Ces élections européennes tournent au supplice… Il y règne quelque chose de l’ordre de la bêtise la plus crasse ? Ce terme que nous croyons comprendre mérite élucidation. Dans un petit opuscule que Robert Musil consacrait à la bêtise il s’interrogeait sur sa définition, en gros c’était l’inaptitude à accomplir les diverses tâches de la vie. Il arrive à tout le monde notait-il de ne pas se conduire avec l’intelligence nécessaire, chacun d’entre nous, sans y être toujours sujet, connait des moments de bêtise. Voilà pourquoi il faut également, constatait-il, distinguer entre défaillance et inaptitude, erreur et déraison, bêtise occasionnelle ou fonctionnelle d’une part, et chronique ou structurelle d’autre part. Donc dire que sommes engloutis, asphyxiés par la bêtise d’une manière structurelle, dans l’erreur et la déraison part du constat que l’on nous ligote dans une ignorance du contexte, une vision étroite et limitée qui devrait nous inciter à la prudence et à tenter de contenir l’erreur, l’incompétence dans des limites acceptables et c’est le contraire, le choix est l’escalade.
Comment prétendre mener cette escalade en organisant une démonstration que nous analysons plus complètement par ailleurs grâce à un commentateur russe : des affirmations contradictoires entre stratégie la revendication à l’autonomie européenne alors que celle-ci n’est que confirmation de la vassalité aux USA, dans laquelle chaque proposition contredit la précédente pour faire accepter le fond à savoir la guerre que l’on est assuré de perdre nous sauverait du recours au nucléaire. Mais qu’importe : Quand cela est nécessaire, nous faisons peur avec la Russie, et quand cela nous arrange, nous affirmons qu’elle bluffe. Cette arrogance incohérente va de pair avec la prétention imbécile à l’universel d’une Europe mythifiée, alors qu’il n’y a là que rouleau compresseur de l’uniformisation du marché et hostilité entretenue de son alter ego la politique identitaire, les deux se répondant dans la réalité de la balkanisation. Affirmer que l’Ukraine devrait être européenne, elle l’est et le sera comme une partie de la Russie jusqu’à l’Oural mais l’UE c’est une Europe contre une autre partie de l’Europe et un éclatement intérieur habituel.
Les idées considérées comme nobles, à savoir que nous serions ainsi définis comme l’illustration des droits de l’homme et de la démocratie, et qui sont censées manifester compétence autant qu’élévation de l’âme entre gens qui savent, s’encombrent alors d’éléments superflus, de faits accessoires et plus l’exigence monte haut plus le raisonnement se fait léger. Le caprice en est la logique alors même que l’esprit partisan s’exaspère face à l’incapacité à gagner le moindre combat.
Il manque à ce désastre mondain, cette débâcle d’un peuple jadis impertinent ce qui faisait la force d’un Duclos, l’art et la manière de trouver dans le constat des “simples” ce qui se peut toucher du doigt.
Ces élites autoproclamées sont amphigouriques pour défendre l’étroitesse de leur monde. Alors même que nous sommes confrontés à d’infinies possibilités d’intelligences réciproques alors que les temps sont vertigineux cette parodie inculte et qui se marginalise dans des coteries de villes de garnisons, nous contraint à étouffer d’ennui et d’inaptitude à penser et à agir.
Dans ces milieux réactionnaires et bien pensants, il est de plus en plus de l’ordre de la bienséance de faire avancer comme la liberté de penser ce qui restaure l’extrême-droite, respectabilise le fascisme alors que le communisme est assimilé à la dictature hier et surtout aujourd’hui. Cela va si loin que l’on remonte à Robespierre. Le vrai problème est qu’il n’y a plus en face d’eux beaucoup de contradiction. Depuis plus de trente ans, l’argument quand il est opposé à cette criminalisation du communisme, de toute révolution des masses populaires, est celui qui a de tout temps condamné les trotskistes à ne pas dépasser les 2% : “vous avez raison, le communisme partout hier comme aujourd’hui n’est que tyrannie, dictature mais nous on est différents”.
