Le débat se poursuit sur notre site : pourquoi les peuples se font-ils les complices de leurs pires ennemis, les fascistes? Je trouve cette question posée comme ici par Daniel Arias, et d’autres, pleine de notations justes, et la préoccupation est essentielle, incontournable. Mais posée de la sorte, je crains qu’elle ne conduise qu’à la remarque de Bertolt Brecht : « Puisque le peuple n’est pas de notre avis, changeons-le ». Notez qu’il dit “Nous” en parlant des dirigeants de la RDA, il assume et reste aux côtés du socialisme. Mais il note que cette arrogance est de l’élitisme imbécile, une rupture préoccupante avec ceux dont les communistes prétendent l’émanation. Cela ne signifie pas non plus céder par exemple à la fascisation dans le pire parce qu’on est incapable d’agir ? Pourquoi ici même, dans ce blog, personne ne veut abandonner cette autosatisfaction et considérer ne serait-ce que “l’offre” faite aux couches populaires. Même si on prend le cas des communistes qui opèrent une reconquête en liant luttes au quotidien et épisodes électoraux, en s’affirmant communistes et ne donnant pas dans l’autoflagellation de l’eurocommunisme comme le KKE grec ou même le parti communiste autrichien et le KPRF, il y a beaucoup de choses à analyser. Et encore plus pour des communistes français qui veulent rester communistes, reprendre pied dans le monde du travail et le patriotisme autant que l’internationalisme mais qui partent avec de lourds handicaps. Proposons quelques axes de réflexion :
- La première est qu’ils ont eu le courage de lutter contre une contrerévolution d’une ampleur historique avec la chute de l’URSS, ce que j’ai appelé “un champ magnétique” dans lequel le combat était terrible, épuisant, alors que d’autres partis ont pratiqué l’opportunisme et n’en sont pas sortis.
- La seconde est que nous sommes entrés dans un nouveau champ magnétique qui comme l’a dit Xi Jinping à Poutine n’a plus eu une telle force depuis 1917, est-ce un hasard si c’est la guerre en Ukraine qui en parait le déclencheur, comme le conflit impérialiste de 1914-18 a engendré non seulement un possible mais la nécessité d’autres tactiques. J’insiste sur l’idée d’autres tactiques, si Lénine avait repris comme Rosa Luxembourg une part des anciennes, ou pire comme les traîtres de la IIe internationale, le positionnement de la SFIO, il n’aurait jamais changé le monde, mais il est parti de l’état réel des peuples de l’empire tsariste.
- La troisième est que Daniel Arias m’en excusera, il y a une manière de conserver son confort intellectuel c’est d’attribuer aux peuples comme aux maigres forces dans la bataille notre propre vision étroite et largement dépassée sous des allures de radicalité. On conserve sa pseudo lucidité et celle de sa chapelle avec une attitude pareille, mais on est tout aussi nuisible. C’est de la faute à l’autre et la “mondanité” est largement partagée.
- Étonnez-vous après pareils penseurs et généraux que le peuple reste au moins là où il est. Pour exiger de lui il faut non seulement exiger de soi-même, mais savoir deux choses élémentaires : la première est que pas tout le monde est révolutionnaire, prêt à risquer sa vie pour changer le monde, c’est pour cela que l’on a besoin d’un parti qui les regroupe et rende leur engagement plus fort. Pas pour être des brailleurs jusqu’au-boutistes, non pour créer les conditions qui font que la grande masse du peuple qui a intérêt au changement se rassemble et participe au combat contre ses oppresseurs.
- Tant que ces conditions n’existent pas, les couches populaires qui savent que c’est toujours elles qui payent n’ont aucune raison de suivre des gens qui sont justement des mondains, soit prêts à suivre l’OTAN au nom de ce qui parait au peuple comme des passions futiles et références de bobos loin de leurs préoccupations immédiates, soit des braillards qui les invitent à combattre et sont eux-mêmes le cul derrière leur ordinateur, à donner des leçons comme les autres.
- N’en déplaise à des intellectuels comme Dominique Pagani pour lesquels j’éprouve de l’admiration, de la vénération et qui créent par leur volonté pédagogique ce qu’apporte le savoir : une disposition à être révolutionnaire comme une aspiration de l’âme humaine à créer un sens collectif et individuel à la vie, on ne saurait confondre leur apport avec l’organisation d’un parti révolutionnaire. Ils participent pleinement en revanche à la formation d’une classe ouvrière révolutionnaire, apte à la “démocratie” prolétarienne.
