Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dans la tête des électeurs russes (enquête sociologique revue et corrigée par Danielle Bleitrach)

La grande majorité des électeurs russes votera en faveur de Vladimir Poutine. La faute à la propagande du Kremlin ? si la quasi totalité de nos médias entretient la fiction d’élections truquées et d’un peuple russe qui serait contre la guerre et Poutine mais ne pourrait pas s’exprimer, et s’il est difficile d’aller au-delà dans ce domaine du bourrage de crâne de LCI (il y a bien l’Humanité de l’agent de la CIA Kamenka qui arrive à faire pire) certains “sociologues” , voir ici la télévision tchèque corroborés par divers instituts de sondage pro-occidentaux sont obligés de reconnaitre que la popularité de Poutine n’est pas plus niable en Russie qu’elle ne l’est dans certains pays qui ont appartenu à l’aire de l’URSS. Alors on fait du citoyen russe une sorte de zombie victime consentante d’une propagande totalitaire (étant bien entendu que le citoyen français pour qui les FAITS sont libres d’être cachés, déformés, alors que l’interprétation toujours dans le sens de la diabolisation de la Russie est “sacrée” est totalement débarrassé de tout biais idéologique ). Mais si on s’interrogeait sur la vision que nous avons de l’électorat russe, y compris si nous avions la curiosité de savoir pourquoi dans un peuple qui regrette massivement l’URSS, certes les communistes restent la principale force d’opposition, mais un président conservateur avec un parti suspect de liens avec l’oligarchie rafle ainsi la mise des voix ?

Une famille russe devant une urne électorale, samedi 16 mars 2024.

Une famille russe devant une urne électorale, samedi 16 mars 2024.© Dmitri Lovetsky/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

Même s’il est toujours difficile pour un électeur russe d’exprimer publiquement son opinion, par crainte de représailles ou par manque d’information, la télévision tchèque est allée demander à des Russes de donner leur avis sur le scrutin présidentiel qui devrait se conclure ce dimanche par une ré-élection triomphante de Vladimir Poutine.

Première observation, les jeunes gens rencontrés par nos confrères sont souvent assez dithyrambiques vis-à-vis du chef du Kremlin. Exemple avec ces deux témoignages. 

Pavel Kipriyanov, acteur indépendant : “Si nous parlons en général de la voie choisie par mon pays et mon gouvernement, eh bien, je la comprends parfaitement, je l’accepte, sauf pour certaines choses qui ne me conviennent peut-être pas. Mais d’une manière générale, je suis satisfait de la direction de mon pays et je la trouve formidable.”

Milena Shikina, étudiante, épouse de Pavel : “Eh bien, il me semble que c’est depuis l’effondrement de l’Union soviétique dans les années 90, lorsque le pays n’était pas au mieux de sa forme et était dans un assez grand déclin. Et puis Poutine est arrivé et la façon dont vit notre pays aujourd’hui. Je pense que c’est un bon résultat.”

Pour ce sociologue russe, beaucoup de facteurs expliquent ce comportement. Mais concernant les jeunes, Lev Gudkov pense qu’ils “ont perdu la compréhension de l’époque soviétique. Ils n’en ont aucune expérience et n’ont rien à comparer. Ils ont été élevés, pourrait-on dire, sous Poutine, ils ne connaissent rien d’autre.”

Pour les lecteurs d’histoireetsociete qui bénéficient grâce en particulier aux traductions de Marianne, la situation est bien différente, J’explique souvent à mes amis français que Poutine est une sorte de De Gaulle qui transcende son parti. Pour qui a suivi la campagne électorale, ce qui le frappe c’est la manière dont le président a récupéré le programme des communistes russes. Au point qu’ils en viennent à dire ironiquement si vous voulez que le programme du président soit appliqué votez pour le KPRF.

Et c’est également vrai pour l’attitude à l’égard de ce qui se passait dans le Donbass, les avancées de l’OTAN, on peut dire que ce sont les communistes qui n’ont cessé d’alerter sur ce que fomentait l’OTAN (agir contre la fédération de Russie sur le modèle de l’URSS) et de mettre en cause “la cinquième colonne” que représentaient les oligarques (encore autour de Poutine) hier comme aujourd’hui.

