Ces longs “ponts” de l’ascension portent à la méditation. Une question que je n’ai toujours pas résolue et qui s’amplifie au moment où les masques tombent et où à moins d’être totalement imbécile on commence à percevoir ce qu’est la propagande atlantiste et vers quelle apocalypse elle ne craint pas de nous jeter. Comment se fait-il que des gens qui se sont attribué le label communiste, comme le Crif s’est attribué celui de juif, aient les uns et les autres encore la moindre crédibilité ? Comment ai-je pu supporter et puis-je encore supporter de subir les insultes de ces gens-là sans songer à renoncer à mes appartenances ? Pourtant par moment ce furent des violences indescriptibles qui me furent infligées et j’ai encore aujourd’hui le sentiment de parler dans le désert, pourtant paradoxalement cette obstination a été étonnamment positive, je suis heureuse, apaisée, avec le contentement de celle qui a réussi sa vie et qui ne la changerait pour rien au monde. C’est un sentiment de liberté, savoir que rien ni personne n’a prise sur vous, que la solitude vous plait autant que le spectacle de ce qui se joue sous vos yeux et dont vous regrettez simplement de ne pas avoir trente ans de plus devant vous pour vérifier ce que vous devinez, ce qui est le point qui nie tout ce qui a été affirmé precedemment. ce qui fait qu’il demeure dans cette sérénité des moment de violence, d’impossibilité à tolérer plus longtemps. Qu”est ce qui me tient à coeur au point de provoquer cette violence ad nominem qui est le contraire du débat politique et de la sagesse de l’âge ? Glucksman, Netanyahou et Zelensky, ce trio m’insupporte et j’ai réalisé récemment qu’ils étaient juifs et qu’ils étaient non seulement à mes yeux porteurs de leurs actes contre leur propre peuple autant que contre l’adversaire qu’ils créent de toute pièce mais des traîtres. Tout cela est de l’ordre de la pulsion et n’est pas très utile politiquement pas plus que la manière dont ma colère face à l’antisémitisme, son imbécilité, devient par moment hystérique. J’en suis arrivée à éviter de me retrouver de près ou de loin dans la proximité de quelqu’un affligé de cette tare. Le côtoyer me hérisse le poil(1)… Là aussi, je ne pense pas que cela relève du politique simplement leur présence me donne envie de hurler et de me taper la tête contre les murs pour ne plus les entendre ni les voir… Mais c’est aussi peut-être le prix que l’on doit payer pour jouir de la plénitude de la solitude et la conscience de la liberté comme une vie réussie puisque « La paix intérieure n’existe pas. Seules l’angoisse et la mort existent. Toute tentative visant à prouver le contraire relève du comportement le plus inacceptable. » Il faut accepter d’avoir un comportement “inacceptable” de rester révolutionnaire …
‘1) Après une discussion avec Marianne, je m’aperçois qu’elle n’a pas lu le long texte de Léon Bloy qui décrit le “fantasme” dans lequel on prétend prendre l’identité juive supposée. Si on ne lit pas ce texte en note, on ne mesure pas la perversité de la rédemption et celle de l’art et la manière de se contenter de cette “repentance”, donc allez en fin de texte et lisez ce court extrait d’un chef d’oeuvre (le salut par les juifs) qui est écrit dans une langue superbe et qui prétend répondre au pamphlet antisémite de Drummond. Songez que ce mode de pensée ne se limite pas à l’identité juive il conditionne une bonne part de la bonne conscience occidentale, son art de croire qu’en démolissant des statues, en faisant des déclarations on a tout sauvé de la prétention à exercer sur le monde la projection de notre exemplarité quelle que soit l’absurdité de votre propos et de nos actes. Face à tant de perverse exigence, on a envie de dire ce que disait Deng Xiao Ping : celui qui occupe trop longtemps les waters sans arriver à faire sa crotte doit céder la place à quelqu’un d’autre… Ou pour traduire en humour juif : « Si vous êtes de ceux qui pensent que songer au suicide est la preuve suffisante d’un tempérament poétique, n’oubliez pas que l’action est plus éloquente que le verbe. »
Être juif qu’est-ce que ce machin-là?
