Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

A propos d’un article du Figaro : “Macron réactive le triangle de Weimar”

Il faut bien mesurer, comme cet article du Figaro commenté par Xuan nous y invite, le caractère gravissime du choix macronien en faveur de l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, c’est la guerre menée en faveur des USA et de la Pologne fascisante qui veut intégrer l’Ukraine dans la grande Pologne, un remodelage y compris de l’UE. Pouvons-nous accepter le silence et la complicité autour de cette perspective ? La trahison de la gauche et plus encore celle du PCF laisse le peuple français démuni, on le conduit dans le silence complice jusqu’à quel destin? (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Et s’il n’y avait que le gouvernement mais que penser d’élus qui se taisent, de dirigeants politiques de l’extrême-droite au parti communiste

 Le Figaro du mardi 13 juin titrait : « MACRON RÉACTIVE LE TRIANGLE DE WEIMAR »

Résolu à poursuivre le rapprochement avec l’Europe orientale, il avait convié lundi Olaf Scholz et Andrzej Duda ».

Il faut dire un mot de ce « triangle de Weimar ». Outre le ménage de trois crapules qui se serrent la main avec un couteau dans le dos, le « triangle de Weimar » évoque la république du même nom, où le bon, la brute et le truand furent la révolution spartakiste, la montée du nazisme, et les sociaux-démocrates, responsables du massacre des révolutionnaires et de l’effacement devant le nazisme et la guerre. 

Le « triangle de Weimar » que prétend réactiver Macron s’est construit sur les ruines de l’URSS. Sa création, le 28 août 1991, par les ministres des Affaires étrangères français, allemand et polonais a immédiatement suivi la dislocation de l’URSS, juste après le coup d’état d’Eltsine, et la contre-révolution du 21 août.

Le 24 août Gorbatchev dissout le Comité Central du PCUS, démissionne de ses fonctions et dissout toutes les unités du parti au sein du gouvernement. Le Conseil suprême de l’Ukraine promulgue la déclaration d’indépendance de l’Ukraine le même jour (à la suite d’un coup d’état donc), marquant ainsi le début de la fin de l’URSS dans son ensemble. Cinq jours plus tard, le Soviet suprême d’URSS interdit toutes les activités du PCUS sur le territoire soviétique.

Le « triangle de Weimar » est donc créé à point nommé, prétendant sceller la victoire de l’Europe de l’ouest sur l’URSS et son démantèlement.

D’autre part sa réactivation signifie que la Pologne accède au rang de puissance dominante dans l’UE. Suivant la définition affichée sur France Diplomatie« La création, en 1991, du triangle de Weimar par les ministres des Affaires étrangères français, allemand et polonais répondait à l’idée que les 3 pays partageaient une vision commune du devenir de l’Europe et que la réconciliation des sociétés permettrait une action européenne concertée.

Le triangle a d’abord été l’enceinte privilégiée d’appui à la réconciliation germano-polonaise, inspirée de l’expérience franco-allemande. Après l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne en 2004, le format a évolué vers celui d’une enceinte de concertation en amont des négociations européennes ».

Comme le triumvirat romain, il s’agit d’un partage du pouvoir tenant à l’écart les institutions régulières. Ici celles de l’Union Européenne.

En français, « une enceinte de concertation en amont des négociations européennes » signifie que le duo dominant franco-allemand de l’Europe devient un trio dominant, où le nouveau venu est le plus avancé dans la voie du fascisme et de la guerre. Comme il a déjà été dit, la Pologne veut envoyer des troupes en Ukraine, avec d’évidents projets d’annexion.

Le jour même de cette réunion à trois, le Conseil de défense décide donc, sous prétexte de faire pression sur la Russie, d’accepter l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, intégration présentée par la Pologne et les pays baltes comme « la seule solution pour la sécurité du continent ». Or en guise de « sécurité » et en vertu de l’article 5 de l’OTAN, l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN n’est rien d’autre que l’entrée en guerre ouverte de toute l’Europe [1].

Retenez-moi ou je fais un malheur !

