.Si la campagne électorale des européennes prend un aspect de plus en plus grotesque c’est parce que les têtes de listes et leurs partis paraissent décidés à l’unanimité d’éviter le débat sur ce qui conditionne ou devrait conditionner le choix des électeurs. Alors que le candidat communiste tente avec lucidité de proclamer qu’il faut en finir avec cette Europe-là, que peut cette parole prise dans les silences de l’Humanité et de la direction du PCF sur les mises en garde pourtant essentielles du président chinois. Pire encore le silence criminel sur l’origine de la guerre dans laquelle Macron nous a déjà installés. Oui nous allons inexorablement vers la guerre, ce que la planète entière sait mais que le citoyen français doit ignorer pour qu’il ne puisse pas donner son opinion. Les éclairages sur tel ou tel aspect de la situation peuvent être justes en particulier sur la défense du pouvoir d’achat, de l’emploi, et il faut partir de là, “faire confiance à l’ouvrier” comme dit Fabien Roussel, mais tant que l’on refuse par opportunisme de faire comprendre l’ensemble de la situation, de la guerre à la nature de l’économie dans un système mondialisé,on ne peut être entendu. Tant que l’on contribue à attiser les haines sinophobes tandis qu’on laisse une paix royale à ce gouvrnement et à l’UE pour nous sacrifier aux marchés financiers qui n’ont pas d’état d’âme en matière de subventions et de délocalisation, s’en prendre seulement à ceux qui planquent leur fric dans les paradis fiscaux là aussi c’est être à la marge, il n’y aura pas un électorat citoyen à qui s’adresser mais des gens que l’on prend pour des imbéciles privés de toute possibilité d’intervention. Encore un effort pour être communiste et français… (noteettraduction de danielle Bleitrach histoireetsociete)
Par ALICIA GARCIA HERRERO9 MAI 2024
La tournée européenne du président Xi Jinping, sa première en cinq ans, a montré à quel point les États membres de l’UE, du moins ceux du cœur de l’Europe, ont besoin d’un retour à la réalité.
Non seulement Xi Jinping a pris un certain temps pour se rendre sur le continent, mais ce faisant, il a choisi de rendre visite à ses alliés européens les plus fidèles, la Serbie et la Hongrie, au-delà de la France.
Le président Emmanuel Macron était une cible importante pour Xi car il a récemment adopté une position beaucoup plus dure sur la guerre de la Russie en Ukraine et soutient fermement l’autonomie stratégique de l’UE et les stratégies de sécurité économique de l’UE. Ces deux dernières initiatives sont très axées sur la Chine.
Sur le premier point, les échanges officiels de la Chine avec la Russie sont à un niveau record. La Chine s’est abstenue à plusieurs reprises de voter sur les résolutions des Nations unies condamnant l’agression de la Russie contre l’Ukraine.
Pendant ce temps, le soutien économique et financier de la Chine à la Russie ne se limite pas à ses importations de pétrole et de gaz russes à des prix réduits attractifs. (L’Inde s’est également gavée d’énergie russe sanctionnée par l’Occident).
Plus important encore, la Chine serait le principal fournisseur extérieur de tout ce dont la Russie a besoin pour faire fonctionner sa machine de guerre, des camions aux puces en passant par les drones.
Ces exportations chinoises risquent d’être officiellement classées comme « à double usage » ou simplement comme des armes, comme l’a averti le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors de son récent voyage à Pékin.
Macron a envoyé un avertissement similaire à Xi. Jusqu’à présent, l’UE n’a infligé des amendes qu’à trois entreprises chinoises livrant des technologies à double usage à la Russie, contre une liste beaucoup plus longue d’entreprises sanctionnées par les États-Unis.
En ce qui concerne la sécurité économique de l’UE, Macron avait la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à ses côtés lorsqu’il a rencontré Xi Jinping à l’Elysée. Elle aurait énuméré la liste complète des préoccupations de l’UE concernant le modèle économique de la Chine, notamment une politique industrielle massive orientée vers les marchés d’exportation qui a créé des capacités excédentaires.
En d’autres termes, les responsables de l’UE semblent avoir changé d’objectif pour protéger le marché de l’UE contre la surcapacité en Chine.
Réponse de Xi : La Chine a juste un énorme avantage comparatif découlant de l’innovation et des économies d’échelle, ce qui signifie que l’UE ne doit pas s’attendre à des mesures d’apaisement.
Pour Macron, cependant, comme beaucoup d’autres dirigeants européens, la solution pourrait venir de la production des fabricants chinois de véhicules électriques en Europe, ce que Xi semblait soutenir au nom des entreprises chinoises.
Le fait que la dernière usine chinoise de véhicules électriques acceptée en Espagne soit accompagnée de subventions de l’UE adoucit certainement l’accord. Mais il faudra se poser des questions quant à l’endroit où la valeur ajoutée sera produite (car 40 % de la valeur des véhicules électriques réside dans leurs batteries, qui sont fabriquées principalement en Chine).
Plus important encore, en établissant des usines dans l’UE, la Chine peut éviter les droits compensateurs qui seraient imposés sur les véhicules électriques chinois importés si l’enquête antisubventions en cours de l’UE le justifie.
La deuxième étape de la tournée européenne de Xi en Serbie et en Hongrie sera encore plus révélatrice pour Macron et Von der Leyen. Le 25ième L’anniversaire du bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade par l’OTAN est en train d’être mis en avant et on peut s’attendre à d’autres lorsque Xi rencontrera le Premier ministre hongrois Viktor Orban, favorable à la Chine.
Le soutien de la Chine à la Russie se poursuivra sans aucun doute et il n’y a rien que Macron aura obtenu avec sa rencontre et son avertissement à Xi. À en juger par les commentaires de Xi, il en va de même pour ce que l’UE considère comme la surcapacité industrielle de la Chine.
Le retour à la réalité pour Macron viendra probablement d’un éventuel « Je vous l’avais bien dit » de Von der Leyen, mais pour l’instant, le voyage de Xi n’a rien fait pour calmer le chœur des inquiétudes concernant la menace chinoise.
Cela met l’UE dans une situation difficile alors qu’elle attend avec impatience le résultat des élections américaines opposant Joe Biden à Donald Trump en novembre.
Alicia García-Herrero est économiste en chef pour l’Asie-Pacifique chez Natixis et chargée de recherche senior chez Bruegel.
Alicia García-Herrero est économiste en chef pour l’Asie-Pacifique chez Natixis et chercheuse senior chez Bruegel.
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