Dans cette deuxième partie et fin sont abordées trois questions fondamentales : 1) la Russie est une puissance européenne, l’Ukraine n’a pas “à se déplacer” elle fait partie de l’Europe et le resterait même si comme ça a toujours été le cas son économie était intégrée à celle de la Russie. En revanche, quand l’UE s’est privée de la Russie, cela a nuit à la Russie mais plus encore à l’Europe elle même. L’UE s’autodétruira comme l’Ukraine s’autodétruit sans même être “intégrée”. 2) Medvedtchouk, présenté en Occident comme un oligarque d’extrême-droite s’affirme dans l’interview une alternative “social démocrate” au parti communiste avec les “valeurs chrétiennes” (1). . . 3) de quoi dépend la paix ? la véritable exigence pour qu’il y ait paix, détente, est la fin au plan international, comme en Ukraine de la classe dirigeante qui partout a failli dans un monde où surgissent des puissances politiques émergentes, qui toutes n”ont aucune raison de faire confiance aux USA et à ses vassaux. Poutine a tablé là-dessus en bloquant l’Otan et la “nazification” antirusse de l’Ukraine, il a réussi son pari. Les dirigeants de l’UE ont perdu le leur comme Zelensky, otage des “nazis”, la suprématie de la “race” (européenne) l’appel à leurs valeurs passe de moins en moins. La conclusion en clair est qu’en matière de paix il s’agit moins de territoires que de créer les conditions partout y compris en Europe d’une nouvelle classe politique avec laquelle négocier ne sera pas un marché de dupes. Le temps joue contre Zelensky et contre ses soutiens. Face à cette détermination, on perçoit mieux la fébrilité d’un Macron et de ceux qui comme lui mesurent leur impuissance dans une fuite en avant, mais La Chine n’a pas tort de souligner les risques de durée tant qu’il y aura surenchère au gouvernail “occidental” face à la Russie. A la limite la couleur politique n’a plus d’importance seule compte la crédibilité de ceux qui seront d’accord pour en finir avec l’illusion de la suprématie “raciale” de “l’occident” et qui ne trahiront pas leur “parole”…Nous en sommes au stade où il est possible que la question des “complicités” se pose plus rapidement qu’on ne le croit y compris les complicités françaises… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociété)
Omerta: quels peuvent être les objectifs russes : Kharkov, Kiev, Odessa, Lvov dans l’ouest de l’Ukraine ?
VM : la question n’est pas de savoir quels sont les objectifs tactiques des Russes, demandez-leur directement. Mais si nous parlons de l’objectif stratégique de la Russie c’est de désamorcer la poudrière nazie en Ukraine qui constitue le noyau d’une russophobie qu’ils essaient de répandre dans le monde entier avec leurs maitres occidentaux. L’occident et l’OTAN ont effrontément ignoré les intérêts russes, voilà la cause principale du conflit. C’est-à- dire qu’il n’y avait tout simplement pas d’autre moyen que le conflit pour empêcher cela pour les Russes.
Mais je suis toujours un politicien ukrainien et je crois que c’est la seule façon de construire l’avenir des Ukrainiens, je ne parle pas du pays, je parle de l’avenir des Ukrainiens eux-mêmes. Si nous parlons de territoires, et vous avez mentionné Odessa, Kharkiv, Kiev, alors je tiens à vous dire que dans son écrasante majorité, la population qui vit dans ces territoires est russophone. C’est une réalité historique et humaine. Les terres historiques russes de la fin du XVIIIe, des XIXe et XXe siècles, d’abord dans le cadre de l’empire russe puis dans celui de l’URSS, étaient toutes des territoires habités par des Russes ethniques et des populations russophones. Et personne n’a le droit d’agir à l’encontre de leurs intérêts.
