Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Israël, un pays militarisé avec l’aide des États-Unis et de l’UE

Si l’on veut dépasser ce que nous analysons par ailleurs comme les illusions d’un combat pour le bien et le mal, avec ses références religieuses mythiques assez paradoxales, il faut d’abord voir les faits : les Etats-Unis et l’UE entretiennent des foyers de tension, financent des guerres par procuration dont les premières victimes sont les peuples qui acceptent un tel rôle et dont le nationalisme chauvin crée les conditions d’une guerre perpétuelle. On ne peut qu’être frappé par le rôle identique en utilisant une mémoire historique largement fantasmée que les USA flanqués de l’UE prétendent faire jouer à l’Ukraine, à la Corée du sud, au Japon, à Israël, etc… mais en ayant de moins en moins à offrir. Ou il est consraré une fois de plus que les Français désireux d’aider la cause palestinienne feraient mieux de s’intéresser à l’activité de leur propre gouvernement. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

Jeudi, Novembre 2, 2023 par CEPRID

Teresa de Fortuny et Xavier Bohigas

Le saut

Dans le contexte actuel, nous pensons qu’il est nécessaire de mettre en évidence certaines données sur le degré élevé de militarisation de l’État d’Israël. D’une part, les États-Unis contribuent de manière significative à cette situation par une contribution substantielle d’aide militaire et, d’autre part, l’Union européenne, par sa considération d’Israël en tant que « pays associé ». Cet article se veut un exposé succinct de cette contribution occidentale à Israël dans son aspect militaire, sans entrer dans d’autres domaines de coopération possibles.

Les dépenses militaires et l’industrie d’Israël

Les dépenses militaires d’Israël en 2022 ont atteint 23,406 milliards de dollars, selon les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Beaucoup plus que ses pays voisins : la Jordanie 2,323 milliards de dollars, l’Égypte 4,646 milliards de dollars et le Liban 4,739 milliards de dollars. Elle est également loin des 6,846 milliards de dollars de l’Iran ou des 10,644 milliards de dollars de la Turquie, ses adversaires régionaux les plus puissants. Bien qu’il s’agisse d’un pays dont la population n’est pas trop importante (il se classe au 97e rang en termes de population, avec un peu plus de neuf millions d’habitants), il se classe 15e sur la liste des États ayant les dépenses militaires les plus élevées. Le budget militaire israélien représente une dépense annuelle de 2 623 dollars par habitant. Quelques valeurs comparatives : Iran 79,6 $, Turquie 124,4 $, Espagne 434,7 $, Chine 201,6 $ et Russie 592,4 $. Avec ces données, nous pouvons affirmer qu’Israël est un État hautement militarisé, bien plus que ses voisins et adversaires régionaux.

Les dépenses militaires par rapport au PIB du pays sont également énormes, atteignant 4,51 %. Plus du double de l’objectif de 2 % convenu par l’OTAN. Alors qu’en Iran, il représente 2,59% de son PIB et en Turquie 1,23%.

Israël est également un important producteur d’armes. Plusieurs entreprises israéliennes figurent parmi les 100 plus grands fabricants d’armes au monde, selon les données du SIPRI. Ainsi, Elbit (fabrique des drones, des robots, des systèmes électroniques pour avions et hélicoptères, …) s’est classé 28e parmi les plus grands producteurs d’armes en 2021, Israel Aerospace Industries (systèmes de défense aérienne, drones, systèmes d’armes aériennes, …), se classe 38e, Rafael Advanced Defense Systems (technologie de défense, missiles, guerre électronique, …) s’est classé 45e.

D’autre part, en 2022, Israël s’est classé dixième parmi les plus grands exportateurs d’armes lourdes. Le plus grand bénéficiaire au cours de la période 2028-2022 a été l’Inde (37 % du total), suivie de l’Azerbaïdjan (9 %) et des Philippines (8 %). En revanche, elle se situe à la 16e place en tant qu’importateur, les États-Unis étant son principal fournisseur avec 79 % de ses achats, suivis de l’Allemagne avec 20 %.

