Nous analysons par ailleurs à travers la rencontre en amont des Brics, entre le président sud africain et le président chinois des enjeux non pas seulement de ce sommet mais des opportunités qu’il recèle tant pour l’Afrique que pour le mouvement ouvrier, les forces progressistes, la jeunesse. A travers le rappel d’un passé de lutte commune entre deux pays mais aussi deux partis dirigeants il y avait en effet une orientation politique, un processus. Que ce soit le discours en vidéo du président Poutine et le fait qu’il ait dans la soirée ouvert les travaux n’est pas non plus sans signification. En tous les cas pas celle d’une presse française hésitant entre l’idée que sans la Russie ce sommet dit bien son impuissance et l’autre vision d’un sommet divisé qui implicitement condamnerait la Russie. Le tout en attribuant l’inflation à la guerre en Ukraine “voulue” par la Russie, comme la misère, la faim de l’Afrique et pour faire bonne mesure présentant “la crise économique” totalement liée à la dollarisation et aux choix de la FED comme le résultat de la “contagion” chinoise. Non un discours qui situe les responsabilités mais engage le gouvernement russe dans une voie qui n’est pas celle de sa propre oligarchie.
Il y avait là un préambule politique sur les luttes anti-impérialistes, mais pour mieux aborder les exigences actuelles : l’Afrique est traversée par un nouveau “mouvement de libération national dont l’enjeu réel est l’accès à la “modernité”, celle d’un continent qui ne se contente plus d’être un pays de matières premières, de terres dévastées, dont la jeunesse est contrainte à l’immigration.
Cette question a été à sa manière au coeur de cet échange officiel entre deux Etats, deux partis celui de la Chine et celui de l’Afrique du sud, qui n’était pas seulement protocolaire. Il concerne la Russie, en tant qu’elle est le successeur de l’URSS.
Le président Poutine est absent remplacé par Lavrov son ministre des affaires étrangères puisqu’il est sous le coup d’un mandat du CPI, mais la Russie comme ne cesse de l’affirmer Ziouganov est traversée par la contradiction entre un gouvernement capitaliste, oligarchique et une lutte pour sa survie face aux USA et à l’OTAN qui l’oblige à avancer vers le socialisme et l’anti-impérialisme. Notons que cet enjeu avait été au centre du sommet de Saint-Pétersbourg et que la Russie comme la Chine a non seulement bénéficié d’une “histoire” commune de lutte contre le colonialisme, mais aussi d’un début de partenariat différent de celui entretenu avec les ex-puissances coloniales. A ce sommet, le partenariat avec toute l’Afrique a été réaffirmé, mais aussi la Russie s’est engagée dans des échanges de technologie, une véritable aide aux deux exigences de l’Afrique : développement et souveraineté les deux étant indissolublement liés. Le discours du jeune leader du Burkina Faso, un lien direct avec le Mali a été également inauguré.
Le discours d’ouverture de Vladimir Poutine aux BRICS avait la même tonalité. En voici le résumé tel qu’il a été établi par l’ambassade de Russie en France:
Déclarations du président russe Vladimir Poutine lors de son message vidéo aux participants du Forum d’affaires des BRICS, le 22 août 2023:
La pression inflationniste importante dans le monde est causée par le comportement irresponsable d’un certain nombre de pays;
Les économies des BRICS sont plus performantes que celles du G7 en termes de parité de pouvoir d’achat;
La Russie augmente progressivement ses livraisons de carburant, de nourriture et d’engrais aux pays du Sud;
La Russie est délibérément empêchée de fournir des céréales et des engrais à l’étranger;
Un processus irréversible et objectif de dédollarisation prend de l’ampleur au sein des BRICS;
Aucune des conditions de l’accord céréalier de la mer Noire n’a été remplie et les engagements envers la Russie ont été ignorées;
La Russie est prête à revenir à l’accord sur les céréales en cas de respect réel de tous les engagements à son égard;
Les négociations sur le transfert gratuit des céréales russes vers six pays africains sont en cours de finalisation;
La Russie peut remplacer les livraisons de céréales ukrainiennes sur une base commerciale et gratuite, d’autant plus qu’elle s’attend à une bonne récolte cette année;
Le président russe a invité les représentants des entreprises des pays BRICS au Forum économique oriental en septembre.
