Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les Chinois célébreront la journée russe de la cosmonautique sur la Lune

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La Chine suscite de plus en plus admiration et envie de la part des Russes, qu’il s’agisse des succès économiques ou technologiques, ou encore de la lutte contre la corruption. Ils voient en la Chine l’image de ce qu’aurait pu devenir leur pays sans la désastreuse perestroïka (note et traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)

Alors que la Russie veut construire une station orbitale, les Chinois ambitionnent de se doter d’une station lunaire.
Konstantin Olchanski 15 avril 2023

Photo : La capsule de retour de la mission spatiale habitée Shenzhou 13 après l’atterrissage sur le site de Dongfeng, dans la région autonome de Mongolie intérieure, dans le nord de la Chine. Trois astronautes chinois sont revenus sur Terre samedi après six mois (Photo : Peng Yuan/Xinhua via AP/TASS)

À l’occasion de la Journée de la cosmonautique (1), Vladimir Poutine a donné l’ordre d’accélérer la création de la station orbitale russe. Et d’augmenter les dépenses consacrées au programme spatial, notamment à l’exploration lunaire. La station devrait être lancée dès 2024 et remplacera l’ISS. Cependant, les Chinois disposent déjà de leur propre station orbitale Tiangong (天宫 “Palais céleste”), lancée il y a deux ans.

Avec Tiangong, les Chinois se sentent dans l’espace libre comme un poisson dans l’eau

Les astronautes chinois Fei Junlong et Zhang Lu ont déjà effectué plusieurs sorties dans l’espace depuis le début de l’année. Et avant la fin de cette année (alors que la station spatiale russe ne sera que conçue), les Chinois lanceront trois vaisseaux spatiaux vers Tiangong, qui livreront de nouveaux équipements scientifiques pour les expériences.

Les Chinois ont proposé leur coopération à l’Agence spatiale européenne. Mais les bureaucrates européens ont rétorqué avec arrogance qu’il n’y avait ni argent ni volonté politique. Le directeur de l’Agence spatiale européenne, Josef Aschbacher, l’a annoncé lors d’une conférence de presse.

Aschbacher ment sur le manque d’argent. L’Europe soutiendra les travaux de l’ISS, dont le démantèlement était prévu à partir de 2024. À cette date, la station aura été en orbite pendant plus d’un quart de siècle. Tout cela dans le seul but de ne pas coopérer avec la Russie et la Chine. Il est pourtant évident que les Européens sont loin derrière les superpuissances de l’espace.

Depuis 2007, les Européens coopèrent avec la Russie. Faute de moyens propres, les Européens ont demandé à Roscosmos de pouvoir lancer des fusées Soyouz depuis le site de lancement de Kourou, en Guyane française. Les Soyouz ont permis de mettre en orbite 27 satellites. Grâce à la Russie, les Européens ont également déployé la constellation de satellites Galileo, analogue du GPS américain ou du Glonass russe.

Et tous les lancements de Soyouz depuis Kourou ont été couronnés de succès. Cependant l’année dernière, les bureaucrates européens ont ouvertement rompu les relations avec Roskosmos sans rien produire d’intéressant en échange. Aujourd’hui, l’Europe rompt également ses relations avec la Chine dans le domaine de l’espace. Pékin et Moscou peuvent se passer du “soutien” de l’Europe, mais Bruxelles peut-elle se passer d’eux ?

Un télescope chinois 100 millions de fois plus parfait que l’œil humain

Les projets européens en matière d’exploration spatiale sont bien inférieurs à ceux de la Chine. La Chine s’apprête à lancer le télescope Xuntian (巡天 “Sentinelle céleste”) l’année prochaine. Il s’agira du plus grand télescope jamais construit : le champ de vision de Xuntian sera environ 300 fois plus grand que celui du légendaire télescope Hubble des États-Unis (qui est probablement connu même des personnes éloignées de l’astronomie). Ainsi, pendant toute la durée de l’étude du ciel, Xuntian sera en mesure de couvrir 40 % de l’ensemble du ciel visible.

Les Chinois installeront un nombre record de 30 détecteurs sur Xuntian, chacun ayant une résolution de 2,5 milliards de pixels. C’est bien plus que Hubble lui-même.

Les Chinois équiperont leur “œil spatial” de capteurs de pointe. Ils seront en mesure d’observer l’Univers à différentes longueurs d’onde qui étaient jusqu’à présent tout simplement inaccessibles aux scientifiques.

Les Chinois estiment que le lancement de Xuntian constituera une révolution dans le domaine des sciences spatiales : l’humanité sera enfin en mesure d’observer les profondeurs de l’Univers. Par exemple, il sera enfin possible de discerner les étoiles les plus lointaines – et donc les plus pâles – qui, jusqu’à présent, ne pouvaient pas être observées. Un chiffre : le télescope sera capable de voir des lumières qui sont même 100 millions de fois plus faibles que ce que l’œil humain peut détecter.

Xuntian sera équipé d’un dispositif appelé coronographe, qui permet d’observer la couronne des étoiles lointaines. Les Chinois espèrent ainsi trouver des planètes dans notre galaxie et dans les galaxies voisines, y compris des planètes de la taille de la Terre et des planètes potentiellement habitables. À terme, des expéditions terrestres avec des colons pourraient y être envoyées.

Xuntian gravitera autour de la Terre sur la même orbite que la station Tiangong. De temps en temps, il pourra même s’amarrer à la station Tiangong, par exemple pour permettre aux astronautes d’assembler un nouveau module. Symbolique, n’est-ce pas : la Sentinelle céleste entrera dans le Palais céleste ?

Un Super Maçon construira des villes lunaires

Les Chinois ne parlent pas seulement de découvrir et d’explorer des planètes lointaines. Un projet de base lunaire est déjà sur le point d’aboutir. Un forum scientifique s’est tenu à Wuhan, connue dans le monde entier comme la “capitale” des pandémies. En réalité, il s’agit de l’un des plus grands centres chinois de sciences de l’ingénierie.

– La construction de bases hors de la Terre est nécessaire non seulement pour répondre aux aspirations de toute l’humanité en matière d’exploration spatiale, mais aussi pour répondre aux besoins stratégiques de la Chine en tant que puissance spatiale, explique Ding Liun, scientifique de premier plan au Centre national pour l’innovation technologique en matière d’ingénierie numérique.

Le laboratoire de Ding à Wuhan tente actuellement de simuler le sol lunaire dont une mission chinoise a ramené des échantillons sur Terre. Cette simulation permettra de construire une “lune de laboratoire” sur Terre. Les astronautes commenceront par se familiariser avec l’expérience, puis, lorsqu’elle sera jugée concluante, ils se rendront sur le satellite, où ils pourront célébrer la Journée de l’astronautique avant nous.

Les Chinois utiliseront une technologie astucieuse. Ils ont déjà construit le robot chinois Super Maçon, qui fabriquera des briques à partir du sol lunaire, puis construira la base elle-même à partir de ces briques. En effet, transporter des matériaux de construction de la Terre à la Lune est trop coûteux et trop compliqué. Ainsi, les futures villes lunaires seront certainement construites avec des briques, du béton et du ciment locaux. Seule l’eau proviendra de la Terre.

(1) Le 12 avril, anniversaire du vol de Gagarine (1961), premier homme dans l’espace. Cette fête est largement célébrée en ex-URSS et même dans d’autres pays (NdT).

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