Il faut au contraire revenir à cette évidence : ce ne sont jamais les fautes, les erreurs du communisme qui lui sont reprochées par ces gens-là qui en cautionnent bien d’autres… C’est son existence même en temps que droit pour le salariat, les couches populaires, les petites gens de rendre leur vie plus digne, d’imposer la paix qui leur est insupportable.
Il y a alors une concordance dans cet anticommunisme si à travers leur description de la réalité tout semble fait pour rendre nos conditions d’existence si complexes et si embrouillées que les bêtises occasionnelles des individus en arrivent à se fondre dans une bêtise énorme collective plus structurelle. Ce qui nous fait quitter le domaine des caractéristiques individuelles et débouche sur le spectacle d’une société intellectuellement viciée.
C’est pour cela que l’immense majorité de la population devrait s’opposer à l’anticommunisme, selon le sain principe qu’y recourir c’est toujours réserver aux travailleurs, à l’immense majorité du peuple la dégradation de ses conquis, et parfois la mort pour leurs enfants. Oublier cela c’est être “imbécile”, privé de défense, c’est renoncer à l’instinct de survie.
La bêtise de cette propagande est la pire de toutes, elle est celle de l’impunité, cette assurance qui crée dans “nos “élites” une brutalité et une vulgarité telle qu’elle étale la niaiserie de la vanité. Regardez Glucksmann, ce sourire en coin, cet air égaré et cette tête à claque d’enfant gâté ! Et faites le tour d’un plateau de “spécialistes sur LCI”, les mêmes… Quelle faible lueur de conscience reste-t-il à ces gens-là pour qu’ils osent toute honte bue nous sortir leurs fables à commencer par leurs “victoires” et leur légitimité à nous entrainer toujours plus loin dans la débâcle ? Est-ce qu’ils y croient réellement ? mais pourquoi se gêneraient-ils si ce qui les contredit est dit “infréquentable”, objet de haine au nom des “libertés”… et méprisé, ignoré, si l’on ne se défend pas, si on ne lutte pas contre la caricature. Ce n’est plus du débat c’est stupide comme le harcèlement…
Ne vous avons pas assez prévenus ? Ils ne cesseront jamais leur anticommunisme, à vouloir se rendre aimable on ne gagne pas… Ils traitent de tous les noms tout ce qui de près ou de loin peut rappeler le communisme, font grand bruit autour de ses méfaits… Comme ils répriment les luttes ouvrières… Mais quand on accepte de se taire, on se démonétise soi-même, on vous évince du plateau puisque vous ne savez plus mordre…
Avez-vous vu pareille pression et mobilisation de tous les racontars à la Glucksmann autour de la venue de Xi Jinping ? Allez-vous expliquer que vous accusez ce pays de créer des filières concurrentes, au lieu d’accuser ceux qui bradent notre pays, délocalisent et vendent notre potentiel industriel ?
Jusqu’où peuvent-ils aller dans l’incohérence ceux qui sont capables de nous vanter les héros de la liberté géorgiens ? Eux qui sans être en guerre ont interdit RT et Spoutnik, collent l’étiquette “financé par une puissance étrangère” dans les réseaux sociaux et qui à la moindre dénonciation de contrevérité sont accusés d’être des “amis de Poutine” ? cautionnent le martyre d’Assange ? Ceux qui sont incapables de sortir de leur esprit partisan atlantiste et en toutes circonstances, n’entendent plus personne hors ce prisme ?
