Ce weekend il y avait le conseil national du PCF que la presse avait résumé à la sortie de la NUPES. Par parenthèse, il n’y a pas à en sortir puisqu’il n’a jamais été question d’un parti, simplement d’un lieu de rencontre pour l’activité parlementaire de groupes autonomes, il y avait à définir les conditions optimales de telles rencontres sans abandon d’aucune souveraineté des partis.
Le Parti communiste français a fait ce dimanche un bilan de cette expérience : « La Nupes, telle qu’elle a été constituée pour les élections législatives sous la volonté hégémonique de LFI, est devenue une impasse », peut-on lire dans un texte adopté ce dimanche à près de 93 % par le Conseil national de la formation de la place du Colonel-Fabien. « Elle ne reflète pas l’immense travail que peuvent fournir les militant·es de toutes nos forces politiques pour construire un projet à la hauteur des défis de la crise du capitalisme, un projet de transformation sociale, écologique et démocratique majoritaire dans le pays », poursuivent les communistes qui disent vouloir « ouvr[ir] une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes ». Il n’est pas question de sortie il est question de tourner la page « Il faut savoir tourner la page et en écrire une nouvelle », dit simplement le sénateur de Paris, Ian Brossat, qui précise que « l’union de la gauche est indispensable ». Mais elle reste à construire, sans doute sans parrain préparant sa candidature pour la présidentielle dans toutes les initiatives, y compris celles de ses partenaires.
Après les dernières tensions avec la direction de La France insoumise liées à la guerre au Proche Orient, « la gauche » n’est « pas » à «la hauteur de ses responsabilités », insistent les communistes dans ce même texte. C’est peu de le dire parce que tout reste à faire pour imposer la paix. Il y a eu de la part de la FI un art de brouiller les pistes y compris avec « les insultes de dirigeants de LFI, comparant la direction du PCF à des collaborationnistes nazis ». Des attaques « inadmissibles » qui « ont indigné largement, car elles banalisent l’extrême droite et cherchent à diviser la gauche » dans un temps où ces questions sont déjà l’objet de négationnisme et de récupération. Mais cela va plus loin pour le PCF « le refus récent de qualifier d’actes terroristes les atrocités commises par le Hamas, délibérément à l’encontre de civils, affaiblit les rassemblements nécessaires pour la paix au Proche-Orient et la lutte contre les crimes de guerre de l’armée israélienne ».
Si je suis d’accord sur le message brouillé et diviseur qu’a envoyé la France insoumise et en gros d’accord avec la critique ci-dessus du Conseil National, il m’apparaît plus que jamais nécessaire d’être clairs si l’on veut la paix de bien situer les responsabilités, c’est vrai sur le conflit en Ukraine avec la responsabilité des USA, de l’OTAN, de l’UE, le vote insensé de la résolution 390 qui soutient l’OTAN et de fait la livraison d’armes. C’est encore plus vrai en ce qui concerne la situation en Israël Palestine.
Ce Conseil National du PCF avec ses pancartes a choisi la paix… Mais jusqu’où va la conscience de la situation ?
Comme je le développe un peu plus longuement par ailleurs, c’est fou le nombre de gens qui savent dans leur for intérieur que nous ne nous contentons pas de basculer vers une autre civilisation, nous y sommes déjà.
Sont-ils conscients de ce qui se passe dans tous ces foyers de conflits qu’entretient l’occident global, les Etats-Unis et leurs vassaux en particulier en Ukraine, en Israël Palestine ?
D’un côté, la mèche est allumée, le bombardement de Gaza, la nasse, c’est sans doute ce dont rêvaient Netanyahou et le Hamas, la solution de l’extermination de l'”autre”. Mais dans le même temps tout est encore suspendu, les forces de Défense israélienne ont déjà perdu la justification de leur action non seulement aux yeux de l’opinion du monde musulmane mais plus largement. Même les Etats-Unis ont conscience de renforcer le courant anti-américain en soutenant ce nettoyage ethnique.