Je veux bien reconnaitre qu’être juif est un ressenti que l’on pourrait considérer comme logiquement absurde, pourquoi avoir transformé une étiquette infamante en identité et surtout y tenir ? Avoir conçu un mode de filiation dans la stigmatisation, voire si l’on en croit Léo Bloy (2) dans l’abjection, en une espèce d’aristocratie. Non! je n’exagère pas cela va jusque dans la réprobation du métissage avec des “roturiers” goys ou plutôt gohim, le dernier avatar du fanatisme… Absurde parce que cela revient à se satisfaire d’être “né” avec des ancêtres repérables, alors que tout être humain est le produit d’une longue chaîne anthropologique et historique. Pourquoi faudrait-il que l’on ressente l’appartenance à un peuple dont on sait depuis au moins 2000 ans (et même plus de 6000 si l’on en croit ce récit tellement suspect qu’est la thora ou bible) qu’ils ont préféré subir le pire plutôt que de renier cette appartenance ?
Pourtant c’est bien là le sens de cette appartenance et qu’on le veuille ou non, pas une religion… C’est si vrai que Marx qui, certes était petit fils de rabbin mais avait un père voltairien, avocat, qui avait renoncé au judaïsme pour des raisons professionnelles, athée lui-même, Marx demeure juif malgré tout. D’ailleurs il hait les antisémites comme Proudhon, Dühring et d’autres… Quand je le lis je sais qu’il éprouve à l’égard des antisémites ce que je ressens, une sorte de stupeur devant cette haineuse simplification qui finit par ramener la complexité du réel à un seul déterminant, il n’y a plus de contradiction, seule subsiste la figure du MAL, le contraire de ce qu’exige la connaissance dans son humilité.
Être juif est la dimension mythique de ce MAL, ce qui ne veut pas dire sans importance surtout quand le monde des certitudes bascule et quand on n’arrive plus à donner des contenus commun à des notions qui jusque-là relevaient de l’évidence. Ce qui est le propre des périodes dans lesquelles s’effondrent des empires et le mode de production sur lequel ils étaient fondés. Ce n’est pas un hasard si on en revient toujours à l’empire romain et Coppola remet ça au festival de Cannes avec Megalopolis, un Apocalypse Now devenu la chute de l’empire occidental sur le mode de Rome. Cet écroulement de l’empire romain a duré mille ans et si l’on sait qu’il a eu lieu, nul ne sait exactement la date de sa fin. Cela s’étire sur une période des siècles qui vont de l’invasion barbare sur Rome et bien plus tard sur la Chute de Constantinople. Cette chute étirée à l’extrême consacrait la fin de l’esclavage en même temps que la dévaluation continue de la monnaie romaine, donc l’impossibilité de rétribuer les armées romaines chargées de fournir la main d’oeuvre esclave et le spectacle des gladiateurs. Tous : armée, esclaves, gladiateurs et mêmes empereurs appartenant au monde barbare de plus en plus recouvrant l’empire, cela finit de s’effondrer…
Et le christianisme substitua le serf, la personne humaine à exploiter avec la terre, à la place de l’objet esclave, tout en faisant longtemps de la papauté la seule souveraineté légitime issue de l’imperium…
Avoir tué le Christ n’était pas une recommandation dans un contexte où cette figure étrange d’un crucifié se substituait à la logique de l’empire et à un Olympe résonnant de rivalités des dieux dans le partage de l’univers en constellations, elles-mêmes repaire(sic) des marins et des paysans. Les villes et leurs palais s’étaient effondrés, l’édifice économique et social s’était recomposé sur cette base féodale. Pourtant il resta des résidus du mode de production esclavagiste : la traite négrière en recréa certains vestiges pour interpréter le nouveau monde, résidus qui avec la culture de la Canne à sucre furent à la base d’une première accumulation primitive et provoquèrent la guerre de sécession qui se poursuit aujourd’hui.
