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Ukraine : la percée sud c’était pour la galerie… et à un prix exorbitant


Sur le front sud en Ukraine, la percée annoncée ne se concrétise pas, dit cette dépêche de l’© AFP alors qu’un autre foyer est allumé au moyen orient, la propagande occidentale se fissure sur la réalité du foyer créé et entretenu par les Etats-Unis et l’UE en Europe même. La bête n’est pas en état de vaincre mais partout elle peut favoriser ces brasiers. Oui la paix est de plus en plus nécessaire parce que toutes ces guerres par procuration, ces boucheries menacent de s’étendre partout et partout les armées mais aussi les civils sont pris dans les affrontements, dans ces jeux de mercenaires et de corruption. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

illustration: nous avons volontairement illustré cette description de la réalité derrière la propagande par cet autre foyer de haine qui a été créé alors que l’on pouvait espérer une paix dont les fascistes ne veulent pas et comment le désir de mort est exalté

Quand l’Ukraine a annoncé le 28 août la libération du village de Robotyné, le message envoyé au monde était qu’une percée des lignes russes était enfin possible sur le front Sud.

Six semaines plus tard, elle ne s’est pas matérialisée. Et des militaires ukrainiens de la 65e brigade, les premiers à être entrés dans la localité, reconnaissent que leur contrôle reste partiel, s’exprimant auprès de journalistes de l’AFP dans cette zone d’ordinaire fermée aux médias.

Manque d’hommes, d’obus, de drones… Après quatre mois de contre-offensive, ces soldats ukrainiens racontent leur détermination et leur départ à l’assaut tous les jours, mais ils expliquent aussi ne pouvoir que grignoter du terrain, au prix de lourdes pertes face à des forces russes mieux armées et retranchées derrière de puissantes fortifications.

Igor Korol, commandant du 1er bataillon de la 65e aux énormes bras tatoués, parle calmement même s’il ne mâche pas ses mots.

Pour lui, l’annonce de la prise de Robotyné avait avant tout un objectif médiatique, car d’un point de vue stratégique cette localité, aujourd’hui ravagée, n’apportait rien. “On aurait pu la contourner”, dit-il, recevant l’AFP non loin du front, dans la région de Zaporijjia.

“On aime chez nous les grandes annonces, les victoires rapides. Dans la réalité ça se passe autrement”, explique, lunettes noires sur le nez, cet officier qui répond du nom de guerre de “Morpekh”, abréviation d'”infanterie de marine”

De jour, la mort à 100 %

Selon lui, ses hommes ne peuvent pas se déplacer librement dans cette zone pourtant officiellement reconquise depuis un mois et demi.

Ce n’est qu’à l’aube grise que de petits groupes de soldats peuvent être envoyés vers l’avant pour lancer des attaques ciblées contre des positions russes dans les taillis qui parsèment la région.

Aujourd’hui, ils sont en lisière du village suivant, Novoprokopivka, situé à peine deux ou trois kilomètres au sud de Robotyné.

“Bouger de jour, c’est la mort à 100 %”, explique Morpekh, l’un des huit militaires de la 65e brigade interrogés par l’AFP.

Pour lui, la zone n’est pas vraiment ukrainienne, mais “grise”. A chaque bombardement, “il y a des victimes, des hommes sont perdus”.

S’il n’y a plus de soldats ennemis à Robotyné, la zone est de facto sous le “contrôle de (la puissance de) feu” des Russes, note l’officier. Impossible donc de mener de grosses opérations d’infanterie ou de blindés.

L’armée ukrainienne a sur ce front Sud un objectif ambitieux : couper les lignes logistiques russes et la continuité des territoires occupés en atteignant, dans le meilleur des cas, la mer d’Azov. Une telle victoire pourrait contraindre l’armée russe à la retraite.

Dès lors, pour le Kremlin, le fait que l’Ukraine n’a pu reprendre que quelques dizaines de kilomètres carrés depuis le début de sa contre-offensive, en juin, est la preuve que cette vaste opération est un échec.

Au sud de Robotyné, la première grande ville de Tokmak est à une trentaine de kilomètres. La côte est située 70 km plus loin.

Entre les deux, au sol, a été érigé un vaste réseau de fortifications bâti par les Russes, constitué d’abris souterrains, de tranchées, de pièges anti-chars et de champs de mines. Les Ukrainiens ne peuvent avancer que d’un talus vers l’autre, et d’un taillis vers l’autre, sous le feu ennemi.

Cet ensemble est surnommé “ligne Sourovikine”, car il a été construit fin 2022 et courant 2023, lorsque le général Sergueï Sourovikine, désormais disgracié, dirigeait des opérations en Ukraine.

Si l’armée ukrainienne a franchi cet été de premiers rideaux défensifs, l’essentiel des défenses russes sont encore devant elle.

Et l’automne, avec sa pluie et sa boue, puis l’hiver avec la neige et la glace, qui approchent à grand pas, devraient encore compliquer la tâche.

Le danger venu du ciel est tout aussi grand: bombes aériennes, obus et essaims de drones explosifs s’abattent sur les soldats ukrainiens qui tentent d’avancer ou de “nettoyer” une tranchée adverse.