Achat et vente d’armes entre l’Espagne et Israël

L’Espagne entretient des relations commerciales avec Israël dans le secteur de l’armement. Au cours de la période 2001-2021, des exportations espagnoles vers Israël d’une valeur de 103,8 millions d’euros ont été réalisées. Certaines de ces exportations ont été dénoncées car elles ne répondent pas aux critères de la position commune de l’UE (2008/944/PESC) ou de la législation espagnole. Plus précisément, ils ne respectent pas les critères 2 (respect des droits de l’homme), 3 (existence de conflits internes), 4 (maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionales) et 6 (respect du droit international). Les importations espagnoles en provenance d’Israël sont beaucoup plus élevées que les exportations. Par exemple, le Conseil des ministres du 12-9-2023 a approuvé l’achat de missiles antichars Spike, fabriqués par la société israélienne Rafael, d’une valeur de 285 millions d’euros, répartis en cinq annuités et a approuvé 714,5 millions d’euros, répartis sur cinq ans, pour l’achat de lance-roquettes à haute mobilité SILAM, développés conjointement par les sociétés espagnoles Expal, GMV et Escribano et Elbit Systems d’Israël. La balance commerciale dans le secteur de l’armement penche clairement du côté israélien.

Aide militaire américaine à Israël

L’aide américaine à Israël provient de protocoles d’accord depuis 1999, d’une durée de 10 ans. Ils ne sont pas juridiquement contraignants et n’ont pas besoin d’être ratifiés par le Sénat. En outre, le Congrès peut allouer des crédits supplémentaires.

L’aide totale des États-Unis à Israël de 1946 à 2022 s’est élevée à 243,9 milliards de dollars. Si l’on se limite à l’aide militaire, de 1951 à 2022, Israël a reçu 225,2 milliards de dollars. Depuis 2000, plus de 86 % de l’aide américaine annuelle à Israël a été financée par l’armée.

En 2022, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, les États-Unis ont engagé plus de 3,3 milliards de dollars d’aide étrangère à Israël. Sur ce montant, 8,8 millions de dollars sont allés à l’économie du pays et 99,7 % à l’armée israélienne.

L’aide militaire actuelle à Israël fait partie du protocole d’accord signé par Obama en 2016, couvrant la période 2019-2028, pour un montant de 38 milliards de dollars.

Selon le Service de recherche du Congrès américain, l’aide militaire américaine à Israël a été conçue pour maintenir « l’avantage militaire qualitatif » d’Israël sur les armées des pays de la région. Pendant des décennies, les États-Unis ont pris des mesures pour maintenir l’avantage d’Israël. Cette stratégie a conduit à l’adoption en 2008 d’une loi interdisant les exportations de défense vers le Moyen-Orient qui nuiraient à l’avantage militaire d’Israël.

Actuellement, presque toute l’aide américaine est une aide militaire. Cette aide a contribué à faire des forces armées israéliennes l’une des plus sophistiquées au monde sur le plan technologique. Une autre contribution tout aussi importante est le soutien au développement de l’industrie de défense israélienne, aujourd’hui l’un des principaux exportateurs d’armes au monde, comme nous l’avons dit dans la section précédente.

Coopération entre l’UE et Israël

La relation entre l’Union européenne et Israël est l’une des plus larges et des plus profondes que l’UE entretient avec un pays tiers dans le monde. Il couvre les relations commerciales, économiques, de recherche et d’innovation, la coopération technique et financière et l’éducation (Erasmus).

En novembre 1995, l’accord d’association a été signé entre l’UE et Israël, base juridique des relations entre les deux parties, qui étend l’accord de coopération de 1975 (essentiellement commercial) à d’autres domaines. L’accord d’association établit que le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques constitue un élément essentiel de l’accord. La violation systématique des droits de la population palestinienne constituerait donc un motif de résiliation de cet Accord.

