En ce moment à Marseille, il y a une exposition à la vieille Charité, celle de Baya, l’Algérienne, peintre proche des surréalistes. Au centre dans la chapelle ovoïde de Pierre Puget, il y a un atelier où les habitants de Marseille, jeunes, vieux, de toutes origines et de toutes classes sociales font du Baya sur des grands rouleaux de papier. Certes ce n’est pas Baya mais c’est un tissage collectif, une manière de s’approprier le peintre et de le faire ensemble. Confronter le travail de Baya et ce jeu est passionnant et on ne saurait trop féliciter ceux qui ont inventé une telle exposition. Cette expérience décrite ici à partir du web et qui soulèvera des hauts le cœur des puristes peut ouvrir de telles pistes, d’abord nous faire revivre la conception collective, celle de l’atelier. Cela témoigne de la manière dont la Chine expérimente les possibles des nouvelles technologies au lieu de les condamner pour mieux en faire un instrument d’aliénation et de différenciation. De l’atelier, il faut encore l’exigence du maître face aux élèves, mais en revanche on retrouve quelque chose de fondamental y compris dans l’apprentissage de l’histoire, de l’archéologie, le plaisir d’entendre un conte. C’est pour cela que comme je l’expliquais cette semaine à des élus marseillais, il faudrait en finir avec l’animation type bafa et retrouver la relation avec les créateurs, les artistes. Il y a eu un moment essentiel dans la démocratisation de la culture, celui où non seulement on a décentralisé celle-ci mais on a mis à la tête de théâtres et maison de la culture, des créateurs, des acteurs, des professionnels qui avaient un cahier des charges de démocratisation de la culture, avec les écoles, les syndicats, les associations et ce contact a fait que des gens comme moi dont la famille n’était pas “cultivée” ont conquis ce bonheur immense qui encore aujourd’hui est la vie même. Le pire est que quand j’interpelle à ce sujet les gens que l’on dit “ordinaires” selon mon habitude, ils comprennent ma démarche mais quand je tente de parler à des élus ils n’entendent rien, occupés comme ils le sont à se rejeter les uns sur les autres l’échec. Ils ne voient pas à quel point ils n’ont plus personne derrière eux… (note de Danielle Bleitrach)
illustration: je vous rappelle cet article que nous avons publié écrit et “illustré” par un peintre des Etats-Unis, Jay Nombalais
https://histoireetsociete.com/2023/09/24/planomene-ou-le-chemin-du-reel/
Planomene ou le chemin du réel qui nous initiait à ce monde multipolaire en train de naître; une autre conception de l’espace et du temps qui nous permet de comprendre comme pour Baya en pleine guerre d’Algérie de hier et d’aujourd’hui ce qui en nous est déjà présent de l’autre. C’est la peinture mais aussi le cinéma (Images de histoireetsociete « Séjour dans les monts Fuchun », la C…) qui pour dire les temps de l’Histoire reprend comme le film l’oeuvre du peintre de rouleaux chinois Zhang Zeduan qui a vécu il y a près de mille ans. Il était peut-être plus célèbre pour ses “Scènes le long d’une rivière”.
La web-littérature, nouveau fer de lance du soft power chinois à l’étranger ? Le phénomène n’est pas nouveau mais son ampleur se confirme : la web-littérature chinoise, qui aurait déjà conquis près de la moitié des internautes chinois, continue son expansion à l’étranger. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le segment de marché a dépassé en 2022 les 3 milliards de CNY (~412 millions USD), selon les données publiées fin septembre lors de la China Digital Publishing Expo qui s’est tenue dans la ville de Dunhuang (province du Gansu). Mais au fait, c’est quoi la “web-littérature” ? Et non, il ne s’agit pas des simples versions électroniques des ouvrages papiers, mais des fictions, très souvent sérialisées pour tenir le lecteur en haleine (à l’instar du format manga au Japon), mises en ligne gratuitement ou à titre payant, sur des plateformes dédiées où elles ont d’abord vocation à être lues sur écran. Ces plateformes sont ouvertes à tous et regorgent de fonctionnalités diverses : outils, aides et astuces, forums, pour aider chacun à s’improviser web-auteur. Fait très important concernant ce format : l’interaction avec le lectorat est fondamentale pour le succès du roman. Chaque lecteur peut laisser des commentaires au fur et à mesure de l’élaboration du texte – l’auteur le modifiant si telle scène ou tel personnage ne plaît plus –, effectuer des votes pour contribuer à le faire monter ou descendre dans les classements, échanger directement avec l’auteur, voire le rétribuer par des dons en ligne. C’est bien ce sens de la communauté qui rend cette littérature innovante par rapport à la littérature traditionnelle. Pour l’année 2022, on dénombrait plus de 16 000 ouvrages web chinois qui s’étaient exportés, divisés entre 6 400 édités en livres papier et plus de 9 600 ouvrages web traduits. Les lecteurs à l’étranger seraient désormais plus de 150 millions, principalement issus de la génération Z (nés entre 1996 et 2010), tandis que les auteurs sont eux nés en majorité après 1990. Parmi les 15 genres principaux recensés, les plus populaires sont l’urban fantasy, le western et l’eastern fantasy, les œuvres issues de jeux vidéos et la science-fiction. Les lecteurs se retrouvent sur plusieurs plateformes lancées par des entreprises chinoises spécialement pour l’étranger : Webnovel, Wuxiaworld ou encore Volare Novels, qui engrangent chaque mois la visite de plusieurs millions de lecteurs, dont plus du tiers résident en Amérique du Nord, et dont les groupes Discord rassemblent plusieurs milliers de membres. « Les États-Unis ont Hollywood, le Japon le film d’animation, la Corée du Sud le drama. Dans le futur, la Chine aura la littérature en ligne », estimait déjà en mars 2019 auprès du média d’Etat China Daily Shao Yanjun, professeure associée à l’université de Pékin. Reste la question des coûts de traduction, rédhibitoire pour les plateformes d’édition, et qui freine le développement du secteur. |
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jay
Merci Danielle et Marianne. Peut-être plus que jamais, nous avons en effet les moyens de rassembler tous nos talents afin que nous puissions ” tisser le collectif ensemble “. Malgré tous les sceptiques et toutes les circonstances immensément graves qui nous entourent, l’avenir semble en quelque sorte plus lumineux… En me rappelant un dicton du pays natal : ” l’histoire et l’art sont longs ” (et nous pourrions ajouter, ” et lorsqu’ils se réunissent, quelles forces se libèrent ! “)