Voici un début de compte-rendu de ce voyage-rencontre fait à quelques-uns en France occitane. Tout a débuté à Montpellier par cette réunion. Mais il faudrait ajouter à ce résumé de mes propos tout ce que l’on apprend dans ce genre de contact, y compris les repas et les soirées passées chez des camarades et les échanges informels riches d’enseignement. Disons qu’à Montpellier j’ai découvert un parti jeune qui est en train de se ré-inventer au plan local comme au plan national. Et ils ne sont pas les seuls, partout à Toulouse, à Limoges, il existe des noyaux d’un parti “de type nouveau” qui cherche l’efficacité, partout j’ai trouvé cette rencontre entre de jeunes communistes qui ont repris la marque et qui ont un dialogue avec des militants plus âgés qui n’ont pas renoncé. Ensemble, ils tentent de retrouver ce qui a été détruit à un point inimaginable. Cela n’intervient pas par hasard, il y a la conscience très intéressante d’un autre temps avec ses nécessités et ses possibles. C’est à Montpellier que cette équipe met en œuvre de la manière la plus active, inventive, ceux qui entament une réflexion : qu’est-ce qu’être communiste aujourd’hui dans un monde dont l’histoire bascule ? Je reviendrai probablement sur ce que j’ai appris dans ce voyage et comment ce début à Montpellier a donné sens à l’ensemble des rencontres, mais voici le compte-rendu que je me suis permis comme me l’a demandé Paul d’un peu préciser sans en modifier ni la trame ni le contenu. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
samedi 6 novembre à la fédération de l’Hérault du PCF.
Notes et transcription par Paul Barbazange.
20 présents dont une majorité de jeunes.
Vous m’avez demandé de présenter la question ukrainienne. Je me suis interrogée : comment aurait on abordé jadis cette question dans un univers militant ? On avait alors une conception tournée vers l’action militante. Marx : « Jusqu’ici les philosophes ont analysé le monde, maintenant il faut le transformer ».
Comprendre le monde pour le transformer tel devrait être l’attitude des militants communistes. Donc voici le plan que je vous propose :
- Les communistes et la paix. Ukraine comment agissons-nous ?
- Démilitarisation de l’Ukraine, dénazification. L’Ukraine et le nazisme. Le recyclage des nazis après 1945.
- Impérialisme et monde multipolaire. Quel rôle joue la guerre ?
1) La paix dans le monde. Comment agissons nous ? Quelles sont nos positions fondamentales ?
Nos parlementaires ont voté la résolution 390, c‘est un fait très grave. Un vote en dehors de toute ligne politique. Est-ce que nos élus ont défendu l’orientation fondamentale des communistes sur la paix ?
Le rôle que nous avons toujours joué. Pendant des siècles, avec les seigneurs, les rois, la paix n’est pas l’objectif des relations internationales, le but était plus ou moins le pillage, on se faisait la guerre ensuite on s’épousait pour prendre possession des terres.
Avec les Lumières, la révolution française, une autre conception du droit international a surgi, Kant puis Robespierre sous la Révolution. Avec Kant et « l’idée de paix éternelle » on passe du droit divin au consensus des citoyens. La république, c’est-à-dire la nation reposant sur une constitution, une charte et pas sur le droit divin, crée non seulement une égalité formelle entre citoyens, mais entre nations souveraines qui ont elles-mêmes une charte qui privilégie la négociation et la paix.
C’est une théorie qui s’incarne avec la révolution bolchévique de 1917, faite contre la boucherie mondiale des impérialismes qui voulaient se partager le monde, chacun se retourne contre sa propre bourgeoisie qui a voulu la guerre.
Pour Lénine et Rosa Luxembourg ce qui fonde le droit, c’est de respecter la paix ; les peuples ne veulent pas la guerre, ceux qui la veulent sont les marchands d’armes.