Ce samedi 4 mai, le Chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, a, au cours d’une interview accordée à LCI été mis en demeure de s’expliquer : Vous avez condamné l’intervention russe en Ukraine, et pourtant vous acceptez d’avoir des relations étroites avec la Russie et avec une dictature communiste comme la Chine ? Pour le Président Félix Tshisekedi, il n’y a aucune raison de refuser cette amitié. Revenant sur le maintien des relations bilatérales entre la RDC et la Russie, malgré les tensions entre celle-ci et l’Ukraine : Aujourd’hui en France, on a condamné Israël pour certains de ses actes à Gaza, et est-ce que cela a empêché la France de garder ses relations avec Israël ? Non ! Mais pourquoi quand c’est l’Afrique, on nous juge ? Nous sommes libres de garder nos relations avec ceux qui veulent être nos amis”, a-t-il lâché. Il a, par la même occasion, annoncé qu’il va prendre part au forum de la Russie qui va réunir des pays africains au mois de juin prochain. Son interlocuteur, le journaliste de LCI, avec un sourire figé, un rictus, revenait sans cesse sur l’incongruité d’entretenir des relations avec des dictatures comme la Russie mais également la Chine plutôt qu’avec les terres de libertés que sont la France, la Grande-Bretagne, les USA, et la Belgique qui fut pour le Congo Zaïre et tous les Lumumba le phare que l’on sait… Comment osez-vous préférer des dictatures à des démocraties ? n’a pas craint de répéter avec une obsession pathétique d’un grand inquisiteur habitué à ne donner la parole qu’à des militaires de l’OTAN, des ex-espions du KGB et blondes ukrainiennes au bord de l’hystérie. C’est vous qui le dites, lui a répondu le président congolais… La Chine offre un modèle de développement qui nous impressionne tous et ce que vous décrivez comme des atteintes à la démocratie ne repose sur aucune preuve crédible, seules vos affirmations. Mais vous ne tenez aucun compte des nos dénonciations de faits réels comme ceux que nous subissons du Rwanda et ses attaques pillages alors que nous, nous mettons les preuves devant vous… Effectivement l’intervieweur-inquisiteur se moquait totalement de ce que subissait le Congo et il insistait lourdement sur ses stéréotypes, le consensus habituel des plateaux. Sa vaniteuse bêtise l’empêchait de se rendre compte à quel point il n’avait plus le moindre talent journalistique : ce qui lui conférait tous les droits, sa conviction suprématiste était désormais ce qui le privait de la légitimité de sa profession.
Le droit de la presse, devenu pratique inquisitoire au service des puissants, le droit de choisir dans les urnes le candidat qui ne remettra pas en cause le capital, et n’offrira pas le moindre espace à la contestation populaire qui se substitue à la démocratie… le savoir, le pouvoir des “experts” dévoyé par ces étranges spécialistes qui haïssent l’objet de leur étude. Tout était soumis à cette logique de l’éviction, pour justifier l’injustifiable et l’incongruité est d’être contredit, que reste-il alors de la démocratie ?
La logique de la situation était là et éclairait la bêtise, cette extraordinaire inaptitude à gagner le moindre affrontement sur le plan de l’économie réelle, du développement, comme sur celui de l’emporter sur le champ de bataille, se transformait en légitimité d’une rage imbécile s’attaquant aux femmes et aux enfants, aux plus faibles. Ce qui se passe à Gaza et qui ne pourrait exister sans la protection du “parrain” américain témoigne de l’incapacité de cette Tsahal tant vantée, incapacité à protéger ses concitoyens comme à vaincre des gens armés détenant des otages, et qui se vengent en bombardant, détruisant un territoire, affamant les femmes et les enfants… Cette logique est la même dans toutes les guerres par procuration en particulier en Ukraine. Alors on s’en prend aux faibles désarmés par blocus, sanctions et bombardements. A la manière dont la brute humiliée s’en prend à son foyer, maltraite femme et enfants et légitime ces hauts faits par le simple fait qu’il a le droit de propriété celui de la suprématie jusqu’ici non contestée.