La politique lancée par Zelensky visant la destruction de tout ce qui est russe, notamment la langue contredit directement la Constitution ukrainienne. La partie 3 de l’article 10 de la Constitution dispose expressément que le libre développement, l’utilisation et la protection du russe et des autres langues des minorités nationales sont garanties sur le territoire de l’Ukraine. Cet article de la Constitution est toujours en vigueur aujourd’hui. Contrairement à la loi fondamentale, Zelensky enfreint les droits des Russophones, persécute la dissidence, déclare que le sort de quiconque ne l’aime pas est “valise-gare-Russie”. Cela ne peut être le cas dans une société normale. Zelensky a franchi les limites de la loi et son règne est criminel. Par conséquent, la libération des personnes dans ces villes et dans d’autres parties de l’Ukraine est la tâche principale de quiconque cherche à protéger les droits de l’homme, protéger les personnes qui sont nées et vivent en Ukraine, qui travaillent ici et qui se considèrent, en conformité avec la loi, comme des citoyens à part entière. Et cela doit leur être assuré, quelles que soient les circonstances. Vous parlez des objectifs de la Russie, elle les a déjà atteints. On lui reconnait sa sphère d’intérêt. Il est très clair qu’avant le conflit, l’occident, en premier lieu l’OTAN ignorait les intérêts russes, et cela a été la principale raison du conflit. Or l’existence même de la sphère d’influence russe n’est plus contestée, on discute dorénavant les limites de cette sphère.
Omerta: Croyez-vous en l’avenir européen de l’Ukraine ?
VM : Je croyais, je crois et je continuerai de croire que l’avenir des Ukrainiens sera digne, que les droits des gens seront protégés, qu’il y aura des emplois, que les gens pourront subvenir aux besoins de leurs familles, de leurs enfants, leur donner une bonne éducation et qu’ils seront en mesure de subvenir à leurs besoins. Et pour ce faire nous devons prendre les meilleurs exemples y compris ceux qui existent en Europe. Tout au long de ma carrière politique, j’ai défendu l’idée que le niveau de vie en Europe, les infrastructures européennes, sa protection des droits de l’homme et son système judiciaire sont autant de choses qui devraient être mises en œuvre en Ukraine. Mais cela n’a rien à voir avec le soi-disant “mouvement vers l’Europe” et l’OTAN.
Parce que l’essentiel est de créer des conditions de vie décentes pour les gens, de leur assurer et de leur garantir des droits et des libertés dans leur pays et non de déménager quelque part. Nous devons créer ce qu’il y a de mieux pour les Ukrainiens, tant en Europe que dans le monde. Je le dis depuis la fin des années 1990, je l’ai dit et j’ai œuvré dans ce sens tout au long de ma carrière politique, je le répète et je le ferai encore à l’avenir. L’Ukraine n’a pas besoin de se déplacer, elle est déjà en Europe. Même si toutes les régions ukrainiennes faisaient partie de la Russie, cela n’en ferait pas des régions asiatiques. La Russie est une puissance européenne, qu’on le veuille ou non. L’Europe a elle-même poussé la Russie à s’écarter de l’intégration, ce qui lui a causé de graves préjudices. Sous le commandement de conservateurs américains, les politiciens européens ont privé leurs pays des marchés russes et des importations russes, ce qui appauvrira sérieusement l’UE, ce qui lui apportera des problèmes encore plus graves que ceux auxquels elle fait déjà face.
D’ailleurs on s’abreuve de promesses de faire entrer l’Ukraine dans l’UE, mais elle reste à la porte. Et il n’y a pas de malice à cela, l’économie ukrainienne ne s’intègre pas dans celle de l’UE mais elle a toujours été intégrée à l’économie russe. Afin d’entraîner l’Ukraine dans l’Union européenne, les restes de son économie ont été détruits, ce qui pourrait en retour également détruire l’économie de l’UE. Par conséquent je pense que l’Europe et l’Ukraine de Zelensky ont de gros problèmes.
Omerta: comment expliquez-vous l’alliance des radicaux d’Azov et du président Zelenski soutenu par l’OTAN et les Européens ?
VM: Qu’y a-t-il à expliquer ? D’une part, les radicaux d’Azov le terrifient et d’autre part, ils lui sont bénéfiques. Ensemble, ils se sont cyniquement moqués des gens, principalement de la population russophone, ils ont volé et ont tué, ce qui a provoqué l’indignation de la Russie. Maintenant, ils gagnent tous de l’argent sur cette guerre. L’argent n’a pas d’odeur et Zelensky recevant des centaines de milliards de l’occident, a tranquillement adopté l’idéologie nazie d’Azov et en a fait une politique d’Etat, ce qui l’aide à détruire des masses d’Ukrainiens, à voler le peuple, à voler l’aide militaire et humanitaire que l’Occident lui fournit. N’est-ce pas évident ?