Les bolcheviks libèrent les prisonniers, arrêtent la guerre par la paix de Brestlitovsk, ils donnent la terre (de grandes parties de l’empire du tsar) contre la paix. C’est la fondation de l’URSS qui arrête la guerre. Mais les impérialistes ne le veulent pas et 14 nations coalisées partent à l’assaut de l’URSS. De Gaulle est en Pologne avec les troupes du corps expéditionnaire français qui vont de fait créer et entraîner la guerre dite civile.
En russe le mot MIR a trois significations, la paix, le monde, la communauté villageoise.
Pour les bolcheviks les relations internationales doivent être fondées sur la paix, ceci n’a jamais été accepté par la bourgeoisie. Et la fin de l’Union soviétique remet en cause y compris ce qui a été imposé avec la charte des Nations Unies. Nous retournons derrière les Etats-Unis à la vision impérialiste de la guerre y compris préventive.
En France, aujourd’hui, sans avoir déclaré la guerre nulle part nous sommes dans un camp. On n’a déclaré la guerre ni à la Russie, ni à la Chine, ni à aucun pays d’Afrique ! Et pourtant nous nous retrouvons dans un camp, celui de l’atlantisme dont le but est la défense de l’hégémonie impérialiste des USA.
Les guerres se multiplient car il n’y a plus de relations internationales basées sur la paix.
L’exemple le plus manifeste : le blocage du conseil de sécurité. Ces jours -ci, vote à l’ONU sur la situation en Palestine, un chemin : cessez le feu, aide humanitaire, réflexion sur un futur. Le conseil de sécurité bloque. Devant ce blocage, dans le cadre d’une procédure institutionnelle, l’assemblée générale peut suppléer. Elle le fait à une large majorité, nous sommes dans une hégémonie et déjà du nouveau apparait.
Il y a également le vote pour obtenir la levée du blocus de Cuba, deux votes contre : USA et Israël, une abstention : l’Ukraine.
J’ai fait connaître sur mon blog un texte remarquable des Chinois analysant cette situation : « Très bizarre, les pays se prononcent tous contre les USA et personne ne bouge ! Il suffit que les USA ne veuillent pas et rien ne bouge. »
Le choix de la Russie de rentrer en Ukraine a été condamné, autre chose en a été des sanctions et des envois d’armes.
6 pays ont dit qu’ils sont d’accord avec Poutine. Cuba n’est pas d’accord et le dit mais pour autant il n’est pas question de porter la guerre contre la Russie, il faut faciliter les négociations, peser pour que celles-ci aient lieu et là c’est une position majoritaire.
Le contraire de la position des Etats-Unis et de la Grande Bretagne qui empêchent les négociations, poussent y compris l’extrême-droite ukrainienne au pouvoir à assassiner l’un de ses négociateurs et à refuser toute négociation comme ils l’ont fait avec les accords de Minsk.
C’est en cela que la résolution 390 est dangereuse, on y accepte d’être belligérant ; on se range dans une guerre non déclarée pour entretenir un camp et rendre impossibles les négociations.
Il existe deux principes en droit international : le caractère intangible des frontières et le droit à l’autodétermination. Ces deux principes peuvent entrer en contradiction et le but de la négociations est de trouver une issue à la contradiction.
Mais on est belligérant ou on ne l’est pas. On peut l’être dans le cas d’alliances ou coalitions, sans avoir aucun intérêt on peut être automatiquement entrainé dans la guerre. Les Etats-Unis créent partout ce genre de coalitions.
En revanche, les Chinois n’ont aucun allié officiel, sauf un la Corée du Nord. Avec la Russie il y a un partenariat stratégique, des conceptions communes du droit mais pas d’alliance amenant à entrer en guerre. Partout aux niveaux régionaux il est recherché des intérêts réciproques qui permettent d’en finir avec les hostilités. C’est la base du monde multipolaire.
Le monde évolue heureusement vers un monde multipolaire où l’on retrouve l’esprit de la charte des Nations Unies.
Les Chinois ont eu entre autres une grande réussite diplomatique : la reprise de contact entre l’Iran et l’Arabie Saoudite.
