La visite du ministre russe des Affaires étrangères en Chine « renforce encore le partenariat stratégique », par Yang Sheng

Par ailleurs nous analysons la manière dont la visite de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, est tombée à plat dans sa tentative vaine d’imposer une politique à la Chine. Si l’échange téléphonique entre Biden et Xi a témoigné d’une tentative des Etats-Unis aux abois d’un retour à la diplomatie, approuvée par la Chine, ce sera sur des bases de la “franchise”, toujours chercher les voies de la paix et du développement alors même que les Etats-Unis multiplient les problèmes qui dégradent la situation. Il en est ainsi de la relation entre la Chine et la Russie (notons que dans le même temps la Chine renforce ses liens “fraternels” avec le Vietnam). La Chine est tout a fait consciente d’être entrée dans une période historique pour laquelle il n’y a pas de modèle même pas la guerre froide et ses “coalitions”, il y a des enjeux qui nécessitent la coopération de tous avec des relations d’entente privilégiées mais en créant partout et toujours la possibilité de l’intérêt des nations et des peuples. Pour en finir avec la guerre non seulement en Ukraine mais dans le monde, il faut en finir avec les “coalitions” armées mais aussi les sanctions, le dollar militarisé et la dette monstrueuse américaine. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Publié : 08 avr. 2024 22 :38    

Sur cette photo publiée par le service de presse du ministère russe des Affaires étrangères le 8 avril 2024, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (au centre) sort de l’avion à son arrivée à Pékin, en Chine. Crédit photo : VCG

Alors que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est arrivé lundi en Chine pour une visite officielle, de nombreux observateurs ont déclaré que le partenariat stratégique global entre la Chine et la Russie serait encore renforcé malgré les pressions américaines.

À l’invitation du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, également membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, le chef de la diplomatie russe effectuera une visite officielle en Chine de lundi à mardi, a annoncé dimanche le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.

Mao Ning a déclaré lundi lors d’une conférence de presse de routine que les deux parties échangeraient leurs points de vue et coordonneraient leurs positions sur le développement des relations bilatérales, la coopération dans différents domaines et les questions internationales d’intérêt commun en marge du 75e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-russes.

Comme l’a annoncé plus tôt la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, Lavrov s’entretiendra à Pékin avec M. Wang. En particulier, les ministres discuteront de la situation en Ukraine et dans la région Asie-Pacifique, des questions de coopération bilatérale et d’interaction sur la scène internationale, a indiqué Mme Zakharova, a rapporté lundi l’agence TASS.

Cui Heng, un chercheur de l’Institut national chinois pour les échanges internationaux et la coopération judiciaire de l’OCS, basé à Shanghai, a déclaré lundi au Global Times que « Lavrov pourrait ouvrir la voie à la première visite à l’étranger du président Poutine depuis sa réélection, mais la confirmation finale serait une annonce officielle publiée par les deux parties ».

Reuters a rapporté en mars que Poutine se rendrait en Chine en mai, dans ce qui pourrait être le premier voyage à l’étranger du chef du Kremlin de son nouveau mandat présidentiel, citant cinq sources proches du dossier. Le Kremlin, interrogé sur le rapport de Reuters, a déclaré que les informations sur les visites de Poutine seraient publiées à l’approche de la date.

Li Haidong, professeur à l’Université chinoise des affaires étrangères, a déclaré que le chef de la diplomatie russe pourrait discuter avec la Chine de certaines questions urgentes et brûlantes comme la crise ukrainienne et la coopération antiterroriste.

La Russie vient de connaître une horrible attaque terroriste à Moscou, et les assaillants sont originaires d’Asie centrale. Des ingénieurs chinois au Pakistan ont également été attaqués par des terroristes dans la région, de sorte que la Chine et la Russie partagent des préoccupations communes concernant le terrorisme, ont déclaré des analystes.

La Chine et la Russie sont deux grandes puissances de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), et la coopération antiterroriste entre elles et d’autres membres de l’OCS est importante pour la paix et la stabilité régionales, en particulier lorsque la menace terroriste a réapparu dans certaines régions, ont déclaré des experts. Outre la discussion au niveau diplomatique, les armées, les forces de l’ordre et les agences de renseignement des deux pays promouvront également la coopération pour lutter contre le terrorisme, ont déclaré des experts.

Relations trilatérales Chine-Russie-États-Unis 

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, est également en visite en Chine et a averti que les entreprises chinoises pourraient faire face à des « conséquences importantes » si elles fournissaient « un soutien matériel à la guerre de la Russie contre l’Ukraine », selon le communiqué du département américain du Trésor.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a répondu que la position de la Chine était très claire et qu’elle avait toujours fait preuve d’un effet constructif.de médiation pour mettre fin au conflit. Le ministère chinois des Affaires étrangères a ajouté que les autres pays ne devraient pas attaquer et salir les relations normales entre la Chine et la Russie, et ne devraient pas porter atteinte aux droits et intérêts légitimes de la Chine et des entreprises chinoises, notant que la Chine prendrait des mesures fermes pour sauvegarder ses droits et intérêts légitimes.

Yang Jin, chercheur associé à l’Institut d’études russes, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale de l’Académie chinoise des sciences sociales, a déclaré lundi au Global Times que la Chine avait ses propres principes dans le développement de liens avec de grandes puissances comme la Russie et les États-Unis, car « nous n’interférerons jamais dans les affaires intérieures d’autres pays et ne nous mêlerons pas des relations entre d’autres pays. Nous espérons donc que les États-Unis pourront faire preuve du même respect pour les relations sino-russes ».

La Chine s’efforce de servir de médiateur dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine depuis le tout début de la crise, et la Chine n’ajoute jamais d’huile sur le feu, et si les États-Unis sanctionnent les entreprises chinoises qui font des affaires normales avec la Russie au nom du « soutien à la guerre de la Russie contre l’Ukraine », ce serait très imprudent, car la Chine ripostera à coup sûr, ont déclaré des experts.

M. Cui a déclaré que le moment de la visite de Lavrov en Chine était très intéressant, car il coïncide avec le moment de la visite de Yellen et se déroule avant la visite potentielle du secrétaire d’État américain Antony Blinken, « cela montre donc la complexité des interactions entre la Chine, la Russie et les États-Unis, et dans les relations trilatérales. La Chine est motivée par ses propres intérêts nationaux ».

M. Li a déclaré que dans les relations sino-russo-américaines, « nous sommes dans une position avec le plus de flexibilité, tandis que les Etats-Unis et la Russie ont une marge de manœuvre très limitée pour changer l’impasse et l’hostilité dans leurs relations. La clé pour que la Chine reste flexible est que nous ne favorisions pas une prise de contrôle plutôt qu’une autre ».