Le Figaro ne s’en inquiète pas davantage, peu importe la guerre, ce qui compte c’est que les USA s’engagent eux aussi. L’article précise : il existe un quasi consensus sur le fait qu’il n’est pas possible d’intégrer dans l’OTAN un pays en guerre « Faire entrer dans l’Otan un pays en guerre sans savoir si les Etats-Unis sont prêts à intervenir directement ne serait pas une bonne chose. L’article 5 est solide quand personne n’a aucun doute sur le fait que tout le monde va le respecter», explique un haut diplomate français…peut-être se souvient-il du jour où Obama a laissé tomber le va-t-en guerre Hollande devant la Syrie.

La Pologne et les pays baltes aimeraient aller plus vite, mais selon un dirigeant balte les discussions sont « très très difficiles ». « Il y a un gap entre nos positions et celles des autres pays »« la question ne sera sans doute pas réglée avant le sommet de Washington, l’an prochain, pour les 75 ans de l’OTAN ».

Or le 16 juin Biden déclare qu’il ne faciliterait pas l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ajoutant que le pays en guerre contre la Russie devait remplir les conditions d’adhésion.

« Ils doivent respecter les mêmes normes. Je ne vais donc pas faciliter les choses. Je pense qu’ils ont fait tout ce qu’il fallait pour démontrer leur capacité à se coordonner militairement, mais il y a toute la question de la sécurité de leur système. Est-il non corrompu ? Répond-il à toutes les normes […] que tous les autres pays de l’OTAN respectent ». Marrant d’entendre Biden s’interroger sur la corruption en Ukraine, lui qui avait acheté le limogeage du procureur général en 2018 pour sauver la peau de son fils !

Ceci dit en amont du prochain sommet annuel de l’Otan à Vilnius, en Lituanie, qui se tiendra les 11 et 12 juillet. L’Ukraine ne sera pas invitée à adhérer à l’Alliance lors de ce sommet, a déjà précisé vendredi le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, même s’il a souligné que l’Ukraine deviendrait « membre de l’Otan à un moment donné ».

Ainsi, s’imaginant peut-être faire étalage de sa détermination à unir l’Europe, Macron a démontré que toute initiative de sa part est tenue en laisse par l’hégémonie US.

Par la même occasion il a enterré sa « troisième voie ». Dans le conflit mondial entre l’hégémonisme US et un monde multipolaire il n’y a pas de troisième voie, ni pour les monopoles capitalistes français, ni pour les sociaux-démocrates.

Il n’y en a pas non plus pour des communistes qui voudraient se tenir à l’écart de « tout impérialisme ». L’exemple du KKE montre que si on est sincèrement contre l’impérialisme et pour la paix, cela doit nécessairement se traduire en actes contre l’OTAN, et qu’il est impossible de se tenir à l’écart.

 
[1] – L’article 5 stipule que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.

P.S de Danielle Bleitrach, il faut noter que si l’attitude de Macron provoque une telle stupéfaction quant à l’ampleur du “revirement” c’est que par rapport au véritable traître congénital qu’est la Grande Bretagne, la France a une certaine aura d’indépendance, voire d’amitié avec la Russie et effectivement c’est un équilibre que dès François Ier la France a toujours su conserver et que Macron brade et avec lui toute la classe médiatico-politique française, ce qui consacre de fait le déclin français. Les Chinois l’ont souligné récemment. Mais il ne faudrait pas que la situation française occulte le drame des progressistes de Grande Bretagne confronté au bellicisme fou non seulement de leur parti conservateur mais également de la nouvelle équipe travailliste. Une amie vivant à Londres et dont je tairai le nom nous a récemment déclaré: nous quittons pour quelques jours Londres avec toute la famille, si les Russes veulent envoyer une bombe atomique sur ce lieu le plus réactionnaire du monde, c’est le moment… et la France lui parait comme un havre de démocratie. Voici d’ailleurs une conférence d’un “gaulliste” qui nous explique en quoi la Grande-Bretagne a failli être alliée avec les nazis et à quel point Churchill fut une exception… L’histoire remonte dans un remugle :

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