Un crétin a dit que le peuple juif était une invention, et oui! Une invention, comme tous les peuples et toutes les nations. La France, comme d’autres royaumes fut une invention qui coïncida avec la renaissance des villes et des royaumes marchands. Non seulement le latin disparut et s’effondra en de multiples langues mais on perdit sous François premier l’habitude de rédiger les textes notariaux dans cette langue et le français devint langue diplomatique… Le moment où l’on noue des alliances d”équilibre avec la Turquie et la Russie, la belle et bonne alliance…
L’antisémitisme et d’autres formes d’explication sommaire du MAL, moins communes à la chrétienté, connurent les mêmes aléas, en particulier à partir de saint Louis, confit en bondieuseries, fils à maman qui s’est pris une tannée dans les croisades et qui inventa l’exclusion des juifs. Il les força à mettre un bonnet un manteau, un signe jaune, on leur interdit de cultiver la terre, et on les jeta hors du royaume de France… Et comme leur expulsion profitait aux trésors royaux l’exemple fut suivi par ces brutes chrétiennes en croisade qui effrayaient tout le monde sur leur passage dans leur amour du Christ, leurs pillages et même leur cannibalisme… Et les conversions n’offrirent pas de garanties sur le long terme… il fallut prouver une ascendance pure de toute filiation juive sur quelques générations dans l’Espagne qui avait tenté une conversion avec quelques avantages outre les inconvénients habituels.
Bref je ne reviendrai pas sur cette longue histoire qui a fini par engendrer quelques particularismes… Mais je ne peux m’empêcher de constater qu’il y a dans la figure du juif quelque chose de totalement injuste et de non politique mais qui signale aussi que l’humanité, ceux qui n’en peuvent plus cherchent comment abattre ce mal… Oui Gaza est comme le Vietnam mais comme un Vietnam qui a perdu le phare du socialisme mais ne veut plus tolérer ce gouffre inégalitaire, cette impunité…
Tandis que ceux qui refusent de renoncer à ce chaudron et continuent à l’alimenter tentent de se planquer derrière la Shoah et deux mille ans de tortures inutiles pour faire des juifs le bouclier de leurs turpitudes. Ce serait drôle si ce n’était tragique, insupportable, à vomir. Quiconque ne le reconnait pas et poursuit ce type de justification perd l’esprit, refuse de lutter contre l’antisémitisme, cette stupidité… Il participe de la bêtise générale, du fantasme, de l’absurdité qui veut que tous les juifs soient une entité maléfique.
Parce que l’on pourrait en dire la même chose que pour les sorcières : pourquoi avons-nous conservé la crainte enfantine de ces figures maudites alors que la logique aurait voulu que l’on détestât ceux qui inventèrent leurs procès ? peut-être parce que regardez-les bien elles ont récupéré le costume de la haine ancestrale face au juif, le chapeau conique, le nez tordu et le sabbat.
Donc disons qu’il y a là chez la sorcière et chez le juif une figure mythique de nos cauchemars enfantins que bon gré mal gré on nous invite à assumer, vous êtes le MAL qu’il nous faut vaincre pour notre salut, mais là où on peut s’interroger c’est sur le fait que les juifs aient fini par y tenir. Aragon se demandait pourquoi les drogués tiennent au cauchemar des “paradis artificiels” mais n’y eut-il jamais paradis autre qu’artificiels? ajoutait-il et il comparait cette addiction, l’opium du peuple sans doute, à la manière dont les juifs tiennent à une identité qui ne leur a jamais rien provoqué autre que des emmerdements.
