Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ce qu’il faut comprendre de l’inflation et de la drogue dure qu’est la dollarisation de l’économie

Tout le monde sait que la plupart des actifs se négocient à des prix irréalistes. Pourtant, les acheteurs continuent de faire confiance à la hausse des prix et ne mesurent pas l’ampleur de la Chute possible. La Chine tente d’échapper à la contagion mais pas une économie n’est à l’abri d’un tel effondrement, d’abord parce que le ralentissement de l’économie mondiale, le frein anti-inflation pèse particulièrement sur son économie exportatrice, parce que même s’il est considérable son marché intérieur ne peut pas remplacer celui des exportations européennes et des Etats-Unis, ensuite parce qu’elle a elle même joué sur la consommation intérieure par l’immobilier. Si en 2008, la Chine (et le Japon) ont sauvé l’économie mondiale en achetant des obligations américaines (aujourd’hui elle les vend, comme l’Arabie saoudite), il n’est plus question d’un tel sauvetage sans jouer la politique du pire, il s’agit partout de bâtir des digues. La deuxième et peut-être la première économie mondiale s’est lancé dans une course de vitesse pour créer d’autres circuits avec les BRICS, et des pays emergents à forte potientialité d’investissement et enfin en tablant sur un mode de développement qui tablerait sur un monde en capacité à échapper à cette catastrophe décrite ici. D’où le caractère stupéfiant de l’autosuicide des Etats-Unis, de l’UE, du japon et de la Corée du sud et de notre propre propagande, qui s’associent à cette chute de l’impérialisme des Etats-Unis, tandis que certains capitalistes occidentaux jouent leur propre stratégie. Encore une fois, la manière dont Roussel sonne la sonnette d’alarme me parait tout à fait lucide au niveau des conséquences et des menaces sur la population française. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

La raison de ce malaise est la longue période de taux d’intérêt bas qui s’est accompagnée de l’impression d’innombrables billions de nouveaux dollars et euros. Mais bien que tout cela ne soit pas un secret, la chasse aux nouveaux sommets historiques se poursuit sans relâche. En effet, peu de gens sont conscients de l’ampleur de la bulle et de la quantité d’argent qui sera détruite si elle éclate.(1)

C’est la question que s’est posée le journaliste financier Charles Hugh Smith lorsqu’il s’est penché sur le fossé qui ne cesse de se creuser entre les riches et les pauvres. De nombreuses statistiques montrent que les 10 % supérieurs de la population ont particulièrement profité de la politique monétaire souple des banques centrales.

Le marché de l’immobilier est le meilleur exemple de la mauvaise situation du travailleur moyen. Le citoyen moyen n’est plus en mesure d’acheter sa propre maison. Mais ce n’est pas parce que le logement est rare, comme on aime nous le dire, selon Smith. C’est plutôt dû au fait que la frénésie d’achat des plus fortunés a fait exploser les prix.

Aux États-Unis, 10 % de la population possède 90 % des actifs qui génèrent des revenus. C’est cette classe supérieure qui a profité des bulles provoquées par la banque centrale. En effet, les biens immobiliers et les portefeuilles acquis à bas prix et transmis par héritage ont vu leur valeur se multiplier. Forts de ces garanties, les banques leur ont accordé des crédits pendant la période de faibles taux d’intérêt, ce qui a stimulé la demande sur les marchés et les prix ont réagi en conséquence.

Smith explique que la première grande bulle immobilière a commencé avec l’éclatement de la bulle boursière des dotcoms. La Fed a voulu éviter des dommages économiques plus importants et a abaissé le taux directeur de 6,5 % à 1 %. Les prix de l’immobilier n’ont cessé d’augmenter au cours des années suivantes et la Fed a donc relevé les taux d’intérêt à 5 pour cent jusqu’à la mi-2007.

Mais il s’est alors passé quelque chose que les experts de la banque centrale ne pouvaient évidemment pas prévoir : la bulle immobilière créée par la politique monétaire menaçait d’éclater. En un rien de temps, les taux d’intérêt ont été abaissés à des niveaux historiquement bas de 0,16 pour cent.