Léonid, un expert du lance-grenades de 44 ans, raconte que sur le front, ils ne peuvent bouger qu’entre deux déluges de feu, soit pendant “3 à 5 minutes”.

“Il n’y pas de combat rapproché, c’est avant tout du mortier de 120 et de 82mm, de l’artillerie de 152mm, des (drones) kamikazes et des KAB” des bombes guidées de 500 à 1.500 kilos larguées par l’aviation, dit ce soldat répondant au pseudonyme de “Miron”.

“Poltava”, chef adjoint du 1er bataillon de la 65e brigade, raconte que l’armée russe “n’économise rien, ni les munitions, ni les bombes aériennes”. Du coup, les avancées ukrainiennes ne peuvent être que lentes et les pertes lourdes.

“On avance petit-à-petit, taillis après taillis, pas aussi vite qu’on le voulait (…) c’est très dur, et on perd beaucoup de nos gars”, dit-il.

Les pertes, selon les militaires interviewés par l’AFP, sont importantes, alors que les autorités ukrainiennes, tout comme les Russes, ne fournissent aucun bilan.

Les soldats de la 65e affirment qu’en terme d’artillerie, la Russie tire dix obus quand eux peuvent en envoyer “un ou deux”. Idem pour les drones.

“On se bat contre un ennemi, un pays massif, ils ont plus d’hommes, ils ont plus d’équipements”, relève Olexandr, un soldat de 27 ans qui répond à l’alias de “Bouria”, la “tempête”.

Peu de réserves

“Quand ils bombardent un sous-bois, on se met à l’abri, peu importe où, on met la tête au sol (…) Quand c’est passé on sait qu’on peut bouger et si c’est possible, on va vers l’avant”, raconte-t-il.

Dans ce contexte, l’Ukraine s’agace depuis des semaines des Occidentaux qui lui reprochent la lenteur de ses avancées, et de ceux qui jugent le temps venu pour Washington et l’UE de réduire leur aide militaire.

Selon Kiev, si les troupes souffrent, c’est que l’assistance n’est pas suffisante, l’Occident traînant notamment trop pour livrer les avions F-16 qui permettraient de disputer à la Russie sa suprématie aérienne, de ravager la ligne Sourovikine et de couvrir les avancées de l’infanterie.

En attendant une éventuelle couverture aérienne, les militaires ukrainiens ne peuvent que grignoter du terrain.

“Le prix, c’est la vie de nos gars”, constate Morpekh, “et des (réserves) d’hommes, on en a très peu”.

Mykola, alias “Doc”, chef-infirmier de combat, confirme que “le coût est très élevé”, racontant des évacuations de blessés sous les tirs.

“La guerre c’est du sang, de la sueur, de la crasse, de la puanteur. L’odeur tu ne la vois pas à l’écran, elle reste hors du champ de la caméra”, témoigne cet homme de 47 ans qui travaillait dans une Fintech avant l’invasion russe.

Poltava raconte que le plus dur est de parler aux proches de camarades tombés au combat et dont on n’a pas pu récupérer les corps.

“Ils m’appellent tout le temps en demandant quand on pourra sortir les corps, mais là ils sont à un tel endroit que je ne peux envoyer personne. C’est très dangereux, et on peut y perdre encore plus de gens”, explique-t-il.

“On sait pourquoi”

Pour autant, les hommes de la 65e brigade ne songent pas une seconde à abandonner. Pour eux, la guerre ne peut se terminer que d’une manière : la défaite de la Russie et la reconquête des terres ukrainiennes occupées.

“On savait très bien où on allait, on sait pourquoi on y va”, insiste “Doc”.

Mikhaïl, dit “Kapa”, a 28 ans. Avant le front sud, ce chef d’unité a combattu dans la région de Kharkiv, dans le nord-est et participé à l’effroyable bataille de Bakhmout dans le Donbass.

Il était aussi parmi les premiers à entrer dans Robotyné.

Pour lui, la solidité des fortifications russes montre que Moscou avait décidé, après ses débâcles de l’automne 2022 dans le nord-est et dans le sud, de consolider ses positions et de ne plus tenter d’aller vers l’avant.

“Ils ont compris qu’ils n’arriveraient pas à prendre plus et tenir, alors ils se sont retranchés ici, durablement”, analyse-t-il.

Résultat, depuis novembre 2022 et sa défaite à Kherson, l’armée russe n’a plus tellement abandonné de terrain, et cela fait donc un an que le front n’a guère bougé.

Pas de quoi entamer la motivation de Kapa et de ses camarades, spécialement sélectionnés pour aller attaquer les Russes sur leur ligne Sourovikine.

“Les gars qui arrivent chez nous, on sait parfaitement pourquoi ils sont là. Ils sont là pour bosser, dégager l’ennemi, donner l’assaut et pas rester assis dans un fossé”, souligne-t-il.

12/10/2023 10:54:00 –          Région de Zaporijjia (Ukraine) (AFP) –          © 2023 AFP

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