On peut s’interroger? Encore aujourd’hui il y a tellement de philosémites prêts à tout pardonner à Netanyahou qu’on se dit que ces gens là sont des antisémites qui font profession d’aimer les juifs pour détester en paix les Arabes qui sont aussi pour certains des sémites. Bref, il y a quelque chose auquel on tient et qui vous tient…
Comment peut-on savoir ?
Faisons un détour puisque le terme fait tellement problème : un jour il y a bien longtemps, je logeais à Nanterre, un homme devait venir me chercher à l’aube pour que nous nous rendions à une réunion à quelques kilomètres de Paris. Nous sommes passés par le bois de Boulogne et tout à coup il s’est mis en rage devant un individu étrange… C’était une prostituée enfin un individu visiblement de sexe masculin, dans le froid du petit matin, sous un peignoir qui se fermait avec difficulté, s’entrevoyaient lingerie corset, porte jarretelle, les chairs prenaient des tons violacés et son visage se marquait des ombres bleutées d’une barbe naissante… A côté de moi, ce camarade, un personnage à l’époque fort connu, s’est mis à crier son mépris devant ce “monstre” et pire… j’ai exigé d’une voix froide qu’il arrête la voiture, étonné il a accédé à ma demande. J’ai ouvert la portière et je suis partie sans me retourner et malgré ses protestations j’ai refusé de revenir. J’ai raté la réunion et j’ai marché toute seule jusqu’au Trocadéro d’où j’ai contemplé Paris au bord des larmes… Comment est-ce que je pourrais expliquer ma réaction? Il me semblait que cet individu qui voulait tant être une femme et en payait le prix de ce qui me semblait une telle souffrance pouvait me faire savoir des choses essentielles sur moi en tant que femme? Pourquoi tant de complications étaient exigées de nous rien que pour être “séduisantes”, comment pouvais-je savoir moi qui n’avait aucune expérience hormis le fait d’être née femme ?
Un autre jour, quelques années auparavant, une camarade d’école m’avait demandé “quel effet ça fait d’être juif? ” je lui ai dit que je n’en savais rien puisque je n’avais pas d’élément de comparaison avec le fait de ne pas l’être… Et bien, cette prostituée dans l’aube et le brouillard gelé avait l’air de savoir ce que j’ignorais de ma “féminité”… et je détestais celui qui à côté de moi se croyait apte à le considérer comme un “nuisible”… LE MAL n’existe pas dans la nature, les choses sont, la souffrance et la mort, ce qui est le MAL c’est notre perpétuelle nécessité de nouer des pactes de travail sur la nature sur notre propre nature… Mais il n’y a pas de retour au paradis perdu…
Revendiquer le droit d’être ce que je suis et en faire ma liberté, ce combat pour être authentique sans complaisance…
Ma liberté, mon refus de m’identifier au Mal a priori que l’on me traite de juive, de femme ou de “stalinienne” d’en avoir la moindre honte et d’en subir les conséquences sans surtout rien renier est supportable si l’on accepte d’interroger ce qui se joue en vous et dans le miroir que l’on vous tend, si on poursuit le dialogue d’une manière ininterrompue en gérant chaque circonstance de sa vie en fonction de ce combat contre toute “révélation” hâtive. Ce combat là n’a jamais été une “facilité” …
Rien de ce qui est facile ne doit demeurer si on veut être réaliste, enfin ce que j’ai toujours entendu par réalisme socialiste le réel avec un plus le socialisme, la tension vers … Pour le réalisme sublimé en littérature et dans la vie pensons à Tolstoï : son réalisme part toujours du constat d’une dualité irréconciliable entre le moujik et le propriétaire foncier, dans leur rapport à la nature qui est nécessaire, contraignant, il n’y a pas de “repentance” sinon possible à tout le moins totalement sincère entre les deux et la réponse dans Résurrection de Maslova à Nekhloudov: “Tu veux te sauver par moi (…) Tu as joui de moi au cours de cette vie, et par moi tu veux te sauver dans l’autre. ” me parait la juste formulation de cette réhabilitation rapide, trop rapide de ceux qui veulent par une quelconque moralisation du propriétaire foncier et du moujik rendre leur affrontement supportable, ce à quoi il faut s’attaquer c’est à leur relation à la nature, à la manière dont ils doivent la forcer à donner ses fruits, comme l’apiculteur vole le miel aux abeilles.
