Aspiration à la paix à la justice

14 NOVEMBRE 2023

Je voudrais s’il est possible faire comprendre quelque chose d’élémentaire, à savoir que les Juifs qui ressentent cela sont aussi les victimes de l’impérialisme US, français, de leurs alliés tortionnaires en Ukraine, en Israël et qu’ils se sentent plus juifs que jamais, la justice fait partie de notre ADN, nous sommes à jamais les judéo-bolcheviques. Que les salopards fondamentalement antisémites qui en rajoutent en nous balançant les reniements de Shlomo Sand, à la recherche d’un public, nous donnent envie de vomir. Eux aussi nous nient, nous interdisent de ressentir ce qu’exprime cette femme, à savoir que c’est à partir d’une expérience millénaire d’exclusion, de traitement en tant que “nuisibles” que nous combattons ce qui se passe en Palestine. Je crois que si je renonce un jour à ce blog ce sera à cause de ces gens-là qui se croient malins d’en rajouter dans l’antisémitisme en nous niant le droit d’être juif, en racontant des stupidités sur le fait que nous qui ne sommes pas croyants, pas d’accord avec Netanayoun nous ne serions pas juifs. Comme si le fait d’être juif excluait de l’humanité et qu’ils nous conseillent de renier nos pères et mères pour être préservés, alors même que nous combattons pour la dignité et l’humanité des juifs. Ils réveillent en nous cette résistance au bucher et ne comprennent rien au fait que le massacre des Palestiniens annonce pour nous l’exode des juifs, une fois de plus… Ces israéliens fous sont en train de créer les conditions de notre propre exode, inexorable, une fois de plus… Et autour de nous les multiples visages de l’antisémitisme nous invitent à participer au bucher en étant relaps. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

PAR BARBARA ALTEMUS

Aspiration à la paix et à la justice

Comment puis-je nommer cette terreur qui persiste à l’intérieur, tirant sur mon cœur, seulement apaisée par les sanglots, le deuil de toute la mort continue d’enfants, de femmes, d’hommes et de personnes âgées innocents – des bombardements incessants venant de ceux qui n’ont pas de cœur et de ceux qui ont perdu leur humanité et leur capacité d’aimer et de prendre soin de la vie telle que voulue par le Créateur ?

J’ai le cœur brisé et je suis terrifiée par l’inhumanité qui se dresse sur son visage hideux. Je suis horrifiée par la multitude de gens qui ont été programmés comme des robots, alors qu’ils tentent de justifier l’indicible, l’inimaginable, l’horrible, l’inadmissible. Le plus terrifiant, c’est de voir tant de personnes traumatisées qui ne veulent faire aucun effort pour guérir leur douleur. Au lieu de cela, ils infligent leurs blessures et leurs traumatismes aux autres.

En tant que femme juive élevée pour défendre la justice et les opprimés, et qui a perdu des proches dans l’holocauste juif, l’angoisse de ce dont l’humanité est capable est dans mon ADN, dans mes souvenirs, dans mon cœur et dans mon âme. Ce souvenir et ce chagrin ont été un catalyseur constant dans ma vie – ils inspirent mon activisme non seulement à ne jamais permettre qu’un autre holocauste juif se produise, mais à ne plus jamais permettre que des génocides, comme il y en a eu beaucoup, se produisent à plus jamais contre aucun peuple. J’ai toujours ressenti une proximité avec mes frères et sœurs palestiniens et arabes. J’ai été témoin de loin, puis en personne l’année dernière, de ce que les Palestiniens endurent sous l’occupation israélienne et la mentalité coloniale sioniste. Comment les êtres humains peuvent-ils si rapidement oublier les horreurs qui leur ont été imposées et infliger ces mêmes atrocités à un autre peuple opprimé ? Être témoin de la souffrance humaine est insupportable, et ce qui est encore plus troublant, c’est le fait que ces mêmes personnes avaient des parents, ou qu’elles ont elles-mêmes survécu aux ravages du génocide. Ils sont maintenant les auteurs d’un génocide, le tout dans le mensonge de protéger et de sauver le peuple juif.

