela ? L’inefficace politique de l’offre prônée par Emmanuel Macron depuis 2012, alors secrétaire général adjoint de l’Elysée. C’est le CICE, qui a coûté 40 milliards d’euros par an pour de très maigres résultats : 200 000 emplois préservés, non pas créés et aucun renforcement de la compétitivité. Une gigantesque opération de transfert de fonds publics vers des actionnaires privés. “Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) a pour objectif de redonner aux entreprises des marges de manœuvres pour investir, prospecter de nouveaux marchés, innover, favoriser la recherche et l’innovation, recruter, restaurer leur fonds de roulement ou accompagner la transition écologique et énergétique grâce à une baisse du coût du travail.”
Tout est dit : la variable d’ajustement est le coût du travail, et ce serait l’Etat par la distribution de prébendes qui contribuerait à reconstituer les marges et à restaurer le fonds de roulement des entreprises… En clair, l’Etat français donne de la main droite ce qu’il prend de la main gauche. Une économie centralement dirigée comme elle l’est de manière croissante en France du fait de l’insupportable pression fiscale est la marque d’un Etat totalitaire.
Que font les banques françaises qu’on a sauvées avec l’argent du contribuable en 2009 au lieu de forcer leurs actionnaires à prendre la paume et accessoirement envoyer un certain nombre de banquiers en prison ? Leur rôle est-il pas de financer l’économie ? Que font les crânes d’œufs de Bercy ? Pourquoi avons-nous un “policy mix” – combinaison de la politique budgétaire, fiscale et monétaire – qui ne permet pas de générer ces investissements en France ?
La réponse est simple et ne relève pas de l’effet de cliquet propre à chaque augmentation des prélèvements obligatoires : plus l’Etat français prélève, plus une petite caste contrôle l’économie et donc s’assure à la fois de sa survie et de sa prospérité, même si cela va à l’encontre de l’intérêt de la France et des Français. Quel meilleur moyen de s’assurer une pantoufle chez McKinsey ou un emploi pour son rejeton que d’octroyer à ce cabinet de conseil un marché public ? Principe du capitalisme de connivence : la concurrence libre et non-faussée, c’est pour les autres. Comme le respect de la loi d’ailleurs.
On fait donc payer à la multitude le prix de politiques qui ne visent qu’à enrichir une infime minorité. Mais cela ne suffit pas à la repaitre. Il faut alors hypothéquer l’avenir des enfants de la multitude par la dette publique.
Le maître ne décide pas selon les envies du laquais. Les décisions d’investissement sont prises selon des critères rationnels, pas pour les beaux yeux d’Emmanuel Macron. A commencer par le retour sur investissement, lui-même découlant de facteurs tels que la productivité (non pas le coût) du travail, toujours en France la plus haute d’Europe ; l’accès à des infrastructures de qualité et à une énergie abondante et bon marché (en la matière c’est raté, d’où la part faible de l’investissement industriel dans ces 15 milliards d’euros) ; la position géographique permettant de servir le marché le plus large possible; la stabilité de l’environnement économique et juridique etc.
Tout cela n’est en aucun cas le résultat des politiques d’Emmanuel Macron mais de celles conçues et mises en œuvre il y a plus de cinquante ans, quand on savait encore penser le temps long au service du pays et des Français. Emmanuel Macron et sa bande, bien secondés par la haute fonction publique, ne sont que des liquidateurs, qui disposent du patrimoine national dans leur intérêt personnel pour préserver leurs situations, pour rester au pouvoir et pour s’enrichir, depuis 1974 et l’élection de Valéry Giscard d’Estaing.