Puis vint la crise financière, la crise de la dette et enfin Covid, qui ont permis aux taux d’intérêt de rester bas, à la dette publique d’augmenter rapidement et aux banques centrales d’imprimer de l’argent avec diligence.

Aux États-Unis, pendant cette période, il était même possible de gagner de l’argent en s’assurant les droits d’achat d’une maison en projet avec un petit acompte et en la revendant quelques mois plus tard seulement, explique Smith.

Au cours de la dernière phase, en 2020, la Fed a doublé son bilan pour le porter à 9 billions de dollars et a ramené à zéro les taux d’intérêt qui avaient été relevés peu de temps auparavant à 2,4 pour cent. Dans le même temps, le portefeuille de titres garantis par des hypothèques a été augmenté de 2,6 billions de dollars.

La bulle des dotcoms, devenue une bulle immobilière relativement petite qui ne devait pas éclater, a donné naissance à des bulles gigantesques sur le marché des actions et des obligations. Alors que le S&P 500 se situait encore à 666 points début 2009, il a atteint la barre des 3380 en 2020.

Au milieu des années 1990, les artisans et les enseignants pouvaient encore s’offrir de modestes maisons dans les bons quartiers, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, selon Smith. Les 10 pour cent supérieurs des ménages américains ont profité de la manne financière de la banque centrale et ont acheté tout ce qui arrivait sur le marché à presque n’importe quel prix.

Des maisons achetées pour 30 à 40.000 dollars dans les agglomérations il y a des décennies changeaient désormais de propriétaire pour 1 à 2 millions de dollars. Car l’argent imprimé par la banque centrale devait bien aller quelque part. Smith chiffre les bulles ainsi créées à 55 billions de dollars.

Un montant qui a littéralement été créé à partir de rien. En effet, si la croissance nette des actifs avait suivi comme d’habitude la croissance de l’économie globale, les ménages américains ne disposeraient que d’actifs d’une valeur de près de 90 billions de dollars.

Or, la Fed évalue ces actifs à 145,9 billions de dollars, ce qui en fait une économie de bulle typique.

En 2008, la Fed est intervenue parce qu’elle craignait que la bulle immobilière qu’elle avait créée n’éclate. A l’époque, la différence entre la fortune mesurée par la croissance du PIB et la fortune nette calculée était de 5 billions de dollars. Aujourd’hui, il est de 55 billions de dollars, l’inflation dévore les salaires réels et le pays est fortement endetté.

La politique monétaire de la banque centrale a influencé le marché de telle sorte que les 10 pour cent supérieurs s’en sont mis plein les poches, tandis que les 90 pour cent restants paient l’addition avec des salaires réels plus bas et une perte de prospérité, tandis que le rêve d’avoir sa propre maison se brise.

Mais il y a longtemps que ce ne sont plus seulement les maisons que personne ne peut s’offrir, même une nouvelle voiture devient un produit de luxe, comme l’a dit l’ancien PDG de Ford (NYSE:F) Mark Fields. Seuls les ménages dont le revenu annuel est supérieur à 100.000 dollars peuvent s’offrir une nouvelle voiture.

Ainsi, avec un revenu moyen des ménages de 74.580 dollars, cela devient inabordable pour la majorité. Pour une économie axée sur la consommation, les conditions ne sont pas bonnes pour générer une croissance durable à l’avenir.

(1) il y a un aspect totalement schizophrénique dans la manière dont les médias français possédés par le grand capital se réjouissent des supposés malheurs de la Chine et la manière dont la Bourse réagit :

Vendredi, le CAC 40 a été tiré par les entreprises les plus sensibles à l’activité économique de la Chine, comme le secteur du luxe ou des matériaux, qui ont souffert en Bourse depuis plusieurs semaines des inquiétudes des investisseurs concernant le pays. Mais “enfin, il y a eu des bonnes nouvelles chinoises”, explique Clémence de Rothiacob, gérante de Richelieu Gestion. Tant les ventes au détail, principal indicateur de la consommation, que la production industrielle, ont progressé bien plus qu’en juillet, et bien plus rapidement que les estimations des analystes. “Les investisseurs restent conscients que le point bas n’est peut-être pas encore passé, mais il y a enfin des statistiques meilleures que les attentes”, explique Mme de Rothiacob.