Quant à la génération, celle des grands-parents est désormais relayée par une jeunesse qui s’engage dans la défense de la patrie comme dans le socialisme. Il est vrai qu’il y a dans les couches les plus “occidentalisées” et singulièrement dans des capitales comme Moscou et Saint-Petersbourg une couche de “bobos” qui a bénéficié à l’inverse du reste de la population des avantages du passage au capitalisme… Ces couches ont de surcroit été attirés par les campagnes “sociétales” manipulées comme dans toutes les révolutions de couleur. Il faut d’ailleurs que périodiquement les communistes lancent des campagnes pour éviter que la prégnance de ces thèmes, voire ceux concernant l’antisémitisme ne soient utilisés par l’extrême-droite qui cherche à se renforcer contre les communistes ici comme ailleurs.

Galina a 70 ans, cette retraitée sort de son petit bureau de vote de la banlieue de Moscou. Elle l’avoue, elle a beaucoup pensé à la guerre lors de cette élection : “Je pense que les choses vont peut-être s’améliorer, que la guerre sera bientôt terminée, qu’il y aura la paix. Dieu merci, nous nous en sortons bien jusqu’à présent. Espérons que tout va s’améliorer.”Range Rover Sport - Explorez le Range Rover Sport.www.landrover.fr/Range Rover/DécouvrezRange Rover Sport – Explorez le Range Rover Sport.Sponsorisé

Galina veut la paix et pense que son candidat favori lui amènera. Elle vote pour Vladimir Poutine, sans aucune hésitation : “Il est intelligent, lettré. Il parle aux jeunes. Il a tellement de choses dans la tête, c’est un ordinateur. Il faut se souvenir de tout, de tous les chiffres. Poutine, je n’ai besoin de personne d’autre. Je ne le cache pas : je suis pour Poutine.”

“La stabilité est là et tout va bien”

Juste après elle, Anton vient lui aussi “remplir son devoir”, comme il dit. Lui aussi vote Vladimir Poutine parce qu’il est attaché à la stabilité, explique-t-il. “Je veux juste que ma génération vive normalement. La stabilité, c’est ce qu’il nous faut. Oui, il a fallu réduire un peu les dépenses, mais la situation s’améliore, la stabilité est là et tout va bien”, assure-t-il.

REPORTAGE. "Je ne le cache pas, je suis pour Poutine" : dans la banlieue de Moscou, des Russes votent sans hésitation pour le président sortant

REPORTAGE. “Je ne le cache pas, je suis pour Poutine” : dans la banlieue de Moscou, des Russes votent sans hésitation pour le président sortant©

Dans cette banlieue populaire de Moscou, le maître du Kremlin réalise traditionnellement de bons scores. Mais il y a quelques réfractaires comme Lioudmila, 95 ans, bon pied bon œil, dont la maigre retraite a subi le choc de l’inflation sur les produits alimentaires. “Je viens voter pour les communistes, explique Lioudmila. Je mets mes espoirs en eux. Avant, je ne les aimais pas, mais maintenant j’attends du changement. Le Parti communiste est un très grand parti et je vous dis qu’ils obtiendront plus de voix cette année. Attendez pour voir.” Lioudmila en est persuadée, le candidat communiste peut être élu ce soir. Ce n’est pourtant pas le scénario prévu.

Visiblement les commentteurs qui sontt pourtant à Moscou ont du mal à trouver dans la foule qui se presse un opposant à Poutine, la seule s’avère une ancienne mécontente pour sa retraite qui vote communiste.
Pourtant il n’y a pas que du faux dans ce questionnement sur l’avenir, Poutine c’est la stabilité, ce qui assure la non dégradation, le retour vers les anées terribles de la fin de l’URSS…

Parce que ce qui est en jeu et ce que masque la figure de Poutine qui a réussi à rétablir l’ordre par rapport aux années terribles de la fin de ‘URSS c’est l’avenir… Et de ce point de vue ce que dit ce texte d’explication sociologique sur la Russie de Poutine n’est pas inexact mais on peut en dire autant de la société française et de toutes les sociétés capitalistes du monde :

Concernant les électeurs plus âgés, Lev Gudkov, a aussi une explication. “Sous Poutine”, explique Lev Gudkov, “l’idée du futur a disparu. Les gens n’ont pas d’image de l’avenir et, par conséquent, il n’existe pas de lignes directrices pour le développement. C’est, en un sens, tout ce que la propagande peut dire : préserver le présent.”

Une chose est à peu près sûre : des enquêtes sociologiques récentes ont montré que la majorité des citoyens russes étaient fidèles à Vladimir Poutine, avec un soutien d’environ 70% contre 20% pour l’opposition. Et les deux tiers de cette même population acceptent sans réserve les informations diffusées par la télévision d’État et les médias pro-Kremlin.

Danielle Bleitrach (à partir d’une “étude sociologique” d’euronews).

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