Nous avons désormais en France une propagande de même nature que celle qui domine aux USA. Ainsi la visite du président Nord coréen en Russie nous a été présentée comme relevant de l’appel de la Russie à une aide militaire en Ukraine, ce qui est totalement erroné. En fait, il s’agit beaucoup plus de la situation en Asie et le fait que la Corée du Sud est entraînée elle aussi dans une future guerre avec le Japon. Une situation qui se heurte dans ce pays à un refus des mouvements pacifistes et de l’impopularité dont jouissent le Japon et les USA dans une grande partie de la population de Corée du sud. L’auteur de l”article, un vétéran des mouvements pacifistes nous décrit ce que nous ignorons y compris de la stratégie chinoise qui cherche toujours en empêcher les guerres en créant des zones de “sécurité” réciproque pour interdire celle de confrontation directe mise en place par les Etats-Unis. Dans cette analyse, ce militant pacifiste décrit le fait que tout est mis en place pour que la Corée devienne pour les Etats-Unis et le Japon, l’équivalent de l’Ukraine, le peuple totalement sacrifié. A lire absolument pour mesurer la manière dont nous sommes victimes de la propagande de l’OTAN et des Etats-UNis. Y compris dans la manière dont on nous crée des “dictateurs” haissables pour nous détruire. Cette alerte précoce que mettent en place les pacifistes en Asie manque sérieusement en France. (note et traduction de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Le 27 juillet marquait le 70e anniversaire du cessez-le-feu de 1953 à la guerre de Corée. Au cours des trois années qui ont précédé cet anniversaire, les mouvements pacifistes sud-coréens ont organisé la campagne internationale de l’Appel de paix pour la Corée afin de remplacer l’accord d’armistice par un traité de paix pour mettre fin à la guerre de Corée qui dure depuis plus de 70 ans. L’anniversaire est passé, mais, au lieu de la paix, les administrations de Joe Biden, Yoon Suk Yeol et Fumio Kishida sont … Lire la suite…Septembre 14, 2023 par Dae-Han Song
Les marines américains et sud-coréens assistent à une cérémonie en Corée du Sud (Photo: US Indo-Pacific Command)
Le 27 juillet marquait le 70e anniversaire du cessez-le-feu de 1953 à la guerre de Corée. Au cours des trois années qui ont précédé cet anniversaire, les mouvements pacifistes sud-coréens ont organisé la campagne internationale de l’Appel de paix pour la Corée afin de remplacer l’accord d’armistice par un traité de paix pour mettre fin à la guerre de Corée qui dure depuis plus de 70 ans. L’anniversaire est passé, mais, au lieu de la paix, les administrations de Joe Biden, Yoon Suk Yeol et Fumio Kishida attisent les tensions dans la péninsule coréenne comme un écran de fumée pour construire une alliance trilatérale américano-japonaise-sud-coréenne au niveau de l’OTAN contre la Chine.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a bien joué son rôle de soutien. En contournant les revendications de longue date pour la responsabilité historique du colonialisme japonais, Yoon a ouvert la voie à une alliance entre les deux principaux alliés des États-Unis dans la région: avec comme « pierre angulaire » – le Japon – et comme « cheville ouvrière » – la Corée du Sud. Ses concessions diplomatiques sont essentielles pour entériner la situation que les États-Unis ont instauré après le deuxième guerre – à la suite de la défaite du Japon, les États-Unis ont sacrifié la justice exigée par les victimes du colonialisme japonais afin de mener la guerre froide. Pour protéger l’alliance trilatérale des pressions démocratiques futures, Biden, Yoon et Kishida ont mis en place « l’esprit de Camp David » le 18 août à Camp David, qui a institutionnalisé des sommets trilatéraux annuels, des réunions et des consultations qui pourraient survivre aux changements d’administration.
Lors d’une interview du 28 août, Francis Daehoon Lee donne des précisions sur l’alliance trilatérale et l’état du mouvement pacifiste sud-coréen. Militant pacifiste de longue date et vétéran du mouvement de démocratisation de la Corée, Lee a été l’un des fondateurs de People’s Solidarity for Participatory Democracy; est professeur d’études sur la paix à l’Université Sungkonghoe; et est le directeur de Peacemomo, un institut de recherche pour la paix et l’éducation.
Dissuasion nucléaire
Lee souligne que – contrairement à l’administration Park Geun-hye qui l’a proposée pour la première fois il y a 10 ans – la dissuasion étendue (y compris les armes nucléaires américaines) a, sous Yoon, pris un « caractère préventif ». En outre, la Corée du Nord n’est qu’« un prétexte pour les États-Unis pour préparer, exercer et entraîner leurs forces en vue d’une stratégie préventive en Asie du Nord-Est » contre la Chine. En revanche, la Chine a toujours été réticente à « utiliser la force militaire pour changer l’ordre international ». Lee s’empresse d’expliquer que « pour la Chine, Taïwan n’est pas une question internationale ; c’est une question nationale. Pour Lee, la Chine a toujours construit son influence grâce aux relations économiques. Sa compréhension est renforcée par l’engagement de Pékin dans son Initiative de sécurité mondiale à maintenir la « sécurité indivisible », dans laquelle la sécurité d’une partie est indissociablement liée à la sécurité de l’autre partie.