S’en tenant uniquement à l’aspect défense et sécurité, Israël bénéficie d’un traitement privilégié en ce qui concerne le financement européen des projets de R&D. En ce sens, Israël est traditionnellement considéré comme un « pays associé », une catégorisation qui lui permet d’accéder aux programmes-cadres successifs de financement de la R&D de l’UE. Israël est associé aux programmes-cadres de recherche et de développement technologique de l’UE depuis 1996. Il est pays associé au septième programme-cadre (2007-2013), aux programmes-cadres Horizon 2020 (2014-2020) et Horizon Europe (2021-2027). ). Les entreprises basées dans les pays associés peuvent participer sur un pied d’égalité avec les entreprises basées dans les États membres de l’UE.

Résultat : les entreprises israéliennes fabriquant des armes ou des technologies de sécurité bénéficient de subventions en accédant à certains programmes de R&D de l’UE, dans divers domaines comme la sécurité routière, l’environnement,…

Dans le même temps, la participation de l’industrie militaire israélienne aux programmes de R&D de l’Union européenne permet à ce secteur d’établir des relations de collaboration avec l’industrie européenne qui, à leur tour, deviennent un point d’entrée pour commercialiser ses produits sur le marché européen.

Au cours de la période 2008-2025, Israël aura reçu un total de 67,6 millions d’euros correspondant aux projets de recherche présentés dans les programmes européens FP7 Sécurité (31,98 M€), Horizon 2020 (34,18 M€) et l’actuel Horizon Europe (1,49 M€). . Montant bien supérieur à celui de certains membres de l’UE ayant une population similaire, comme la Hongrie (un total de 35,7 millions d’euros). L’Italie recevra un total de 403,8 millions d’euros, mais sa population est six fois plus grande que celle d’Israël, de sorte que l’aide par habitant est plus élevée dans le cas d’Israël. Ces exemples comparatifs indiquent qu’Israël, en tant que pays associé à l’UE, obtient des avantages significatifs, même supérieurs à ceux de certains membres de l’UE.

Parmi les entreprises qui bénéficieront de cette aide, citons Tamar (qui fabrique des explosifs) 0.8M € entre 2012-2025, Israel Aerospace Indutries (systèmes de défense aérienne, drones, systèmes d’armes aériennes) avec 4,5 M€ sur la période 2008-2022, Israël possède des armes nucléaires

Nous ne devons pas oublier qu’on estime qu’Israël possède environ 90 ogives nucléaires, qui peuvent être lancées à partir d’avions F15 et F16, avec des missiles balistiques terrestres de Jéricho et, éventuellement, avec des missiles de croisière à partir de sous-marins.

Très alarmant est le tweet publié le 9 octobre par une membre du Parlement israélien, du groupe Likoud, dans lequel elle disait : « Missile de Jéricho ! Missile de Jéricho ! Alerte stratégique. Avant d’envisager l’introduction de forces. Arme de la fin du monde ! C’est mon avis. Que Dieu conserve toutes nos forces. Cela peut être interprété comme un appel à utiliser des armes nucléaires à Gaza.

À première vue, on peut s’étonner du degré d’impunité dont jouit Israël en ce qui concerne son non-respect répété de nombreuses résolutions de l’ONU, sa politique d’expansion des colonies juives au détriment du pillage des terres palestiniennes, sa violation continue des droits de la population palestinienne et sa violation continue des droits de la population palestinienne. etc. Eh bien, cette impunité est précisément due à la situation de privilège et de faveur qui lui est conférée par les États-Unis et l’Union européenne, que nous avons essayé de dénoncer tout au long de l’article. Nous n’abordons pas les motivations de cette position prise par les États-Unis et l’UE, qui ferait l’objet d’un autre article.

Teresa de Fortuny et Xavier Bohigas sont membres du Centre Delàs d’Estudis per la Pau.

Le CEPRID

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