Dans un article de ce blog présenté aujourd’hui par Franck Marsal est analysé le rôle haussier que prend l’énergie et le pétrole, c’est dans ce contexte et au-delà de l’émotion qu’il faut voir l’affaire du Haut-Karabakh et de l’exode arménien. On ne peut ignorer, comme le montre l’article de ce diplomate indien, que le dirigeant arménien Pashinyan est parfaitement complice. Comme l’on doit interroger le rôle de Macron voire de certains Arméniens en France, qui à leur manière ont soutenu ce retournement d’une alliance traditionnelle avec la Russie vers l’UE et d’une manœuvre qui conduit l’Europe jusqu’au pétrole d’Azerbaïdjan en profitant du fait que la Russie est occupée en Ukraine. Au-delà c’est le corridor vers l’Asie centrale. Que l’on arrête de nous prendre pour des imbéciles, le dirigeant arménien et une partie des Arméniens installés en France ont accepté la manœuvre. L’OTAN et l’UE qui en Ukraine sont défaits tentent d’utiliser l’Inde, la Turquie et les régimes corrompus d’Asie centrale pour tenter de diviser les BRICS et de porter partout des conflits dans l’ex-Union Soviétique. Que le peuple arménien soit trahi c’est sûr mais c’est avec la complicité des dirigeants qu’il s’est donnés et y compris une partie de sa diaspora russophobe. Certes Erdogan manœuvre pour accroitre son influence dans le Caucase, mais c’est comme pour les Kurdes, ce jeu-là il peut le faire parce que certains dirigeants participent aux jeux de l’OTAN. (note de Danielle Bleitrach histoire et société)
Publié par: M.K. Bhadrakumarle: 01 octobre, 2023Dans: A La Une, ACCEUIL, Actualité, GéopolitiqueImprimerEmail
L’Arménie ne conteste plus que le Haut-Karabakh fait partie de l’Azerbaïdjan. La perspective d’une résolution pacifique d’un conflit régional devrait être une bonne nouvelle, mais il s’agit d’une situation incroyablement complexe avec un environnement extérieur où une guerre brutale fait rage sans fin en vue, et où les protagonistes poursuivent des intérêts opposés.
Un règlement du conflit du Haut-Karabakh conduisant à la paix et à la réconciliation pourrait ouvrir la voie à l’adhésion de l’Arménie (et de l’Azerbaïdjan) à l’UE et à l’OTAN dans un avenir prévisible. Les lobbies arméniens dans les capitales européennes et à Washington exercent une grande influence politique. L’Azerbaïdjan, riche en pétrole, s’intéresse au marché européen.
Par M.K. Bhadrakumar
Cela dit, la Russie résistera à l’expansion de l’UE et de l’OTAN en Transcaucasie, une région géographique hautement stratégique située à la frontière de l’Europe de l’Est et de l’Asie de l’Ouest, à cheval sur les montagnes du Caucase méridional et reliant la mer Noire et la mer Caspienne. L’Arménie a conclu une alliance militaire avec la Russie, mais le Premier ministre Nikol Pashinyan fait de plus en plus appel à l’Occident, y compris à l’UE.
Au début de l’année, l’UE a mis en place une mission civile en Arménie en réponse à une demande d’Erevan, menant des opérations en plusieurs points de la frontière avec l’Azerbaïdjan. L’année dernière, l’UE a également signé un accord de fourniture de gaz avec Bakou. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué l’Azerbaïdjan comme un “partenaire crucial” pour atténuer la crise énergétique en Europe.
L’intérêt stratégique de l’UE est que l’Arménie et l’Azerbaïdjan minimisent l’influence russe en Transcaucasie. Avec autant d’acteurs géopolitiques puissants impliqués dans la région du Caucase, la situation est délicate. La ville espagnole de Grenade est le lieu à surveiller : dans deux semaines, près de 50 pays européens sont attendus pour des pourparlers dans le cadre de la Communauté politique européenne – y compris l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
La Russie craindra pour la sécurité et la stabilité de ses républiques musulmanes du Caucase si les services secrets occidentaux s’installent dans cette région instable à l’histoire violente. Ce n’est un secret pour personne que les États-Unis ont alimenté les deux guerres de Moscou en Tchétchénie (1994-2000).
