Nous vous parlerons bientôt de ce qui s’est passé à la fête de l’Humanité où un membre du Comité central du KPRF a participé à deux débats, l’un au stand du PRCF, l’autre à celui de la fédération de l’Hérault. Grâce à la traduction par Marianne des propos de notre camarade russe, ceux qui ont assisté à ces débats ont pu mesurer comme dans le texte ci-dessous à quel point nous étions loin de la caricature que certains se plaisent à entretenir sur la politique réelle du KPRF. A quel point, sur cette question ukrainienne, nous avions en tant que communistes un langage commun sur la paix, le droit à autodétermination des nations, des exigences de souveraineté et le refus des divisions fascistes cultivant des haines identitaires. Alors avant de vous présenter ce week end le compte-rendu de ce dialogue voici un texte indispensable sur l’approche “historique” des communistes russes. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
j’en ai marre (comme Marianne qui a du mal à reprendre la description du front) des guerres et des nationalismes meurtriers, et nous voudrions ici trouver les moyens d’un mouvement de la paix qui ne soit pas duperie derrière l’OTAN … pour cela il faut connaitre, apprendre, se parler. alors je voudrais que la rencontre avec nos camarades russes se fasse avec ce visage enfantin et tendre de l’armée rouge et de la conquête de l’espace au nom de l’humanité, s’il faut se battre un communiste se bat mais il a de la répulsion pour la guerre, l’épopée est celle du savoir, de l’émancipation pas les charniers : il a le visage de Gagarine.. (note de DB)
https://kprf.ru/party-live/opinion/221319.html
Le processus de maturation du nazisme – synonyme de fascisme – à partir du nationalisme est connu du monde entier. Il s’est déroulé à la fin des années 20 et au début des années 30 du XXe siècle en Allemagne. Ce qu’il a coûté à l’humanité et comment il s’est terminé est également bien connu. Aujourd’hui, ce processus est en cours en Ukraine. Le régime nazi qui s’y est installé plonge le peuple ukrainien dans une tragédie sanglante, comme le régime hitlérien en son temps pour le peuple allemand. Où commence le nationalisme et comment évolue-t-il vers le nazisme ? Article de la Pravda https://gazeta-pravda.ru/issue/100-31449-1518-sentyabrya-2023-goda/ukraina-ot-natsionalizma-k-natsizmu/
Lénine et la question ukrainienne
Mais avant de parler du nationalisme ukrainien, penchons-nous sur la principale raison de son origine et de son développement : la politique nationale interne de la Russie tsariste à l’époque de la formation des relations économiques capitalistes (fin du XIXe siècle – début du XXe siècle). Considérant cette politique à travers le prisme de l’internationalisme prolétarien, Lénine a écrit dans son article “Plus sur le “nationalisme”” : “Le nationalisme bourgeois s’efforce de diviser et de corrompre la classe ouvrière en harcelant les “étrangers” afin de l’endormir plus facilement. Les travailleurs conscients y répondent en défendant la pleine égalité et l’unité des travailleurs de toutes les nationalités dans la pratique”.
Ce qui suit est important pour notre thème : “En fustigeant les Ukrainiens et d’autres pour “séparatisme”, pour chercher à faire sécession, les nationalistes défendent ainsi le privilège des propriétaires terriens de la Grande Russie et de la bourgeoisie de la Grande Russie d’avoir “leur” État. La classe ouvrière est contre tous les privilèges ; c’est pourquoi elle défend le droit des nations à l’autodétermination.
Les travailleurs conscients ne prêchent pas la sécession ; ils connaissent les avantages des grands États et de l’union des grandes masses de travailleurs. Mais les grands États ne peuvent être démocratiques qu’avec l’égalité la plus complète des nations, et cette égalité signifie aussi le droit à la sécession”.
Le nationalisme propriétaire et bourgeois était propagé par les idéologues monarchistes – les Cent-Noirs, et à la Douma d’État – par les Octobristes, les progressistes et la plupart des Cadets. L’article léniniste susmentionné cite les dispositions exprimées dans le rapport sur le “mazépinisme” du député monarchiste de la Douma d’État Savenko : ce mouvement, ukrainien en particulier, représente un danger grand et réel pour l’unité de la Russie ; le programme immédiat des Ukrainiens se réduit au fédéralisme et à l’autonomie de l’Ukraine ; les Ukrainiens lient leurs espoirs de mise en œuvre de l’autonomie ukrainienne à la défaite de la Russie dans la future guerre contre l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne.
La réponse de Lénine aux thèses de Savenko est la suivante : “En déclarant étrangers les Biélorusses et les Ukrainiens, les nationalistes oublient d’ajouter que les Grands-Russes (les seuls non “étrangers”) en Russie ne dépassent pas 43 % de la population. Les “étrangers” sont donc majoritaires ! Comment une minorité peut-elle garder la majorité sans donner des avantages à cette majorité, avantages de liberté politique, d’égalité nationale, d’autonomie locale et régionale ?
Par “avantage”, Lénine entendait, d’un point de vue historique, une union volontaire des nations sur la base du droit des nations à l’autodétermination et de l’internationalisme prolétarien. En outre, il était impitoyable à l’égard de la moindre manifestation de nationalisme, qu’il soit grand-russe ou local. Le nationalisme ukrainien, comme on dit, a été rejeté par Lénine dès le départ.
Dans la “Note du comité de rédaction” de l’article “L’Ukraine et la guerre”, il écrit : “L’article ci-dessus a été rédigé par l’un des partisans bien connus du mouvement “Dzvina” (“Cloche” – NdT). Il y a peu de temps, nous avons eu une vive polémique avec cette direction. Nous avons toujours des désaccords avec les auteurs de ce mouvement. Nous ne reconnaissons pas comme correctes les concessions qu’ils ont faites au nationalisme, nous considérons l’idée d’une “autonomie culturelle-nationale” comme un nationalisme bourgeois, nous ne sommes pas d’accord que la meilleure façon d’organiser le prolétariat est de le fragmenter en curies nationales, nous ne partageons pas leurs vues sur la différence entre l'”anational”, le national et l’international”.
Ainsi, tout en s’opposant fermement à la persécution des Ukrainiens (qui ne venait pas du peuple russe mais du régime autocratique du gouvernement tsariste : il suffit de connaître l’interdiction de l’enseignement en langue ukrainienne depuis l’époque de Pierre le Grand et d’Alexandre III et à partir de Nicolas II), Lénine s’opposait tout aussi fermement à toute manifestation de nationalisme ukrainien. Y compris sa propagande dans un cadre social-démocrate. Plus précisément, dans un emballage menchevique, ce à quoi s’employaient les principaux auteurs de Dzvin, notamment V. Vinnichenko, D. Dontsov, S. Petliura, ainsi que P. Axelrod et L. Trotsky. Un tel lien entre le nationalisme et le menchevisme est-il accidentel ?