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1 Commentaire

  • Rastapopulo
    Rastapopulo

    Mouais.
    Cet article n’est pas très clair.
    On ne dit rien de la mise à mort de la régulation bancaire et de la séparation des banques d’affaires et de dépôt par Clinton en 1999, qui conduit à la fameuse “crise des subprimes” en 2007/2008 après que la spéculation soit devenue un jeu de dupes obligatoire pour présenter des bilans toujours plus éclatants.
    Goldman-Sachs rules, à l’époque, avant BlackRock et Vanguard aujourd’hui.
    Rien sur l’impunité totale des cyniques cupides qui ont franchi tous les Rubicon de l’indécence la plus crasse.

    On n’explique pas que les grand-bourgeois capitalistes ont joué un jeu mortel en préférant carrément détruire leurs propres outils de production de richesses et l’idée même de pérennité, pour s’assurer des rentabilités à court terme à deux chiffres en misant tout sur les délocalisations et l’exploitation d’autres masses salariales restées plus proche d’une idée de l’esclavagisme comme normalité….

    On n’explique pas que l’impression monétaire à base de QE fut intégralement captée par le Marché, qui exhibe ses belles courbes haussières en voyant les multinationales racheter leurs propres actions pour en gonfler le cours, et mieux rémunérer en dividendes l’inconséquence des cupides.
    Ces mêmes cupides qui se sont en effet empressés de convertir tout ce “fake-pognon” créé ex-nihilo en valeurs tangibles et notamment immobilières.
    La dette, on demandera aux gueux d’en rembourser les intérêts en renonçant à à peu près tout.
    La cupidité, pour nous, se nomme Austérité. Amen.
    Permettez qu’on se paye sur vos vies, car cela est juste et bon !!!

    Et quand l’inflation est en fait un nouveau feu vert à la non-régulation absolue permettant de justifier pus de cupidité encore par un hausse massive et jamais vue des marges qui “passe crème” : de quoi se plaindra-t-on ?!
    Mon paquet de pâtes a subi 74% d’augmentation, les patates 92% (!) mais l’INSEE veille à me rassurer :
    “6% en glissement annuel !”
    Mon PC vieux de 10 ans, lui, s’améliore chaque année et gagne en vitesse de calcul, on peut donc selon les savants calculs de l’Institut déduire cela de ma difficulté à simplement bouffer : merci aux statisticiens qui s’occupent de la tranquillité des traîtres qui se sont accaparé l’appareil d’État au service des cupides, pour leur intégrité mathématique sans failles !

    On ne dira pas non plus que l’Euro est le cousin cocu du Dollar, et que l’effondrement du second entrainera mécaniquement celui du premier.
    D’ailleurs, c’est même plutôt l’inverse en ce moment et personne ne parle de l’effondrement en cours de l’Euro…
    Qu’on se rassure : les actifs les plus précieux ont déjà été convertis et/ou mis bien à l’abri.
    L’Atlantisme est un véritable oasis de quiétude et nous assure l’avenir le plus serein, et la conscience la plus légère.
    D’ailleurs : Vive l’UE, vive “nos valeurs”, hein ?!
    Bref ;

    Quand un B. Arnauld quintuple son capital en 6 ans, c’est simplement la preuve que le thatchérisme macronien est une grande réussite, et que tout autre horizon politique se fourvoierait gravement dans l’imbécilité.

    En fait, tant qu’on ne remet pas en cause l’impunité des cupides à l’être, on ne fait que se plaindre en prétendant lutter pour se donner bonne conscience.
    La lutte devrait se traduire en actes, et ces actes devraient oublier toute idée de bienséance, de bien-pensance, de retenue, de palabres et d’idéaux utopiques.
    La Justice, la vraie, réclame des comptes : les morts par dizaines de millions qui résultent des actes des cupides impunis méritent un certain équilibrage de l’équation par le Couic !
    Un Prévert d’aujourd’hui devrait dire :
    “Il faudrait essayer d’être vraiment bien vénères, ne serait-ce que pour donner l’exemple !”

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