C’est ça qui est le réalisme, la voie vers le politique dans laquelle je ne puis que constater qu’il n’y a aucune raison d’accorder le moindre crédit à la parole d’un Biden, d’un Netanayoun, ni même à ceux qui veulent simplement retourner à la situation antérieure qui ne peut que conduire au 7 octobre et là où nous en sommes. Les Finkelkraut larmoyants, croyez bien que je le déplore, sont insupportables autant que les salauds mode “tuez les tous”!
Comme d’ailleurs le groupuscule qui a fait de la haine du PCF son seul viatique et sa seule raison d’être, quand on en arrive à un tel niveau, je ne sais pourquoi il n’est pas rare que l’on bascule dans la recherche du mal, le capitalisme, l’impérialisme trop compliqué… alors!!!
Il n’y a aucun projet, aucune action a priori qui ne soit une possible tromperie sauf à y consacrer une vie de désincarnation, c’est ça qui a fait que des intellectuels, des coupeurs de cheveux en quatre sont devenus des dirigeants prolétariens, ils se sont totalement désincarnés à la manière d’un Marx, d’un Lénine un Fidel Castro, d’un Mao, identifié à en faire peur au mouvement de l’histoire, celui des masses pas une côterie, une faction non les masses. Je n’ai pas envie ou je n’ai pas la capacité de faire l’effort qu’exigerait de moi, telle que je suis, d’être réellement crédible à mes propres yeux par exemple en tant que dirigeante du mouvement ouvrier et de tous les exploités de cette terre, la vie a prouvé que je n’avais pas la capacité de faire partager cet essentiel, mais j’ai celle de savoir là où il y encore de la bienveillance, où la haine n’a pas tout dévoré.
Maispeut-être le fait d’être juive et d’avoir dû m’interroger sans cesse sur ce que ça signifie et pourquoi et comment puis-je gérer cela sans me duper et sans repentance quoiqu’en disent les autres me parait m’avoir aidé à avoir pleinement réussi ma vie ce qui ne fait aucun doute pour moi tant que j’en resterai là … C’est une pratique étrange : écouter, voir avec avidité et à un moment opérer une synthèse et s’abstraire pour comprendre et être là protégée, en fuite… Écouter au point de ne jamais oublier ce que l’on m’a dit et pourtant le faire non sans impatience quand je reconnais la multiplication des mêmes récits que l’on croit individuels et dont on se complait à être le héros… Avec la répétition et cette phrase comme un leitmotiv: ‘ici vois-tu c’est une situation particulière”, suit la description d’un secrétaire fédéral force d’inertie au meilleur des cas… Je sais que la solution exige de passer à une généralité, il faut une organisation, une institution. Mais c’est d’autant plus difficile à faire accepter que ceux qui se racontent se sentent impuissants et l’idée de sortir de leur cocon où ils ne maitrisent plus rien renforce cette incapacité malgré leur autosatisfaction à n’y être pour rien… pourtant il suffirait qu’ils continuent avec simplement la nécessité de commencer à se coordonner, de créer des réseaux dans lesquels leur actes quotidiens sont démultipliés sans avoir à exercer plus de pression qu’ils ne le peuvent.