Lénine qualifie les auteurs ukrainiens de Dzvin de national-socialistes. En particulier, à propos de l’un d’entre eux, M. Yurkevich, qui se présentait également comme un “marxiste” (“pauvre Marx !” s’est exclamé Lénine), dans ses “Notes critiques sur la question nationale”, il a écrit de manière sarcastique sur l’indignation de cet auteur face au fait que : “Nous avons maintenant, malgré “la montée de la conscience nationale ukrainienne parmi les travailleurs”, une minorité de travailleurs “conscients de la nation”, tandis que la majorité…. “est encore sous l’influence de la culture russe”. Lénine poursuit : “Et notre affaire, s’exclame le bourgeois nationaliste, n’est pas de suivre les masses, mais de les diriger, de leur préciser les tâches nationales”.
Par culture russe, M. Iourkevitch entendait la culture du mouvement prolétarien, selon Marx. Lénine dénonce l’astuce verbale du “marxiste” lorsqu’il écrit : “M. Lev Yurkevich agit comme un vrai bourgeois, et un bourgeois myope, étroit et stupide, c’est-à-dire comme un bourgeois, lorsqu’il rejette les intérêts de la communication, de la fusion, de l’assimilation du prolétariat des deux nations au profit du succès immédiat de la droite nationale ukrainienne”. Les droits nationaux – d’abord, les droits du prolétariat – après, disent les nationalistes bourgeois et MM. Yurkevych, Dontsov, etc., les pseudo-marxistes à leur suite. Les droits du prolétariat viennent en premier, disons-nous, parce qu’ils assurent non seulement les intérêts durables et fondamentaux du travail et les intérêts de l’humanité, mais aussi les intérêts de la démocratie, et sans la démocratie on ne peut concevoir ni une Ukraine autonome, ni une Ukraine indépendante.”
Et comme Lénine l’a conclu dans ses “Notes critiques…” : “L’action unie des prolétaires de la Grande Russie et de l’Ukraine libre est possible, sans cette unité, il n’en est pas question” ; “Le marxisme est inconciliable avec le nationalisme, même le plus “juste”, le plus “pur”, le plus subtil et le plus civilisé. Le marxisme met l’internationalisme à la place de tout nationalisme” ; “La lutte de classe sérieuse dans toute société capitaliste se déroule avant tout dans la sphère économique et politique”.
Qu’est-ce qui a réuni les nationalistes Yourkevitch, Dontsov (plus tard le principal idéologue du nationalisme ukrainien et du nazisme), Vinnichenko, Petliura, Axelrod et Trotsky dans la même compagnie ? La réponse doit être recherchée dans l’attitude des nationalistes ukrainiens et des mencheviks russes à l’égard du peuple russe, de la paysannerie russe avant tout, et de tout ce qui est russe – histoire et culture. Trotsky considérait l’histoire russe comme périphérique par rapport à l’histoire de l’Europe occidentale, ce que l’on peut lire dans ses écrits. Ses sentiments nationalistes pro-ukrainiens sont également évidents. Les nationalistes ukrainiens et les mencheviks russes, sous le couvert d’un prétendu marxisme, dissimulaient leur russophobie et luttaient contre le soi-disant chauvinisme grand-russe, dont Staline a été accusé tout au long des années soviétiques. L’alliance entre le “social-démocrate” Scholz et le néo-nazi Zelensky est donc naturelle.
La RSS d’Ukraine est la fierté nationale de l’Ukraine.
Arrêtons-nous sur la critique de Lénine concernant la question ukrainienne par les zélateurs actuels du patriotisme bourgeois. Selon ces derniers, Lénine, en annexant les terres du bassin houiller de Donetsk à l’Ukraine, aurait posé une mine à retardement. Celle-ci a explosé avec l’effondrement de l’URSS. Précisons un certain nombre de points de cette critique stigmatisante.
Ce n’est pas Lénine personnellement, mais le Congrès panukrainien des Soviets des députés ouvriers, paysans et soldats qui, le 15 mars 1918, a proclamé que le Donbass ferait partie de l’Ukraine, avec l’appui, ou plutôt sur décision, du POSDR(b). Le calcul était que le Donbass industriel avec le prolétariat russe serait capable de surmonter l’humeur nationaliste de l’intelligentsia ukrainienne et de la population majoritairement rurale de l’Ukraine. Ce calcul reposait sur une base objective et était donc justifié. Au cours de la difficile mais héroïque réorganisation socialiste de l’Ukraine soviétique, des peuples liés par l’histoire et la culture ont formé une nation socialiste unie, qui a offert au monde l’exploit de l’homme libéré de l’exploitation de son travail – le mouvement Stakhanoviste.
Pour la première fois sur les terres de l’Ukraine, un État national indépendant – la République socialiste soviétique d’Ukraine (RSS) – est révélé au monde. La langue ukrainienne est devenue, avec le russe, la langue d’État. Hélas, les patriotes russes d’aujourd’hui, avec une persistance qui mériterait d’être mieux appliquée, ne parlent que de la Novorossia en tant que partie de l’Empire russe et pas un mot sur la RSS d’Ukraine en tant que partie de l’URSS. Mais avec la destruction de l’Ukraine soviétique, de son économie et de sa culture, le chemin du nationalisme ukrainien au nazisme ukrainien, jusqu’à l’appel au niveau de l’État à tuer tous les Russes, a été entamé.
Les patriotes bourgeois de la Fédération de Russie, dès que la question ukrainienne a été soulevée, ont commencé à refuser au peuple ukrainien le statut d’État uniquement parce qu’il était soviétique et socialiste. L’Ukraine soviétique était et reste la fierté nationale du peuple ukrainien. Sa contribution à la production matérielle et spirituelle de toute l’Union soviétique est considérable. Ne citons que quelques noms – symboles de la culture soviétique et mondiale : le génie de la pédagogie Anton Makarenko, le scientifique, membre de l’Académie des sciences de l’URSS Boris Paton, le cosmonaute Pavel Popovich, le dramaturge Alexandre Korneichuk, le réalisateur Alexandre Dovzhenko, le soliste du théâtre Bolchoï de l’URSS Bela Rudenko… La République socialiste soviétique d’Ukraine était l’un des dix pays industriels les plus développés d’Europe. Qu’en est-il aujourd’hui ?