Voyez Microsoft qui annonce 4 milliards d’investissements. Le fait qu’on ait autorisé sans mise en concurrence le stockage des données de santé par le géant de Seattle n’a bien sûr rien à voir avec le fait que la France, grâce à la carte vitale, est le seul pays au monde à posséder une base de données de santé unifiée pour l’ensemble de sa population sur une génération. Outre le fait que chaque Français est seul propriétaire de ses données de santé, les bases de données les stockant sont un patrimoine public d’une valeur inestimable. Emmanuel Macron, comme il le fit avec Alstom, vend un avantage concurrentiel unique au monde pour 4 milliards…
Choose France ou… lose France ?
Chaque sommet qui passe – on en est au sixième – est l’objet de surenchère à visée purement communicationnelle. L’édition 2024 promet 15 milliards d’euros d’investissements pour 56 projets ? Depuis 2018, l’Etat – soit le contribuable – s’est saigné de 32 milliards d’euros au motif, louable à première vue, de réindustrialiser le pays.
Reste que des annonces à la réalité, il y a un univers.
Depuis 2017, sur 122 projets d’investissements, 27 seulement sont des ouvertures de nouvelles usines ou de nouveaux centres de recherche. Le reste ne sont que des extensions et encore… pas toujours sorties de terre. Sûrement toujours à cause d’une multitude de procédures à simplifier vite fait. Investissements que dans la plupart des cas les entreprises concernées auraient pu financer elles-mêmes. Résultat, ce sont les actionnaires qui récupèrent les fonds publics sous forme de dividendes.
Voir à ce titre le cas, Ô combien emblématique, de STMicroelectronics en Isère, marié de force à l’américain GlobalFoundries par Bruxelles, Thierry Breton, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire dans l’objectif de doper la production de puces et surtout pour les deux industriels de décrocher plus de prébendes de l’Etat avec le feu vert de la Commission européenne : 2,9 milliards d’euros. Le “partenariat” faisait du reste partie de la “promo” Choose France 2022. Deux ans après, le projet s’est enlisé dans des considérations à la fois politiques, économiques et environnementales.
Un cas d’école que STMicroelectronics, puisqu’on a tenté avec manifestement l’assentiment des pouvoirs publics de s’affranchir des procédures réglementaires et notamment de consultation des parties prenantes et du public quant aux impacts sur l’environnement. En vain. Mais promis, cela ne se reproduira plus.
Le 24 avril, le gouvernement a présenté un plan d’actions pour les entreprises. Parmi les mesures de simplification, les projets industriels, quels que soient leur taille, devraient être exonérés de concertation ou de débat, prérogative de la Commission nationale de débat public (CNDP) qui s’en est émue dans une déclaration. Au mépris de la convention d’Aarhus, que la France a signée et de l’article 7 de la Charte de l’environnement, document à portée constitutionnelle.
Ainsi faisant, l’Élysée se targue d’avoir permis à la France d’être le pays le plus attractif en Europe, foi de baromètre et autres indicateurs parfaitement biaisés. LA LETTRE CONFIDENTIELLELa réindustrialisation, c’est simple comme un indicateurPATRICIA CERINSEK·28 MARS
Jusque-là, la France ne disposait pas de baromètre industriel. A y regarder de plus près, cela ne nous manquait pas. Via un communiqué du ministère de l’économie, on apprend que cela faisait un an que l’Etat et ses services travaillaient à la création de cet outil statistique,Read full story
La réalité de l’attractivité vantée de la France est autrement plus nuancée. Si la France pointe à la première place en termes d’investissements étrangers, avec 1 194 projets contre 985 au Royaume-Uni et 733 en Allemagne en 2023, elle est rétrogradée à la 3e place en termes d’emplois. Mieux (ou pire), rapporté à la taille du pays, la France ne pointe plus qu’en huitième position derrière le Portugal, la Serbie, l’Irlande, la Hongrie, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Grèce, souligne l’économiste Lucas Chancel dans une tribune dans Le Monde. Et avec 39 773 emplois créés, soit 33 postes par projet, cela ne fait toujours que 0,13 % du total de la population active.
La France d’Emmanuel Macron, la plus belle prostituée du quartier. En vitrine.
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