Du côté des USA il y a mise en place de coalitions qui entraînent dans la guerre, utilisation de l’extraterritorialité, une CIA qui ne rend de comptes à personne.
Ceci m’amène à notre propre choix de communistes français : Quelle que soit la manière dont les communistes analysent les événements en Ukraine, qu’ils se référent au principe des frontières intangibles, ou à l’autodétermination, qu’ils réfléchissent à partir de l’intervention ou qu’ils analysent la politique agressive de l’OTAN, les années de guerre dans le Donbass, le refus d’appliquer les accords de Minsk, nous pouvons nous entendre sur le principe de paix et l’application de la charte des nations unies. N’entrons pas dans les conflits, ne soyons pas belligérants et privilégions les négociations.
On peut considérer que la Russie a franchi le principe de l’inviolabilité des frontières, on ne peut pas en tirer les conclusions qu’on est en guerre, que la Russie a tous les torts, qu’on alimente la guerre.
Nous sommes pour la paix sans réserves, pour ne pas envoyer d’armes.
Alors : Pourquoi ? Comment ce vote ?
Il y a eu perte de l’autonomie du PCF depuis Mitterrand en particulier sur les questions internationales. Il y a un retour vers le consensus atlantique et le PCF n’a plus eu de politique internationale propre pendant que la gauche au nom de la “démocratie” conçue comme de fait le pouvoir des Américains s’imposait. Ce renoncement en a accompagné d’autres à savoir la défense de la part des revenus du travail dans la “richesse des nations”.
Nous sommes sur une phase de reconquête sur bien des points avec le 38ème congrès et F. Roussel. C’est très bien.
Par contre la situation internationale, le plan international, le contexte international n’est pas maîtrisé. Par exemple Roussel dés le lendemain de l’intervention a déclaré « Sanctionnons les russes en prenant les bateaux des oligarques ». Ce n’est pas à nous de le faire si les Russes veulent en finir avec leurs oligarques comme nous avec les nôtres c’est au peuple russe et à nous de se ré-approprier les richesses, pas à d’autres de venir nous les piquer, c’est la vision des pillards impérialistes, le jeu des “sanctions” voire des blocus. Au contraire il faut changer l’ONU, combattre la manière dont à l’ONU et dans toutes les institutions internationales y compris l’UE, peu à peu il y a eu substitution des thèses et des intérêts américains aux principes de la charte des nations unies.
- La dénazification, la démilitarisation de l’Ukraine, le recyclage des nazis par la CIA : Les russes en font un objectif majeur de leur opération spéciale.
Nous ne pouvons limiter la nazification de l’Ukraine à ce que nous savons du régiment Azov et qui est déjà gratiné puisque nous sommes déjà confrontés à un pays qui ne craint pas de faire attaquer sa propre population par des gens de cette espèce.
J’ai vu l’incendie de la maison des syndicats à Odessa, les dizaines de morts en 2014. Nous avons reçu en France les mères de ces militants effroyablement assassinés. Au Maïdan que s’est -il passé ? Qui a tiré sur la foule ?
Pourtant malgré son caractère atroce, tout ceci n’est que la partie apparente de l’iceberg.
Regardons ce qui vient de se dérouler au Canada. Zelinski y arrive, il y est fêté au parlement avec un autre personnage. Les organisations juives disent : « Vous honorez un nazi qui a massacré des juifs en grand nombre ». Les médias occidentaux étouffent !
J’ai apporté un livre écrit il y a 35 ans « Le boomerang américain ». Il faut le lire. Il décrit l’utilisation des anciens nazis sous la houlette US dans tous les pays soumis à l’impérialisme US. Les livres de chercheurs américains, la presse américaine disent souvent beaucoup plus qu’en France où il règne de fait une censure impitoyable, et surtout une autocensure.
Ce que décrit ce livre c’est comment alors qu’à Yalta et à Potsdam le principe de la dénazification avait été retenu. Le procès de Nuremberg en a été un élément majeur, très tôt les Etats-Unis et l’Europe contrôlée par eux non seulement n’ont pas dénazifié mais ont massivement recruté et mis à des postes clés les anciens nazis, et ce sont eux qui ont peu à peu ré-inventé la deuxième guerre mondiale et les principes.