Si l’on peut dire que nous ne sommes pas seulement dans une crise économique, politique, sociale, environnementale mais bien dans le passage à une autre civilisation, est-ce que pour autant les Etats-Unis vont accélérer leur débâcle en donnant le feu vert à Israël pour aller jusqu’au bout de ce terrible siège ? Ce serait comme cela s’esquisse dans tous les rapports avec le sud, le choix d’en finir avec sa politique face au monde musulman.
Justement parce que nous passons dans une autre civilisation, l’enjeu qui peut paraitre celui d’affrontement entre civilisations peut prendre une violence inouïe, beaucoup plus que celui entre l’occident global et l’Ukraine dont comme on l’a vu à l’ONU l’ensemble de la planète pouvait encore considérer qu’il s’agissait d’une affaire entre impérialismes occidentaux, blancs, chrétiens…
Pour le moment toutes les tentatives occidentales pour diviser, allumer des brasiers, dans le même temps ne réussissent qu’à accélérer le processus, à nous amener plus près de la ligne rouge qui sépare encore l’humanité de l’apocalypse de ce que serait cette guerre des civilisations avec ses gouffres économiques, sociaux, environnementaux et le cataclysme nucléaire.
Donc pour revenir à ces communistes agitant ces petits drapeaux, il ne s’agit pas seulement de réconciliation, il s’agit d’empêcher les Etats-Unis et Israël de franchir la ligne rouge. Cela ne signifie en aucun cas que nous nous rangions derrière le Hamas en refusant de condamner le massacre de civils cela signifie d’abord que nous établissions cette exigence pour tous. Ensuite cela signifie que nous mesurions bien d’où vient le danger. Là encore cette nécessité de conscience me parait tout autant être nécessaire à la protection des juifs qu’à celle des Palestiniens, et à la paix du monde.
Pour le reste, cela relève du débat entre communistes et voilà ce qui semble s’être dit:
«Un nouveau front populaire»
Le secrétaire national du PCF avait déjà qualifié la Nupes de « dépassée » au printemps. Là, son parti propose carrément de la remplacer. « Il est temps d’ouvrir une nouvelle étape pour la gauche avec un nouveau type d’union, peut-on lire dans cette résolution. Il est temps de construire un rassemblement qui soit utile, respectueux de nos différences et de toutes les forces vives de notre société, un nouveau front populaire qui porte les exigences du monde du travail pour battre la coalition présidentielle, les autres forces de droite et l’extrême droite. »
Les communistes proposent donc une nouvelle alliance sur le modèle des « rassemblements qui réussissent, comme c’est le cas dans de nombreuses majorités locales ou oppositions de gauche, où l’ensemble des forces travaillent ensemble ». Souvent sans LFI… La direction du parti lance ainsi « un appel à toutes les forces disponibles » – insoumis compris cependant – et dit vouloir « rencontrer dans les prochains jours toutes les forces de gauche et écologistes » pour « débattre publiquement des conditions et des contenus pour construire ce rassemblement dont le pays a besoin ».
Dans l’état de la gauche en particulier en ce qui concerne la plupart des grands problèmes auxquels nous sommes tous confrontés en France, mais qui ont tous une dimension géopolitique je souhaite que le PCF puisse reconquérir une autonomie, et je ne le souhaite pas seulement pour le PCF mais pour la France, pour le monde du travail, la jeunesse, la création, et je crois qu’effectivement ne pas se laisser engluer dans une formation dont le chef en tant que candidat à la présidentielle transformerait les autres en supplétifs est indispensable.
On peut en effet le souhaiter au vu des différences de solutions apportées par le PCF, sur l’énergie, sur l’écologie, sur la souveraineté nationale, sur le service public, sur les “privatisations” et y compris sur la paix, mais parce que tous les problèmes auxquels les citoyens français sont confrontés ont désormais une dimension géopolitique. Le PCF dans une optique de souveraineté nationale dans une vision internationaliste doit là aussi avoir sa politique propre et aider à ce que la gauche ne soit plus détournée vers la “logique de bandit tartuffe” qui est celle de l’OTAN sur laquelle cette ‘gauche’ n’a cessé de s’aligner et qui est un facteur important de sa rupture avec les couches populaires. Il ne s’agit pas de rechercher une clientèle dans l’autre face de la même médaille, la haine impuissante des “terrorismes” mais bien de construire paix et développement en mesurant bien les responsabilités.
