Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les communistes grecs ont une expérience! un splendide premier mai… et la suite…

Face à la situation “à la grecque” dont on menace le peuple français au nom de la dictature des marchés financiers, il est utile de comparer les choix politiques et politiciens offerts aux peuples grec et français à l’occasion de ce grand premier mai. L’essentiel et il ne faut cesser de le redire est qu’il y a eu un très grand premier mai du mouvement social en France et le syndicat PAME en Grèce avait mis à l’honneur cette lutte française en invitant Olivier Mateu et un cheminot de la CGT. “On a fait mentir tous les pronostics”. Pendant que les cortèges finissaient de parcourir les villes de France en ce lundi 1er mai, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet s’est félicitée de la mobilisation pour la fête des travailleurs, qui selon les chiffres de son syndicat, a rassemblé plus de deux millions de personnes dans les rues. “On est à près de 2,3 millions, ce qui fait de cette journée un des 1er mai les plus importants depuis l’après-guerre”. Je voudrais ajouter à ce constat qu’il fallait y compris comme je l’ai fait parcourir les rues proches de la manifestations pour mesurer la manière dont celle-ci débordait. Ce fait était dû au soutien palpable de tous les promeneurs qui arpentaient les rues marseillaises se photographiant avec les manifestants, il y avait dans la ville un véritable consensus. Il faut partir de là pour apprécier les perspectives politiques et l’avenir d’un tel mouvement.

Je partirai une fois de plus de l’expérience puisque sur le fond la seule logique qui est opposée à cette majorité de refus de “la réforme” des retraites.

Est-ce que la réponse est dans des coalitions de gouvernement comme tout y compris les institutions européennes et nationales nous incitent à la croire ?

« Si nous avons fait tant de mal au pays, alors SYRIZA et PASOK ont tous deux une très grande responsabilité, car le premier a voté pour 50% des projets de loi apportés par notre gouvernement et le second 70%. ” C’est ce que N disait à la radio hier matin, le représentant de Nouvelle Démocratie, l’actuelle “coalition” au pouvoir Kaklamanis, en répondant au représentant de SYRIZA, qui bien sûr n’a pas dit un mot.

Oui passer tout un congrès comme celui du PCF à Marseille correspond inédéniablement aux moeurs claniques méditerranéennes autant qu’aux compromis radicaux et bourgeois, mais a toute chance de ne déboucher sur rien d’autre qu’une abstention accrue face à des politiques semblables et des votes qui ne visent à chasser les derniers occupants pour installer pire. Cette expérience est celle de la France autant que celle de la Grèce, et il est extrordinaire de voir un Congrès du PCF acharné à ne se préoccuper que de la seule coalition que pour faire bonne mesure on appelle Front populaire sans s’intéresser sinon d’une manière marginale ni au but (le socialisme, on verra ça un jour si on a le temps), ni au parti mais en prétendant faire émerger la perspective politique d’une coalition qui a le seul but de diviser et marginaliser le PCF (comme Syriza avait le but de diviser et marginaliser le KKE) et sous couvert de mouvement substitué au parti révolutionnaire, la NUPES, pour lui substituer une autre usine à gaz dont on espère dieu sait comment que le PCF en constituera la colonne vertébrale. Comment et pourquoi? à cause de la seule bonne mine de notre candidat à la présidentielle et celui du candidat aux Européennes, le tout sur fond de financements européens et de la ville de Paris?

Il y a certes depuis le 38e congrès la vague conscience que l’essentiel est d’amplifier l’unité des travailleurs, de la nation et la compréhension que c’est cette force qui tient encore certains syndicats et leaders au niveau des exigences populaires, ils craignent le désaveu s’ils cédaient. Le meilleur du PCF qui aurait pu naître est d’avoir cette conscience là qui anime le parti communiste de Grèce. Mais le Congrès n’a rien tiré de concret de ce constat, il en revenu aux compromis des décennies antérieures en se donnant comme unique but la coalition de la gauche et pas le rôle des communistes.

Poussons le bouchon aussi loin que possible, d’abord en notant que l’on ne remonte pas le courant dit de l’eurocommunisme et de sa débâcle en un jour, ensuite que l’on peut peut-être imaginer que le socialisme à la française exige un pluralisme de partis. Mais il n’a jamais été envisagé que je sache qu’un tel pluralisme puisse avoir une issue avec un parti qui n’existe plus autrement que pour être un partenaire loyal de ces institutions telles qu’elles sont aujourd’hui et n’avoir plus ni but, ni mode d’organisation approprié à ce but ; le Front populaire n’a jamais relevé de la fusion, parce que dans les faits un congrès qui néglige totalement l’analyse des rapports de forces dans le monde, les relations avec l’internationale communiste et son propre but autant que la formation des militants, sa presse, j’en passe et des meilleures, y compris l’exécutif dont on ne connait toujours pas les responsables, n’a rien d’un parti communiste.

Nous n’avons apparemment de commun avec le parti communiste grec que son refus de considérer la mutation géopolitique mais alors que le Parti communiste grec ne se fait aucune illusion sur l’OTAN, sur l’UE et mène de fait un combat résolu contre la livraison d’armes à l’Ukraine, le congrès de Marseille s’ouvre sur toutes les planches pourries de la collaboration de fait avec l’OTAN, au nom sans doute de l’opportunisme de la “ligne” du Congrès : trouver la coalition miraculeuse qui nous assurera dieu sait quoi? un groupe à l’Assemblée nationale, c’est d’ailleurs mal barré vu l’état des forces politiques sollicitées. En revanche, tout cela risque de déboucher sur la fascisation qui ne se limite pas aux caricatures de l’extrême-droite mais fait partie de l’ADN des marchés financiers et du complexe industrialo-militaire financiarisé dont le poids politique ne cesse de grandir.