Au contraire, les américains ont recruté les anciens nazis : qu’il s’agisse de scientifiques comme Von Braun dont tout le système de production de fusées fonctionnait avec le camp d’extermination de Dora et ses déportés travaillant dans des conditions abominables. En Europe, en Allemagne même, on a couvert cela avec la fable de la Wehrmacht, « armée normale » presque opposée aux SS ! Cette fable a « justifié » le recrutement de Gehlen pour le renseignement, pour faire les cadres de l’armée de la RFA, les cadres de l’OTAN. Participation à la chasse aux communistes en RFA.
Très vite dans le cadre de la guerre froide, on été entretenu des noyaux y compris de saboteurs, de régimes dits “démocratiques en exil”, de “dissidents” des pays du pacte de Varsovie. Tous ces gens qui ont servi de relais durant la guerre froide ont été utilisés dans le chute de l’URSS pour créer les “gouvernements démocratiques”.
Après la fin de l’URSS, l’Ukraine a été au premier rang de ces régimes et de cette propagande.
L’Ukraine est composée de deux mondes d’un côté et de l’autre du Dniepr, La Galicie a été la zone d’effroyables pogroms. Bandera et ses assassins. 30.000 personnes assassinées à Baby Yar. Aujourd’hui l’avenue qui y conduit a été renommée Bandera !
Comprenons que ce mouvement vient de loin. Il y a des scandales qui permettent d’en mesurer l’ampleur, des dizaines de milliers de recrutés, mais nous avons des cas particuliers. Déjà il y l’affaire Lebed. Lebed un sadique tortionnaire avait fondé en Italie « Les indépendants d’Ukraine » financés par la CIA, en 1949, il est repéré par ses victimes, qui exigent son jugement, il est exfiltré par la CIA vers les USA et c’est en suivant sa trace que l’on découvre la filière et à travers elle le fait que la CIA n’obéit pas aux lois des Etats-Unis.
En 1949, une loi entre en promulgation aux USA. Pour entrer dans le pays il ne faut être ni tuberculeux, ni communiste… Mais chaque fois que la CIA le demande, le procureur peut déterminer qui, étranger, est utile à notre politique et on le prend. Il n’y a aucune loi pour la CIA.
En 1949 la nouvelle CIA organise tout cela. Un article marquant de Wallace Carol (journaliste appointée par le gouvernement) au même moment lance une interprétation concernant ces collaborateurs : « Il y a eu pendant la deuxième guerre mondiale des individus farouchement anti-staliniens, ils ont accueilli avec joie l’arrivée de l’Allemagne Nazie par anti-stalinisme, des personnages comme Vlassov en Russie, Bandera en Ukraine, étaient des nationalistes anti-staliniens, pas des nazis ».
Ce thème est devenu récurrent dans la propagande US. Alors même que des centaines de tortionnaires sont exfiltrés aux USA, d’autres nazis en Amérique latine. Klaus Barbie en est le parfait exemple : exfiltré vers la Bolivie où il a organisé en nazi l’exploitation des indigènes et leur torture. Pareil au Paraguay, au Chili, au Brésil, en Argentine, en Colombie, etc… (dans le plan Condor les tortionnaires de la guerre d’Algérie apportent leurs compétences). Ce sont de véritables cadres qui rejoignent ceux d’Europe liés à la mafia et à certains courants de l’Église.
Cette nazification marque tout l’occident actuel : la vice-présidente du Canada est issue de ces mouvements. Certains d’entre eux seront des relais dans l’affaire des « Panamas papers ». Donald Tusk, le polonais est le descendant d’un de ces individus qui a choisi la Wehrmacht. Ils ont joué un rôle important dans la fin de l’URSS. En Arménie, dans l’actualité en ce moment, il y a eu le même recrutement. Glucksmann chez nous part vivre avec la chef de la police en Géorgie. Les ressources en pétrole jouent un rôle essentiel. En Azerbaïdjan le secteur monopoliste installe ses hommes. Bernard-Henry Lévy est un espion de la CIA. Sa fortune vient de l’exploitation du Cameroun.