D’un point de vue économique, le nazisme est un banditisme avec un étendard politique. Si les communistes et les socialistes construisent un système différent de répartition sociale, c’est-à-dire une économie différente, de leur côté, les nazis s’emparent tout simplement des biens et de l’argent de tout ceux qui en possèdent au nom du peuple et se les approprient. C’est ce que Zelensky est en train de faire avec les radicaux nazis.
Omerta: le président Poutine parle de cette guerre comme d’une guerre des mondes, de “l’occident en décomposition” contre un groupe de pays qui rejettent ses valeurs et défient l’hégémonie. Partagez-vous cette analyse ?
VM. Vous avez parlé de “l’occident en décomposition”. A juste titre, Poutine n’autoriserait pas de telles expressions, comme il sied à l’un des principaux politicien du monde. Il est cependant évident que l’Occident a perdu son rythme de développement et que la distance qui le sépare des économies des pays en développement se réduit. C’est la vie. Les économies de la Chine, de l’Inde et d’autres pays sont en forte croissance. Ainsi l’UE a-t-elle perdu les marchés russes mais ces pays les ont pris et il sera difficile, voire impossible aux Européens de les récupérer.
En ce qui concerne les valeurs, je vous renvoie à de nombreux discours de Poutine à ce sujet. Pouvez-vous nous dire quelles sont ces valeurs occidentales ? L’Etat de droit ? Comme beaucoup de citoyens russophones en Ukraine je suis persécuté au mépris de la loi, bafoué dans mes droits, privé de propriété. La liberté d’expression ? Toutes les chaînes d’opposition en Ukraine sont fermées et de nombreux experts et journalistes sont en prison. La liberté de culte ? Aujourd’hui la seule Église orthodoxe canonique, qui a une histoire de plus de mille ans, est en train d’être détruite en Ukraine. Des églises sont saisies, des prêtres sont emprisonnés, des paroissiens sont harcelés et interdits de culte.
Sur la base de ces considérations, Poutine se bat pour les valeurs européennes en Ukraine. Et si les valeurs européennes sont que la race européenne doit gouverner le monde entier, alors cela s’appelle le nazisme, et il y en a beaucoup dans l’Ukraine actuelle. Poutine a donc raison sur ce point. Il y a aussi des valeurs traditionnelles chrétiennes que je reconnais, mais malheureusement elles ne sont pas reconnues en Europe, où il y a un préjugé en faveur des LGBT et ce type de mouvements. “Les valeurs européennes” est une expression qui a perdu la force, le contenu et l’efficacité dont elle disposait autrefois.
L’Europe s’est aliéné la Russie, lui a imposé des sanctions et a restreint ses échanges commerciaux avec elle. La situation de la Russie s’est-elle détériorée ? Elle a cessé de coopérer avec l’Europe et elle est en train de construire des relations plus étroites avec l’Est. En effet, alliance de la Russie avec la Chine, l’Inde, l’Iran et une foule d’autres pays a été officialisée et renforcée. Aujourd’hui, la Russie dispose de ressources beaucoup plus importantes que celles qu’elle a perdues avec l’Europe et ces ressources lui sont fournies précisément pour lutter contre l’hégémonie américaine.
Pensez-vous que la Chine communiste est une alliée fidèle des Etats-Unis ou peut être que le monde arabe est fou du mode de vie européen et que tout le monde veut de toute urgence vivre selon les règles et les lois européennes ? Vous autres êtes minoritaires, Poutine l’a calculé de manière pragmatique et le temps joue en sa faveur.
Omerta : Souhaitez-vous jouer un rôle dans l’Ukraine d‘après-guerre ?
VM : depuis que je suis arrivé en politique à la fin des années 1990, je n’ai jamais quitté cette vocation. Je continue d’être un politicien ukrainien qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour que les citoyens ukrainiens puissent vivre dans la dignité. Ces objectifs sont encore plus importants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient au début de ma carrière politique. Mettre fin à la guerre, sauver autant de citoyens ukrainiens que possible est mon objectif politique. Nous devons rendre la paix et la détente non seulement aux Ukrainiens mais aussi à l’Europe, au monde entier.
