Le 22 novembre 1963, le Président des États-Unis John Fitzgerald Kennedy était assassiné, à Dallas. Soixante ans après, toute la lumière sur l’affaire n’a pas été faite. En 1992, Oliver Stone livrait « sa » vérité dans un film percutant.© 1991 – Warner Bros., Inc. Ce qu’il disait à ce propos sur les relations entre le cinéma et l’histoire me parait essentiel et c’est la thèse concernant le film de Brecht et Lang (Les Bourreaux meurent aussi) que j’ai défendu dans mon livre. Pour dire la vérité la fable de la fiction parle parfois plus haut et fort que le respect des événements historiques. Il s’agissait de l’assassinat de Heydrich, le bourreau de Prague, l’auteur de fait de l’organisation de l’extermination finale des juifs (1). Olivier Stone explique que son “approximation” a pour but d’aider le peuple américain à exiger la vérité en dénonçant en fait le rapport Warren qui a couvert non seulement les auteurs de l’assassinat mais toute la politique ultérieure de mensonges des interventions US dans le monde. En ce moment histoire et societe vous invite à revoir ce que l’on vous a dit sur JFK, sur le Maïdan et sur toutes les luttes pour la démocratie derrière les USA. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
“Il est temps de dire la vérité. Je ne sais pas si tout ce que je montre est vrai, mais je suis certain que mon approximation est plus précise que le rapport Warren”, expliquait Oliver Stone, habitué à porter sa caméra dans les plaies de l’Amérique. Après avoir dénoncé la guerre du Vietnam (où il s’est engagé, à 21 ans) dans Platoon (1986) et né un 4 juillet (1989), le réalisateur décide d’interroger frontalement la plus célèbre affaire criminelle du XXe siècle. « Convaincu, clame-t-il, que Kennedy n’aurait pas envoyé de troupes au Vietnam », Stone met dans sa ligne de mire le rapport d’enquête de la commission Warren, qui a conclu, en 1964, à la seule culpabilité de Lee Harvey Oswald. « La commission Warren est une farce », déclarait le cinéaste qui, en 2021, prolongera son travail de contre-enquête avec le documentaire JFK : l’enquête. Il n’est pas seul à le penser. À plus de 70 %, l’opinion américaine réfute la thèse du loup solitaire. Fidèle à ses convictions, Stone rue dans les brancards : l’assassinat de Kennedy symbolise la fin du rêve américain. La vérité devient pour lui « une quête obsessionnelle ». Et de paraphraser Winston Churchill : « Oublier ou nier son passé, c’est se condamner à le revivre. »
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À qui profite le crime ? Pourquoi l’enquête a-t-elle été aussi bâclée ? Et cette « balle magique » à la trajectoire impossible ! « Le but de mon film, c’est de créer un contrepoids, une alternative aux conclusions du rapport Warren. J’aimerais que l’on commence à imaginer d’autres réponses, celles qui ont été occultées pendant trente ans. » Trois heures durant, il s’emploie avec brio à dénoncer le mensonge organisé dans un film-enquête formellement somptueux, mêlant archives et reconstitutions, et percutant sur le fond, multipliant les hypothèses pour parvenir à la conclusion d’un complot impliquant la CIA, le FBI, le complexe militaro-industriel, la mafia et les soldats perdus de l’anti-castrisme.
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LE CHARISME DE COSTNER
Stone n’avance pas seul, il s’inspire du livre Sur la piste des assassins (1988), de Jim Garrison, district attorney de la Nouvelle-Orléans, qui n’eut de cesse de contredire la thèse officielle. À l’écran, Kevin Costner incarne le procureur intrépide avec un charisme de dingue. Taquin, Stone a confié au vrai Garrison le rôle de Warren ! Avec un tireur d’élite, le cinéaste a pu accéder à la fenêtre de la bibliothèque d’où Oswald est censé avoir fait feu. Conclusion : impossible qu’il ait pu tirer à plusieurs reprises en 10 secondes ! Des tireurs étaient postés autour de la Dealey Plaza… reconstituée pour le tournage. Selon Stone, sa théorie du complot est avérée, c’est un coup d’État masqué ! Dès sa sortie, le film est un succès et fait scandale : « Je suis ravi de la polémique suscitée. Je souhaite que JFK donne l’envie aux Américains de se rebeller contre l’Histoire officielle. » Devant l’émoi, le Congrès fit voter en 1992 une loi visant à déclassifier une partie des archives sur la mort de Kennedy. Pour autant, le mystère demeure.
JFK, vendredi 24 novembre à 21h05 sur France 5
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