Profitant des préoccupations de la Russie en Ukraine, les États-Unis et l’Union européenne se sont introduits de manière agressive dans la région de la mer Noire et dans le Caucase. L’Arménie est un fruit à portée de main. La révolution de couleur de 2018 (“révolution de velours”) a été l’occasion pour l’Arménie de réorienter sa politique étrangère vers l’Europe, sans orientation géopolitique ouvertement belliqueuse, anti-russe ou pro-occidentale prononcée.
L’Europe a compris le potentiel géopolitique avec beaucoup plus de prescience que la Russie. Moscou paie aujourd’hui un lourd tribut à sa complaisance. En la personne de Pashinyan, Moscou a un “ennemi” qui a prétendu être son ami tout en attendant de pouvoir sortir son pays de l’orbite russe. Cette occasion s’est présentée lorsque l’opération militaire spéciale de la Russie a commencé en Ukraine l’année dernière.
La diaspora arménienne en France était à l’écoute des manœuvres habiles de Pashinyan et le président Emmanuel Macron était prêt à lui prêter main-forte. L’administration Biden et l’UE n’étaient pas loin derrière. La décision de Pashinyan de dissocier l’Arménie du Haut-Karabakh a reçu l’approbation tacite de l’Occident, car elle constitue la première étape nécessaire sur la voie du système atlantique.
Néanmoins, la route sera sinueuse et la Russie peut la rendre difficile. Pashinyan est un client coriace et rusé. La partie la plus délicate sera sa manœuvre pour retirer l’Arménie de l’OTSC et fermer la base russe de Gyumri.
Moscou a une vision globale du plan de l’OTAN visant à étendre sa présence dans le Caucase et, à partir de là, à tremper ses pieds dans la mer Caspienne et à faire un saut dans les steppes d’Asie centrale.
Percée en Asie centrale
En début de semaine, les États-Unis ont réalisé une percée diplomatique lors de la réunion présidentielle inaugurale du forum des dirigeants du C5+1 – Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et États-Unis – présidée par le président Joe Biden en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York mardi dernier.
Biden a qualifié cette réunion de “moment historique” pour leur coopération “fondée sur notre engagement commun en faveur de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale“, une référence indirecte au programme des États-Unis visant à réduire la domination de la Russie dans la région. Selon l’évaluation américaine, les capitales régionales de l’ex-Union soviétique se sentent mal à l’aise car l’intervention militaire de la Russie en Ukraine crée un mauvais précédent, étant donné que tous les pays d’Asie centrale ont des populations d’origine russe.
Biden a évoqué la coopération antiterroriste, la connectivité économique régionale, une nouvelle plateforme commerciale “pour compléter notre engagement diplomatique et mieux connecter nos secteurs privés” et, surtout, “le potentiel d’un nouveau dialogue sur les minéraux essentiels pour renforcer notre sécurité énergétique et nos chaînes d’approvisionnement pour les années à venir”.
Le communiqué de la Maison Blanche indique que les six présidents ont discuté “d’une série de questions, notamment la sécurité, le commerce et l’investissement, la connectivité régionale, la nécessité de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de toutes les nations, et les réformes en cours pour améliorer la gouvernance et l’État de droit”. Il souligne que Biden “a accueilli favorablement les points de vue de ses homologues sur la manière dont nos nations peuvent travailler ensemble pour renforcer la souveraineté, la résilience et la prospérité des nations d’Asie centrale tout en faisant progresser les droits de l’homme”.
Le document cite trois initiatives : L’USAID organisera une réunion ministérielle sur la connectivité régionale C5+1 en Asie centrale en octobre “pour discuter d’actions concrètes” ; le lancement d’un dialogue C5+1 sur les minéraux critiques “pour développer les vastes richesses minérales de l’Asie centrale et faire progresser la sécurité des minéraux critiques” ; et le soutien des États-Unis à l’investissement pour développer une route commerciale transcaspienne (appelée “corridor du milieu”) par le biais du Partenariat pour l’infrastructure et l’investissement mondiaux (un effort de collaboration du Groupe des Sept pour financer des projets d’infrastructure dans les pays en développement).
Curieusement, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a été invité en tant qu’”invité d’honneur” au récent sommet de l’Asie centrale qui s’est tenu à Douchanbé les 14 et 15 septembre. C’est la première fois que le forum connu sous le nom de réunion consultative des chefs d’État d’Asie centrale invite un dirigeant extérieur à l’Asie centrale à son conclave annuel. En effet, le régionalisme est en marche dans les steppes, avec en toile de fond le choc géopolitique de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui atteint désormais une dimension d’attrition.
