L’idée du film épistolaire va au-delà du documentaire, celui que Chris Marker adresse à Alexandre Medvedkine est bien dans le style de ce cinéaste et d’autres, comme il est dans les messages que parfois histoireetsociete envoie sur un voyage, un film, une lecture. Cette lettre ne sera jamais reçue puisque le cinéaste soviétique est mort peu avant et qu’elle est envoyée dans la grande période de l’autoflagellation de 1989. Est-ce que nous allons enfin en sortir ? En France, je l’ignore…
Dimanche 7 mai. “Le Bonheur”, film d’Alexandre Medvedkine (1934), un des derniers films muets de la grande époque du cinéma soviétique. Le film raconte l’histoire allégorique d’un paysan russe, ainsi que de sa femme et de leur voisin. Il retrace leurs diverses conditions de vie sous le tsarisme, comme sous le régime socialiste.
Medvedkine dont on sait toute l’importance pour Chris Marker qui réalisa en 1993 ,”Le Tombeau d’Alexandre”, en hommage au cinéaste russe. Consacré à un cinéaste moins connu et reconnu que les grands noms du cinéma engagé dans la révolution bolchevique, Eisenstein et Vertov, le film est l’occasion pour Marker de revenir sur cette aventure cinématographique.
“Le Tombeau d’Alexandre” est un film épistolaire, genre dont Marker est sans doute le plus illustre représentant, depuis “Lettres de Sibérie” jusqu’à “Sans soleil”. Il est composé de six lettres que Marker adresse à son ami Medvedkine. Lettres pourtant que son destinataire ne lira jamais puisque le film est réalisé après la disparition de celui-ci en 1989. Mais cette communication posthume a tous les accents d’un dialogue authentique, que ce soit sur l’expérience unique du ciné-train dans l’URSS des années 1930, remarquable concrétisation cinématographique des méthodes d’Agit’prop. Un train équipé en studio de développement des rushes et de montage part dans les usines pour stimuler l’ardeur révolutionnaire.
Filmé la veille, monté la nuit, diffusé le lendemain : le cinéma fait partie de l’utopie.
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