Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Josep Borell a été pris le doigt dans le pot de confiture serbe

Le premier ministre kosovar, Albin Kurti, et le président serbe, Aleksandar Vucic, s’étaient retrouvés pour douze heures de négociations sur les rivages du lac Ohrid, en Macédoine du Nord, sous la houlette du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Il est édifiant de voir à quel niveau de propagande mensongère en sont réduits les dirigeants européens, même s’il est difficile de battre Macron, Josep est pratiquement au niveau. Les Occidentaux multiplient ces derniers mois les pressions sur Belgrade et Pristina afin qu’il ne s’ouvre pas un front pro-russe dans le contexte d’une Europe que l’on voudrait tout entière mobilisée derrière l’OTAN et contre la Russie. Mais voilà le cas du Kosovo s’inscrit en faux contre les proclamations au respect de l’intégrité territoriale hautement affirmé par Zelensky et soutenu par les USA et les vassaux européens. Non seulement l’UE fait pression pour que l’affaire soit résolue au plus vite mais l’invraisemblable Josep Borrell ment comme s’il était directement appointé par LCI-Bouygues. D’ailleurs il vient d’ajouter au palmares la déclaration suivante : “Le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, a souligné dimanche que le mandat d’arrêt délivré vendredi par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du président russe Vladimir Poutine pour l’enlèvement d’enfants ukrainiens n’est que “le début du processus“.

Et pour que l’imbroglio soit total : Le gouvernement américain par une déclaration de Blynken a “salué” l’accord conclu entre le Kosovo et la Serbie sur la normalisation des relations bilatérales, tout en remerciant l’Union européenne pour son rôle de médiateur entre les parties. Il est vrai qu’il s’est également félicité du mandat d’arrêt de la CPI, alors que les USA ne reconnaissent pas cette instance.

Ce qui nous vaut cette “publicité mensongère et Joseph Borell à la suite de la réunion :
“La Serbie et le Kosovo se sont mis d’accord sur l’annexe relative à la mise en œuvre de l’accord en vue de la normalisation de leurs relations”, a déclaré Josep Borrell aux journalistes à l’issue de la réunion entre Serbes et Kosovars qu’il avait présidé.

Même affirmation de la part du Premier ministre du Kosovo qui a déclaré lors d’une conférence de presse distincte qu'”il (s’agissait) d’une reconnaissance de facto entre le Kosovo et la Serbie”, Belgrade n’ayant pas encore signé l’accord. Josep Borrell a précisé que l’UE exigerait désormais fermement que les deux parties remplissent leurs obligations si elles voulaient rejoindre l’Union, avertissant qu’elles s’exposeraient à des conséquences si ce n’était pas le cas.

En fait cette présentation de Josep Borel relève de la publicité mensongère pour ne pas dire du mensonge pur et simple…

Les dirigeants du Kosovo et de la Serbie n’ont pas réussi, samedi 18 mars, à signer un accord sur la normalisation de leurs relations, lors de pourparlers marathon menés sous l’égide de l’Union européenne (UE) dit plus clairement Le Monde.

La Serbie refuse de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province, dont la population de 1,8 million d’habitants, très majoritairement d’origine albanaise, compte une communauté serbe d’environ 120 000 personnes. Depuis la guerre, qui a pris fin en 1999 avec des bombardements de l’OTAN sur la Serbie, les relations entre Pristina et Belgrade vont de crise en crise.

Le président serbe Aleksandar Vucic

La rencontre d’Ohrid a eu lieu après l’échec, en février, de pourparlers à Bruxelles, où un plan de paix européen en onze articles avait été imposé sous menace de sanctions et blocage de toute adhésion, plus de deux décennies après une guerre meurtrière entre rebelles indépendantistes kosovars et forces serbes. Alors que l’occident dénie ce droit aux séparatistes du Donbass, le fait de l’accorder au Kosovar est pour le moins indéfendable en droit international.

Bruxelles souhaitait l’accord des deux parties sur une annexe de mise en application de cette proposition européenne visant à normaliser les relations entre la Serbie et son ancienne province. « Les parties n’ont pas pu trouver une solution mutuellement acceptable aussi ambitieuse que celle que nous proposions », a déclaré Josep Borrell à la presse.

Tout en se félicitant de l’accord qui était censé être intervenu le président kosovar a déclaré : « L’autre camp, exactement comme lors de la dernière réunion à Bruxelles le 27 février, évite de signer l’accord, et maintenant l’annexe », a déclaré le premier ministre kosovar, Albin Kurti, aux journalistes. « C’est maintenant à l’UE de trouver un mécanisme pour que cet accord soit légalement et internationalement contraignant », a-t-il ajouté. Le texte déclare également que « la Serbie ne s’opposera pas à l’adhésion du Kosovo à une organisation internationale », une demande-clé de Pristina. Il propose parallèlement d’accorder « un niveau approprié d’autogestion » pour la minorité serbe du Kosovo.

La proposition européenne stipule que les deux camps ne feront pas usage de violence pour résoudre leurs différends. Le projet déboucherait sur une reconnaissance de facto entre Belgrade et Pristina, car il prévoit que les deux parties « reconnaîtront mutuellement leurs documents et symboles nationaux respectifs ».