Est-ce que ce savoir je l’ai acquis par cette capacité à relayer de ville en ville les échanges en particulier monétaires, de créer des solidarités entre inconnus qui fait que Marx compare le juif dans la féodalité polonaise aux pore de la peau du marchand dans la société féodale non marchande des grands propriétaires fonciers et de leurs serfs. La synagogue fut y compris un lieu où les artisans juifs imposaient aux capitalistes qui les employaient des tarifs que la paysannerie polonaise n’arrivait pas à obtenir ? Et quand le capital, le nazisme a défini les judeobolcheviques pour attaquer l’URSS, ce n’était pas si faux, l’URSS avec sa double nationalité, citoyenne et familiale était le rêve du yiddishland. Le juif et le communiste moururent enlacés dans la shoah par balle, dans les terres ukrainiennes. Ils étaient là en train de planter le drapeau sur le Reichtag au nom de tous les peuples y compris celui que l’on nomme Allemand mais en particulier celui que l’on désige comme juif. La photographie a été prise par un juif soviétique jusqu’au bout mais assez malicieux pour nous faire voir le héros avec plusieurs montres à son poignet, piqué probablement ci et là… le héros éait celui des contes d’Odessa…
En revanche l’Identification a focdtionné à rebours, comme le fait que Begin et ses pareils de l’irgoun-likoud ont la morgue imbécile des antisémites polonais, la même revendication à la pureté de la race. Les deux prix nobel polonais, Walesa et Begin, le dirigeant d’extrême droite israélien, sont tous les deux d’insupportables racistes, des calotins impénitents et qui servent les mêmes maitres en réclamant toujours plus comme des avaricieux. En train de compter leur pièces d’or, le prix de leur reniement tels le Juda du mythe, figure fallacieuse du juif qui lui est plutôt prodigue… D’où ma haine pour Netanayoun, Glucksmann et Zelensky : encore eux !!!
Mais il fallait s’accepter comme juive en sortant des cadres construits, m’accepter comme juive errante en patriote française à la mode de Thorez… j’étais en quête d’une liberté de ne m’installer nulle part et je n’avais nulle part de responsabilité dans toutes ces tromperies du pouvoir, je n’avais pas à feindre de me repentir pour mieux duper ceux qui me feraient confiance et en même temps je pouvais être un franc tireur ne dépendant d’aucune armée. Cela me laissait mon goût pour les grimoires, pour une culture de la promenade et dans le même temps un sain respect du rôle dirigeant de la classe ouvrière dans mon propre pays… Ce pacte s’était noué à cause de ce que je devais à l’armée rouge et il a structuré ma vie d’une manière paisible, par la délégation à d’autres du rôle dirigeant.
Il a fait de cette question de l’identité la possibilité de me renseigner non sur moi mais aussi sur l’autre celui avec qui il faut partager un destin, mon contemporain, le passage au politique.
Je percevais, partageais au point parfois d’être alertée bien avant eux mais sur des bases qui m’étaient propres dans lesquelles la nécessité de fuir, les synthèses d’alerte que m’avait enseignées le fait de me savoir parfois dans ces moments où la nuit tombe et où le connu s’emplit de mystères hostiles relevait pour moi de ces deux mille ans enseignés à une enfant née en 1938 et qui jusqu’en 1944 a considéré le bruit des bottes, celle des bombes et la crainte de sa famille comme le seul horizon proprement humain… ce que l’enfant de Gaza doit acquérir en ce moment à jamais… Au nom de cela, je n’y puis rien quand je sais que j’ai affaire à un antisémite ma peau se hérisse et le mépris haineux me submerge, est-ce que l’enfant de Gaza éprouve cela devant l’uniforme ou pire encore devant l’Israélien ordinaire ? J’ai mis longtemps à pouvoir parler à un Allemand normalement et il a fallu que je m’intéresse à Brecht, aux exilés de Santa Monica… une trentaine d’années après. J’espère de tout coeur qu’il y a encore des choses préservées mais je n’ai jamais eu le courage d’aller voir là-bas ce qu’il en était… Je voudrais tant que cela ne me concerne pas et que j’ai seulement à assurer ce service minimum…