Aujourd’hui, la plupart des politiciens européens pensent que plus ils fourniront d’armes à l’Ukraine, plus il y aura la paix. Comme vous pouvez le constater, cela ne fonctionne pas et cela ne pourra jamais fonctionner. Les politiciens au pouvoir doivent être tenus pour responsables de leurs actes et ils doivent être remplacés par des personnes plus adéquates. Cela s’est déjà produit en Hongrie et en Slovaquie et ce processus ne fera que prendre de l’ampleur. Naturellement après la guerre il y aura une configuration différente en Europe et dans le monde qu’il faudra construire. ET cela se fera par des politiques de paix et de détente. J’espère que mon expérience et mes connaissances seront utiles dans ce processus.
Un politicien doit toujours accomplir les tâches qui lui sont assignées par ses électeurs. Je n’ai pas trahi mes électeurs, qui depuis 2019 m’ont confié le droit de parler en leur nom au Parlement, et je ne les trahirai pas. Je sais ce qu’ils veulent : une vie paisible et digne. Ils veulent jouir de leurs droits aux libertés, y compris le droit à la religion, à parler la langue russe, le droit à des conditions de vie normales. Ce sont les tâches que les électeurs m’ont assignées et je les accomplirai.
J’ai été illégalement privé de mon mandat de député à la Verkhovna Rada, mais je n’abandonne pas le peuple dont j’ai entrepris de défendre les intérêts, je continue la lutte politique pour lui. Une guerre avec la Russie n’a jamais été dans l’intérêt de l’Ukraine et, en réalité, ne s’est jamais bien terminée pour l’Europe. Il a toujours été rentable pour l’Europe de commercer et de coopérer avec la Russie. J’ai donc été l’un des rares politiciens à commencer à parler de détente. C’est la détente dont les Ukrainiens, mais aussi l’Europe ont besoin.
(1) Il insiste sur son arrivée en politique en 1990, donc à l’inverse du parti communiste d’Ukraine (accusé d’avoir été “gorbatchévien)” il ne porterait pas de “responsabilités” dans la chute de l’URSS (ce qui est effectivement le reproche paradoxal adressé aux communistes), tout en reprenant à son compte une bonne part du prestige de la paix et de la vie digne soviétique. Pour apprécier, il faut connaitre ce à quoi Marianne a tenté de nous initier ici jour après jour, en particulier connaitre à la veille des présidentielles, les zones d’influence du KPRF pour apprécier que dans cette élection et à travers l’union patriotique se joue également une relation à l’URSS. Les dirigeants communistes dans le Donbass ont été parmi ceux morts aux combats contre les troupes d’Azov et les dirigeants de Russie unie, le parti de Poutine, tentent de bénéficier de la popularité de l’intervention de Poutine tout en jouant sur la nostalgie de l’URSS. Cette géographie permet également de mesurer les complicités pilotées par les services de renseignements des pays occidentaux. Ainsi quand hier tombe l’annonce d’un attentat terroriste à Samara, on ne peut pas s’empêcher de se dire que c’est là le bastion par excellence des communistes de la Volga, là où était prévu le deuxième bunker de Staline pour bloquer les armées nazie vers le Caucase et les champs pétrolier. C’est là aussi où Kamenka, le chef de la rubrique internationale de l’Humanité qui a manifesté un soutien sans faille aux jeux de l’OTAN en Ukraine, est allé faire une opération d’infiltration que nous avons dénoncée ici même. Il s’est, souvenez-vous- en, introduit dans ce bastion patriotique, en se parant de son titre de communiste français, en racontant n’importe quoi sur la position de l’Humanité qui selon ses dires soutiendrait sans réserve la Russie et l’intervention (un article de la presse locale faisait état de sa conférence mensongère) pour se faire accueillir dans ce bastion. Jusqu’où ont pu aller les complicités dans l’organisation de réseaux terroristes en Russie ? L’histoire dira certainement qui a fait quoi et jusqu’où certains ont cru bon d’aller alors que les morts s’accumulent ceux sur le champ de bataille et ceux des services secrets managés par une Europe totalement vassalisée…
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