Il n’y a rien de juif, ni d’humain, dans cette réponse. Pendant des milliers d’années, les Juifs ont été expulsés de leurs terres, assassinés sans pitié, ont enduré des conversions religieuses forcées, et connaissent la souffrance et l’agonie que le colonialisme, la diabolisation et le génocide causent à un peuple. Comment pouvons-nous justifier l’oppression ? Nous ne le pouvons pas, et beaucoup d’entre nous ne le feront pas. Le sionisme, qui a été fondé au XVIIIe siècle, est une stratégie politique coloniale qui sanctifie l’expulsion forcée de millions de Palestiniens de leur patrie. Le sionisme déshumanise les Palestiniens en créant le mythe de dangereux terroristes dont la vie n’a pas d’importance, alors que les vies israéliennes sont privilégiées. Cela a soumis les Palestiniens à des traitements inhumains et à des conditions de vie inimaginables.

S’il n’est pas clair à quel point cette stratégie a été destructrice, le monde s’y intéresse maintenant de plus près. En moins d’un mois, plus de 10 000 civils innocents à Gaza, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tués par des bombes et des armes israéliennes, fournies et soutenues par le gouvernement américain. Des milliers d’autres sont blessés et privés d’eau, d’électricité, de carburant, de nourriture et des moyens de subsistance de base. Dans cette situation humaine désastreuse, Israël et les États-Unis refusent toujours d’appeler à un cessez-le-feu. Des Israéliens innocents meurent aussi. La sécurité et la survie des otages ne sont pas non plus prises en compte. Qui sommes-nous devenus et que sommes-nous devenus ? À quel point la souffrance est-elle trop grande ? La souffrance humaine a-t-elle encore de l’importance ? L’empoisonnement des personnes, de l’eau, de l’air, de la terre et de tous les êtres vivants avec les bombes contenant du phosphore blanc et d’autres produits chimiques toxiques a-t-il même de l’importance ? Pour quoi et pour qui ?

Les Juifs qui ne croient pas au sionisme ne sont pas antisémites, et nous ne nous haïssons pas nous-mêmes. Les Juifs antisionistes s’en souviennent. Nous n’avons pas oublié, et nous n’oublierons jamais, qui nous sommes et pourquoi nous sommes ici en tant qu’êtres humains. Nous défendrons la justice et l’égalité des droits parce que nous savons ce que c’est que d’être privé de ces droits.

Les politiques gouvernementales d’Israël ont provoqué une forte poussée de l’islamophobie et de l’antisémitisme dans le monde, car les gens assimilent le sionisme au judaïsme. Le sionisme a moins de 150 ans et a été créé avec l’intention de prendre, et ce faisant, de contaminer la terre qui ne leur revient pas de droit. Le judaïsme est vieux de plusieurs milliers d’années.

Après la Seconde Guerre mondiale, pourquoi les Britanniques et les sionistes se sont-ils attaqués au peuple palestinien qui ne nous a pas forcés à entrer dans des camps de concentration et des chambres à gaz ? Dans le colonialisme de peuplement, il est toujours nécessaire de trouver un bouc émissaire, quelqu’un à blâmer et à exploiter. Nous voyons cela tout au long de l’histoire et les gens croient à la propagande, car le perpétuateur qui commet le génocide s’en tire avec ses crimes. Nous le voyons avec les Kānaka Maoli (Hawaïens autochtones) et l’occupation militaire illégale des États-Unis, où les Kānaka sont dépeints comme dangereux et agressifs alors que leurs terres sont volées et contaminées. Nous le voyons avec les Amérindiens du Nord et du Sud qui ont été dépeints comme des sauvages, moins qu’humains, pendant des siècles. Nous le voyons avec les Africains réduits en esclavage et leurs descendants dépeints comme moins qu’humains et seulement bons pour leur travail sans autre valeur humaine. Nous le voyons avec l’incarcération massive des Américains d’origine japonaise. C’est ce que nous constatons avec les communautés asiatiques et latino-américaines. Nous le voyons avec les immigrés, et la liste s’allonge encore et encore : tous les peuples sont utilisés pour l’exploitation, pour l’accaparement des terres, pour la main-d’œuvre bon marché.