Un pivot ? Pierre angulaire?
Dans les documents militaires américains sur la région, les termes « pivot » et « pierre angulaire » sont constamment utilisés pour décrire la Corée du Sud et le Japon, respectivement. Pourtant, qu’est-ce que cela signifie exactement d’être le pivot ou la pierre angulaire? Comment les deux sont-ils liés l’un à l’autre?
Lee commence par expliquer comment l’économie japonaise, sa guerre nucléaire et sa technologie d’armes à longue portée lui confèrent une plus grande valeur stratégique. Cela en fait la « pierre angulaire » sur laquelle repose la sécurité régionale des États-Unis. En revanche, les « ressources militaires terrestres à courte portée » de la Corée du Sud le rendent utile « de la même manière que les forces ukrainiennes sont utiles : elles peuvent se battre jusqu’au bout sur le terrain, elles peuvent consommer leur propre peuple et leurs propres ressources ».
Après tout, malgré toutes les attaques américaines contre la Chine, il existe des « freins » à l’escalade des tensions et des conflits : pendant l’ère Trump, les États-Unis sont devenus une société divisée ; « La politique bipartite est incapable de convaincre les gens », dit Lee. Cela rend la stabilité économique d’une importance vitale. Alors que Trump et Biden « ont décidé d’affaiblir la Chine au lieu de coexister avec elle », l’instabilité économique freine les États-Unis qui détruisent les « liens économiques avec la Chine », dit-il. Lee note comment, malgré le « découplage » américain, le commerce entre les deux pays a augmenté tandis que le commerce de la Chine avec d’autres pays a diminué.
Il compare la position américaine sur la Corée du Sud à sa position sur l’Ukraine. Les pays occidentaux veulent que l’Ukraine se batte pour son territoire, pour gagner la guerre. Pourtant, même s’ils fournissent la guerre à l’échelle mondiale, ils veulent, en fin de compte, que les combats soient « localisés ». « Et si un plan similaire était maintenant en place pour l’Asie du Nord-Est ? Alors, la meilleure option n’est pas les forces américaines qui combattent les forces chinoises. En outre, les forces japonaises ne sont pas aptes aux combats réels. Ils sont formés en tant que réseaux d’approvisionnement et d’opérations mondiales, et forces de défense. Alors, qui a la force de combat réelle? » La Corée du Sud, pivot régional des États-Unis.
Prévenir la guerre en Asie du Nord-Est
Construire un mouvement pour la paix en Corée du Sud contre l’escalade de la nouvelle guerre froide nécessite de comprendre les mouvements pacifistes actuels de la Corée. Je demande à Lee ce qu’il pense de la campagne de l’Appel de paix en Corée et quelles tâches attendent les mouvements sociaux.
Ayant participé à la campagne, Lee fournit des idées et des critiques. Le but de l’Appel à la paix en Corée était « d’attirer l’attention du monde [sur le fait] que nous, les Coréens, voulons la paix ». L’argument « était un terrain d’entente intermédiaire entre la droite et la gauche au sein du mouvement pour la paix ». Alors que la campagne tentait de trouver « un terrain d’entente et d’approcher le grand public, elle est inévitablement devenue simple » et « trop centrée sur la Corée ».
Cela contraste avec le cadre régional de Lee pour la paix. Peacemomo propose un « Early Warning on the Danger of Armed Conflict in Northeast Asia », dans un rapport éponyme. Un tel système d’alerte précoce est basé sur la compréhension de l’Asie du Nord-Est comme un théâtre de guerre, dans lequel les actions d’une partie déclenchent une chaîne d’actions et de réactions, nous conduisant progressivement vers la guerre. L’« alerte précoce », selon Lee, appelle les organisations de la société civile de la région à surveiller et à alerter leur public respectif sur les signes et les développements vers la guerre : le plan du Japon « de doubler son budget de défense » d’ici cinq ans et de « posséder une capacité de contre-attaque » ; l’exercice aérien conjoint de la Corée du Sud et des États-Unis menant des « exercices de décapitation » contre la Corée du Nord ; et la déclaration inquiétante de la Corée du Nord selon laquelle « si le centre de commandement est en danger, une frappe nucléaire automatique et immédiate sera effectuée », dit Lee.
En fin de compte, un traité de paix en Corée n’est pas possible sans la paix dans la région. Pour y parvenir, les mouvements sociaux devront appeler au désarmement et à un transfert des ressources de la guerre vers le bien-être des peuples.
Dae-Han Song est responsable de l’équipe de réseautage à l’International Strategy Center et fait partie du collectif No Cold War.
Cet article a été produit par Globetrotter.
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