Danielle Bleitrach
L’intervention de Daniel Arias
En écho à cet article je pense aux dernières vidéo de Dominique Pagani sur sa chaîne Youtube où il aborde le sujet de la mondanité et du mensonge.
Je n’arrive toujours pas à comprendre quels mécanismes ou forces sont si puissantes pour que les pions ces pierres tombales continuent depuis si longtemps à soutenir et élire toujours la même caste de menteurs et criminels.
La défiance envers les politiques et les média est importante peut-être même majoritaire et malgré cela les résultats électoraux sont favorables aux pires de leurs représentants, aux pires menteurs, arrivistes et incompétents.
Pourquoi ces peuples continuent ?
Sans trop théoriser les discours que je peux entendre autour de moi sont souvent les mêmes les difficultés pour trouver et garder son travail, la vie chère, les services défaillants ou insuffisants et en même temps le défouloir contre l’immigré plus pauvre que le prolétaire de souche, ou la faute à la concurrence pour les plus éduqués et mieux encore la faute à soi-même si l’on est pas compétitif “pauvre nul” incapable de trouver un emplois ; les enfants limite du burn out dès la fin du lycée parfois stressés dès la primaire “si tu bosses pas bien ta vie est foutue”.
La couche avant-dernière de la société qui stigmatise les quartiers HLM sans les connaître, pourtant c’est ton patron qui te paye une misère, non ? C’est le proprio qui te vole un tiers de ton revenu en loyer et un autre tiers qui part dans ta putain de voiture car il n’y a pas de transports alternatifs efficaces.
Les puissants nous mentent à longueur de journée, mais :
C’est bien le peuple lui-même qui se ment en refusant l’évidence qu’il faut renverser ce système et que ton taulier ne te donnera jamais la liberté ni la possibilité d’exprimer et surtout réaliser les choix utiles pour le collectif et donc pour chacun.
C’est bien ce peuple qui va voter encore massivement pour l’extrême droite un peu partout malgré les cours d’histoire qui démontrent les horreurs et les mensonges des années 30.
Ce peuple ne sait pas ? Il est ignorant ?
Pourtant quand on lui explique, quand il a le programme du PCF en main ou à la télé pour les présidentielle il ne veut pas comprendre, pas étudier.
Il va encore une fois se donner à la grande gueule la plus habile les imposteurs de LFI ou du RN peut importe, il va encore offrir son vote sans conviction au moins pire aux réformateurs impuissants aux ennemis déclarés de la finance et alliés de l’impérialisme.
Les couches les plus éduquées de plus en plus nombreuses sont encore plus profondément enracinées dans le mensonge adhérant encore plus aux mythes de la méritocratie et de notre fausse démocratie où tous les texte de lois sont déjà prévus pour contourner les délibérations et ou l’espace public d’expression est noyauté par des criminels marchands d’armes ou de béton.
Comment sortir de cette méfiance qui pousse dans les bras des démagogues et de ce conformisme idéaliste ? Tous refusant de voir les faits de traiter les problèmes avec une rigueur scientifique.
Presque toutes les forces intellectuelles contribuent à cet idéalisme mortel à quelques exceptions près inaudibles et qui restent suspectes aux adorateurs de la démocratie libérale et aux travailleurs.
Pourtant personne ne viendra sortir de ce bourbier les travailleurs à part eux-mêmes et ils continuent a repousser, refuser ou ignorer l’organisation nécessaire pour prendre le pouvoir et donc les responsabilités de leur avenir collectif.
Cette action ne pourra se concrétiser que quand ceux qui auront intérêt au changement prendront le pouvoir dans les organisations de travailleurs et ce ne seront pas les politiciens professionnels qui n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise qui pourront défendre ces travailleurs.
Pour que le peuple sorte de cet idéalisme les outils intellectuels existent: le matérialisme faudrait-il encore le rendre dominant dans l’espace public et non pas accompagner l’idéalisme propagé par la fausse gauche et la droite ensemble.
Le peuple se laissant berner par un discours faudrait-il au minimum en proposer un nouveau celui du socialisme réel et arrêter de se raconter des histoires sur la moralisation ou la réglementation du capitalisme.
Je ne vois qu’une solution que les travailleurs prennent le pouvoir dans les Parti Communistes mais pour cela il faudrait une volonté de ceux-ci et ne plus gâcher les congrès en compromis avec les authentiques anti communistes, il n’est pas possible d’avancer avec une 5ème colonne, c’est aussi une réalité que ne veulent visiblement pas voir et traiter les militants communistes.
