Marianne me raconte au téléphone ce qu’il vient de lui arriver dans un bus à Limoges. Elle entend à côté d’elle deux femmes qui parlent russe, elle les interroge: “Êtes-vous Russes ou Ukrainiennes? L’une d’elle ravie répond : je viens d’Ukraine mais je suis Russe. D’où demande Marianne, de Bakhmout… On a été évacués, les uns vers la Russie, d’autres en Ukraine puis ici… On ne peut plus vivre là-bas… c’était la station où descendre la conversation a dû s’interrompre, Marianne et la Russe venue d’Ukraine ont juste eu le temps de se dire le plaisir de parler russe, leur amour pour ce pays, sa langue et d’échanger leur numéro de téléphone… Ce rassemblement à Paris disait aussi cela, s’y mêlaient des drapeaux français, russes, biélorusses et ukrainiens, le tout sous la bannière de l’URSS ayant vaincu le nazisme. Nous croyons ici à ce dialogue et surtout au fait que désamorcer partout les tensions que crée l’impérialisme passe par une prise en compte des situations locales réelles. Y compris en France comme le fait cette manifestation à Paris du monde russophone. Depuis 2014, Marianne et moi dénonçons le retour de la Guerre en Europe, encore faut-il que l’on ne se trompe pas sur qui veut cette guerre et l’entretient et pour quels profits et que l’on ne se laisse pas inventer des scénarios médiatiques qui font partie de la guerre hybride. Réflééchissez à votre propre expérience des manifestations qui se déroulent en France depuis des mois, leur caractère tranquille bon enfant et la représentation des médias, la manière dont ils privilégient les violences, à la fois par choix politique mais aussi à cause de leur fonctionnement naturel basé sur le “sensationnel”, leur monde est de même nature: il est à la fois en dessous de la réalité de la violence infligée aux être humains et il crée une autre violence à la place pour empêcher de régler les problèmes par la négociation, le dialogue.
LA COMMUNAUTÉ RUSSOPHONE DE FRANCE 08 MAI 2023
Résolution du rassemblement en l’honneur du Jour de la Victoire (8 mai, Place de la République, Paris)
Nous, organisateurs et participants du cortège commémorant la fin de la 2ème guerre mondiale, appelée aussi grande guerre patriotique dans l’espace post-soviétique, sommes réunis aujourd’hui pour célébrer la victoire remportée il y a soixante-dix-huit ans par les soldats des armées de la coalition anti-hitlérienne, les résistants et les civils d’Europe et du monde qui les ont soutenus. En mai 1945, grâce à leurs efforts conjoints, le bloc nazi et son idéologie raciste, xénophobe, de génocidaire, son impérialisme exacerbé ont été vaincus et la guerre la plus sanglante de l’histoire a pris fin. La démobilisation de millions de soldats, la reconstruction de ce qui a été détruit et les réformes sociales visant à améliorer la situation des travailleurs ont commencé. Cette victoire commune et multiforme de mai 1945 – militaire, pacifique et sociale – remportée par nos ainés doit être un exemple pour nous aujourd’hui.
Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté à s’opposer au retour dans notre monde des idéologies misanthropiques du nazisme, du racisme, de la xénophobie et du militarisme. Nous appelons toutes les sociétés, tous les gouvernements et toutes les forces impliquées dans des conflits militaires à faire tout leur possible pour mettre fin à la confrontation actuelle entre les blocs militaires, pour mettre fin aux affrontements armés et pour résoudre toutes les contradictions par des négociations pacifiques. La conclusion d’une paix durable en Europe et dans le monde est d’autant plus importante et urgente que l’humanité est aujourd’hui confrontée à une crise globale – géopolitique, climatique, socio-économique, militaire – et à la perspective d’une troisième guerre mondiale, qui mettrait fin à notre civilisation.
Ce n’est qu’en surmontant les divisions entre les nations et les peuples, ce n’est que dans un ordre international fondé sur le multilateralisme et les respect mutuel, ce n’est qu’en négociant pacifiquement et en cherchant un accord sur l’ensemble des points de divergence, ce n’est qu’ensemble que nous pourrons surmonter la grave crise d’aujourd’hui et ainsi créer les conditions d’une paix et sécurité durable pour tous les peuples.
Que le souvenir de la Seconde Guerre mondiale, de ses victimes et de ses héros, de la grande victoire commune remportée par l’humanité sur le nazisme, la haine et la guerre en mai 1945, nous y aide.
(adoptée à l’unanimité)
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