Par Evdokiya Sheremetyeva, écrivain, organisateur de l’aide humanitaire au Donbass. Pourquoi a-t-on organisé autour de ce drame du Donbass une telle barrière de silence ? Pourquoi ceux qui ont porté la cocarde de la marionnette de l’OTAN n’ont jamais eu un mot pour ce drame et pourquoi ont-ils censuré ce que nous tentions de leur dire ? Je crois que parmi ces trente ans de dérive il n’y en a pas eu de plus terrible que ces dernières années de lâcheté et de trahison, peut-être était-ce parce que j’avais moins de force, mais même quand l’hHumanité a soutenu Robert Ménard et l’opération des Champs-Élysées contre Fidel Castro alors que les Cubains étaient asphyxiés c’était peut-être plus supportable… Mais ce silence sur les basses œuvres de nazis armés par l’OTAN il me sera impossible de l’oublier… C’est pour cela que même si je sais que l’on ne peut pas vivre dans l’amertume, je ne pourrai plus jamais avoir confiance. Je peux facilement oublier ce qui m’a été infligé, mais pas ça… Il faut trouver une issue et donc choisir l’espoir, mais ça c’est trop violent et ça continue… Est-ce que vraiment ils l’ignorent ? comment la gauche, les communistes peuvent-ils feindre de ne pas savoir? (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
https://vz.ru/opinions/2023/3/29/1203242.html
Il y a presque neuf ans, j’ai commencé à faire de l’aide humanitaire dans la zone de guerre du Donbass. Toutes ces années, nous, avec une équipe d’amis et de connaissances, avons erré dans les “zones grises”, en essayant de sauver les personnes âgées, seules et handicapées. En un mot, ceux qui souffrent le plus dans toute situation de crise. Beaucoup de ceux que nous avons aidés sont partis en 2014 mais sont revenus. Parce qu’il est difficile de s’installer dans un nouvel endroit et de refaire sa vie. Et d’ailleurs certains ne sont pas partis. Parce qu’ils ne pouvaient pas. Physiquement, ils ne pouvaient pas. Oui, ce n’est pas facile : partir en laissant tout derrière soi.
Le long de la ligne de feu, il y avait, et il y a en effet, de nombreuses localités où la vie ne s’est pas arrêtée même une minute. Toutes ces années, ils ont été bombardés par les forces armées ukrainiennes de manière assez dramatique, et non comme l’écrivent les médias ukrainiens et l’OSCE. Oui, il y a eu des périodes calmes. C’est quand il n’y avait pas de bombardements tous les jours, mais une fois tous les quelques jours. C’est-à-dire que “la trêve” c’est quand ils tirent rarement, et non quand ils ne tirent pas. Des amis et lecteurs sur les réseaux sociaux m’ont constamment demandé, et ils demandent encore : pourquoi ces gens ne partent-ils pas ? Pourquoi risquent-ils leur vie ? Pourquoi habitent-ils toujours là ?
Tout simplement parce que c’est chez eux. Et vous ne pouvez comprendre les gens qu’en étant à leur place. Tout le reste n’est que bavardage. Imaginez simplement que tout ce que vous possédiez devrait être laissé derrière vous. Abandonné. Votre maison, que votre père a construite de ses propres mains il y a longtemps. Une ferme avec des roses, des abricotiers et des poiriers qui ont été plantés quand vous étiez petit, mais vous vous souvenez encore de la première récolte. La chaise à bascule dans laquelle vous avez bercé votre premier bébé quand il ne pouvait pas dormir. Un service à thé extrêmement coûteux à une époque avec des nymphes grecques, que votre mère gardait dans le buffet. Vous pouvez continuer indéfiniment à toucher des choses qui ont peu à peu commencé à constituer une réalité tangible. Au fil des années, la perception de celle-ci, de la réalité, s’en trouve alourdie et prend une autre valeur que dans la jeunesse, où l’on respire différemment. Vous ne pouvez pas tout emporter avec vous. Il faudra se résigner. Abandonner toute votre ancienne vie. mais quand vous approchez les 70 ans vous n’en attendez pas de nouvelle. C’est toute votre vie, sans laquelle il n’y a plus aucun sens.
Mais les gens vivant à des milliers de kilomètres de la guerre répondent : mais la vie est plus importante.