Mondanité par Dominique Pagani:
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Jean François Dron
jz partage cette analyse. et surtout sa conclusion. Il est impossible de renouer avec le peuple s ans mettre un terme aux compromissions internes à l’intérieur du PCF. Ceux qui ont pensé préserver l’unité du Parti ont en fait perpétré son incapacité à devenir un outil bien affuté pour renverser le capitalisme.Il faut dejà, à mon avis mettre un terme à la notion de dépassement du capitalisme, c’est tout simplement une vue de l’esprit réformiste. Il s’agit pour nous communiste de réaliser une rupture franche et massive avec le système capitalisme et on ne pourra pas y parvenir sans mettre en place la dictuture du prolétariat, prolétariat qui comprend aussi les cadre de production les ingénieurs et les chzercheurs ainsi que le personnel de l’éducationdont le rôle sera déterminant dans la formation des futurs citoyens.
stephane
Revenir aux sources est important. https://www.youtube.com/watch?v=c7_KzTgM7LM ici anne lacroix riz parle de la scission qui s’est opérée en france dans les milieux de la recherche historique et qui explique simplement la mise en avant des écrits et points de vues des sympathisants fachistes et leurs rééditions, tandis que d’autres chercheurs.es historien.nes ont été délibérément ostracisés. Les gens ne sont pas cons, ils sont désinformés.
Michel BEYER
video édifiante. 125 ans de fascisme: de l’affaire Dreyfus, en passant par les années 30, la collaboration, la Libération et le blanchiment….et maintenant l’oubli total. Annie Lacroix-Riz persiste et signe. Bravo!!!
stephane
je n’ai aucune confiance dans les récits des politiques, de parti pris (littéralement), ils acceptent déjà suffisamment de compromis déshonorants visant à arriver par le fric et la rhétorique à mon goût. Ils manquent de crédibilité. Je les ignore. Malheureusement, ce n’est pas le cas des personnes qui les écoutent en s’identifiant à eux, avec l’espoir d’être “représentés”, à défaut de pouvoir consacrer du temps à des recherches (historiques, de véracité des faits). La littérature développement personnel a capturé plus d’un marxiste qui s’ignore. Les videos simples, courtes et légères accrochent car nous sommes malheureusement habitués à n’avoir que peu d’attention disponible (certains parlent de cerveaux) pour les “développements” plus ardus, qui demandent de prendre part à l’échange, de faire face à des témoignages longs et propres à nuancer l’histoire bâclée que l’on nous vend, qui fait si peu de cas de l’éthique et de la cohérence. Cela demande du temps, de l’attention. C’est précisément parce que nous vivons à une époque où l’attention des personnes est le noeud de spéculations financières portées à nous renvoyer à nous même, au nom d’un hypocrite prendre soin, de la sécurité, que nous nous sentons perdus. Car après avoir si sauvagement sollicité et aggravé nos peurs projectives, ces mêmes dispositifs nous proposent l’antidote pour éteindre l’émotion, nous réconforter, par exemple en consommant. Qu’il est difficile, via les dispositifs que nous utilisons, d’entrer en relation les uns avec les autres et d’échanger. Lorsque nous sommes devant nos écrans, nous nous croyions libres, alors que nous sommes captivés et donc captifs. la période 2019-22 a constitué un tournant en matière de réduction des libertés, au moins une tentative. Les gens sont encouragées à moins communiquer en présence les uns des autres que par l’intermédiaire des machines, à la faveur de 3 années de sanctions en terme de mouvements et déplacements, ce qui ne s’était pas vu depuis la fin de la guerre. L’écran sous nos yeux, nous ne le voyons pas pour ce qu’il est: le nouvel instrument du pouvoir. Intériorisé par la plupart des personnes, l’instrument qui les soumet est celui qui les réconforte. Malheureusement, la peur que suscite ce que l’on voit sur nos écrans est rarement mesurée, car nous sommes dans une fixité corporelle et une illusion de partage. Autrement dit, dissociés de nos corps et émotions tout en entretenant l’idée d’une proximité avec l’autre. Il y a 20 ans, les gens riaient de voir quelqu’un avec un téléphone portable. Aujourd’hui, à la faveur d’une large diffusion -2014 pour la france- des iphones, le contraire s’observe. Les gens s’interrogent de ne pas voir leur nouveau culte technologique partagé, quand quelqu’un ne possède pas cet objet. Je propose un jeu à ceux qui sentent l’énormité des discours qu’on nous propose, de traduire chaque affirmation émise par les personnages de la fiction politique en son contraire. A l’heure ou “le fond de la paix” sert à financer la guerre..