La SVO est un combat contre le fascisme international
L’opération militaire spéciale (SVO), la lutte contre le régime nazi en Ukraine, est souvent comparée dans les médias russes à la Grande Guerre patriotique de 1941-1945. Les comparaisons basées sur des parallèles historiques sont toujours boiteuses, comme Staline l’a souvent rappelé à ses partisans et à ses opposants. Aujourd’hui, cette comparaison est tout à fait appropriée pour deux raisons : La Russie combat non seulement le fascisme ukrainien, mais aussi le fascisme euro-américain, et l’héroïsme de masse de nos soldats sur le front est un fait indéniable. Mais pour ce qui est du type de Russie pour lequel on se bat, dans un combat à la vie et à la mort, la comparaison boîte des deux jambes.
Au cours de la Grande Guerre patriotique, les soldats se battaient pour la patrie soviétique, libérée de l’injustice sociale et de l’exploitation de l’homme par l’homme. Ils ont donné ce qu’il y a de plus précieux – leur vie – pour le socialisme et le pouvoir des travailleurs. Et maintenant ? La division sociale entre une classe de capitalistes et une classe de prolétaires pauvres qui gagnent leur vie exclusivement en vendant leur travail ne porte-t-elle pas atteinte à la dignité d’un homme réfléchi et honnête, ce même soldat de la SVO ? Par exemple, les dirigeants de Gazprom, de Rosneft et d’autres oligarques ont des “revenus” quotidiens de plusieurs millions de roubles, ce qui est au moins des milliers de fois supérieur au salaire quotidien d’un prolétaire. Le fossé socio-économique entre l’oligarchie et le prolétariat se creuse de manière exponentielle.
Ce n’est pas pour la Russie oligarchique-bourgeoise, mais pour la Russie que nous avons héritée de nos lointains ancêtres, pour la Russie qui combat le fascisme jusqu’à la fin victorieuse, que les soldats de notre armée se battent sans se ménager. C’est avant tout pour cette raison que le KPRF a décidé de soutenir la SVO. Un soutien non seulement en paroles, mais aussi en actes. Selon les données du mois d’août 2023, plus de 600 conscrits membres du KPRF ou du Komsomol accomplissent leur devoir militaire au front et encore quelques centaines en tant qu’engagés volontaires. Quarante-quatre d’entre eux sont morts courageusement dans la lutte pour la patrie, et neuf ont reçu l’Ordre du courage à titre posthume. Oleg Valeryevich Lukontsev accomplit son devoir dans les rangs des combattants et s’est vu décerner le titre de Héros de la Russie par un décret du Président de la Fédération de Russie. Le KPRF a envoyé plusieurs milliers de tonnes de marchandises humanitaires dans le Donbass, collectées par les communistes, les membres du Komsomol et les sympathisants de notre parti. Le parti communiste a organisé des vacances culturelles et récréatives pour 14 000 enfants du Donbass dans un centre de loisirs près de Moscou.
Quant à savoir pour quel type de Russie le KPRF se bat au front et à l’arrière, il a depuis longtemps réglé cette question : pour une Russie socialiste, dans laquelle, comme l’histoire l’a prouvé, seule la justice sociale est possible. Les revendications du programme du KPRF en témoignent. Citons la première d’entre elles : la nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie et leur planification stratégique, qui conduira à terme à l’élimination de la propriété oligarchique ; une politique de nouvelle industrialisation (le travail de l’industrie en trois-huit n’élimine pas les conséquences cruelles de la désindustrialisation), qui renforcera la croissance quantitative et qualitative de la classe ouvrière, ainsi que son rôle dans le système des relations industrielles ; l’abolition de la propriété privée de la terre, de son sous-sol, des forêts, des fleuves et des lacs. Sans ces mesures, la sécurité nationale du pays ne peut être garantie. Son absence doit être compensée par l’héroïsme sacrificiel de nos soldats et de nos civils. Sans la mise en œuvre des revendications du KPRF, la victoire sur l’impérialisme américain le plus réactionnaire est impossible, c’est-à-dire la victoire finale sur le fascisme international.
Aujourd’hui, l’Allemagne et l’Angleterre sont en tête de liste pour ce qui est de la possession des actifs de production de l’Ukraine. C’est pourquoi leurs émissaires sont plus souvent que d’autres à Kiev et, selon le chancelier allemand Scholz, ils sont prêts à aider le régime de Zelensky autant que nécessaire. Mais les capitaux américains les dépassent et de loin. Toute l’Europe est à leur service. Sans les États-Unis, l’OTAN n’est rien. L’Occident impérialiste n’est pas gêné le moins du monde par le Banderisme, le masque nazi du régime de Kiev. C’est essentiellement ainsi (rappelez-vous la destruction de la Yougoslavie, de la Libye, de l’Irak et presque de la Syrie, de l’Afghanistan – autant de monuments de la terreur nazie). C’est ainsi, même s’il se couvre d’un vernis libéral-démocratique.
Pourquoi le nazisme ukrainien ne se déchaînerait-il pas s’il reçoit le soutien financier, militaire, technique et médiatique de l’Occident ? Et autant qu’il en a besoin. Et les autorités russes se plaignent de la russophobie occidentale et… “ne remarquent pas” l’antisoviétisme en Russie même, sur Internet, à la télévision, à la radio et dans la presse. La “cinquième colonne” n’a pas toute émigré. Nombre de ses agents sont engagés dans des activités subversives en Russie, ouvertement ou secrètement. Pour y mettre fin, il suffirait de la volonté des dirigeants politiques du pays.
L’essence de classe de la question nationale en Ukraine
Le capital oligarchique russe, qui était jusqu’en 2008 le premier propriétaire des actifs de production de l’Ukraine et de son secteur bancaire, n’était préoccupé que par une chose : maximiser ses profits. Ni la modernisation de l’économie ukrainienne, ni celle de l’économie russe, ni le renforcement des liens politiques et culturels entre l’Ukraine et la Russie ne l’intéressaient le moins du monde. Le profit, rien que le profit maximum, tel était son credo dans l’exploitation des prolétaires ukrainiens et russes. Cela a permis au nationalisme ukrainien de passer d’une position défensive à une position offensive. Ces deux définitions sont tirées du rapport de Staline au 12e congrès du PCR(b) en 1923. Les travailleurs ukrainiens s’entendent dire : “Tous vos problèmes viennent de la Russie. Elle vous exploite sans pitié”. La spéculation sur les “droits nationaux” était un produit avantageux : les exploiteurs ukrainiens détournaient la colère sociale d’eux-mêmes vers les exploiteurs russes. Ils semblaient, pour ainsi dire, ne faire qu’un avec les prolétaires qu’ils exploitaient : nous sommes des Ukrainiens, une seule nation unie qui souffre de la Russie ! Tout cela s’était déjà produit dans les années trente du siècle dernier en Allemagne. Sur toutes les chaînes de télévision russes, on entend constamment parler des oligarques d’Ukraine, mais pas un mot sur les oligarques de Russie.
