Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Attaques du Hamas : le soutien calculé de Marine Le Pen à Israël

Dans le cadre du clientélisme généralisé de la politique française on assiste à une tentative de rebattre les cartes selon une vieille donne, celle d’une France dans le sillage de l’UE et de l’Otan (cette position de Marine Le Pen correspond à celle de son lieutenant Bardella soutien enthousiaste de Zelensky et de la constitution d’un groupe fascisant avec Meloni). Mais ce monde-là et celui de la gauche est tout aussi vassalisé que Macron à l’impérialisme US, à l’inféodation aux marchés financiers. La gauche on pense bien sûr à l’atlantisme du PS, des verts, mais la FI et les foucades de Mélenchon restent enfermés dans les mêmes affrontements idéologiques, comme le Hamas et Israël jouent dans le même cadre stratégique. C’est pourquoi il est indispensable de prendre conscience de la nature du bouleversement auquel nous sommes confrontés avec le passage au monde multipolaire. Cela dit dans le contexte de confusion on peut craindre que cette forme tronquée de “nationalisme” l’emporte en France comme dans d’autres pays d’Europe. Le consensus que dans ce contexte va provoquer l’intervention de Macron au Moyen Orient se reportera in fine sur le Rassemblement National, tout ce que Macron accomplira de négatif et tout ce qu’il accomplira de “positif” dans ce consensus français tombera dans l’escarcelle du Rassemblement national. Avec les Echos de B. Arnault le capital français a sans doute fait son choix, à la fois de sa candidate et de son opposant. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale affiche un soutien ferme à Israël après les attaques du Hamas. Un positionnement qui vise à faire oublier l’histoire de son parti dans l’opinion et à poursuivre sa stratégie de normalisation.

Marine Le Pen.
Marine Le Pen. (AFP)

Par Jacques PaugamPublié le 24 oct. 2023 à 19:17

Au gré des crises, et y compris celle au Proche-Orient, le Rassemblement national continue de développer sa stratégie de normalisation. Le parti d’extrême-droite tente de reléguer aux oubliettes ses racines et les sorties antisémites de son fondateur, Jean-Marie Le Pen, en affichant un soutien inconditionnel à l’Etat israélien et à la communauté juive.

« Israël a le droit de se défendre et je considère même que c’est un devoir de l’Etat israélien de défendre sa population », a répété Marine Le Pen, ce lundi, devant la représentation nationale lors d’un débat organisé sur la situation au Proche-Orient.

Contraste avec LFI

La cheffe de file des députés RN peaufine sa stature de présidentiable en jouant du contraste avec La France insoumise et ses excès. Ce mardi, la visite d’Emmanuel Macron en Israël, jugée tardive par certaines oppositions, n’a suscité aucune critique dans les rangs du RN, d’habitude plus prompt à dénoncer l’affaiblissement de la voix de la France dans le monde. Certains de ses députés, membres du groupe d’amitié France-Israël, ont même participé, le 9 octobre, à la marche de soutien organisée par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Sans heurts.

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« C’est la dernière étape sur le chemin de la respectabilité et un signe fort d’institutionnalisation qu’elle cherche à encourager depuis des années en se distinguant des sorties de son père, Jean-Marie Le Pen », analyse Frédéric Dabi, directeur général délégué de l’Ifop. Depuis le début du second quinquennat d’Emmanuel Macron, le parti s’efforce de polir son image en s’appuyant sur son groupe de 88 députés et tente de briser son isolement à l’Assemblée nationale. La résurgence du conflit israélo-palestinien lui en fournit à nouveau l’occasion.

« Pogroms »

Soucieuse d’apparaître responsable, Marine Le Pen a pris soin de s’aligner sur la tradition diplomatique française d’une solution à deux Etats. Plus faucon que colombe, elle appelle néanmoins à « une prise de conscience mondiale que le terrorisme islamiste est un fléau à combattre de toute urgence » après avoir qualifié, la première, de « pogroms » l’attaque du Hamas. Un message qui s’adresse bien sûr aussi aux électeurs et fait des clins d’oeil appuyés à ceux de confession juive.

« Cette lutte contre le terrorisme islamiste doit commencer par l’interdiction des idéologies islamistes sur notre sol », a réclamé l’ancienne candidate à l’Elysée, qui demande l’expulsion de tous les fichés S étrangers. Un lien direct entre terrorisme et immigration que le RN ne manque pas de faire à chaque attentat. « Il faut expulser systématiquement, préventivement, les étrangers qui présentent un danger pour la sécurité de nos compatriotes », a martelé dimanche Jordan Bardella, le président du parti, invité de la chaîne CNews.

Message à tous les électeurs

« N’y voyez pas une stratégie, ni un calcul. Nous sommes face à une hydre totalitaire qui a un pied en France », récuse Philippe Olivier, proche conseiller de Marine Le Pen, face aux accusations de récupération. Plus qu’un appel à la communauté juive, le RN joue la carte de la notabilité auprès de l’ensemble des électeurs, estime Frédéric Dabi.

Avec en miroir les déclarations de Jean-Luc Mélenchon dénoncées par une grande partie de la classe politique. Le dirigeant de La France insoumise est jugé sévèrement après une série de déclarations polémiques sur X (ex-Twitter), dont celle, jugée antisémite, visant la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. « C’est lui le nouveau grand méchant, celui qui porte la tunique du réprouvé », appuie Frédéric Dabi, alors que le Rassemblement national continue sa progression dans les sondages.

Jacques Paugam

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