Le président serbe Aleksandar Vucic a averti vendredi 17 mars en fin de journée que le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du président russe Vladimir Poutine (1) entraverait les pourparlers de haut niveau prévus samedi à Ohrid (Macédoine du Nord) en vue de normaliser les relations avec le Kosovo. La position de la Serbie à Ohrid sera plus difficile demain, car nous devrons réfléchir à chaque mesure que nous allons prendre à l’avenir”, a déclaré M. Vucic, qui est très proche du président russe et critique des sanctions contre Moscou en raison de la guerre en Ukraine, lors d’un rassemblement à Srem. Il me semble absolument clair que le monde s’enfonce dans une spirale d’accélération du conflit en Ukraine”, a ajouté le président serbe dans des propos rapportés par Tanjug. il ne faut pas oublier que le dernier président yougoslave Milosevic a littéralement été assassiné par le CPI, après que son pays ait été envahi par l’otan (2), par beaucoup de traits la question de l’Ukraine renvoie aux mêmes protagonistes que ceux qui ont dépecé la Yougoslavie, y compris l’invitation à la Chine à se tenir tranquille par bombardement de son ambassade à Belgrade.(3) Ce que la Chine n’a jamais oublié et qui se présente aujourd’hui dans un contexte géopolitique complètement bouleversé.

Belgrade et Pristina négocient depuis des décennies à Bruxelles, avec des résultats médiocres et une mise en œuvre insuffisante des accords déjà conclus. Des sources européennes ont reconnu le mois dernier à Europa Press que l’accord visant à mettre en œuvre la communauté des municipalités à majorité serbe, un statut politique spécial pour le nord du Kosovo, était “difficile”, mais ont souligné qu’il s’agissait d’un engagement à long terme qui devait être respecté. Toutefois, malgré les attentes élevées de l’UE et du département d’État américain, le président serbe, qui se trouve déjà dans la ville macédonienne, a prévu qu’il n’y aurait pas d’avancées significatives au cours de la réunion. Je n’ai pas l’intention de signer quoi que ce soit”, a-t-il déclaré.

Comme la plupart des “non alignés” la Serbie ne provoque pas le conflit mais fait durer l’affaire, le président serbe discute et ne signe pas tout en laissant la porte ouverte « Je crois que nous avons fait un pas important dans une atmosphère constructive et nous allons commencer à travailler sur des choses. Bien sûr, ce n’était pas une sorte de jour J, c’était un jour OK. »

La question du Kosovo reste incontournable pour la majeure partie des 6,7 millions de Serbes, qui considèrent le territoire comme leur berceau national et religieux, là où des batailles cruciales ont été livrées au cours des siècles. A Belgrade, des milliers de personnes ont manifesté vendredi à l’appel de partis nationalistes pour refuser un accord qui reviendrait, selon elles, à une « capitulation ». Les Serbes qu’ils soient nationalistes ou communistes ne cachent pas leurs sympathies pour la Russie dans l’affrontement avec l’Ukraine.
Au Kosovo, beaucoup de membres de la minorité serbe refusent toute loyauté à Pristina, avec les encouragements de Belgrade, particulièrement dans le nord du territoire, près de la frontière avec la Serbie, théâtre de heurts fréquents, de manifestations et parfois de violences. Ils subissent une violation de leurs droits de la part des kosovars qui n’ont qu’une idée les chasser pour s’approprier le territoire. Ce conflit conserve son âpreté dans une situation qui sur le plan économique ne cesse de se dégrader avec le fait que comme en témoignent les sondages et les reportages une certaine lassitude s’installe dans les Balkans, où une part croissante des populations pense que leur pays n’entrera jamais dans l’UE.

La Serbie joue la montre en paraissant attendre la manière dont va être réglé le conflit ukrainien alors que l’Europe aimerait bien ne pas avoir ce contre-exemple de ses propres agissements. D’où les déclarations quasiment mensongères de Josep Borell, qui selon une habitude désormais caractéristique de l’UE et de ses dirigeants ment systématiquement pour cacher l’état réel de la situation de division, de mécontentement et d’exaspération des conflits que sa politique engendre. Mais en France, nous savons jusqu’où cela peut aller avec Macron.

Danielle Bleitrach

(1) La CPI a délivré vendredi un mandat d’arrêt à l’encontre de M. Poutine sur la base d’une présomption de crimes de guerre pour la déportation forcée d’enfants ukrainiens des zones capturées pendant la guerre d’Ukraine vers le territoire russe. La Russie a complètement ignoré la décision, car elle ne reconnaît pas la Cour comme un organe judiciaire compétent pour ses affaires depuis qu’elle s’est retirée en 2016 du Statut de Rome. Source: (EUROPA PRESS)

(2) Lire à ce propos sur ce site : https://histoireetsociete.com/2020/04/15/la-troisieme-guerre-mondiale-a-t-elle-commence-au-kosovo-par-danielle-bleitrach-et-jacques-jedwab/

(3) Le 7 mai 1999, durant le bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN (opération Force alliée), complètement illégale, cinq bombes JDAM américaines frappent l’ambassade de République populaire de Chine à Belgrade dans le district de Novi Beograd, tuant trois journalistes chinois. Clinton alors président s’est excusé en jurant qu’il s’agissait d’une erreur. Le directeur de la CIA, George Tenet, a certifié devant un comité du Congrès que l’attaque fut la seule de la campagne organisée et dirigée par son agence, et que la CIA avait enregistré les mauvaises coordonnées d’une cible militaire yougoslave dans la même rue. Le gouvernement chinois a publié une déclaration le jour du bombardement, déclarant qu’il s’agissait d’un « acte barbare » et jamais l’opinion publique chinoise n’a pardonné. En octobre 1999, cinq mois après l’attaque, The Observerlower-alpha 1 de Londres, ainsi que Politiken de Copenhague, publient les résultats d’une enquête citant des sources anonymes selon lesquelles l’attaque était en fait délibérée car l’ambassade était utilisée pour transmettre des informations militaires yougoslaves.


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