La nazification est un système installé, un des piliers de la dollarisation. Au Chili il y a eu les « Chicago boys » de Pinochet. C’est une idéologie et beaucoup plus c’est l’impérialisme avec son organisation économique et militaire.
Les communistes ont toujours été en face et partout se sont opposés au pillage alors qu’ils appartiennent à une nation colonialiste et impérialiste.
Je pense à l’Afrique et à notre camarade Jean Suret-Canale. Je pense aux luttes, à nos luttes pendant les guerres coloniales.
Les USA proclament l’extraterritorialité de leurs lois pour des blocus d’une extrême violence. Récemment un dirigeant de Huawei a été arrêté pour avoir enfreint le blocus en Iran. Par le biais du dollar et de leurs bases militaires ils veulent rendent leur législation interne universelle.
Les sanctions plus l’extraterritorialité c’est la fin de notre droit à exister.
Cela fait penser à la mafia où cette organisation est à la fois juge, flic et gangster.
Regardez le cas de Cuba en état de siège, ce qui est condamné par quasiment la totalité de l’humanité. On met le siège, on n’attaque pas des armées on attaque ceux qui ne peuvent se défendre, les femmes, les enfants. Gaza est un moment exacerbé de cette logique et les Etats-Unis ont envoyé un porte avion alors que l’armée israélienne n’a pas besoin de renfort. Ils ont créé le droit d’agir ainsi malgré l’exigence d’un couloir humanitaire.
Partout à coup de sanctions, de blocus, de droits de la CIA d’installer des centres de torture, d’extraterritorialité ils suspendent toute possibilité de droit international. Ils enrôlent même de petits peuples comme leurs hommes de main, qui entretiennent guerre et insécurité pour eux-mêmes et les autres. Ils créent autour de leurs expéditions punitives des trafics, pétroles, armes, drogues, des financements parallèles à travers lesquels la CIA finance ses déstabilisations, place des fondamentalistes pour empêcher que les communistes et les progressistes soient au pouvoir.
Aujourd’hui le pétrole en Syrie passe par les Kurdes et va alimenter les trafics d’armes, de drogue, autour des bases américaines.
Rappelons nous, Khomeyni était en France, il a été renvoyé en Iran pour y établir le régime des mollahs. Partout où existait le risque de voir des communistes ils ont installés les leurs.
Ben Laden, au départ agent de la CIA, l’a été en Afghanistan. Eltsine par sa décision de ne plus soutenir les progressistes afghans a fait assassiner le dernier secrétaire du PC afghan, un camarade de grande valeur. Tout ceci bien souvent au nom de la lutte contre le terrorisme.
3) Impérialisme et monde multipolaire :
L’idée force que nous pouvons avoir de la période est qu’un monde nouveau est en train de naître, il est déjà là. Ce monde nouveau se caractérise par une série de mises en mouvement. D’un côté, les Etats-Unis ne se résignent pas à ne plus être la seule puissance vassalisant le reste du monde alors qu’ils sont incapables de tenir ce rôle autrement que par la destruction, de l’autre le monde nouveau est en train de s’ébaucher et a impérativement besoin de l’intervention des peuples, de la classe ouvrière.
Premièrement l’impérialisme c’est le capitalisme avec le pouvoir des monopoles financiarisés qui a besoin sans cesse de nouvelles conquêtes internationales et qui de ce fait engendre des contradictions entre pays impérialistes et pays pillés. Il y a eu trente ans de contrerévolution, avec trahison. Nous sommes à une période où rien ne peut demeurer en état. La nouveauté de la période c’est la naissance de puissances dites émergentes et de nouvelles relations sud-sud dans lesquelles un pays dirigé par un parti communiste la Chine joue un rôle directeur. Dans ce monde multipolaire se combinent des relations de pouvoir avec des luttes internes et la pression des peuples. Mais partout la contradiction entre le capitalisme concurrentiel, asphyxiant l’initiative, et la nécessité de la coopération pour faire face aux défis environnementaux, épidémiques, de développement scientifiques et techniques est à l’œuvre. Dans le même temps, face aux crises, à la pression contre l’emploi, le niveau de vie, montée des luttes de classes, partout se pose la question de l’issue politique : le socialisme.