Oui, les Russes, ainsi que les Ukrainiens, auraient dû être protégés des Banderistes dans le Donbass, ce que l’État russe n’a pas fait pendant huit ans. Aujourd’hui, la Russie est en tête-à-tête avec l’OTAN. Était-il impossible de le prévoir ? Pendant huit ans, nous avons espéré que les accords de Minsk seraient respectés. Aujourd’hui, même un écolier comprend qu’il s’agissait d’une tromperie élémentaire. Fallait-il attendre que Mme Merkel l’admette ?
Pendant la période des accords de Minsk, le nationalisme ukrainien a atteint son plus haut niveau – le nazisme. En outre, la Russie a dû affronter de front, même si ce n’était pas sur le champ de bataille, un prédateur bien plus terrible que l’Ukraine banderiste : l’impérialisme américain. Ce dernier a “délégué” au capital ukrainien son droit de combattre la Russie bourgeoise jusqu’au dernier soldat ukrainien et russe. L’objectif des cercles dirigeants des États-Unis est le même que celui de l’Allemagne hitlérienne : vaincre la Russie et la démembrer. C’est ce qui était dit avec la pédanterie allemande dans le plan “Ost”. C’est également ce qui est dit aux États-Unis avec un cynisme effronté. Hélas, certains “pacifistes” de l’intelligentsia Internet n’y croient pas. Pour eux, YouTube est une lumière à la fenêtre. Et les intérêts nationaux de notre pays, comme nous le savons, ne sont pas inclus dans l’espace YouTube censuré par les États-Unis….
Étant donné qu’à l’époque prérévolutionnaire, la conscience des travailleurs ukrainiens associait leur oppression sociale et la restriction du développement de leur culture nationale à l’autocratie tsariste russe (et c’était le cas, il ne pouvait en être autrement), il n’a pas été difficile pour les idéologues du nationalisme ukrainien de semer les graines de la haine de tout ce qui est russe dans les masses. Ainsi, la politique tsariste, bourgeoise et expansionniste du nationalisme grand-russe a donné naissance au nationalisme local.
La situation en matière de politique nationale a radicalement changé après octobre 1917. Le parti bolchevique a accordé une très grande attention à la question nationale dans la Russie soviétique multinationale – l’URSS. Avec la fin de la guerre civile, cette question est devenue l’une des principales questions à l’ordre du jour du PCR(b). Ce n’est pas un hasard si, en 1923, le XIIe congrès du parti a pris connaissance du rapport de Staline intitulé “Les questions nationales dans l’édification du parti et de l’État”.
Tout d’abord, Staline a révélé l’essence de classe de la question nationale : “Il s’agit ici d’établir une relation correcte entre le prolétariat de l’ancienne nation au pouvoir, représentant la couche la plus cultivée du prolétariat de toute notre fédération (URSS – NdT), et la paysannerie, principalement la paysannerie des nationalités précédemment opprimées. Telle est l’essence de classe de la question nationale”. Comme on peut le voir, Staline parle de la base de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire de son alliance non seulement avec la paysannerie russe laborieuse, mais aussi avec la paysannerie d’autres nationalités.
Staline conclut cette réflexion comme suit : “Pour que le pouvoir soviétique soit accepté par la paysannerie non russe, il faut qu’il soit compréhensible pour elle, qu’il fonctionne dans la même langue, que les écoles et les autorités soient composées de personnes locales qui connaissent la langue, les manières, les coutumes et la vie quotidienne des nationalités non russes. Ce n’est qu’à cette condition que le pouvoir soviétique, qui était jusqu’à récemment un pouvoir russe, deviendra non seulement un pouvoir russe, mais aussi un pouvoir interethnique”.
Nous abordons ici la question de l’ukrainisation des organes de l’État, du système d’éducation et de formation, de la vie culturelle et de la vie sociale de la RSS d’Ukraine. Ce fut un processus difficile. Le parti pris du nationalisme ukrainien était évident : l’absolutisation du facteur ethnique tout en ignorant l’approche de la classe sociale dans l’analyse et l’évaluation de la vie sociale réelle de l’Ukraine. La direction du parti communiste des bolcheviks d’Ukraine (PC(b)U) ne pouvait pas prévoir les conséquences de ce parti pris. La raison en est claire : la plupart des membres du Politburo du Comité central du Parti ont été infectés par le virus du nationalisme local. Parmi les communistes ukrainiens, citons les plus autorisés et les plus influents : deux membres du Politburo du Comité central du PC(b)U – Mykola Skrypnyk, commissaire à la justice, et Oleksandr Shumsky, commissaire à l’éducation et également membre du Comité exécutif du Comintern.
Mykola Skrypnyk. Un fervent défenseur de l’Ukraine soviétique. Sous le tsarisme, il est arrêté quinze fois pour activités révolutionnaires. Condamné à mort, condamnation remplacée par l’exil à vie. S’est échappé six fois de l’exil. L’un des fondateurs du parti communiste ukrainien. Mais après l’instauration du pouvoir soviétique dans son pays, Skrypnyk est favorable à la formation d’un PC(b)U autoproclamé, qui serait membre du Comintern sur un pied d’égalité avec le PCR(b) et qui, par l’intermédiaire du Comintern, résoudrait tous les problèmes liés à ses activités. En d’autres termes, il s’oppose à ce que le PC(b)U fasse partie du PCR(b), c’est-à-dire qu’il est en faveur de la division de la classe ouvrière en partis nationaux. L’internationalisme prolétarien cède la place au nationalisme.
En outre, s’il n’était pas un adepte idéologique de Trotsky, il entretenait avec lui des relations très étroites. Le lien de Skrypnik entre le nationalisme et le trotskisme était purement pragmatique. Il a soutenu Trotski pour appuyer sa lutte au sein du PCR(b) contre la politique nationale de Lénine-Staline. Trotsky comptait sur le soutien de Skrypnik et de ses nombreux partisans au sein du PC(b)U dans sa lutte contre Lénine puis Staline sur les questions de stratégie et de tactique de la réorganisation socialiste de la Russie. Leur alliance était basée sur un avantage politique mutuel. Et ce n’est pas un hasard si la phase active de l’ukrainisation avec un penchant pour le nationalisme local a commencé en 1923 après l’arrivée de Trotsky en Ukraine. Trotski est fidèle à lui-même : il considère que le prolétariat russe, sans parler de la paysannerie, n’est pas prêt pour la réorganisation socialiste du pays. Le commissaire du peuple à l’éducation de l’époque est Alexander Shumsky, aussi fervent partisan de l’ukrainisation à tendance nationaliste que Nikolai Skrypnik.
