Le danger de courir après une frontière imaginaire

Voici la mauvaise question à se poser si on veut aller vers la catastrophe, voire l’apocalypse :

5 règles pour les superpuissances confrontées à de multiples conflits. L’Ukraine, le Moyen-Orient et Taïwan font partie d’une frontière instable et nécessitent une stratégie américaine plus fondée sur des principes se demande ce professeur de sciences politiques à l’université catholique d’Amérique et cet ancien secrétaire d’Etat. Ce à quoi cet Américain caustique lui répond que quand on est à la recherche d’une frontière imaginaire celle-ci ne cesse de s’agrandir pour répondre aux fantasmes des décideurs impérialistes.

Par Jakub Grygiel, professeur de sciences politiques à l’Université catholique d’Amérique, et A. Wess Mitchell, directeur de The Marathon Initiative et ancien secrétaire d’État adjoint pour l’Europe et l’Eurasie.

Une frontière imaginaire comme celle-ci n’est jamais figée. Elle s’agrandit pour répondre aux ambitions des décideurs impériaux.

Jakub Grygiel et A. Wess Mitchell posent la mauvaise question :

Dans une époque, comme celle d’aujourd’hui, les moments de bouleversements violents suscitent naturellement des débats sur la nature du changement géopolitique et les bonnes stratégies pour y faire face. Comment une grande puissance devrait-elle gérer une frontière longue et lointaine attaquée ?

Penser à la politique étrangère moderne des États-Unis en termes de défense ou de maintien de l’ordre d’une « frontière » n’est évidemment pas nouveau, mais cela a toujours causé des ennuis aux États-Unis en les piégeant dans des conflits qui n’ont que peu ou rien à voir avec les intérêts vitaux des États-Unis. C’est une erreur de confondre les frontières d’autres États avec les nôtres, et c’est ce que fait souvent cette pensée de la « frontière ». Une fois que vous commencez à tracer arbitrairement les lignes de l’endroit où se trouve cette « frontière », il devient extrêmement facile de continuer à déplacer les lignes pour inclure de plus en plus de territoires. Une frontière imaginaire comme celle-ci n’est jamais figée. Elle s’agrandit pour répondre aux ambitions des décideurs impériaux. C’était déjà assez dangereux dans les siècles précédents, mais dans un monde où les grandes puissances ont aussi des armes nucléaires, c’est la recette assurée du désastre…

Ne vous inquiétez pas de la « frontière » imaginaire