La grande arme de l’impérialisme en déclin c’est la guerre et en revanche la paix est donc notre choix, la paix pour la justice, pour la survie de l’humanité.
La classe capitaliste, l’impérialisme partout apparait comme se réduisant à des individus médiocres dont les intérêts personnels se confondent avec la guerre. La perte de confiance dans les dirigeants est forte mais elle ne débouche pas nécessairement en faveur de l’engagement pour la paix et pour le socialisme, au contraire. D’où nécessité de l’intervention populaire et des communistes autrement c’est le fascisme et la guerre.
Les intérêts personnels, ceux qui ne représentent plus les peuples, n’arrivent plus à faire illusion. En Ukraine, le fils Biden est impliqué dans les affaires pétrolières. Il en a été de même pour toutes les révolutions de couleur dans lesquelles les oligarchies locales tombent rapidement le masque et l’Ukraine est une caricature. En Ukraine ils ont changé le gouvernement légitime allant jusqu’à interdire de parler russe dans un pays où tout le monde parlait russe et dans l’est duquel on ne parle que le russe. Le nationalisme est division, antagonisme interne, chauvinisme, des peuples affaiblis et en proie à la haine interne et externe. Le fascisme a besoin de la guerre. L’impérialisme met de plus en plus en place les conditions de la légitimation du fascisme en créant un ennemi externe qui a sa cinquième colonne dans le pays et “l’insécurité” devient un mode de gestion. L’OTAN est la traduction d’une telle conception du monde, quand l’ennemi n’existe plus il faut l’inventer.
Les USA avaient promis à Gorbatchev de dissoudre l’OTAN. Depuis la disparition de l’URSS par l’acte criminel de ses dirigeants, loin de se dissoudre, l’OTAN progresse systématiquement vers l’est : la Russie et la Chine.
La Russie ne peut supporter de le voir à ses frontières, de voir la haine des Russes, la russophobie s’installer à ses portes. Les Russes ont protesté depuis des années, les communistes russes ont demandé une réaction depuis longtemps.
Dans l’histoire, le Donbass région très industrialisée avec une très importante classe ouvrière a été rattachée à l’Ukraine par Lénine pour tenter d’équilibrer l’Ukraine instable (cosaques, profond antisémitisme des régions ukrainiennes de l’ouest). La Crimée est une région russe depuis Catherine II et Potemkine. C’est Khrouchtchev qui donne en 1954 la Crimée à l’Ukraine. D’autres régions comme la Transnistrie sont pro-russes.
Comme pour les restes décomposés de l’empire austro- hongrois, l’impérialisme US attise les divisions ethniques, créé les conditions de l’explosion partout, joue la balkanisation.
Si on n’arrête pas ça, cette politique peut se développer partout. En Europe, en Russie.
A la veille des élections européennes il faut parler de ça.
Von Leyen n’a été élue par personne.
Le système de l’UE s’identifie à l’OTAN.
Pourtant on est passé dans une autre situation historique, l’impérialisme n’a plus tout le pouvoir, mais il conserve un énorme pouvoir de nuisance.
Pour moi, ils ont perdu en Ukraine. L’Ukraine n’a plus la force de se battre. En plus la politique intérieure des USA joue, le sénat conservateur, trumpien ne veut plus voter les crédits de guerre. Pourtant ce sont les industries de l’armement qui gouvernent. Beaucoup de démocrates, le fils Biden, Clinton ont des intérêts en Ukraine où par ailleurs d’immenses terres ont été achetées par les multinationales. Des mouvements sont donc à attendre dans les appareils d’état, en Ukraine. Aux USA les positionnement des citoyens pour les prochaines consultations électorales peuvent peser. Je ne peux me retenir de citer la phrase d’un dirigeant américain Kissinger : « Nos ennemis s’en sortent quelque fois, nos amis jamais ».