En 1926, Staline a eu une longue conversation avec Shumsky. Son contenu nous permet de juger à quel point le processus d’ukrainisation est alarmant pour le Parti et le pays. Staline expose les conclusions de sa conversation avec Shumsky dans une lettre au “Camarade Kaganovitch et autres membres du BP du Comité central du PC(b)U” (avril 1926). Lazar Kaganovich occupait à l’époque le poste de premier secrétaire du comité central du PC(b)U. Aujourd’hui, peu de gens connaissent la lettre susmentionnée de Staline, et il est donc justifié d’en donner un long extrait.
Staline écrit : “J’ai eu une conversation avec Shumsky. La conversation a été longue, elle a duré plus de deux heures… Il confond l’ukrainisation de notre parti et d’autres appareils avec l’ukrainisation du prolétariat. Il est possible et nécessaire d’ukrainiser, à un certain rythme, notre parti, l’État et d’autres appareils au service de la population. Mais il est impossible d’ukrainiser le prolétariat par le haut. Nous ne pouvons pas forcer les masses laborieuses russes à abandonner la langue et la culture russes et à reconnaître l’ukrainien comme leur culture et leur langue. Cela contredit le principe du libre développement des nationalités. Il ne s’agirait pas d’une liberté nationale, mais d’une forme particulière d’oppression nationale. Sans aucun doute, la composition du prolétariat ukrainien changera avec le développement industriel de l’Ukraine, avec l’afflux dans l’industrie de travailleurs ukrainiens venant des villages environnants… Mais il s’agit là d’un processus long, spontané et naturel”.
Avant de continuer à citer la lettre de Staline à la direction du PC(b)U, arrêtons-nous sur le fait que Staline met sévèrement en garde contre le danger du nationalisme russe en cas de pression du nationalisme local sur la langue et la culture russes. Poursuivant sa réflexion sur les méfaits de l’ukrainisation de la classe ouvrière russe, Staline écrit que cela “signifie poursuivre une politique utopique et néfaste, capable de provoquer un chauvinisme anti-ukrainien dans les couches non ukrainiennes du prolétariat en Ukraine”.
Staline contre le parti pris nationaliste du PC(b)U
Dans la lettre “au camarade Kaganovitch…” Staline expose le principal danger de l’ukrainisation forcée de la classe ouvrière russe : la russophobie de la population ukrainienne et le rejet du léninisme au sein du PC(b)U. Il écrit à ce sujet, comme on dit, sans offense, en appelant les choses par leur nom.
Continuons à citer la lettre de Staline : “Tout en soulignant, à juste titre, le caractère positif du nouveau mouvement en Ukraine en faveur de la culture et de la société ukrainiennes, Shumsky ne voit pas, cependant, les côtés obscurs de ce mouvement. Shumsky ne voit pas qu’avec la faiblesse des cadres communistes indigènes en Ukraine, ce mouvement, dirigé par des intellectuels non communistes, peut dans certains endroits prendre le caractère d’une lutte pour l’aliénation de la culture ukrainienne et du public ukrainien de la culture et du public de l’Union soviétique, le caractère d’une lutte contre “Moscou” en général, contre les Russes en général, contre la culture russe et son plus grand accomplissement – le léninisme. Je ne vais pas chercher à prouver qu’un tel danger devient de plus en plus réel en Ukraine. Je dirai seulement que même certains communistes ukrainiens ne sont pas exempts de tels défauts. Je me réfère à un fait connu de tous, à savoir l’article du communiste reconnu Khvilevoy dans la presse ukrainienne. Les exigences de Khvilevoy pour la “dérusification immédiate du prolétariat” en Ukraine, son opinion selon laquelle “la poésie ukrainienne devrait s’éloigner le plus rapidement possible de la littérature russe, de son style”, sa déclaration selon laquelle “les idées du prolétariat nous sont connues même sans l’art moscovite”, sa fascination pour certaines idées messianiques, sa volonté de faire de la poésie ukrainienne un moyen d’expression de l’identité ukrainienne et de l’identité ukrainienne, sa fascination pour un rôle messianique de la “jeune” intelligentsia ukrainienne, sa tentative ridicule et non marxiste de détacher la culture de la politique – tout cela et bien d’autres choses encore dans la bouche d’un communiste ukrainien semble (ne peut pas ne pas sembler !) plus qu’étrange… Le communiste ukrainien Khvilevoy n’a rien d’autre à dire en faveur de “Moscou” que d’exhorter les personnalités ukrainiennes à fuir “Moscou” dès que possible….. Shumsky ne se rend pas compte que ce n’est que dans la lutte contre de tels extrêmes qu’il est possible de transformer la culture ukrainienne montante et le public ukrainien en une culture et un public soviétiques”.
Vous lisez la lettre de Staline “Tov. Kaganovich…”, et il vous vient involontairement à l’esprit les mots “comme s’il avait prédit l’avenir”. Oui, Staline avait prévu ce qui pouvait conduire à une connivence avec le nationalisme en Ukraine. De l’appel de Khvilevoy à rejeter “Moscou” “le plus vite possible” au nazisme banderovien, il n’y a pas loin dans l’histoire du monde. Après l’effondrement de l’URSS, les nationalistes ukrainiens ont parcouru ce chemin à une vitesse supersonique. Souvenons-nous du bâton d’hetman de Kravtchuk, du livre de Koutchma “L’Ukraine n’est pas la Russie”, puis de “L’Ukraine est l’Europe”. Et sous Iouchtchenko, le culte de Stepan Bandera se forme, des monuments lui sont érigés, des places, des rues et des institutions culturelles portent son nom. En 2014 c’est la psychose nationaliste du Maïdan de Kiev, dont les participants scandent : “Les Moskals à la lanterne !”, “Qui ne saute pas est un Moskal”. Le coup d’État qui a abouti à l’élection de l’oligarque Porochenko à la présidence de l’Ukraine. Les États-Unis et l’Europe – en bref, tout l’Occident impérialiste – n’ont pas caché leur jubilation. C’était sa victoire. Les autorités de la Fédération de Russie – la Douma d’État, le Conseil de la Fédération, le président de la Russie – ont silencieusement reconnu Porochenko comme président ukrainien. En d’autres termes, elles ont reconnu comme légitime le coup d’État réalisé par le Maïdan de Kiev avec la bénédiction et l’aide la plus active de l’Occident corporatiste dirigé par les États-Unis.