Ils sont en train de se prendre une raclée partout alors ils le font payer à ceux qu’ils tentent de pétrifier dans la répétition du même, ils tablent sur la peur de penser de ceux qui se cramponnent à quelques expériences, crédules et confuses, ceux que l’on continue à battre pour qu’ils n’osent pas voir au-delà du coin de la rue… Que m’arrivera-t-il si j’ose quitter mon foyer, où me réfugier loin de cette brute ? je ne suis capable de rien…
Leur anticommunisme ne s’en prend même plus aux faibles qui n’osent plus les contredire et espèrent survivre en passant sous les fourches caudine de leur désinformation, il s’attaque à la possibilité même d’une rébellion contre cette “légitimité” de l’hégémonie occidentale.
Et la visite de Xi Jiping en France donne lieu à cette stupidité incroyable qui consiste à renforcer le camp adverse en multipliant tout ce qui peut conforter la volonté de se rassembler autour d’une union du sud autour du couple sino-russe. Une campagne de haine se déchaine sans le moindre contradicteur toléré.
Cette bêtise interdit à la pensée, à l’efficacité de l’action de s’enrichir de ce qui s’ouvre devant nous. “Moment fragile et fécond que le nôtre : le monde se croise suffisamment désormais, pour que se rencontre sa diversité ; et celle-ci n’est pas encore enfouie sous le rouleau compresseur de l’uniformisation. (…) Déjà la multiplicité des langues se voit réduire sous nos yeux à vitesse accélérée, à la commodité du globish et de la Communication généralisée sous la pression du marché mondial. Or, dans le même temps de nouveaux nationalismes se font jour qui prétendent confiner les cultures dans des appartenances opiniâtres, revendiquant leur “identité” à coups de complaisants clichés et visant à l’impérialisme. De fait, l’un ne serait-il pas le corrélat de l’autre comme si l’un pouvait compenser l’autre? Mourrons-nous sous l’ennui de l’un (la perte du Divers) ou la bêtise de l’autre (la revendication identitaire)? Ou ne sera-ce pas sous le coup des deux, l’un portant l’autre à son revers ?
N’est-ce pas excellemment résumé ce qui rend cette campagne électorale des Européennes si insupportable, d’autant plus – et ça a été esquissé par le chef d’Etat congolais qu’une autre voie est requise qui défasse cette impasse dans laquelle l’humanité tend à s’étioler au lieu de se déployer” voire avec l’escalade imbécile à se détruire “qui dénoue ce nœud de contraintes : pour que s’y produise un vis à vis réflexif, opérant, inter-actif, permettant d’explorer les écarts de ces singularités de sorte que celles-ci s’instaurent en regard, puissent commencer effectivement “d’échanger“? N’a-t-on pas parlé trop à l’aise du “dialogue” des cultures contredisant le clash qui aujourd’hui menace sans en sonder les conditions de possibilité ? Car d’abord dans quelle langue se fera ce dialogue ? (1)
L’auteur de ces lignes va nous parler de la Chine qui nous force à sortir de notre histoire et de dépasser la philosophie, ce qu’avait déjà imaginé Marx, la possibilité pour la Chine de se passer d’Hegel. En nous donnant la possibilité de nous réfléchir dans ce retour, de ce dehors et d’abord sur la singularité d’un tel avènement. Ces ressources venues d’ailleurs nous incitent à sonder ce que nous sommes, nos choix…
Cette insupportable bêtise de cette campagne électorale, cette asphyxie tient d’abord à la négation de la réalité du refus par l’impérialisme occidental d’accepter l’état réel du front qu’il installe sans avoir les moyens d’une victoire militaire et se vengeant sur les plus faibles de son effondrement. Et elle tient surtout au temps perdu à ne pas mesurer les possibles qui sont “entre” et que ne soit plus postulée une nature humaine déjà donnée mais une humanité qui surgit dans les tâtonnements… C’est d’ailleurs pour cela qu’aujourd’hui je vous présente non seulement des faits politiques qui vont a contrario de cette désinformation mais un espace de réflexion anthropologique qui prouve que la perception du rouge a été le stade supérieur de l’évolution de l’être humain qui n’a pas terminé sa longue marche…
Danielle Bleitrach
1) il s’agit d’un livre de François Julien : Moïse ou la Chine, quand ne se déploie pas l’idée de Dieu.
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