Ce qui s’est passé à ce conseil national va dans le bon sens, mais tout reste à faire, pas seulement dire, mettre en action.
Danielle Bleitrach
Ouvrons une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes !
Les peuples du monde affrontent la conjonction de guerres et de crises sociale, écologique et démocratique inédites. La gravité de la situation internationale, comme en France, appelle la gauche à être à la hauteur de ses responsabilités. Malheureusement, elle ne l’est pas.
La Nupes, telle qu’elle a été constituée pour les élections législatives sous la volonté hégémonique de LFI, est devenue une impasse. Elle ne reflète pas l’immense travail que peuvent fournir les militant·es de toutes nos forces politiques pour construire un projet à la hauteur des défis de la crise du capitalisme, un projet de transformation sociale, écologique et démocratique majoritaire dans le pays.
Dans la dernière période, les insultes de dirigeants de LFI, comparant la direction du PCF à des collaborationnistes nazis sont à ce titre inadmissibles et ont indigné largement, car elles banalisent l’extrême droite et cherchent à diviser la gauche. Et le refus récent de qualifier d’actes terroristes les atrocités commises par le Hamas, délibérément à l’encontre de civils, affaiblit les rassemblements nécessaires pour la paix au Proche-Orient et la lutte contre les crimes de guerre de l’armée israélienne.
Nous voulons rassembler le peuple, le monde du travail, la gauche. Il est temps de construire un rassemblement qui soit utile, respectueux de nos différences et de toutes les forces vives de notre société, un nouveau front populaire qui porte les exigences du monde du travail pour battre la coalition présidentielle, les autres forces de droite et l’extrême droite et relever les défis de notre siècle. L’heure est à une riposte inédite contre les intégrismes et les fascismes.
C’est possible ! Soyons à la hauteur de notre histoire et des grandes conquêtes sociales auxquelles notre camp a contribué, prenons appui sur les rassemblements qui réussissent, comme c’est le cas dans de nombreuses majorités locales ou oppositions de gauche, où l’ensemble des forces travaillent ensemble.
Il est temps d’ouvrir une nouvelle étape pour la gauche avec un nouveau type d’union, permettant le débat entre nous comme avec les citoyen·nes et les organisations syndicales, avec un projet de transformation sociale, ambitieux, utile, à vocation majoritaire.
Nous voulons construire un rassemblement à l’image de l’intersyndicale qui a porté le mouvement contre la réforme des retraites et se poursuit aujourd’hui sur la base de principes simples : respect mutuel, pleine souveraineté de chacune des organisations, luttes et initiatives sur la base de combats et de projets partagés.
C’est pourquoi la direction du PCF, réunie ce jour en conseil national, lance un appel à toutes les forces disponibles, aux citoyen·nes, aux associatifs, aux syndicalistes, aux socialistes, écologistes et insoumis, aux radicaux et aux républicains de gauche qui partagent cette ambition pour le progrès social, pour la justice et pour la paix.
Avec notre secrétaire national Fabien Roussel, nous souhaitons rencontrer dans les prochains jours toutes les forces de gauche et écologistes et débattre publiquement des conditions et des contenus pour construire ce rassemblement dont le pays a besoin.
Ensemble, ouvrons une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes !
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Michel BEYER
La photo de présentation est pour moi une découverte. Lorsque j’ai quitté le Parti, il y a quelques années, les assemblées tenues étaient souvent constituées de têtes chenues. Ma propre section, Crozon, avait une moyenne d’âge 65/70 ans. Je reçois toujours les convocations de réunions. Je constate un renouvellement très important de camarades. Je ne connais pas les 3/4 des noms.
Est-ce le hasard, ou la volonté du photographe, mais la photo nous montre des personnes relativement jeunes. Celà me réjouit.