Aragon nous manque car la parole ne nous est plus laissée que pour dire cette douleur du pays entier, cette clameur vainement bâillonnée… Nous sommes dans une époque où comme il le disait si bien s’affole le cœur de la France,. Effrayés, dépassés, isolés, guettant le lendemain et songeant avec amertume et colère que nous n’avons rien à attendre que de nous mêmes mais découvrant des solidarités inattendues. Rien n’est encore apparu qui donne sens et fasse taire les vains bavardages de ceux que nous méprisons. Qui s’est réellement refusé au mensonge? Qui va nous donner la force et la possibilité de nous battre alors Hier encore ce langage sur le crime et son châtiment eut été arbitraire, injustifiable malgré la répression, le 49.3, le refus d’entendre. La coupe n’était pas encore pleine, mais aujourd’hui elle se remplit et l’espoir n’a pas encore pris une forme différente… celui d’une issue politique, le socialisme, une nécessité de se retrouver ensemble pour faire face…
la bizarre saison d’une bizarre époque
où le loup veut évangéliser la forêt
tristes coussins crevés d’où coule le capoc
Ouvrant à tous venant leur ventre et leurs secrets
On voit des orateurs aux carrefours d’Europe
Suer le désespoir d’une cause perdue
Epouvantails vêtus du frac des philanthropes
Qui font au jour naissant des gestes de pendus
Le désastre est sur eux qu’ils ne veulent y croire
Ils agitent au vent le tronçon d’une épée
Mais la foule autour d’eux est un vivant miroir
Où déjà leur image a la tête coupée
Ils ont beau mentir avec des mots immenses
et prétendre que l’aube est l’épouvantement
Ils ont beau se donner les gants de la clémence
Dire qu’ils sont venus providentiellement
Ils ont beau baptiser lumière les ténèbres
Elever l’ignorance au rang de la vertu
Nous imposer le pas de leur marche funèbre
par des dieux étrangers remplacer nos statues
Enseigner d’être lâche et prêcheur d’esclavage
Faire partout régner un air pestiféré
Condamner l’homme au bagne et la femme au veuvage
Tout salir tout confondre et tout déshonorer
Ils ont beau commander encore à leurs gendarmes
Il n’ont beau dormir qu’assis sur leur butin
Ils ne peuvent cacher la couleur de leurs larmes
Il faut bien qu’à la nuit succède le matin
Il faut bien que l’aurore entre ses mains de cuivre
consume ces rois d’ombre et leurs chantres pourris
Il faut bien que la terre ardente se délivre
Des faux croisés faiseurs de fantasmagories
Is ont peur de tout ce qui respire
D’un chant près d’un berceau; D’unoiseau dans l’été
Le bruit d’un coeur qui bat les force à se tapir
Tout est spectre pour eux chaîne château hanté
Des pas dans leur sommeil semblent monter la garde
A quoi rêvent-ils donc qu’ils se tornent ainsi
Leur miroir est en feu leur âme a des échardes
A leur tour à leur tour quelqu’un les supplcie
Tout le mode peut voir les couleuvres sortir
de ces bouches d’enfer qui parlent d’oiseaux blancs
Tout le monde peut voir derrière eux les martyrs
D’un pouce renversé faire un signe sanglant
François la Colère extraits du musée grévin
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