Notons que ces modifications électorales qui dénoncent la manière dont les Etats-Unis ont fait de ces îlots leur dominion reconnaissant Taïwan correspondent à un mouvement plus large dans le Pacifique y compris la colère contre les essais nucléaires. Le groupe communiste au parlement français qui comprend des élus de ce monde en plein bouleversement et retournement d’alliance ne peut pas ignorer ce mouvement de fond qui dit à quel point les illusions “otanesques” sur l’Asie pacifique se heurtent à la force des faits. (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)
Funafuti, atoll et capitale de l’archipel de Tuvalu, le 28 novembre 2019. Cette île de 11 000 personnes a été classées comme « extrêmement vulnérable » par le Programme des Nations unies pour le développement due à la montée du niveau de la mer.© Getty Images – Mario Tama
Ce sont des élections qui d’ordinaire ne suscitent qu’un intérêt très limité sur la scène internationale, mais le scrutin qui s’est déroulé vendredi à Tuvalu, un archipel du Pacifique d’environ 11 000 habitants, est suivi de très près par Taïwan, la Chine, les États-Unis et l’Australie. Car ce micro État est l’un des douze derniers à entretenir des relations diplomatiques officielles avec Taïwan et le Premier ministre sortant, très favorable à Taipei, a perdu son siège.
Kausea Natano, qui dirigeait le pays depuis septembre 2019, a échoué à se faire réélire député dans sa circonscription de l’île principale, Funafuti, et devra donc quitter son poste.
Avec la défaite du Premier ministre sortant, Kausea Natano, Taïwan vient peut-être de perdre l’un de ses derniers alliés sur la scène internationale, souligne notre correspondant régional, Grégory Plesse. Si le résultat définitif des élections n’est pas encore connu et le nouveau gouvernement pas encore formé, d’autres élus, notamment l’ancien ministre des Finances, Seve Paeniu, le seul candidat dans sa circonscription, a lui clairement indiqué qu’il souhaitait revoir les relations diplomatiques de l’archipel. Il a jouté qu’il n’hésiterait pas à tourner le dos à Taïwan au profit de la Chine, si une alliance avec Pékin répond mieux aux besoins de Tuvalu, dont le territoire, menacé par la montée des eaux, sera totalement submergé d’ici la fin du siècle.
L’Australie, qui a signé en novembre dernier un accord d’asile climatique avec Tuvalu, suit cette élection de près, tout comme les États-Unis, qui se sont récemment engagés à raccorder l’archipel avec un câble sous-marin pour y améliorer les télécommunications.
Un changement d’allégeance serait un coup dur pour Taïwan, qui au lendemain d’élections ayant porté au pouvoir un candidat favorable à l’indépendance, a perdu le soutien de Nauru, une autre nation insulaire du Pacifique, qui s’est laissée séduire par des promesses chinoises d’aide à son développement.
Parce qu’il n’y a pas de partis politiques à Tuvalu, et que certaines îles se trouvent à plus de 24 heures de bateau de la capitale, Funafuti, il faudra attendre la semaine prochaine pour connaître la composition du prochain gouvernement, et ses intentions en matière de politique étrangère.
Les Tuvalu figurent parmi les douze derniers pays à reconnaître Taïwan depuis que Nauru, un autre micro-État du Pacifique, a changé d’alliance au profit de la Chine à la mi-janvier.
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