Le Donbass s’est soulevé – le Donbass de Voroshilov, Stakhanov et de la Jeune Garde. En mars 2014, la Russie a célébré le retour de la Crimée et de Sébastopol dans leur patrie historique. La société russe s’attendait à ce que le Donbass, avec lequel le régime de Kiev menait une guerre visant à détruire tout ce qui était soviétique et russe, reçoive une aide militaire de la Russie pour mettre fin au génocide contre les Russes, les Ukrainiens et les personnes d’autres nationalités du bassin de Donetsk. Mais cela ne s’est pas produit. Les huit années d’histoire des accords de Minsk, sacrificielles pour le Donbass et humiliantes pour la Russie, ont commencé…
Staline n’aurait évidemment pas pu prévoir l’ensemble des événements tragiques qui se sont déroulés en Ukraine. Sur la base d’une analyse de classe marxiste-léniniste de l’inclinaison au nationalisme de la direction du PC(b)U, il a prévu l’essentiel : le danger réel de la restauration du capitalisme. Il a déclaré à ce sujet lors du XVIIe Congrès du Parti : “Que signifie le penchant au nationalisme, qu’il s’agisse d’un penchant au nationalisme grand-russe ou d’un penchant au nationalisme local ? Le penchant pour le nationalisme est l’adaptation de la politique internationaliste de la classe ouvrière à la politique nationaliste de la bourgeoisie. Le penchant pour le nationalisme reflète les tentatives de “leur” bourgeoisie “nationale” de saper le système soviétique et de restaurer le capitalisme. La source de ces deux penchants, comme vous le voyez, est commune. Il s’agit d’une déviation de l’internationalisme léniniste”. Et de conclure : “Le principal danger est cette déviation, contre laquelle nous avons cessé de lutter et que l’on a ainsi laissé se transformer en danger d’État”. C’est ce qui s’est passé dans les années de la fameuse perestroïka.
Du vivant de Staline, le parti communiste bolchevique de toute l’Union et, par conséquent, tous les partis communistes des républiques de l’Union, et pas seulement le parti communiste de l’Union soviétique, ont mené une lutte cohérente et inébranlable contre toutes les manifestations de nationalisme (grand-russe et local). Dans cette lutte, une attention particulière a été accordée à la tendance nationaliste en Ukraine dès le début de la Seconde Guerre mondiale, car avant l’invasion de l’URSS par l’Allemagne hitlérienne, ses services spéciaux (Abwehr, Gestapo) ont misé sur l’organisation d’une clandestinité nationaliste dans la République socialiste soviétique d’Ukraine. C’est alors que le nationalisme ukrainien s’est transformé en nazisme ukrainien. Bien avant cela, l’idéologue de ce dernier était Stepan Bandera. Shukhevych, Kuk et d’autres dirigeants de l’Ukronazisme étaient des exécutants des idées de S. Bandera.
Le Bandéruisme
L’idéologue du nazisme ukrainien était une personnalité typique de la vie politique de l’Ukraine occidentale. Il a été sujet de l’Empire austro-hongrois jusqu’à son effondrement en 1918. La propagande impériale et le système éducatif en Ukraine occidentale, où S. Bandera est né et a vécu, avaient un caractère purement russophobe, ce qui correspondait au nationalisme ukrainien développé depuis longtemps dans cette région. De 1920 à 1939, conformément au traité de paix avec la Russie soviétique, l’Ukraine occidentale se trouvait à l’intérieur des frontières de la Pologne bourgeoise, où, en 1926, sous la direction de Pilsudski, un coup d’État a eu lieu avec l’instauration d’un régime semi-fasciste. Stepan Bandera est alors dans sa 18e année. Son nationalisme ukrainien entre en contact avec le nazisme polonais. La réponse à ce dernier est le nazisme ukrainien, annoncé par S. Bandera.
Il avait 31 ans lorsque, après l’occupation de la Pologne par l’Allemagne hitlérienne, il a été libéré de la prison où il purgeait une peine à perpétuité pour avoir organisé l’assassinat du ministre polonais de l’intérieur, M. Piratski, et un certain nombre d’autres actes terroristes. Ne pas intimider, mais tuer et seulement tuer, tel était son credo idéologique et politique. Tuer des Russes, des Polonais, des Juifs, des Tziganes au nom d’une Ukraine indépendante et “ethniquement pure”. L’essence de la Banderovshchina est la même que celle du fascisme allemand : la mise en œuvre pratique de la théorie raciale.
Citons les plus célèbres des nombreux crimes commis par les Banderistes. Il s’agit du pogrom juif de Lviv en 1941 ; du massacre de Volynie (tués à la hache) – 1943-1944 ; de la répression, avec les nazis, du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943 et du soulèvement de Varsovie en 1944 ; du massacre de participants à des actions de partisans en Slovaquie en 1944. Si l’on ajoute les victimes de la division SS “Galicie”, de l’UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne) et les massacres brutaux de communistes et de travailleurs soviétiques dans la période d’après-guerre, jusqu’en 1954, on obtient une image terrifiante des atrocités commises par les Banderistes. Ce tableau prend vie lorsque vous visitez Khatyn, lorsque vous vous rendez à Babi Yar. Vous entendrez les gémissements et les cris des brûlés vifs et de ceux qui sont encore vivants parmi les morts… Et aujourd’hui, à Kiev, des SS, jeunes et vieux, défilent le long du sombre Khreshchatyk en rangées droites, torches à la main, portant le portrait de Bandera au centre de la première rangée comme une relique et scandant : “Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros !”
Khrouchtchev – Gorbatchev : la trahison de l’URSS
En parlant du nationalisme comme précurseur du nazisme, nous ne pouvons pas ignorer la propagation rapide des sentiments nationalistes de masse dans les années de la “perestroïka” dans pratiquement toutes les républiques soviétiques, à l’exception de la RSFSR et de la BSSR. Ils ont été instigués par les rois du capital de l’ombre, les bureaucrates du parti et les gestionnaires soviétiques (directeurs d’entreprises, d’instituts, etc.), infectés par le virus du nationalisme et, enfin, par l’intelligentsia libérale dissidente. Ensemble, généralement dirigés par des travestis de la nomenklatura du parti, ils constituaient la “cinquième colonne” dans les républiques de l’Union. Mais quelle était la raison de son émergence sur la vague de nationalisme qui a frappé la conscience de masse – c’est ce que nous allons examiner.
Revenons sur les événements tragiques qui se sont développés très rapidement en URSS et dans le PCUS après la mort de Staline.
Le 17 septembre 1955, le Présidium du Soviet suprême de l’URSS a adopté le décret “sur l’amnistie des citoyens soviétiques qui ont collaboré avec les occupants pendant la Grande Guerre patriotique de 1941-1945”.