La France est dans cette histoire à contrario de ses propres intérêts.
Le régime de Zelinski est marqué par la corruption et par les assassinats d’opposants. Il a interdit 14 partis et y compris l’Église ortodoxe qui avait pourtant fait allégeance. C’est incroyable, on nous le vend comme démocrate.
Les USA cherchent la guerre avec l’Iran. Sachons que si par malheur ils arrivaient à cette extension du conflit Palestine-Israël, si le détroit d’Ormuz est bloqué « On fera des crêpes sur un feu de bois » comme le disait avec humour un camarade tout à l’heure.
Jouons la paix !
Actuellement les Chinois sont les plus raisonnables, ils proposent des négociations régionales visant à empêcher les crises.
Soyons partout un facteur de paix.
Si tu veux la paix, cesse d’entretenir la guerre.
Si on veux la paix il faut empêcher que les USA provoquent la guerre.
On peut y arriver! Regardez en Afrique, pour le moment ils n’ont pas réussi à déclencher la guerre dans l’Afrique de l’Ouest. Il existe une situation très dure mais il y a aussi des échanges de technologie, d’autres échanges internationaux. Le monde multipolaire avec le BRICS comprend désormais le plus grand nombre d’êtres humains, contrôle l’énergie et a une puissance d’investissement. Se pose la question de la dédollarisation et la nécessité d’échapper non seulement aux sanctions et vols de biens nationaux, mais surtout de faire face à l’effondrement très dangereux de cette monnaie. La gestion de la monnaie universelle relevant non seulement de la piraterie mais générant une inflation dramatique.
Les Etats-Unis sont en train de voir s’effondrer tous les piliers de leur hégémonie impérialiste, le dollar et en particulier le pétro-dollar (la nécessité de payer l’énergie en dollar) ; les sanctions pèsent toujours mais finissent par générer d’autres flux d’échange et là le non effondrement de la Russie, le pays le plus sanctionné est une leçon, sans parler de la Chine que l’on ne peut plus sanctionner. Le second pilier c’est l’armée la plus puissante du monde qui part en courant devant des bergers afghans et qui avec l’OTAN est en train de se faire battre en Ukraine. En Ukraine, ils savent qu’ils ont perdu mais ils tentent de sauver les oligarques et les intérêts quitte à détruire définitivement le pays devenu un gouffre financier que personne ne peut assumer.
Le danger est l’ukrainisation de l’Europe avec sa balkanisation et les Etats-Unis et le consensus atlantiste qui règne en France tente de nous le faire accepter. Le troisième pilier de l’hégémonie impérialiste c’est la main mise sur le système médiatique devenu système de propagande atlantiste. En fait l’aliénation de la presse communiste, le fait que celle-ci dit la même chose que les autres c’est le dernier clou sur le cercueil de notre liberté d’information.
Et c’est très grave non seulement au plan international mais pour les conséquences pour la vie de notre peuple, l’avenir et le développement de notre pays.
Notre niveau de vie passe par la paix. Les médias nous bassinent avec le coût de la réception de Charles III à Versailles. C’est une goutte d’eau par rapport à ce que coûtent les guerres et le financement des industries d’armement. Maintenant ils viennent de décider de financer la préparation des guerres avec notre argent déposé sur le livret A !
Alors pour en revenir à la politique du Parti. Bien sûr je pense qu’au plan international, les positions du parti, de l’Humanité, de la presse communiste sont très insuffisantes, mais je serai moins sévère avec Roussel que certains. Ce dernier a joué et joue un rôle positif, il a remis le parti communiste comme un acteur du débat politique, il aide à la reconquête de l’autonomie du parti et ils joue son rôle dans le médias. Il manque seulement un dirigeant du parti et partout des cadres de fédération, de section, de cellule, au niveau national qui se donneraient pour tâche de recréer un parti communiste.