Mais plus importante pour qui ? Ceux pour qui c’est le plus important sont partis d’eux-mêmes ou leurs proches les ont emmenés. S’ils ont pu les persuader. Et ceux qui ne sont pas partis comprennent les risques. Les risques pour la vie même dont ils parlent. Et les gens ont tort de sous-estimer le fait que les autres sont bien conscients du choix qu’ils ont fait. |
Et il y a aussi beaucoup de jeunes dont les parents ont refusé de partir, et qui eux-mêmes ne pouvaient pas quitter leurs parents âgés.
Je pourrais continuer à énumérer les raisons pour lesquelles ils ne sont pas partis et ne partent pas. On peut trouver des centaines de milliers de raisons pour lesquelles c’est difficile. La plupart de ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient pas partir sont restés. Beaucoup de personnes âgées sont restées, qui n’ont personne et nulle part où aller. Comment imaginer qu’une vieille dame, qui n’a ni enfants ni parents “sur le continent”, puisse déménager ? Peu importe de quel côté de la frontière. Elle doit être accompagnée, elle doit être logée quelque part. Le plus souvent, elle finira dans une maison de retraite ou un asile. Et ils ne veulent pas y aller, ce qui est compréhensible. Oui, certaines personnes ont des difficultés à s’occuper d’elles-mêmes, mais elles sont chez elles, elles sont maîtresses de leur vie et elles se débrouillent d’une manière ou d’une autre. Ce ne sont pas des marginaux, ce sont des membres à part entière de la société. Beaucoup d’entre eux ont peur de ne pas survivre au déménagement, ne serait-ce qu’en termes de santé. Le cœur, la tension artérielle, le diabète, les reins, l’œdème. Mais ce ne sont là que des questions techniques.
Mais la pire chose que nous ayons vue dans cette guerre qui dure depuis tant d’années, c’est que des enfants en parfaite santé et ayant une position sociale ont abandonné leurs parents. Et ils ne veulent même pas communiquer avec eux parce que “c’est des séparatistes, c’est leur faute”. Et si je n’avais pas entendu cela de la bouche de dizaines de personnes âgées, je ne l’aurais probablement pas cru et j’aurais pensé qu’il s’agissait d’un mensonge et d’une invention.
Nous avions une pupille – sa jambe et son bras ont été arrachés au cours de l’été 2014. Lioubov Mikhailovna vivait (elle est décédée il y a un an) dans le village de Fabrichny, à la périphérie de Lougansk. Il y a là une ferme avicole. Des obus l’ont frappée, détruisant plusieurs ateliers. Il y a eu une vague de chaleur et les poulets morts ont commencé à se décomposer. Lioubov Mikhajlovna et d’autres femmes du village sont allées nettoyer ces cadavres afin que l’infection ne se transmette pas aux autres ateliers. C’est à ce moment-là qu’un obus est tombé et qu’elle a été blessée, se retrouvant privée d’une jambe et d’un bras. Cette femme, née en 1953, n’est pas toute jeune. Son frère, qui vit à Dnepro, ne l’a pas crue lorsqu’elle l’a appelé pour lui raconter ce qui s’était passé. Savez-vous ce qu’il a dit ? Qu’elle mentait et que personne ne les bombardait, mais que c’était de la propagande russe. C’est son propre frère qui l’a dit.
Une autre femme de Pervomaisk, Lioubov Nikolaevna, a vu son mari déchiré par un obus devant ses yeux. Et son propre fils de Lviv a dit que cela ne pouvait pas être, parce que cela ne pourrait jamais exister en vrai. Et que de toute façon il ne veut pas les connaître, car ce sont des “sépars” et ont voté pour la Russie lors du référendum. Elle avait alors 83 ans.
Vous pouvez raconter de telles histoires à l’infini, j’en ai un tas, mais l’essence de cela ne changera pas. Où Lioubov Nikolaevna devrait-elle aller lorsque son fils unique n’est pas venu aux funérailles de son père et a dit à sa mère au téléphone de ne pas l’appeler ? Et que lui restait-il, à part une maison et quelques chiens que vous ne pouvez pas emmener avec vous ?
Il y a des milliers de raisons différentes pour lesquelles les gens ne sont pas partis et ne quittent pas la zone de guerre. Mais il y a une raison principale. C’est leur terre.
La terre ce n’est pas des usines, les fabriques, le charbon et les champs. La terre c’est les gens. Et ils veulent vivre sur leur terre sans la donner à personne. Et cela ne nécessite aucune explication.
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Daniel Arias
Attentat à Saint Petersbourg.
Vladlen Tatarsky, blogueur soutenant l’opération spéciale à été assassiné en Russie dans un café par un colis piégé, 19 autres personnes blessées.