Le corridor médian est conçu pour relier les réseaux de transport ferroviaire de marchandises par conteneurs de la Chine et de l’UE en passant par les économies de l’Asie centrale, du Caucase, de la Turquie et de l’Europe de l’Est via les terminaux de ferry de la mer Caspienne et de la mer Noire, en contournant le territoire russe.
Le changement tectonique dans la géopolitique du Caucase a été évoqué lors de la réunion du président Poutine avec le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi, en visite à Saint-Pétersbourg, ainsi que lors des discussions à Téhéran entre le ministre russe de la défense Sergei Shoigu, en visite, et les responsables militaires iraniens. Ce sujet sera certainement abordé entre Poutine et Xi Jinping lors de sa prochaine visite en Chine le mois prochain.
Il existe une convergence d’intérêts entre la Russie et l’Iran en ce qui concerne la zone refusée aux États-Unis dans le centre stratégique que constitue la mer Caspienne. Mais l’Azerbaïdjan, riche en pétrole, est un partenaire ambivalent pour Moscou, tandis que Téhéran entretient des relations difficiles avec Bakou. Il est tout à fait concevable que l’UE et les États-Unis encouragent le rapprochement entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (que la Turquie encourage également pour des raisons qui lui sont propres).
La perspective d’une présence occidentale à long terme dans les régions de la Caspienne et de l’Asie centrale, via la mer Noire et le Caucase, constitue un défi majeur pour la diplomatie russe. Le paradoxe est que, si l’Occident n’a pas réussi à vaincre la Russie dans la guerre d’Ukraine, il prend l’ascendant sur l’”étranger proche” de la Russie dans un arc d’encerclement.
Il reste à voir dans quelle mesure la Chine est prête à s’allier à la Russie dans cette contestation géopolitique. Les États-Unis et l’Union européenne choisissent avec tact de ne pas contester directement les intérêts chinois. En fait, la Chine pourrait même avoir besoin du corridor de transport transcaspien proposé par les États-Unis – la route de la soie du Kazakhstan.
M.K. Bhadrakumar
Source Indian Punchline
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Rastapopulo
Le nouveau Grand Jeu dans l’une de ses séquences les plus cruciales.
Je pense pour ma part que même si la corruption tourne à plein régime dans les cinq “stan” d’Asie centrale (comme ailleurs), ces pays savent où est leur intérêt.
Les projets de partenariet, d’infrastructures et de transport proposés par les atlantistes peuvent être jolis sur le papier, mais on est à des années-lumières de la possibilité d’une réalisation concrète.
On savait que l’Azerbaïdjan serait à surveiller à partir du moment où il a rejoint l’INSTC et est en effet devenu ambivalent, assurant la liaison Est-Ouest comme, désormais et à l’avenir, Nord-Sud.
Le rôle utile de la plateforme Turquie pour l’OTAN dans la direction de son Est était une évidence.
Mais ayons à l’esprit qu’Erdogan, même s’il est tenu par le Capital et le Dollar, vient de mieux fermement rejeter l’UE. L’avenir de la Turquie est dans l’UEE et vers l’Asie, et il le sait.
Je crois que l’atlantisme de la Turquie est contraint et très temporaire.
Pour ce qui est des ressources, dans les faits et pour l’heure, la Chine gère déjà 60% de l’extraction mondiale de terres et minéraux rares, mais surtout elle traite 90% des volumes de ces matériaux pour les rendre utiles à l’industrie.
Le coup de pression impérial est donc à retardement, et n’exprime à mes yeux que la prise de conscience tardive de nos fins stratèges de leur retard mortel sur ces questions cruciales.
Tout comme l’Europe réalisera à retardement que se fournir en énergie avec du schiste étasunien est mortellement court-termiste, et relève de la haute trahison, de la forfaiture autant que du très grand n’importe-quoi !
Au moins aura-t-on un peu de gaz turkmène via Bakou… mais c’est tellement ridicule !
Bhadrakumar a quant à lui montré dans ses récents articles une (surprenante) tendance à ménager les éventuels intérêts atlantistes de l’Inde, qui hésite toujours entre rejeter ou intégrer le Quad où elle serait un indispensable bâton dans les roues de la BRI pour l’Empire ; ou bien embrassera-t-elle à plein son rôle majeur dans les BRICS, ce qui signifie aussi mettre de l’eau dans son vin et remballer sa grandiloquence en considérant sagement sa position géostratégique, c’est à dire admettre qu’elle ne gagnera jamais contre la Chine, qui la domine de 4000 mètres !