Même après la Nakba (la catastrophe) de 1948 et 75 ans d’occupation, les colons sionistes continuent de voler et d’empoisonner la terre de plus en plus violemment et d’occuper les maisons des Palestiniens. Le gouvernement et l’armée israéliens soutiennent ces colons alors que de plus en plus de Palestiniens sont forcés de quitter leurs maisons. Les mêmes dirigeants qui utilisent notre nom et instrumentalisent l’agonie de nos ancêtres pour justifier ces horreurs, incitent à plus de haine et de violence contre leur propre peuple.

Les Juifs de la diaspora se réveillent du faux récit qu’on leur a raconté lorsqu’ils étaient enfants – qu’Israël est un refuge sûr pour les Juifs. Ce qu’on ne nous a pas dit, c’est que c’était au prix de la création d’un cauchemar pour les Palestiniens, ce qui l’a rendu dangereux pour tout le monde. Le sionisme a créé des lois qui perpétuent un racisme flagrant envers les Palestiniens, d’horribles murs séparant les gens, des checkpoints violents que les Palestiniens doivent endurer pour aller au travail, à l’école, au marché, à l’hôpital et vivre l’expérience de la vie quotidienne, des soldats armés qui sont très visibles ciblant les Palestiniens, et la formation de la plus grande prison à ciel ouvert du monde à Gaza. L’ONU a déclaré Gaza inhabitable. Et une fois de plus, après un blocus de 16 ans, Gaza est anéantie par les bombes, tuant et blessant principalement des civils, frappant des maisons, des hôpitaux, des écoles et la population civile en général. Israël a été accusé d’avoir commis un génocide, des crimes de guerre et de violer le droit international.

Partout dans le monde, des millions de personnes s’unissent pour protester contre de telles atrocités. Les Juifs se rassemblent comme jamais auparavant, dirigés par des rabbins, des mères, des pères, la jeune génération. Ils s’expriment, prient, se rassemblent et disent PAS EN NOTRE NOM. Des gens de toutes les parties du monde, de toutes les confessions et de toutes les origines, soutiennent la libération des Palestiniens et leur lutte pour vivre et être reconnus comme des égaux, méritant les droits de tout autre être humain.

Que la terreur et le chagrin que tant de gens portent dans nos cœurs soient rehaussés par un sentiment de clarté, de direction et de boussole morale. Puissions-nous nous voir montrer le chemin pour être les meilleurs êtres humains possibles, en nous aimant et en nous protégeant les uns les autres, ainsi que notre Terre Mère, des crimes scandaleux qui sont commis par Israël et les États-Unis aujourd’hui.

Puissions-nous vraiment montrer notre gratitude pour cette vie sacrée en nous aimant et en prenant soin les uns des autres, et en honorant et en réparant ce qui a été blessé et mal fait, en le redressant. Puissions-nous guérir, arrêter ces atrocités et nous souvenir de ce que signifie être un bon être humain.

Un merci spécial à la fille de Barbara, Imani Altemus-Williams, pour ses contributions éditoriales.

Barbara Altemus, écrivaine, auteure et documentariste, était en Palestine en octobre 2022 avec Eyewitness Palestine, une délégation de Palestiniens, de Juifs et de personnes de diverses confessions, ethnies et nationalités. Elle réside à Hawaï depuis près de 40 ans. Au cours de son voyage personnel en Palestine, elle a été très touchée par la beauté et l’amour du peuple palestinien, et a eu aussi le cœur brisé en voyant ce qu’il a vécu et continue d’endurer sous l’occupation israélienne. Elle a eu du mal à exprimer par écrit et par conversation tout ce qu’elle a vécu l’année dernière. Beaucoup de choses étaient enfouies dans son cœur. Cette récente réponse de l’armée israélienne au peuple palestinien lui a brisé le cœur à l’idée d’écrire cet essai.