Notre caste politique va-t-elle condamner cet acte terroriste et la si chère liberté d’expression ?
À moins que cela ne devienne un acte de résistance de leurs amis au drapeau rouge et noir ?
Quand les fascistes bénéficient de certaines complicités ils peuvent frapper où et qui ils veulent rappelons que la menace est réelle y compris en France et en Allemagne où l’extrême droite est aujourd’hui la première menace terroriste.
L’extrême droite progresse là où l’alternative socialiste n’est pas solidement défendue, l’abandon de la lutte des classes par les forces de gauche pour l’aventurisme électoral a entraîné la déception et l’abstention des prolétaires modestes pour qui la gauche de gouvernement a été incapable d’apporter des solutions au capitalisme irréformable.
C’est aussi cette ambiguïté qui divise, en plus des chapelles, les militants de gauches et progressistes en France, les électeurs ont souffert des accords de sommet mais ne voient pas pour autant la nécessité d’union à la base pour renverser le pouvoir bourgeois.
Comment cela serait-il différent quand l’ambition révolutionnaire qui a conduit à la scission de la SFIO en 1920 est passée sous silence sous prétexte de “modernité” et de “mondialisation” comme si les problèmes avaient changé de nature.
Il n’en est rien, les propriétaires de nos vies sont en crises et réclament plus, plus de sang, plus de destruction pour poursuivre la concentration de richesses et de pouvoir. Le voile de la démocratie tombe et le vrai visage de la bourgeoisie est de nouveau là comme en 1848, 1871, 1914, 1936-45 et toutes les guerres qui sont tombées comme la grêle sur chaque pays qui a résisté même timidement.
Au delà de l’unité nécessaires des militants il faut aussi celle des populations sur une base de classe pour que la résistance soit efficace.
En Espagne si quelques Résistants on tenu dans le nord jusque dans le milieu des années 50, comme Juanín abattu par la guardia civil en 1957 c’est que les villageois le soutenais au péril de leur vie par des liens souvent familiaux et villageois qui sont parfois même plus forts que l’appartenance politique.
Je ne suis pas sûr que dans nos villes modernes une telle solidarité soit encore possible, une solidarité qui peut vous mener à la mort. À cette époque il suffisait d’être de la famille ou simplement un ami de communiste pour être assuré d’une bonne raclée par la police bourgeoise mon grand père à échappé de peu à la mort pour simplement être frère d’un dirigeant des jeunesses communistes résistants armés et pour être un des amis du communiste local.
Malgré cette terreur beaucoup ont gardé le silence même sous les coups, cette terreur n’a pas encore disparu en Espagne est peu de ceux qui savent dénoncent ceux qui ont fusillé ceux qui dorment encore dans les fosses communes.
Parmi ceux qui sont dans les fosses il y a a beaucoup de communistes mais pas que, des socialistes, des anarchistes, des catholiques aussi, de simples Maires de la République, des instituteurs,…
Une des causes probables de la perte de la République, outre la Non Intervention et le manque d’armes, fût aussi la division de la gauche, la lenteur des réformes et aussi le manque de courage politique pour liquider les officiers complotistes et leurs soutiens bourgeois.
Le morcellement à gauche ne mène à rien de bon pas plus que le manque de stratégie politique pour la réussite du socialisme. La Révolution Russe c’est faite avec une part active du peuple et avec des dirigeants aussi divers que Lénine, Staline, Trotski ou Boukharine et pourtant ils ont vaincu le Tsarisme et la réaction mondiale ; les divergences du vue ont été réglées avec la construction du socialisme en écartant les éléments perturbateurs ou conspirationnistes.
Aujourd’hui dans l’État de l’opinion maintenir la CGT et le PCF restent des éléments positifs, la CGT représente la grande masse des manifestants malgré les divisions syndicales CFTC, CFDT, CGC, CGT-FO et toutes les déclinaisons divisant encore les divisions d’hier jusqu’aux “autonomes”.
Que les ouvriers soient avec les cadres aujourd’hui n’est pas un problème tant les conditions de travail et d’exploitation tendent à se ressembler et rappelons que grand nombre des jeunes cadrent sont aujourd’hui enfants ou petits enfants d’ouvriers et non plus seulement les rejetons éduqués de la bourgeoisie de la révolution industrielle.
Quelle base commune matérielle peut réunir toute cette diversité pour renverser la bourgeoisie ? C’est peut être là qu’il faudrait concentrer le tir.