Pour qui est familier de l’Art de la guerre (ou, en l’occurrence, de la balistique), la messe est dite !
L’auteur, comme l’OTAN, oublie utilement de se souvenir qu’à l’exception du Turkménistan, les pays d’Asie centrale dont il est ici question sont TOUS membres de l’OCS, et donc déjà mariés, si j’ose dire.
C’est dans ce cadre de l’OCS que la Russie est intervenue sans délai lors de la tentative de coup au Kazakhstan en janvier 2022, faut-il le rappeler.
Donc l’OTAN se démène pour arracher quelque avantage ou possibilité de répandre le chaos dans le Sud-Caucase, c’est une chose. L’occident a là, outre un point d’ancrage pour prétendre menacer la Russie, un besoin vital d’un corridor.
(NB: on peut aussi faire passer tuyaux et rails au Nord de cette chaine de montagnes, hein !… Mais pas tout le monde !)
Mais la Caspienne et au delà c’est une autre paire de manches, dans la mesure où il sera beaucoup plus difficile d’extraire les pays qui s’y trouvent de l’orbite de la Chine, beaucoup plus proche, influente et proactive dans cette zone, où le partenariat stratégique sino-russe est aussi bien plus concret, même s’il est moins bruyant que l’arrogance occidentale ne sait l’être.
Depuis 2013, les infrastructures de la BRI sont devenues très concrètes, comme les diplomaties russe et chinoise, qui obtiennent beaucoup plus de résultats concrets, d’alliances et de partenariats solides que les atlantistes et leurs sornettes à base de propagande, d’esbroufe et de mensonges dont ils ont largement fait la démonstration.
admin5319
Je crois qu’il faudrait peut être que soit signalés les articles avec lesquels nous sommes totalement d’accord et ceux qui incitent à l réflexion. Tout à fait d’accord en c qui concerne l’opinion de Rasrapopulo (dieu que je déteste les pseudonymes) sur Bhadrakumar, je diraiq même que ce diplomate indien est souvent plus fasciste que communiste, beaucoup plus ce qui va bien avec Modi. Mais son article a à mes yeux un immense mérite celui de demystifier le narratif occidental sur la petite Arménie martyre alors que comme on le voit dans cet article le dirigeant arménien et le lobby arménien macronien en France est sur la même ligne ont vendu le peuple aeménien et maintenant pretendent nous faire pleurnicher sur les Kurdes. le petit jeu avec Erdogan l’ennemi mais parftenaire de l’OTAN est tout aussi nausébond. C’est comme les Kurdes … Et si il y a un certain nombre de naifs au grnd coeur pou croire à ce cirque je le regette pour eux et pour les peuples dont ils aisdent à la trahison. Ce n’est pas un hasard si le secteur internationaldu PCF dirigé comme l’Humanité par des stipendiés de l’OTAN ont pris les patins de ces peuples “martyrs”, pour moi surtout bernés comme le peuple françaiss.
Autre chose est l’histoire du peuple kurde et Arménien, c’est un peu comme les juifs, dénoncer l’escroquerie du soutien au sionisme ce n’est pas nier l’histoire de ce peuple et refusee l’oubli.
En outre ce texte à l’immense mérite de faire connaistre l’histoire et de le faire à partir de ce qui la commande à savoir l’état des rapports de forces, c’est ce qui manque y compris dans l’analyse de la construction d’un monde multipolaire.
danielle Bleitrach
CROCE
Pour autant que je sache, l’Arménie n’a jamais reconnu le Haut Karabakh.
Il suffit de regarder le drapeau déchiré en deux des indépendantistes pour s’en persuader !
Par-contre, l’Arménie est l’un des états-membres de la C.E.I. et de l’O.T.S.C., et est donc protégée par l’Organisation du Traité de Sécurité Collective gérée par la Russie, qui est l’équivalent de l’O.T.A.N.
Bakou et Ankara savent pertinemment que s’attaquer à l’Arménie, c’est s’attaquer à la Russie, et qu’il ont tout à perdre à le faire.
De plus, ils n’ont pas les moyens de leur ambition, sur le plan de la technologie militaire, et ils le savent très bien !
Le Haut Karabakh, terre arménienne depuis des siècles, n’aurait jamais dû être donné aux azeris.
Il y a des conneries qui sont irréparables, malheureusement !