Concentrons-nous sur trois points de ce décret.
Le paragraphe 3 stipule : “Libération, quelle que soit la durée de la peine, des personnes condamnées pour avoir servi dans l’armée allemande, la police et les formations spéciales allemandes. Libération des personnes condamnées à l’exil et à l’expulsion pour de telles infractions”.
Il s’avère que non seulement ceux qui ont servi volontairement dans l’armée ennemie du Troisième Reich, mais aussi les policiers, les agents de l’Abwehr et de la Gestapo (par exemple, dans le rôle d’interprètes) ont été libérés et se sont fondus dans la société soviétique !
Il est vrai que le paragraphe 4 du décret stipule : “Ne pas appliquer l’amnistie aux punisseurs condamnés pour le meurtre et la torture de citoyens soviétiques”. Cependant, les enquêtes menées depuis de nombreuses années par les organes d’investigation soviétiques ont montré que de nombreux punisseurs avaient réussi à échapper aux sanctions prévues par la loi.
Le paragraphe 7 du décret cité est également assez remarquable : “Exonérer de toute responsabilité les citoyens soviétiques à l’étranger qui, pendant la Grande Guerre patriotique de 1941-1945, se sont rendus comme prisonniers de guerre à l’ennemi ou ont servi dans l’armée allemande, la police et les formations spéciales allemandes”.
Qu’est-ce que cela signifie d’exonérer les personnes citées de toute responsabilité ? Cela signifie qu’il faut cesser de les considérer comme des traîtres à la patrie soviétique, n’est-ce pas ? Tout ce qui précède est plus qu’étrange. Étrange : pourquoi ce décret d’une extrême importance n’a-t-il pas été soumis pour discussion au Soviet suprême de l’URSS et n’a-t-il été discuté et adopté que par son présidium ? Le décret “sur l’amnistie des citoyens soviétiques qui ont collaboré avec les occupants pendant la grande guerre patriotique de 1941-1945” réhabilite essentiellement les collaborateurs du fascisme allemand (Vlasovites, Banderovites, “frères de la forêt”), les mettant sur un pied d’égalité avec tous les citoyens soviétiques, dont beaucoup ont souffert de la part des personnes amnistiées.
Le décret a été signé par K. Vorochilov, président du Présidium du Soviet suprême de l’URSS. Mais ce n’est pas lui qui en est le principal responsable, mais le premier secrétaire du Comité central du PCUS, N.S. Khrouchtchev, car aucun document d’importance nationale, surtout un tel document, ne peut, dit-on, être publié sans l’approbation du Présidium du Comité central du PCUS.
Ce décret a lancé le processus de libéralisation de la vie soviétique, qui a culminé avec la perestroïka contre-révolutionnaire bourgeoise. À l’échelle de l’histoire politique mondiale, ce processus a été éphémère et peut être résumé en une phrase : Khrouchtchev – Gorbatchev : trahison du PCUS et de l’URSS.
Rappelons ses principaux jalons, qui ont déterminé le retour au capitalisme sous sa forme la plus vile – oligarchique.
1955 – Décret “sur l’amnistie pour les citoyens soviétiques qui ont collaboré avec les occupants…”.
1956 – Rapport de Khrouchtchev sur le soi-disant culte de la personnalité de Staline après la clôture du 20e congrès du PCUS, lorsque les interventions dans le débat sur le rapport n’étaient plus possibles, ou plutôt interdits.
1961 – par décision du XXIIe congrès du PCUS, la disposition qui, selon Marx lui-même, constitue l’essence du marxisme – la dictature du prolétariat jusqu’à la construction d’une société communiste – a été supprimée du programme du parti nouvellement adopté. Ce fut le début de la désoviétisation rampante, dont le processus invisible est devenu visible au cours des années de la perestroïka contre-révolutionnaire et qui s’est achevé par la fusillade de la Maison des Soviets par les chars d’assaut d’Eltsine en octobre 1993.
L’alliance du nationalisme bourgeois restauré dans les républiques soviétiques, à l’exclusion de la RSFSR et de la BSSR, et du menchevisme sous la forme de la démocratie libérale a joué un rôle non négligeable dans la trahison de la grande puissance soviétique. Sous la bannière du nationalisme et de la démocratie, le capital de l’ombre, pourrait-on dire, a pris le pouvoir à toute vitesse. Où a-t-il puisé les cadres du nationalisme “démocratique” ? Ils ont été formés et légalisés idéologiquement à partir de ceux qui ont été libérés en vertu du décret “sur l’amnistie…”, qui n’a pas été cité une seule fois. Pas moins de 60 000 d’entre eux ont été relâchés dans la vie soviétique. Parmi eux, les Banderistes étaient majoritaires. La tâche principale qui leur a été assignée par leurs curateurs occidentaux était d’entrer dans toutes les sphères de la vie publique, jusqu’à la direction du parti et de l’Union soviétique dans ses rangs les plus élevés. Quant à la base, elle doit utiliser plus souvent et plus habilement les préjugés nationalistes. Après des années de subversion, ce qui s’est passé en Ukraine est ce qui s’est passé : la dictature terroriste du régime de pouvoir nazi (lire : le capital financier euro-américain) a été établie.
Bien sûr, les héritiers du banderisme n’ont pas joué un rôle majeur dans l’établissement de cette dictature, mais ils ont certainement servi de matériau indispensable à la construction de l’État ukrainien nazi. Tant qu’il existera, le destin de la Russie sera menacé par l’agression de l’Occident impérialiste. Seule la victoire au front nous libérera de cette menace. Mais la clé de la victoire doit être un changement de cap socio-économique.
Nous avons absolument besoin d’un nouveau cap pour gagner
Si nous essayons de définir l’essence de ce qui se passe aujourd’hui sur le front, il s’agira d’une confrontation à la vie et à la mort entre le peuple russe en unité avec tous les peuples de Russie et le nazisme ukrainien (mais pas le peuple ukrainien) dans son unité avec le nazisme dans la version libérale de l’Occident impérialiste. À cet égard, nous citerons un extrait du discours prononcé par G.A. Ziouganov à la tribune de la Douma d’État le 26 juillet 2023 :
“Nous devons nous rappeler qu’une nation périt lorsqu’elle perd sa voie de développement. Nous l’avons perdue en 1991, lorsque nous avons été poussés de force sur une voie étrangère et destructrice favorable à l’Occident. Je rappelle à tous, y compris aux cadres nationaux, que depuis le début des destructives années 1990, il y a eu 22 millions de Russes en moins. Or, les Russes sont le peuple qui forme l’État et qui maintient l’unité de notre pays. Le destin de chacun d’entre vous dépend de son destin”.