Il y a un point que devrait rapidement assimiler le PCF et les forces progressistes françaises qui jusqu’ici n’ont cessé de se tromper sur le rôle réel de la Russie dans ce monde multipolaire en train de naître, ce qui a bloqué tout mouvement en faveur de la paix et joué a contrario des intérêts du peuple français le soumettant aux diktats des monopoles financiarisés. A cause de cette analyse dramatiquement erronée, la France se retrouve avec une partie de sa bourgeoisie en avance sur l’issue de la guerre et des partenariats internationaux. Il y a bien sûr la vision erronée des responsabilités dans le conflit ukrainien, le soutien au très réactionnaire Zelensky, la bride laissée à l’OTAN par le vote de la résolution 390 mais il y alors que la conscience de la nécessité de la paix monte une vision encore totalement erronée y compris sur la question des céréales et de la relation de la Russie avec les peuples africains.
Voici les parole du président Poutine :
« La Russie, a-t-il dit, est délibérément entravée dans l’approvisionnement en céréales et en engrais à l’étranger. Et en même temps, on nous accuse hypocritement d’être responsables de la situation de crise actuelle sur le marché mondial. Cela s’est clairement manifesté dans la mise en œuvre du soi-disant accord sur les céréales, conclu avec la participation du secrétariat de l’ONU. » « Aucun des termes du soi-disant accord, concernant le retrait des sanctions des exportations russes de céréales et d’engrais vers les marchés mondiaux, n’a été mis en œuvre, estime le président de la Fédération russe. Les demandes de la Russie à cet égard ont tout simplement été ignorées, même entravées. Le libre transfert des engrais minéraux a été bloqué dans les ports européens. »
Compte tenu des faits mentionnés ci-dessus, depuis le 18 juillet, a dit clairement le président Poutine, nous avons refusé de prolonger davantage ce soi-disant accord. Nous sommes prêts à y revenir, mais nous ne reviendrons que si toutes les obligations envers la partie russe sont effectivement remplies.
Danielle Bleitrach
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marsal
Voici un extrait d’un billet du site financier suisse Zonebourse.com. Il relate l’inquiétude d’un haut-fonctionnaire européen sur le développement des financements alternatifs pour les pays en voie de développement. Cela montre que la politique de dépendance maintenue depuis des décennies ne tient plus. L’occident avait le dessus, car il était le seul à pouvoir apporter des financements et de la technologie. Ce n’est plus le cas et l’occident devra soit renoncer à ses pratiques hégémoniques, soit se verra marginalisé.
“Werner Hoyer, président de la Banque européenne d’investissement, a déclaré que le sommet des BRICS qui s’est tenu cette semaine en Afrique du Sud et les efforts déployés pour faire de la nouvelle banque de développement du groupe – connue sous le nom de banque des BRICS – une alternative aux bailleurs de fonds multilatéraux occidentaux établis, soulignaient la nécessité d’accroître considérablement les prêts.
“Le fait qu’un nombre croissant de petits pays en développement, en particulier en Afrique, se tournent vers des pays comme la Chine et d’autres pays émergents pour les soutenir plutôt que vers les institutions occidentales traditionnelles devrait être une source de préoccupation”, a déclaré M. Hoyer à l’agence Reuters.
La BEI est l’une de ces institutions. Soutenue par la puissance financière des 27 pays membres de l’UE, elle affiche le bilan le plus important parmi les banques multilatérales de développement et investit environ 10 milliards d’euros (10,8 milliards de dollars) par an dans les pays en développement par l’intermédiaire de sa filiale EIB Global.
Les commentaires de M. Hoyer sont les plus énergiques jamais formulés par un haut fonctionnaire de l’UE sur les efforts déployés par les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) pour élargir le bloc et en faire un contrepoids mondial à l’Occident.
Il a déclaré que le nombre de pays en développement ayant adopté une position neutre lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’année dernière indiquait également le défi auquel l’Occident était confronté pour conserver la confiance de ces pays.
“Les récents votes de l’Assemblée générale des Nations unies ont déjà montré clairement que nous risquons de perdre la confiance des pays du Sud si nous ne prenons pas davantage de mesures et si nous ne nous montrons pas plus visibles dans ces pays”, a déclaré M. Hoyer.
Les réunions de l’ONU du mois prochain, notamment le sommet sur le développement durable, offrent aux institutions occidentales l’occasion de se manifester et de démontrer qu’elles sont prêtes et capables d’apporter un soutien accru aux pays les plus pauvres, a déclaré M. Hoyer.
https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/Un-haut-fonctionnaire-de-l-UE-avertit-l-Occident-qu-il-doit-agir-pour-eviter-de-perdre-la-confiance–44680299/