Quand certains exigent plus de moi, la colère m’envahit, au nom de quoi exigez-vous de moi cela, au nom de votre crucifié, de l’éternelle repentance hypocrite. Non ! laissez moi donner le peu que je peux et que chacun en fasse autant, fichez le camp avant de vous effondrer d’une manière perverse dans la fausse bonne conscience parce que vous n’exigez pas de moi une position politique ce que je donne, mais bien une repentance.. et ça vous ne l’aurez pas… C’est votre problème pas le mien…
Si je n’ai jamais été convaincue par le sionisme c’est que j’ai toujours considéré comme suspect le fait de fonder un pays sur une seule dimension de mon être et pas nécessairement la plus “politique”. Celle qui paradoxalement me rendait suspect le moindre exercice du pouvoir et en particulier celui que j’exercerais abusivement sur des pauvres gens qui ne devaient surtout pas me faire confiance, à la manière d’un TolstoÏ, l’aristocrate, celui qui jouit de la peine des autres, et qui ne peut pas revendiquer de surcroit qu’il lui donne bonne conscience, parce que je n’avais pas le courage de consacrer ce que leur service exigerait de moi. J’ai essayé de tout donner mais j’étais toujours en compte, cela s’avérait me coûter si peu, la notoriété, un peu plus d’argent, tout cela s’avérait un piège, vouloir quelque chose dont on n’a jamais assez au lieu d’être ce épicurien que recommande Marx en couple avec le raide Démocrite. La suspicion dont j’étais l’objet m’était presque un soulagement. Si je n’avais pas ressenti cela du fond de cette appartenance à des gens jamais totalement acceptés, j’aurais probablement souffert de la manière injuste dont j’ai été traitée et je n’aurais pas hier comme aujourd’hui éprouvé une telle plénitude au bilan de ma vie, c’est reposant de se savoir haï pour des raisons collectives. Je savais qu’être juive, une juive errante relevait de la liberté et le sionisme était contradictoire avec cette force de la fuite. Il l’est de plus en plus mais au nom de quoi est-ce que je jugerais ceux qui ont tenté cette opération à mes yeux impossible ?..
Je ne pouvais en effet même pas établir de comparaison avec le fait d’être Française, il n’y avait aucune concurrence, être juif c’était familial pas citoyen, c’était partir pour mieux aspirer à la France.
Si mon mode d’appartenance est autre chose que mon aventure individuelle, on comprend mieux que la psychanalyse soit une “science” juive, enfin pouvoir traiter jusqu’à plus soif de l’étrangère familiarité de vos peurs et obsessions, un jardin de conte de fée avec un puits dans lequel était caché un monstre déposé là par l’inconséquence paternelle ou maternelle… Cela ne devrait avoir aucun lien avec le bulletin de vote sur un programme ni même avec la force du paysage qui vous a vu naitre, ma douce France. Mais croyez-moi mes amis ça a encore moins à voir avec ce bastion de l’iniquité dont on nous a convaincu que notre survie dépendait…
Mais revenons en à ce qui n’est pas directement politique mais auquel on s’abreuve pour tenter d’en faire la manne dans les traversées des déserts.