Roussel est très bon dans les médias, c’est un bon député, un bon candidat aux présidentielles. Il agit en fonction des médias, de ce qui est exigé par l’idéologie dominante. Pour pouvoir dire la suite, Roussel commence par « C’est la faute à Poutine… » Si on arrive à supporter son introduction on s’aperçoit que le reste va dans le bon sens. En tous les cas meilleur que les autres intervenants.
On peut comprendre la démarche face aux médias, mais pour créer dans le parti et dans la population les conditions de la paix, ce n’est pas suffisant. Il faut connaître la situation internationale, argumenter et convaincre. Il faut des milliers de communistes pour recréer le terrain.
C’est le rôle du parti, c’est notre rôle de militants. Dans le fond il faut arrêter de courir derrière nos élus avec un cierge ou un bâton, il faut un vrai parti communiste qui joue son propre rôle. Si nous arrivions à renverser notre vision de ce que doit être ce parti ce serait même plus facile. Si nous raisonnons simplement en électoralisme nous ne pouvons pas agir, nous sommes simplement les supporters ou les critiques de Roussel dans sa dernière prestation au meilleur des cas des distributeurs de tracts. Mais si nous reconstruisons le PCF dont nous avons besoin, recréons des cellules, des lieux de formation, des équipes, nous sommes assez pour peu à peu mener un véritable combat autour par exemple des idées que nous avons développées et qui doivent être enrichies par le contact et l’action.
Un débat très riche, aussi long que la conférence elle-même a permis à chacun d’exprimer ses positions, à Danielle de préciser certaines choses. Les participants se sont quittés en souhaitant poursuivre ce type d’initiatives. Pourquoi pas avec une conférence sur la guerre Israël-Palestine, comment en sortir ?
Vues : 410
Etoile rouge
Remarquable analyse. Faites connaître. Appuyez vs sur elle. Tous ensemble
Richard
je ne suis pas aussi optimiste que vous concernant Roussel, ni aucun.e autre prétendu.e représentant.e. Laissez les à leur théâtre popolitik. Celui/celle qui “représente” est en puissance ni plus ni moins acteur, qui contribue à convertir toute intention (de contribuer) en charabia visant à vendre des mots sans se préoccuper DU TOUT du comment, des faits et des actions derrière, bref, vous n’en avez pas marre de leurs discours tautologiques qui surfent sur “ce qui est mode à dire” ? Vous ne sentez pas comme c’est le triomphe de la société du spectacle et du faux, toutes ces promesses vides débitées par eux, et en conséquence ineluctablement déçus, les espoirs qu’ils suscitent? Reprenez votre pouvoir, vous êtes libres et n’avez pas besoin de ces publicités sur pattes pour “mettre de l’ordre”. Tant qu’il y aura des gens pour donner des (mots d’) ordres, il y en aura pour obéir à ces ordres, aussi absurdes soient il. J’ai l’intuition que ce type n’est pas moins marionnette que d’autres (belle gueule hein? ça n’a pourtant jamais suffi.) et qu’il peut décevoir proportionnellement aux espoirs projetés en lui (ah les cocos .. L’imagination d’un monde sans leader.. pas simple!) Continuez à penser selon votre expérience intime du monde, fondez vos espoirs dans vos propres partages avec les autres: vous faites cela très bien et c’est suffisamment intéressant pour que je n’en ai personnellement rien à carrer de chouchouter la carrière de Roussel ! (Pas pressé d’entendre: Je m’est pris une gabelle, c’est la faute à roussel ..) Merci à vous. Je relirai votre texte plus attentivement.
Richard
PS: ..Comment mettre fin à la guerre…? Comment en sortir? 1- Éteignez votre téléviseur ! Récupérez votre Attention! Ayez de l’écoute pour les actions qui favorisent concrètement la paix en vous et autour de vous! Ces petits pas comptent énormément.