Les communistes grecs en ce premier mai à la veille d’élections législatives dont ils mènent avec courage les éclaircissements indispensables à savoir que la Grèce comme la France ce n’est pas la même chose quand il existe un fort mécontentement populaire, une jeunesse qui commence à se mobiliser, si le parti communiste est à 20 % ou à 6% comme le KKE ou à 2% comme le PCF. Ceci quelle que soit la coalition, celle où les socialistes rejoignent la droite, ou celle où les socialistes pro-Otan prennent la tête de fait de Syriza ou de la NUPES, vu leur expérience en la matière.

Et que dire d’autre nous demandent les communistes grecs ? ND a pris le flambeau de SYRIZA et a « décollé » une nouvelle politique anti-peuple, sur le fondement du 3e mémorandum, de la « supervision post-mémoriale », mais aussi du « dialogue stratégique » avec les États-Unis, au nom du « développement vert » et de la « mise à niveau géopolitique » du pays.

Ces « écuries » restent inchangées d’un gouvernement à l’autre, mais elles sont aussi courantes dans tous les programmes des partis. C’est pourquoi ils votent sur les projets de loi les plus importants de l’autre, tandis que sur des questions individuelles, celles concernant le sociétal ils soulèvent de la poussière et de vaines querelles. Il en est de même pour le gouvernement SYRIZA, avec son index de « consensus parlementaire » enregistrant un niveau historiquement élevé pendant la période 2015-2019.

Nous sommes seuls ? cela dépend du point de vue duquel on se place

Nous serions donc Seuls, on ne peut rien faire seul c’est ce dont on a convaincu les peuples sans que jamais surtout ils se posent la question : et nous tous alors nous ne compterions pas ? Pourtant il n’y a jamais eu de révolution sans refus des limites auxquelles les institutions existantes nous invitent … Parce que le vrai dilemme électoral n’est pas de savoir qui dirigera l’escalade anti-peuple au prochain mandat gouvernemental, mais à quel point le peuple sera fort contre tout et cela ne peut se faire qu’avec un KKE plus puissant disent les Grecs sans pour autant s’interroger sur ce qui rend réellement la situation révolutionnaire au-delà de l’impossibilité pour le peuple grec d’accepter le pire…

Parce qu’il ne s’agit ni de s’enfermer dans une coalition ni de refuser des majorités liées à des objectifs communs et ce partout y compris au parlement avec la réforme des retraites.

Partons encore de la réussite qu’à été ce premier mai et du rendez-vous donné le 6 juin, ce rendez-vous n’est pas un baroud d’honneur ou une habitude qui ne ménerait nulle part. L’intersyndicale a désormais pour “objectif clair” de “gagner le vote d’abrogation de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale le 8 juin”, a déclaré mardi à l’AFP la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet. Les députés doivent examiner ce jour-là une proposition de loi du petit groupe centriste hétéroclite Liot visant à abroger la loi tout juste promulguée.

“C’est pas fait du tout, c’est pas gagné, et c’est pour ça qu’on fait une journée d’action le 6 juin. Mais c’est une perspective crédible et on va multiplier les initiatives d’interpellation des députés”, a-t-elle dit. Si cette proposition de loi était votée, “ce serait un coup de tonnerre”, a estimé la nouvelle secrétaire générale de la CGT. cela ne passe pas par des manoeuvres d’appareil qui aurait dans la visée les prochaines élections ou les présidentielles mais bien un objectif politique qui a besoin d’une mobilisation à la base et en particulier un parti communiste de militants et pas seulement d’adhérents marche pied électoral.

En France, ce qui est sûr c’est que le Congrès de Marseille a refusé de se donner le moyens d’une telle lucidité alors même que le mouvement contre les retraites montrait la résistance populaire, que le congrès de la CGT reflétait la force de ce mouvement et bousculait ce qui était prévu par la direction sortante, à savoir justement l’alignement sur une coalition politique de démission par rapport à un syndicat de classe et de masse.

Le Congrès du PCF de Marseille a été une régression, un compromis qui laissait les mains libres à ceux qui ont toujours porté la politique de Syriza avec ou sans alliance avec le PASOK et qui leur a offert les mêmes places au sein de l’exécutif, la pléthore de membres du CN prétendant masquer cette évolution. Le PCF et ses groupuscules développant tous la même liquidation du PCF comme objectif nous empêcheront encore longtemps de construire un PCF digne de ce nom.

Au moment, où le seul espoir du gouvernement français acculé par la colère populaire est dans les manipulations politiciennes dans lesquelles pourrait être brisé le front syndical et la force du mouvement, est-ce un hasard si le dit gouvernement nous apeure avec “une situation à la grecque” (nous analysons ce chantage par ailleurs), si des nervis fascisants qui se croient d’extrême-droite donnent corps à l’idée que seule la police et l’appareil répressif peut faire face à l’anarchie qui menace le peu qui nous reste? Si ces gens-là s’attaquent au PCF c’est sans doute parce que le capital à son stade impérialiste sénile continue à craindre la remontée d’un parti communiste : il a jadis senti le vent du boulet et il ne laissera jamais à ce parti la moindre chance de redevenir ce qu’il a été.

Danielle Bleitrach

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