S’il y a un lieu où l’on peut aborder ce mode d’identité c’est au cinéma. Parce que le cinéma présente des individus pris dans des trajectoires relevant de l’Histoire, de ses bouleversements, mais il y a cinéma quand dans un espace en mouvement le regard et tous vos sens sont sollicités d’une manière sensible qui crée univers. Et hier, dans ce film de Rydsuke Hamaguchi, le MAL n’existe pas, j’ai retrouvé la puissance de ce qui en soi peut et doit être travaillé pour passer du cliché pour poser le problème d’une manière un peu plus juste… en tenant compte du mouvement, et du cadrage d’une fenêtre de train…
Danielle Bleitrach
(1) Léon Bloy a écrit dans une langue française parfaite l’abjection ou ce qu’il dit être l’abjection juive dans le salut par les juifss. Il répond au pamphlet antisémite de Drummond la France juive. Voici un extrait de cet étrange texte de Léon Bloy. Notez que l’on retrouve chez Albert Cohen (dans Belle du seigneur) la volonté d’être aimé sous cette forme du vieillard hideux que fait de lui l’antisémite, mais qui il faut aussi comprendre que cette abjection renvoie à la déification de sa personne par le sacrifice d’Abraham : sacrifice à lui même, orgueil suprême du dialogue monothéiste. Les patriarches restent cettte élévation à l’identification à Dieu mais ils sont devenus des êtres repoussants puisque l’on est passé du sacrifice à lui-même d’Abraham à celle de l’agneau de dieu incarné jusque dans ce supplicié… Agneau de Dieu, que Marx méchament dénonçait comme l’illustration parfaite de la nature moutonnière du chrétien…
je les nomme les Trois Vieillards, parce que je ne sais aucune autre manière de les désigner. Ils sont peut-être cinquante en cette ville privilégiée qui ne semble pas en être plus fière. Mais je n’en avais que trois devant les yeux et c’était assez pour que les dragons les plus insolites m’apparussent.
Tout ce qui portait une empreinte quelconque de modernité s’évanouit aussitôt pour moi et les youtres subalternes qui me coudoyaient en fourmillant comme des moucherons d’abattoir s’interrompirent d’exister. Ils n’en avaient plus le droit, n’étant absolument rien auprès de ceux-ci.
Leur ignominie, que j’avais estimée complète, irréprochable et savoureuse autant que peut l’être un élixir de malédiction, n’avait plus la moindre sapidité et ressemblait à de la noblesse en comparaison de cet indévoilable cauchemar d’opprobre.
L’aspect de ces trois fantômes dégageait une si nonpareille qualité d’horreur que le blasphème seul pourrait être admis à l’interpréter symboliquement.
Qu’on se représente, s’il est possible, les Trois Patriarches sacrés : Abraham, Isaac et Jacob, dont les noms, obnubilés d’un impénétrable mystère, forment le Delta, le Triangle équilatéral où sommeille, dans les rideaux de la foudre, l’inaccessible Tétragramme !Qu’on se les figure, — j’ose à peine l’écrire, — ces trois personnages beaucoup plus qu’humains, du flanc desquels tout le Peuple de Dieu et le Verbe de Dieu lui-même sont sortis ; qu’on veuille bien les supposer, une minute, vivants encore, ayant, par un très-unique miracle, survécu à la plus centenaire progéniture des immolateurs de leur grand Enfant crucifié ; ayant pris sur eux, — Dieu sait en vue de quels irrévélables rémérés ! — la destitution parfaite, l’ordure sans nom, la turpitude infinie, l’intarissable trésor des exécrations du monde, les huées de toute la terre, la vilipendaison dans tous les abîmes, — et l’étonnement éternel des Séraphins ou des Trônes à les voir se traîner ainsi dans la boue des siècles…
J’ai lu tout cela et je me suis sentie envahie par cette boue d’Auschwitz, par ce qu’on faisait de moi et de cette fuite de ma petite enfance. Voilà le fantasme était-il besoin de l’incarner ? Parce que ce fantasme n’est pas celui des juifs, ni mêmes des musulmans il est dans “l’incarnation” de Dieu et dans le mythe chrétien, repris sans cesse. Il peut être avec d’autres images y compris celles que l’on se forge quand la nuit va tomber et qui donnent au réalisme son caractère magique et rend le quotidien mystérieux, l’angoisse du jour qui disparait.
Ce n’est pas politique mais l’armée rouge m’a libérée de cette identification à cette caricature et c’est sans doute ce qui demeure en moi de plus fort, cette ouverture du camp dans lequel je devais finir dans leur boue…
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