Mais la question russe est une question ouvrière, puisque la majorité du peuple russe forme une classe ouvrière de prolétaires du travail physique et mental. Sa situation sociale et économique mérite beaucoup mieux que celle dans laquelle il se trouve. La classe ouvrière des prolétaires forme également la majorité de l’armée russe. C’est pourquoi les paroles de Ziouganov sont vraies : “Pour la victoire, nous avons un besoin vital d’un nouveau cours !”.
Les questions russes et ukrainiennes sont considérées par les hourra-patriotes de Russie et d’Ukraine comme les plus importantes. Les classiques du marxisme-léninisme les ont définies comme secondaires par rapport aux questions primaires – la dictature du prolétariat en tant que pouvoir de la majorité des travailleurs et l’unité des prolétaires de toutes les nations dans le mouvement ouvrier international. La déclaration de Lénine dans les “Notes critiques sur la question nationale” est toujours d’actualité : “Le nationalisme bourgeois militant, qui abrutit, trompe et désunit les travailleurs afin de les conduire entre les mains de la bourgeoisie, est le fait fondamental de notre époque. En représailles, nos détracteurs bourgeois demanderont au KPRF : “Où sont vos bataillons de fer du prolétariat ?”. Nous leur répondrons : “Ne vous inquiétez pas, ils sont en train de se former. Ils sont formés par le capital lui-même dans les conditions de sa crise générale, à laquelle il tente d’échapper en augmentant la pression fiscale, la hausse des prix et les réactions dans la vie politique (élections), spirituelle et morale de la société. Comme l’histoire l’a déjà prouvé plus d’une fois, la réponse des prolétaires du travail mental et physique ne se fera pas attendre. Tôt ou tard, vous aurez une réponse prolétarienne”.
En conclusion, nous lançons un appel à tous, communistes et sympathisants : “Il ne suffit pas de lire les classiques du marxisme-léninisme, il faut les lire et les relire avec plus d’assiduité”.
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Nicolas
Ce texte ajoute une pièce au puzzle de la trahison de Gorbatchev
jean-luc
Par quelle mystification historique l’auteur de l’article aligne-t-il les ‘mencheviques’ Vinnichenko, Petliura, Axelrod et Trotsky dans un combat commun au sujet de la question nationale ukrainienne (“Plus précisément, dans un emballage menchevique, ce à quoi s’employaient les principaux auteurs de Dzvin, notamment V. Vinnichenko, D. Dontsov, S. Petliura, ainsi que P. Axelrod et L. Trotsky.”)??
Peut-être est-il préférable de ne pas essayer de répondre à cette question, la réponse risquant de ne pas être en accord avec l’esprit de ce blog.
Rappelons tout de même que Dzvin a été un journal de parution brève, au moment ou éclata la première guerre mondiale, plus ou moins lié au Parti Social Démocrate des Travailleurs d’Ukraine, d’obédience menchevique, qui avait dans les faits cessé d’exister à ce moment-là. Mais il est possible que les citations de Vladimir Ilyich se réfèrent surtout à la maison d’édition du même nom qui a plus tard publié un certains nombre d’auteurs de la mouvance du PSDTU, dont faisait partie Symon Petliura. Oui, nous parlons bien ici du père spirituel du nationalisme ukrainien, qui fut le commandant suprême de l’armée de la première république ukrainienne (créée dans le sillage du traité de Brest-Litovsk), et devint même brièvement (après Vynnychenko) le de-facto dirigeant de cette même république. Le nom de Symon Petlyura est fortement associé aux pogroms anti-juifs qui ont décimé entre 100 et 200.000 juifs ukrainiens avant la prise de contrôle par l’Armée Rouge des parties centrales et orientales de l’Ukraine. Il est resté la référence obligatoire des nationalistes ukrainiens de l’OUN-B et -M, et encore aujourd’hui des néo-nazis ukrainiens.
Il n’est pas certain que Petliura puisse être visé par Lénine dans les passages cités, car il ne semble pas avoir publié dans le journal Dzwin, et n’a pas laissé de bibliographie (à ma connaissance).
Mais il est par contre certain que ni le menchevique Axelrod, ni le non-aligné puis bolchevique Trotsky aient eu quelque similitudes de vue avec les Vynnychenko et Petliura.
Une vraie historienne, comme l’est Danielle, pourrait sans doute jeter un peu de lumière sur ce mystère?
admin5319
je ne connais pas assez la question pour faire une réponse argumentée sur la déclaration mais je vais rapidement esquisser ma position:
1) je ne suis pas trotskiste mais j’ai tendance à limiter les critiques adressée à Trotsky lui même à celles de Lénine et que ce soit à Brst livosk ou lors du 10 e congrès en fait à propos de la NEP, elles sont suffisamment argumentées et englobent même le rôle de Boukharine en tant que “groupe tampon” ce qu’ils sont encore aujourd’hui, je pense à la section économique du PCF.
2) En ce qui concerne Staline, j’apprécie la force de ce qu’il a accompli, la manière dont il a su partout créer collectif et je trouve particulièrement débile l’accusation de pouvoir personnel de Khrouchtchev. Ses écrits sont toujours orientés vers l’action. Mais honnêtement intellectuellement rien même pas Lénine n’est aussi extraordinairement heuristique que Marx.
3) En ce qui concerne le trotskisme et le stalinisme je me méfie de leur “fan club’ et je les juge dans les faits.
a) Il y a une partie du trotskisme (y compris les lambertistes) qui mérite bien le qualificatif infamant d’hitlero-trotskiste, mais il n’est pas besoin d’être trotskiste pour cela il suffit d’être en rupture totale avec le marxisme et ce qu’il a produit chez les communistes, ainsi Doriot n’était pas trotskiste, c’était une brute inculte…
b)Et aujourd’hui si les trotskistes ont été aux avant-postes de la destruction des partis de l’eurocommunisme pour installer un pseudo radicalisme en fait aux ordre de l’OTAN, il y a chez les trotskistes des anti-impérialistes beaucoup plus lucides que la moyenne des communistes qui sont en pleine confusion. Comme il y a des ex-maos passés du colmao au rotary et des ex-maos qui sont à un haut niveau de conscience.
4) De lénine, nous conservons en priorité l’idée de la nécessité d’un parti révoutionnaire. De Fidel, la nécessité de penser tout dans la Révolution en donnant ou en tentant de donner un sens “français” internationaliste à ce TOUT. C’est un peu je crois ce que nous appliquons ici et nous tentons d’éviter les investives gratuites qui ne mènent nulle part.