Bulletin Comaguer 511
22 Mars 2023
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La republication récente d’un article de l’historien étasunien Eric Zuesse publié en 2015 est venu confirmer notre bulletin 510.
Dans son texte (version anglaise jointe in fine) Eric Zuesse concentre son attention sur la question des promesses qui auraient été faites à Gorbatchev sur la non extension de l’OTAN vers l’Est et il s’appuie sur des travaux d’historiens consacrés à cette question.
La question se pose à un moment particulier et très précis : nous sommes au début de 1990, HW BUSH a remplacé Ronald Reagan à la Présidence, le traité sur la suppression des missiles intermédiaires a été signé, il est en cours d’application sans aucune réticence du côté soviétique.
Ce qui a changé c’est que, suite à la chute du mur, la réunification de l’Allemagne acceptée par l’URSS est en cours et la seule et unique préoccupation de Gorbatchev est de faire clarifier la question de l’inclusion du territoire de l’ex RDA dans l’OTAN.
Gorbatchev va donc être soumis à une vaste entreprise de charme à laquelle participent divers protagonistes tels James Baker, chef du département d’Etat, le chancelier Kohl, John Major le Premier britannique , Genscher Ministre de Kohl et François Mitterrand. Tous vont s’employer à le rassurer : « Oui l’Allemagne réunifiée restera dans l’OTAN mais il n’est même pas prévu de faire occuper l’ex RDA par des troupes de l’OTAN (remarque COMAGUER : elles sont déjà bien assez nombreuses en ex RFA). Il s’agit juste de déplacer une ligne sur la carte. Les habitants de l’ex RDA verront très vite qu’il s’agit d’une véritable annexion (voir à ce sujet le livre remarquable de Vladimiro Giacche : Le nouvel Anschluss – Editions Delga)
Gorbatchev tellement flatté d’être traité comme le grand réconciliateur, le rassembleur de l’Est et de l’Ouest qui, après une longue fâcherie, détruisent de concert les Pershing et les SS 20 se contente de leurs bonnes paroles et constatant que l’OTAN se contente d’absorber la RDA va décider de dissoudre le Pacte de Varsovie en annonçant la liberté de choix de ses membres, première étape avant la dissolution formelle. Il y est encouragé par la position très apaisante de l’OTAN confirmée le 17 Mai 1990 à Bruxelles par le secrétaire général de l’OTAN : « Notre alliance n’est que défensive. »
Seul Bush ne participe pas à ces mondanités alors qu’il en est l’instigateur. Sa position il va l’exprimer très crument dans un sommet qui se tient à Camp David le 24 février 1990 : « Nous nous sommes imposés, pas eux ! », autant dire « nous avons gagné la guerre froide, ils l’ont perdue ». Pour Mitterrand comme pour Kohl la leçon est claire : « Les mondanités sont terminées. Vae Victis ! » Kohl, très satisfait, va aussitôt se lancer dans le dépeçage de la Yougoslavie opération où Mitterrand sera entrainé sans beaucoup de conviction et l’OTAN grandira, grandira… En même temps le grand capital allemand remplaçant le COMECON étendra sa domination sur les économies des PECO (pays de l’Europe centrale et orientale). A nouveau l’extension du « Lebensraum » !
Quand en 1993 le parlement de Russie manifestera de l’inquiétude sur les appétits étasuniens, Eltsine fera donner l’assaut militairement et sera présenté en Occident comme un héros de la démocratie.
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